Le prince apostat

Le Parlement de la principauté du Liechtenstein a adopté le 16 mai, par 24 voix contre une, le projet de loi légalisant le « mariage » entre personnes de même sexe.

Le prince a dit qu’il n’opposera pas son veto.

Plus des trois quarts de la population se disent catholiques.

L’article 37 de la Constitution stipule que « l’Église catholique romaine est l’Église nationale ».

Un signe parmi d’autres, mais très clair, de l’apostasie de l’Occident.

Source Daoudal

Le prince apostat

Définalisés

La cause finale est la cause des causes, omne agens agit propter finem ; donc si la fin est oubliée, ou méconnue, voire négligée, ou ignorée, toutes nos actions sont vaines et inutiles.

C’est le grand mal, le grand péché, la source de tous nos maux :

Universa propter semetipsum operatus est Dominus (Pr 16, 4) fecit universa propter semetipsum quia finis est universorum; universa ergo propter laudem Dei facta sunt, ergo laus Dei finis est totius universi.

C’est abuser des créatures, et de ses dons de ne pas les faire servir à cette fin.

Définalisés

Le fondement de la nouvelle religion

Le 2 avril dernier, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi signait la Déclaration Dignitas infinita(DI), explicitement approuvée par le pape François. L’affirmation centrale du document apparaît dès la première ligne : « Une infinie dignité,inaliénablement fondée dans son être même, appartient à chaque personne humaine, en toutes circonstances et dans quelque état ou situation qu’elle se trouve » (DI 1).

Laissée à elle-même, une telle affirmation prêterait à rire, si elle n’avait pour enjeu l’honneur de Dieu. Alors que Dieu seul est infiniment bon et infiniment aimable, voici que désormais l’homme prétend s’ériger comme infiniment digne, « en toutes circonstances et dans quelque état ou situation où il se trouve ». À l’appui d’une telle prétention, Dignitas infinita affirme que Dieu « aime infiniment chaque être humain et […] lui accorde par cet amour une dignité infinie » (DI 6). Voici donc l’homme infiniment aimable, puisque Dieu l’aime infiniment, et donc infiniment digne… L’homme semblable à Dieu « en son être même », et ce « en toutes circonstances et dans quelque état ou situation où il se trouve » : ce n’est pas sans rappeler les paroles d’un certain séducteur dans le premier jardin (Gn 3, 4) …

« Vous serez comme des dieux ». Heiliggeistkirche, Vienne.

Pourtant, certaines intentions du document sont on ne peut meilleures. Il entend dénoncer, entre autres, une « liberté isolée et individualiste, qui prétend imposer comme “droits” certains désirs et penchants subjectifs » (DI 25), et donc protéger l’enfant à naître (DI 47), les malades en fin de vie (DI 51) et les handicapés (DI 53) face à ces prétendus “droits”, ou encore s’opposer à la gestation pour autrui (DI 48) et à la théorie du genre (DI 56–59).

Fallait-il donc, pour défendre ces points élémentaires de la loi naturelle, en arriver à diviniser l’homme, à faire de sa dignité un absolu intangible qui servirait de principe à tout agir humain ? C’est pourtant là l’ultime écueil du personnalisme dit « chrétien », clairement assumé par Dignitas infinita (DI 13).

Le contexte de Dignitas infinita

Le personnalisme

Comment donc un texte émanant du Vatican, basé sur certaines intentions louables, en vient-il à faire de l’Homme un autre Dieu, de sa dignité une réalité infinie ?

C’est depuis Vatican II et sa déclaration Dignitatis humanæ sur la liberté religieuse que le thème de la dignité humaine est devenu central. Aux yeux des novateurs, il s’agit de trouver le fondement d’une morale universelle qui soit admis par tous, croyants et incroyants, et qui puisse ainsi servir de socle à une fraternité universelle. Nous avons dit ailleurs combien cette quête de fraternité universelle ici-bas était une utopie vouée à la perdition, combien elle n’était en rien la paix apportée par le Christ [1]. Mais du Christ, signe de contradiction (Lc 2, 34), pierre d’achoppement et rocher de scandale (Rm 9, 32–33 ; 1 P 2, 7–8), ces novateurs ne veulent pas. Assoiffés de fraternité universelle, ils cherchent donc un autre fondement à leur folie, et pensent l’avoir trouvé dans la dignité de l’homme : « Il faut admettre comme un principe de base fondamental que la valeur de la dignité humaine est le bien le plus grand à poursuivre dans l’ordre moral.[2] » C’est précisément dans cette perspective que se situe le document Dignitas infinita : « Ce n’est qu’en reconnaissant la dignité de toute personne humaine que nous pouvons faire revivre entre tous une aspiration mondiale à la fraternité » (DI n° 6).

Qu’est-ce donc que cette dignité à leurs yeux ? Pour ces héritiers lointains de Descartes et de Kant, l’être humain est initialement un homme seul, entouré d’un monde étranger. La confrontation avec le monde extérieur, le monde des « choses », lui fait découvrir que pour sa part, il ne se réduit pas à une « chose », mais qu’il est une « personne » ; non pas seulement un « objet », mais un « sujet ». Il découvre ainsi sa « subjectivité », plus noble qu’une simple « chose ». Là naît sa dignité : il ne doit jamais être traité comme un « objet », mais comme un « sujet » qui transcende le monde matériel. Telle est la perspective de Dignitas infinita : les hommes ont « en eux une valeur qui dépasse les choses matérielles et les circonstances, et qui exige qu’on les traite autrement » (DI 6) ; « L’humanité a une qualité spécifique qui fait qu’elle n’est pas réductible à la pure matérialité » (DI 11). Et c’est ainsi que « le terme de dignité est principalement utilisé pour souligner le caractère unique de la personne humaine, incommensurable avec les autres êtres de l’univers » (DI 14). Mais en rester là serait insuffisant aux yeux des novateurs, sous peine d’enfermer l’homme dans sa solitude, et donc dans son individualisme. Rien ne serait plus contraire au souhait de fraternité universelle. Il faut donc compléter la « subjectivité » par « l’intersubjectivité » (DI 13). Qu’est-ce à dire ? L’« homme sujet », découvrant en autrui un « autre lui-même » transcendant tout autant que lui le monde extérieur, découvre qu’il ne sera véritablement lui-même qu’en étant « relationnel ». Autrement-dit, il ne s’épanouit que dans le don désintéressé de soi-même, « l’autre n’étant jamais considéré comme un moyen [comme « chose »], mais toujours comme une fin [une personne transcendante] ».

