Les autruchons

Les collabos inconscients ou ceux qui préfèrent ne pas voir

Quelques citations d’un homme de Dieu :
Sachant que : .il ne faut pas avoir peur d’affirmer que les autorités romaines actuelles depuis Jean XXIII et Paul VI se sont faites les collaboratrices actives de la Franc-Maçonnerie juive internationale et du socialisme mondial.( Itinéraire Spirituel p.10)
Le pape actuel (Jean-Paul II) et ces évêques ne transmettent plus Notre-Seigneur Jésus-Christ mais une religiosité sentimentale, superficielle, charismatique, où ne passe plus la vraie grâce de l’Esprit-Saint dans son ensemble.Cette nouvelle religion n’est pas la religion catholique; elle est stérile, incapable de sanctifier la société et la