Telle est, en un mot, la perspective personnaliste [3]. L’homme n’y est plus considéré comme faisant partie d’un tout harmonieux, l’univers. Le mot renvoie en effet à un principe d’unité harmonisant la diversité des êtres, à savoir Dieu qui créa toutes choses avec mesure, nombre et poids (Sg 11, 20). Il renvoie à un ordre qui précède l’homme, plus grand que l’homme, dans lequel l’homme est inséré depuis le premier instant de son existence et auquel il doit harmoniser sa conduite s’il veut vivre en homme. Ce regard, dit « objectif », est insupportable au personnaliste, car il détrône l’homme. Il empêche tout simplement de prôner la dignité infinie de l’homme, d’affirmer que « tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet » [4]. Aussi Dignitatis infinita rejette explicitement ce regard, avec pour seul motif que selon cette « perception », « nous sommes encore loin d’une pensée capable de fonder le respect de la dignité de tout être humain, en toutes circonstances » (DI 10).

Un personnalisme « chrétien » ?

Ce personnalisme, d’un pessimisme et d’une tristesse infinie pour qui y réfléchit, le voici donc assumé par ces novateurs aujourd’hui en poste au Vatican ; non seulement assumé, mais encore renforcé ! Ils détournent en effet la Révélation, pour la mettre au profit de cette vision ô combien limitée de l’homme. Plusieurs arguments sont alors utilisés.

Ils s’appuient tout d’abord sur le fait que Dieu a créé l’homme à son image (Gn 1, 26 ; cf. DI 11). Or, disent-ils, Dieu est communion de personnes ; c’est donc que l’homme, créé dans la dignité de personne, est fait pour la communion interpersonnelle, pour « l’intersubjectivité ». Ces apparences d’évidence cachent un sophisme monumental. S’il est clair que l’homme, doué d’intelligence et de volonté, répond à la définition de « personne », il est tout aussi clair que l’homme n’est pas créé en vue de « l’intersubjectivité » simpliciter : toute relation personnelle n’épanouit pas l’homme, loin s’en faut. Ève en fit la triste expérience dans le premier jardin en établissant une relation avec le démon qui, lui-aussi, répond à la définition de « personne » … Dieu n’a donc pas créé l’homme pour une « intersubjectivité » indéterminée, mais pour qu’il entre, de par son élévation surnaturelle, en communion avec les trois personnes divines, sans quoi il mourra de mort (Gn 2, 17). Autrement dit, l’homme est fait pour Dieu, auquel il accède par Notre Seigneur Jésus-Christ. Telle est sa finalité. Et loin d’unir les hommes en une utopique fraternité universelle, cette finalité les divise, selon qu’ils la vivent ou non : Qui n’est pas avec moi est contre moi (Mt 12, 30). Une telle division traverse tous les temps, jusqu’à cette division ultime et définitive que le Christ juge opèrera à la fin des temps, lorsqu’Il dira, à l’entrée de la Cité céleste : Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d’avoir droit à l’arbre de vie, afin d’entrer dans la ville par les portes ; mais dehors les chiens, les magiciens, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime le mensonge et s’y adonne (Ap 22, 14–15). Nous sommes bien loin de l’infinie dignité humaine, devant être respectée « en toutes circonstances et dans quelque état ou situation qu’elle se trouve » (DI 1) … 

Les novateurs prétendent encore que « le Christ, par son incarnation, s’est en quelque sorte uni à tout homme » [5]. Or, disent-ils, « en s’unissant en quelque sorte à tout être humain par son incarnation, Jésus-Christ a confirmé que tout être humain possède une dignité inestimable, par le simple fait d’appartenir à la même communauté humaine » (DI 18). Refusant de distinguer l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, ils affirment ainsi que le Christ est présent en toute personne (DI 18), que « tous les êtres humains [sont] créés à l’image et à la ressemblance de Dieu et recréés dans le Fils fait homme » (DI 21). Dire que tous les hommes sont « recréés dans le Fils » – autrement dit restaurés dans l’ordre de la grâce – est tellement faux que même Dignitas infinita en éprouve un malaise, et se voit obligé d’ajouter une note pour indiquer que « le Christ a donné aux baptisés une nouvelle dignité, celle de “fils de Dieu” ». Ces deux propositions sont simplement incompatibles. Soit tous les hommes sont recréés dans le Christ, soit seuls les baptisés. Tenir les deux relève du contradictoire. Dignitas infinita n’en a cure, et ne retient dans le corps de son texte que la première proposition, car elle seule accorde une nouvelle dimension à la dignité de tout homme. C’est dire le sérieux de l’argumentaire…

Un troisième argument est plus outrancier encore. Il n’hésite pas à affirmer que Dieu aime infiniment l’homme, ce qui lui confère une dignité infinie. En cet argument, Dignitas infinita (DI 6) ne fait que reprendre Jean-Paul II, lui-même cité par le pape François. Mais il est faux d’affirmer que Dieu aime l’homme infiniment. C’est dans le Christ seul, vrai Dieu et vrai homme, que le Père a mis toutes ses complaisances (Mt 17, 5), parce que lui seul est infiniment aimable. Quant aux autres hommes, Dieu a simplement ajouté, en désignant le Christ : Écoutez-le (ibid.). Certes, Dieu a tant aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils (Jn 3, 16). Mais cet amour infini n’a pas pour fondement l’amabilité infinie de l’homme (Dieu seul est infiniment aimable !), mais l’infinité de Dieu miséricordieux [6]. Aussi cet amour divin manifeste-t-il combien Dieu est infiniment digne qu’on lui rende grâce toujours et partout (Préface de la messe), et non pas « l’infinie dignité de l’homme […] en toutes circonstances » (DI 1). De ce dernier homme, le même passage de saint Jean dit tout autre chose : il mentionne sa misère mortifère, que seul le Christ peut guérir ! Dieu a tant aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle (Jn 3, 16). De plus, cet amour infiniment miséricordieux de Dieu, loin de fonder une fraternité universelle, opère une division entre les hommes, comme le souligne saint Jean au même endroit : Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Or voici quel est le jugement : c’est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal, hait la lumière […] Mais celui qui accomplit la vérité, vient à la lumière (Jn 3, 18–21).

La spécificité de Dignitas infinita

Trame de fond de Dignitas infinita, ce personnalisme soi-disant chrétien n’est pas une nouveauté dans les documents récents émanant du Vatican, loin s’en faut. La spécificité du document présent se situe ailleurs, dans le rapport qu’il établit entre la dignité ontologique et la dignité morale de l’homme.

Dignité ontologique et dignité morale

Quelle est donc cette distinction, classique, entre la dignité ontologique et la dignité morale de l’homme ? Si la première relève de l’être, la seconde concerne l’agir. En son œuvre de création, Dieu a donné aux choses créées plus ou moins d’être, d’où une hiérarchie entre eux. Sous cet aspect, il est clair que la pierre a moins d’être que l’animal, l’animal moins que l’homme, l’homme moins que l’ange, et l’ange infiniment moins que Dieu. La pierre a donc moins de dignité d’être (ontologique) que l’animal, l’animal moins que l’homme, l’homme moins que l’ange, et l’ange infiniment moins que Dieu [7]. Quant à la dignité morale, elle relève de l’agir humain : on dira par exemple qu’il est indigne d’une mère d’abandonner son enfant, mais que le berger qui n’a pas abandonné ses brebis face au loup s’est comporté dignement.

S’interroger sur le rapport existant entre ces deux aspects de la dignité humaine réclame d’élucider le pourquoi de cette distinction. Si l’être divin est pleinement accompli (“parfait” au sens de “parachevé”), et ce de toute éternité, tel n’est pas le cas de l’être humain: il est en devenir, en un devenir qu’il lui revient d’accomplir. La Révélation le souligne lorsque, selon nombre d’exégètes reprenant en cela des pères tels que saint Irénée et Origène, la Genèse dit que l’homme a été créé à l’image de Dieu en guise de ressemblance (Gn 1, 27) [8]. Ainsi donc, l’homme a été créé avec un être inachevé, mais finalisé (dimension ontologique), l’obtention de cette finalité ayant été confiée à son agir libre (dimension morale). L’homme a été créé pour que, de par le Christ, soit restaurée et grandisse en lui sa ressemblance avec Dieu. Cet accomplissement de son être lui a été confié, et là se situe sa liberté : Au commencement il a créé l’homme, et il l’a laissé dans la main de son conseil : “Si tu le veux, tu garderas les commandements ; être fidèle dépend de ton bon plaisir. Il a mis devant toi le feu et l’eau, du côté que tu voudras tu peux étendre la main”. Devant les hommes sont la vie et la mort ; ce qu’il aura choisi lui sera donné (Ecclésiastique 15, 14–17).

Ainsi donc, la dignité ontologique est à la dignité morale ce que l’être inachevé est au devenir. Or, si l’on entend par agir moral le devenir humain en tant qu’il est libre, il faut dire que ces deux aspects de la dignité humaine, bien que distinguables, ne sont pas séparables. En effet, l’agir détermine l’être, en tant qu’il est inachevé ; on doit donc dire que la dignité morale épanouit ou atrophie la dignité ontologique de l’être humain. Tel est l’enseignement de saint Thomas d’Aquin, appuyé sur l’Écriture : « Par le péché l’homme s’écarte de l’ordre prescrit par la raison ; c’est pourquoi il déchoit de la dignité humaine qui consiste à naître libre et à exister pour soi ; il tombe ainsi dans la servitude qui est celle des bêtes, de telle sorte que l’on peut disposer de lui selon qu’il est utile aux autres, selon le Psaume (49, 21) : L’homme, dans son orgueil ne l’a pas compris ; il est descendu au rang des bêtes ; il leur est devenu semblable » [9].

Ultimement, la dignité ontologique comme la dignité morale trouvent leur source – commune – non en elles-mêmes, mais dans le rapport qu’elles entretiennent avec la fin de l’homme, qui est Dieu. Cette fin, inscrite dans la nature même de l’homme, est encore celle qui dirige l’agir humain et permet d’en juger. Un être est d’autant plus digne qu’il participe à l’être divin, d’autant moins digne qu’il en est éloigné ; que ce soit par son être ou son agir. Or, si l’être naturel de l’homme a une certaine dignité en ce que, de par sa dimension rationnelle et libre, il est une première image de Dieu – image réelle mais inachevée – l’agir surnaturel par lequel l’homme se conforme au Christ le rend beaucoup plus digne. À l’inverse, son agir mauvais l’éloigne de sa ressemblance avec Dieu, et lui fait perdre d’autant sa dignité. Aussi doit-on affirmer, avec l’enseignement catholique de toujours, que « si l’intelligence adhère à des opinions fausses, si la volonté choisit le mal et s’y attache, ni l’une ni l’autre n’atteint sa perfection, toutes deux déchoient de leur dignité native et se corrompent [10] ».

La dignité morale, « sacrement » de la dignité ontologique ?

Pour sa part, Dignitatis infinita rejette catégoriquement cet enseignement. Il ne peut en être autrement, puisque son personnalisme refuse de considérer l’homme comme finalisé, sinon par lui-même : « Chaque être humain est voulu par Dieu pour lui-même » (DI 11). Chaque homme est donc, en son être même, « infiniment sacré » (DI 65) car déjà aimé de Dieu et ce de manière irrévocable ; aussi cette dignité ontologique doit-elle être considérée comme « irrévocable » (DI 22), « digne d’un respect inconditionnel » (DI 24), demeurant « en toutes circonstances » (DI 1, 7, 8, 10, 16, 24, 33, 34, 64). Pourtant, rien n’est plus contraire à ces utopies que l’agir même de Dieu à l’endroit de l’homme, comme le rappelle l’allégorie de la vigne rapportée par Isaïe, de cette vigne qui symbolise la maison d’Israël : Mon bien-aimé avait une vigne, sur un coteau fertile. Il en remua le sol, il en ôta les pierres, il la planta de ceps exquis. Il bâtit une tour au milieu, et il y creusa aussi un pressoir. Voilà le don de Dieu, qui fonde la dignité ontologique. Mais cet être ainsi reçu est finalisé : Il attendait qu’elle donnât des raisins, mais elle donna du verjus. Voici apparaître le conflit entre la dignité ontologique (ce que Dieu a créé) et l’indignité morale (ce qu’Israël a fait), indignité morale soulignée avec insistance par le texte sacré : Et maintenant, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, jugez, je vous prie, entre moi et entre ma vigne ! Qu’y avait-il à faire de plus à ma vigne, que je n’aie pas fait pour elle ? Pourquoi, ai-je attendu qu’elle donnât des raisins, et n’a-t-elle donné que du verjus ? Vient alors la décision divine, le jugement droit : Et maintenant, je vous ferai connaître ce que je vais faire à ma vigne : j’arracherai sa haie, et elle sera broutée ; j’abattrai sa clôture, et elle sera foulée aux pieds. J’en ferai un désert ; et elle ne sera plus taillée, ni cultivée ; les ronces et les épines y croîtront, et je commanderai aux nuées de ne plus laisser tomber la pluie sur elle (Is 5, 1–6). Non, la dignité ontologique, indûment supposée « infiniment sacrée » et « digne d’un respect inconditionnel en toutes circonstances », n’est pas la règle ultime de la conduite divine, qui regarde à la dignité morale. Ainsi doit-il donc en être de la conduite humaine, si elle entend correspondre au dessein divin.

Certes, le document rappelle que « l’image de Dieu est confiée à la liberté de l’être humain afin que, sous la direction de l’Esprit, sa ressemblance avec Dieu grandisse et que chacun puisse atteindre sa dignité la plus haute » (DI 22). Rien que de très catholique en cette phrase. Mais voilà ! Le texte précise aussitôt en quel sens il l’entend : « Chaque personne est en effet appelée à manifester sur le plan existentiel et moral la portée ontologique de sa dignité » (ibid.). Autrement dit, la dignité morale ne fait que manifester dans le monde existentiel la dignité ontologique, qui elle relève du monde transcendantal ; il la manifeste, ou non, sans la modifier en rien cependant ! S’il y a accroissement de la dignité, ce n’est pas dans l’être, mais seulement dans le paraître, dans la « manifestation ». L’idée est récurrente dans le document (cf. DI 13 par exemple). Autrement dit, le plus grand criminel comme le plus grand saint gardent aux yeux de Dieu la même dignité fondamentale et inaliénable, et ne se différencient que dans le domaine du paraître : le premier obscurcit la dignité humaine aux yeux des hommes, tandis que le second la manifeste… Voici donc la dignité morale considérée comme simple « sacrement » – au sens moderne du terme – de la dignité ontologique, c’est-à-dire comme manifestation accidentelle, dans le monde visible et changeant, d’une dignité ontologique transcendantale qui elle relève du monde immuable de l’être.

Dignitas infinita à la lumière du protestantisme

Telle est l’immense nouveauté de Dignitas infinita. Elle n’est pas sans rappeler certaines thèses passées… et condamnées ! Arc-bouté sur le salut par la foi seule, Luther avait nié la nécessité des œuvres, qui pour lui ne pouvaient être que mauvaises. Autrement dit, il décorrélait l’être de l’agir : l’agir (mauvais) ne déterminait plus l’être (bon, en tant que prédestiné). Mais affirmer que l’agir humain est toujours mauvais est difficilement tenable. Aussi les protestants en vinrent-ils à affirmer la possibilité d’œuvres bonnes, mais tout en gardant la décorrélation entre la foi et les œuvres, l’agir ne modifiant pas l’être, autrement dit n’étant plus un « devenir ». À leur sens, « les bonnes œuvres découlent de la foi, comme les fruits de l’arbre, sans qu’elles puissent conférer à l’homme le moindre mérite [11] », c’est-à-dire sans qu’elles puissent accomplir progressivement l’être surnaturel. Or cette thèse fut condamnée par le concile de Trente, comme contraire à la foi catholique : « Si quelqu’un dit que la justice reçue ne se conserve pas et même ne s’accroît pas devant Dieu par les bonnes œuvres, mais que ces œuvres ne sont que le fruit et le signe de la justification obtenue et non pas aussi la cause de son accroissement : qu’il soit anathème » (Dz 1574).

Revenons à l’affirmation de Dignitas infinita : elle ne diffère guère de la thèse protestante. Lorsque le document romain affirme que le comportement bon ou mauvais de l’homme (sa dignité ou indignité morale) ne modifie en rien sa dignité ontologique qui ne peut croître ni diminuer vu qu’elle est infinie, lorsqu’il affirme que l’agir moral ne fait que manifester ou obscurcir dans le domaine existentiel une dignité ontologique intangible, il affirme finalement que l’agir bon (la dignité morale) n’est qu’une conséquence heureuse de la dignité ontologique, laquelle est considérée comme accomplie et infinie. L’agir n’y est donc plus considéré que comme une conséquence de l’être, sans nullement déterminer ce dernier, sans nullement accroître ou diminuer la dignité ontologique ; en un mot, l’agir n’est plus un « devenir ». C’est là toute l’erreur protestante.

Une différence apparaît cependant avec les thèses protestantes, que Dignitas infinita pousse plus avant. Si chez les protestants l’être ne pouvait évoluer car déjà accompli dès l’origine, cet être en question restait d’ordre surnaturel (le salut) et était accompli non en l’homme, mais en Dieu : tel est le principe de la prédestination protestante. Pour le personnalisme moderne, il en va autrement. L’être considéré comme accompli (sans devenir) est l’être même de l’homme, sa dignité transcendantale inhérente au fait d’être une personne. Aussi, si la prédestination est pour le protestant aléatoire en ce qu’elle dépend du libre choix de Dieu, l’infinie dignité de l’homme est quant à elle universelle pour Dignitas infinita, puisqu’elle est celle de « tout homme ». On comprend que les tenants de ces thèses aiment à penser que l’enfer est vide : « Il me plaît à penser que l’enfer est vide », disait il y a peu le pape François sur des média de grande écoute [12]

En son discours clôturant le concile Vatican II, le Pape Paul VI apostrophait le monde moderne : « La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion (car c’en est une) de l’homme qui se fait Dieu. Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes l’a envahi tout entier. […] sachez reconnaître notre nouvel humanisme : nous aussi, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme [13] ». Avec soixante ans de recul, cette parole a pris tout son sens. Voici l’homme désormais déclaré « infiniment aimé de Dieu », et donc infiniment aimable ; infiniment aimable, et donc infiniment digne. Voici l’homme déclaré Dieu, en son être même. Dignitas infinita n’est donc finalement que la terrible conclusion du nouvel humanisme officiellement introduit par Vatican II. Pour que l’homme redevienne homme, et qu’ainsi Dieu redevienne Dieu, il faudra donc commencer par abandonner à tout jamais ce terrible personnalisme. Pour l’heure, le Vatican en est loin.

Abbé de la Rocque FSSPX Source La Porte Latine

Notes de bas de page

  1. Cf. Lou Pescadou n° 198 de février 2020 : La fausse paix des mous.[]
  2. Commission de Théologie Internationale, Dignité et droits de la personne humaine publié en 1983, n° 3.2.2.[]
  3. À l’ « intersubjectivité » personnaliste, le pape François a ajouté ce que nous pourrions appeler une « interconnectivité » avec le reste de la création, incitant au respect non seulement d’autrui, mais encore de la Maison commune, de la Terre mère. Là se situe l’écologie intégrale du pape François. Dignitas infinita la reprend brièvement à son compte : « Il appartient à la dignité de l’être humain de prendre soin de l’environnement, en tenant compte en particulier de cette écologie humaine qui préserve son existence même » (DI 28).[]
  4. Vatican II, Gaudium et Spes 12, 1[]
  5. Gaudium et Spes 22, 2[]
  6. C’est ce qui distingue l’amour de bienveillance et l’amour de dilection : l’amour de dilection porte sur un être aimable, sur le bien déjà présent en lui, tandis que l’amour de bienveillance s’enracine non dans la bonté de l’être aimé (qui souvent n’existe pas encore), mais dans la bonté de celui qui aime. Cet amour de bienveillance est tout à l’honneur non de l’être aimé, mais de celui qui aime ainsi.[]
  7. Ce constat manifeste à lui seul une carence grave du personnalisme : sous prétexte que l’homme a plus de dignité d’être que l’animal ou que la pierre, Dignitas infinita lui accorde une dignité « infinie », oubliant combien son être est limité, inférieur à celui de l’ange et infiniment plus encore à Dieu.[]
  8. Ce regard n’est pas absent de Dignitatis infinita, qui le souligne explicitement (DI 22) []
  9. 2–2, q. 64, art. 2, ad 3um[]
  10. Léon XIII, encyclique Immortale Dei du 1er novembre 1885, dans Paix Intérieure des Nations, ed. Solesmes, n°149.[]
  11. Frédéric Lichtenberger, Encyclopédie des sciences religieuses, t. IX, p. 90, article « Mérite ».[]
  12. Pape François, émission Che tempo che fa avec le journaliste Fabio Fazio sur la chaîne italienne Nove, diffusée le dimanche 14 janvier 2024.[]
  13. Paul VI, discours du 07/12/1965, lors de la clôture solennelle du concile Vatican II.[]
Le fondement de la nouvelle religion

HOSTEM REPELLAS LONGIUS

Homélie du dimanche de la Pentecôte

19 mai 2024



Nous t’implorons ! Esprit Placable

Esprit, redescends,

propice à tes dévots,

Propice à ceux qui t’ignorent ;

Descends et recrée, fais revivre

Les cœurs éteints par le doute ;

Et que le vaincu soit divin

Récompense au vainqueur.

Manzoni, La Pentecôte, vv. 89-96



La dévotion populaire célèbre ce jour solennel sous le nom de « Pâques des roses », en souvenir de l’ancienne coutume qui consistait à symboliser par une par une cascade de pétales de roses la descente de l’Esprit Saint sur les Apôtres et sur Marie la Très Sainte. Cette fête est si proche de Pâques que la veille de la Pentecôte, le saint baptême était solennellement administré à ceux qui n’avaient pas encore été régénérés au cours de la Vigile du Samedi Saint, et comme la Pâque juive était une figure de la chrétienne, la Pentecôte juive – au cours de laquelle la promulgation des promulgation des Dix Commandements, sept semaines après la fuite d’Égypte, – était une figure de la nouvelle Pentecôte, étendue cette fois à à tous les peuples.

À Pâques, le κόσμος s’incline devant la Majesté du Christ Roi et Pontife, per quem omnia facta sunt ; à la Pentecôte, la création rend hommage au Creator Spiritus qui, par sa puissance, renouvelle la surface de la terre. À Pâques, les promesses messianiques de l’ancienne loi s’accomplissent ; à la Pentecôte, ce sont les promesses du Messie lui-même qui s’accomplissent dans son corps mystique, la Sainte Église, qui est le centre de l’histoire de l’humanité, Corps mystique, la Sainte Église, la Mère des Saints – comme l’appelle Manzoni dans le célèbre hymne sacré.

Les Apôtres sont enfermés au Cénacle propter metum Judæorum (Jn 20,19) : ils n’ont pas encore reçu l’Esprit Saint et leurs craintes humaines les poussent à s’éloigner de l’Église.
l’Esprit Saint et leurs craintes humaines prendraient fin dix jours après l’Ascension du Seigneur, avec la descente de l’Esprit Saint.

Aujourd’hui, cette attitude se répète à l’envers, avec une Hiérarchie qui, par culpabilité, ignore, tait, cache et contrecarre l’œuvre sanctificatrice du Paraclet après sa descente, et après que deux mille ans de christianisme aient montré que l’Esprit Saint est un élément essentiel de la vie chrétienne après que deux mille ans de christianisme ont montré son pouvoir divin pour gagner des âmes à Dieu et pour édifier la Sainte Église.

Nous ne devons pas sous-estimer la gravité de cette fuite : elle est délibérée, elle vise sciemment à nuire, car les mercenaires sont conscients que pour démolir la société civile et l’Église, il est nécessaire d’empêcher le plus possible que la Grâce se répande, qu’elle agisse à travers les Sacrements, qu’elle se développe, et d’arrêter la main droite de la Justice de Dieu par la Sainte Messe. Ils veulent s’assurer que Sacrifice du Christ soit contrecarré, de sorte qu’en tarissant les torrents de la Grâce, les âmes s’affaiblissent et meurent de soif en traversant le désert d’un monde hostile. La leur – exactement comme nous l’avons vu les médecins lors de la farce de la pandémie – n’est pas l’inexpérience ou l’incapacité : c’est au contraire la d’une volonté de faire le mal, de servir l’Ennemi, de se plier au pouvoir du Nouvel Ordre Mondial dans l’illusion vile et abjecte d’avoir une place à la cour de l’Antéchrist.

Traîtres misérables, pour qui la seule raison de vivre est de se consumer dans cette sordide libido serviendi. Cette œuvre subversive – car elle l’est à tous égards, devant Dieu, de l’Église et des âmes – a pour but l’usurpation de la Seigneurie de Notre Seigneur Jésus-Christ, afin qu’à sa place siège dans le lieu lieu saint, le fils de la perdition, l’Antéchrist, dans une grotesque contrefaçon de l’autorité civile et religieuse. Ne pas croire qu’un Successeur des Apôtres puisse nier et contredire le mandat reçu du Christ et servir son ennemi, sans comprendre est complice du plan satanique de la Révolution. Non, chers fidèles : après des décennies de dissolution systématique de l’Église – et plus de deux siècles de dissolution sociale – aucun pasteur de pasteur de bonne foi ne peut encore penser que les innovations introduites par par Vatican II n’ont rien à voir avec l’état désastreux dans lequel se trouve dans lequel se trouve le corps ecclésial. A ceux qui, aujourd’hui encore, défendent
l’indéfendable prétendue « orthodoxie » du Concile et de sa liturgie, face au massacre des âmes au cours des soixante dernières années, conviennent parfaitement les paroles du grand Bossuet : Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes.

La latitude de l’Église – c’est-à-dire son éclipse par la secte conciliaire et synodale, sa coopération active au projet synarchique de la franc-maçonnerie – est l’exact contraire de la vigilance des Apôtres qui, encore spirituellement désarmés, attendaient les armes célestes de leur Seigneur et seraient et prêts à les manier et à combattre au prix de leur vie, comme cela se produisit.
Tristes erant Apostoles : le cœur des Apôtres était accablé par la récente Ascension du Christ et l’attente anxieuse de l’Esprit Consolateur s’est appuyée sur l’espérance plutôt que sur la sécurité humaine. Seule, la Vierge gardait sans inquiétude (inébranlable) la certitude de la foi et la consolait certainement. réconfortait les Apôtres en leur rappelant les paroles de son divin Fils.
Le cœur des mercenaires n’est pas craintif : il est plutôt rendu fou par l’hostilité à celui qui a déjà gagné, pour servir et plaire à celui qui sait qu’il a déjà inéluctablement perdu. Et c’est tout autant de la folie que de croire qu’en présence d’une trahison aussi scandaleuse et sans précédent de la part de la Hiérarchie, ce même Esprit Saint ne puisse pas déployer sa propre omnipotence de manière extraordinaire, en faisant surgir des prophètes des pierres.

Telle est la puissance créatrice et régénératrice de l’Esprit Saint Paraclet : il souffle où il veut (Jn 3:8). Et comme Notre Seigneur l’enseigne à Nicodème, où Il veut ne signifie pas l’arbitraire, mais au contraire la coïncidence de l’acte divin avec la volonté divine. L’Esprit Saint souffle où Il veut : Il veut descendre pour sanctifier et bénir de Sa Grâce le Sacrifice de l’autel : veni, et benedic hoc sacrificium tuo sancto nomini præparatum ; Il veut descendre sur ceux qui renaissent dans l’eau du Baptême, sur les milites Christi dans la Confirmation, sur les Ministres de l’Église, sur les prêtres, dans la Confirmation, sur les Ministres du Très-Haut dans la Sainte Ordination, sur les époux dans le mariage, sur les malades et les mourants dans l’extrême-onction.
Il souffle aussi sur les petites communautés qui résistent à l’esprit du monde, un esprit de mensonge qui ne fait pas de différence entre les hommes et les femmes ; il souffle dans les églises où la flamme de la foi est préservée ; il souffle dans les églises où la flamme de la foi est préservée ; dans l’épanouissement des vocations religieuses séculières et traditionnelles.

Au « Dieu des surprises » de Jorge Mario Bergoglio, la vraie Église et les vrais pasteurs opposent le semper idem de l’éternité divine. Parce que la nouveauté de la la Révélation chrétienne n’est pas un but inatteignable poursuivi par le soi-disant progrès, lui aussi soumis aux modes et au temps qui passe, mais un événement historique qui constitue le discernement entre l’avant et l’après, entre l’ancien et le nouveau, précisément entre les ténèbres et la lumière. Une Révélation qui est Notre Seigneur Jésus-Christ, Verbe éternel du Père, et que le Paraclet scelle par ses dons, en tant qu’Amour divin procédant du Père et du Fils, le même Esprit qui a parlé par les Prophètes et qui continue à nous parler dans les paroles éternelles de la Sainte Église, la voix du Christ que les brebis reconnaissent.

Le monde méprise et rejette la paix que seul Notre Seigneur peut donner Pax Christi in regno Christi : celui qui veut faire régner Satan ne peut ni comprendre ni vouloir la paix du Christ,car il est Chaos Antichristi in regno Antichristi. La paix ne vient que du Christ, et sans Christ il n’y a pas de paix. ni dans le monde plongé dans l’apostasie et l’adoration de Satan à cause de la trahison de l’autorité civile corrompue et asservie au pouvoir ; Il ne peut y avoir de paix dans une Église dont la Hiérarchie n’est pas moins apostate, corrompue dans sa morale et sa foi, et asservie au même pouvoir.

Mais si, dans un monde qui crucifie quotidiennement son Seigneur, il ne peut y avoir ni paix ni prospérité, il existe cependant un petit sanctuaire où l’on peut se réfugier, dans lequel le Seigneur daigne choisir sa demeure, dans lequel les Anges aiment à demeurer : c’est le sanctuaire de la paix, Sa propre demeure, dans laquelle les Anges aiment à demeurer : c’est notre âme. Un sanctuaire précieux que, par la volonté de Dieu, personne n’a le pouvoir de violer, pas même les démons et leurs serviteurs, enivrés par l’illusion de l’intelligence artificielle. L’état de l’âme dans la grâce de Dieu la fait grandir en sainteté, et plus elle s’abandonne avec confiance à la volonté du Seigneur, plus cette croissance spirituelle se fait rapide. C’est le cénacle dans lequel nous nous réfugions souvent, en demandant au Consolateur de nous donner force et vigueur et de nous soutenir dans l’épreuve. Et c’est un refuge semblable, la famille, « l’église domestique », où les horreurs du monde corrompu, ne pénètre pas et qui sera sauvé au passage de l’Ange, exterminateur.

Si la Sainte Trinité habite dans notre âme, la paix intérieure ne manquera pas dans les moments les plus difficiles, parce que nous saurons que c’est précisément dans ces moments-là que le Seigneur nous vient en aide comme un divin Cyrénée. Elle ne nous manquera pas non plus lorsque nous devrons répondre, comme à une culpabilité, de professer la foi catholique dans son intégralité. Quand ils vous conduiront devant les synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous ne vous inquiétez pas de savoir comment vous disculper ou quoi dire ; car l’Esprit Saint avocat, conseiller et défenseur des accusés, de ceux que le diable – διάβολος – accuse. diable – διάβολος, l’accusateur – calomnie avec ses faux arguments.
C’est pourquoi, dans le Veni Creator, nous demandons au Paraclet : Hostem repellas longius, chasse l’ennemi ; c’est pourquoi nous joignons à cette invocation la demande de paix, pacemque dones protinus.

Invoquons donc, chers frères, le divin Consolateur, dulcis hospes animæ, afin que dans le sanctuaire de nos cœurs, dans nos familles et dans nos communautés règne le Christ, Prince de la Paix, afin que là où règne le Fils, là aussi règne le Père et l’Esprit Saint règnent aussi, rétablissant l’ordre divin brisé par le péché.

Ainsi soit-il

+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

HOSTEM REPELLAS LONGIUS

La question du jour

L’Esprit-Saint est-il innovateur ou conservateur ?

« Le Saint Esprit n’a pas été promis aux successeurs de Pierre pour qu’ils fassent connaître, sous sa révélation, une nouvelle doctrine, mais pour qu’avec son assistance ils gardent saintement et exposent fidèlement la révélation transmise par les Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi.  » Concile Vatican I Pastor Aeternus c. 4

Question subsidiaire

Quel esprit anime François ?

La question du jour

Un étrange portrait

Le nouveau portrait du roi Charles

Le nouveau portrait en rouge du roi Charles a été comparé à un corps couvert de sang ou brûlant en enfer.
Des images démoniaques apparaissent lorsque l’image est reflétée. La peinture est un choix inhabituel car la monarchie britannique est en difficulté et lutte pour sa survie.

Selon l’amie de la princesse Christine Fitzgerald, une amie de la princesse Diana, cette dernière surnommait les Windsor « les reptiles » les Windsor étaient « les reptiles » et avait l’habitude de dire qu' »ils ne sont pas humains ».

Un papillon monarque est posé sur l’épaule de Charles,une référence au projet Monarch, qui serait une émanation du programme de contrôle mental MK Ultra.

Un étrange portrait

Suicidaire

Mgr Vigano donne raison à Bergoglio sur le conservatisme « suicidaire »

Vous l’avez entendu : « Un conservateur est quelqu’un qui s’accroche à quelque chose et ne veut pas voir au-delà. C’est une attitude suicidaire… de s’enfermer dans une boîte dogmatique ».

Pour une fois, Bergoglio a tout à fait raison : le conservatisme veut « préserver » les apparences de la Tradition, sans la substance doctrinale qui la rend vivante. Le conservatisme est l’attitude de ceux qui critiquent les excès de l’Église synodale mais se gardent bien d’en remettre en cause les causes, qui se trouvent dans Vatican II.

Le conservatisme est vraiment une « attitude suicidaire » parce qu’il crée une « boîte dogmatique » artificielle, faite de Novus Ordo ad orientem avec des chasubles romaines et des chants grégoriens et aussi de Vetus Ordo ; faite de citations choisies de quelques documents conciliaires, accidentellement sans contraste avec le Magistère catholique de tous les temps ; faite de l’apothéose de Jean-Paul II et du regret de Benoît XVI, que nous avons tous aimés.

Mais la Tradition n’est pas un conservatisme ; la Tradition n’est pas une « boîte dogmatique » parce qu’elle puise dans l’eau claire et pure de la source divine, dans la grâce et la fidélité à l’Évangile et au Depositum Fidei, l’énergie vitale qui la rend capable de regarder vers l’avenir sans renier le passé.

La tradition se développe comme un athlète, qui passe de l’enfance à l’adolescence et à l’âge adulte en restant toujours le même et en développant harmonieusement son corps, afin de pouvoir affronter de nouveaux défis et les surmonter.

Semper idem, toujours le même

Note de la rédaction : Mais le progressisme l’est encore plus, préférer les fables au réel, l’évolution du dogme en harmonie avec la décadence du monde, l’est tout autant.

Suicidaire

Les écuries d’Augias

Demain, à l’occasion de la soi-disant « Journée internationale contre l’homophobie », le groupe « Devenir un en Christ » organise une conférence à la maison diocésaine du Havre avec l’évêque du lieu, Mgr Brunin. Au centre de l’affiche, une croix blasphématoire LGBT, « avec le soutien du diocèse du Havre ».

On sait que toutes ces initiatives jouent sur l’hypocrisie et la dissimulation. Ouvertement il s’agit de lutter contre la haine, de prendre conscience que l’Église accueille tout le monde, etc. En omettant soigneusement de préciser que l’Église condamne les pratiques sexuelles contre nature.

C’est ce que l’on voir sur l’affiche. En réalité, ici comme ailleurs, il s’agit en fait de légitimer les pratiques sexuelles contre nature, de montrer, non seulement qu’on peut parfaitement avoir régulièrement de telles pratiques, mais qu’il est très beau et très chrétien de former un « couple » ayant de telles pratiques.

C’est souvent dans le domaine du non-dit. Mais ici, c’est le « groupe de partage » « Foi et Homosexualité Devenir un en Christ » qui l’affirme tranquillement sur son site internet, non sans parodier la vraie vie chrétienne de couple, y compris en terme de « fécondité »…

Il est important pour le couple de se construire étape par étape, de prendre le temps de bâtir une relation solide et porteuse, qui tire chacun vers le haut. Construire la relation, c’est aussi inventer ensemble sa vie de couple : partager un projet, donner place aux activités de chacun, s’ouvrir aux autres. En d’autres termes, rendre sa vie féconde.

La fécondité du couple homosexuel est un sujet important qui ne se pose pas seulement en termes de fertilité. La fécondité trouve sa source dans le désir de chacun de s’épanouir à l’aune de l’amour donné et reçu.

La question de la sexualité participe de cet épanouissement. Comme tout couple, le couple homosexuel est appelé à une sexualité responsable, respectueuse et chaste. Aimer chastement c’est respecter profondément l’autre tel qu’il est, l’aimer pour lui-même, ne pas l’instrumentaliser, ne pas chercher à le posséder. La relation d’un couple homosexuel ne se réduit pas à la sexualité. Celle-ci y est présente, mais elle doit prendre sa juste place qui peut d’ailleurs évoluer avec le temps.

La sexualité « y est présente ». C’est très clair. Et c’est très clairement contraire non seulement à la doctrine catholique, non seulement à tout christianisme, mais à la simple morale naturelle.

La boucle est bouclée quand on voit que l’illustration de la page « Qui sommes-nous ? », en regard de la question « Pourquoi notre association s’appelle-t-elle ainsi ? », est l’icône copte du Christ mettant sa main sur l’épaule de saint Ménas. Cela est proprement blasphématoire, et cela est cautionné par Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, qui fait la promotion de cette ignominie.

Enfin, on n’oubliera pas que tout cela est une grave insulte envers ceux qui ont des penchants sexuels contre nature et qui vivent, parfois héroïquement, en conformité avec la morale naturelle. Et qui, lorsqu’ils sont chrétiens, voient des évêques (et le pape plus souvent qu’à son tour) leur cracher à la figure au nom de la charité…

Source Daoudal

Les écuries d’Augias

L’objectif

Mgr Vigano :

« La Cène, ou Messe, est la synaxe sacrée ou assemblée du peuple de Dieu, présidée par le prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur. C’est pourquoi la promesse du Christ s’applique éminemment à cette assemblée locale de la Sainte Église: ‘Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux’ (Mt. XVIII, 20) ».

C’est par ces mots que l’article 7 de l’Institutio Generalis Missalis Romani promulguée par Paul VI en 1969 donne la définition hérétique de la Messe. La « recette » du rite réformé a été modifiée par la suite parce qu’elle était manifestement hérétique ; mais le rite modelé sur cette définition n’a pas été modifié.

Aujourd’hui, nous comprenons la signification dévastatrice de cette formulation de la messe qui était destinée à réaliser la protestantisation du rite catholique. Nous nous trouvons devant l’inévitable épilogue bergoglien d’un processus qui a commencé il y a soixante ans avec Bugnini et Montini.

Il n’est pas surprenant que la décision sans précédent des laïcs « synodaux » parte d’une petite paroisse isolée de la région de Modène, dans le diocèse de ce Castellucci – absit injuria verbis – qui, après des scandales financiers liés au trafic de migrants, a promu l’exposition honteuse et blasphématoire « Gratia plena ».

L’objectif de la secte bergoglienne est de détruire le sacerdoce catholique, d’obtenir l’abolition du Saint-Sacrifice de la messe et de dissoudre l’Église dans une ONG au service de la tyrannie mondialiste.

L’objectif

Cessons de retenir la vérité captive

Rendant grâces à Dieu le Père, qui en nous éclairant de sa lumière, nous a rendus dignes d’avoir part au sort et à l’héritage des saints ; qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres, et nous a fait passer dans le royaume de son Fils bien-aimé, par le sang duquel nous avons été rachetés, et avons reçu la rémission de nos péchés ; qui est l’image du Dieu invisible, et qui est né avant toutes les créatures.

Car tout a été créé par Lui dans le ciel et sur la terre, les choses visibles et les invisibles ; soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances : tout a été créé par Lui et pour Lui.

Il est avant tous, et toutes choses subsistent en lui.

Il est le chef et la tête du corps de l’Église. Il est comme les prémices, et le premier-né d’entre les morts, afin qu’il soit le premier en tout : parce qu’il a plu au Père que toute plénitude résidât en lui ; et de réconcilier toutes choses avec soi par Lui, ayant pacifié, par le sang qu’il a répandu sur la croix, tant ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel. I Col 1, 16-20

Oportet illum regnare

Cessons de retenir la vérité captive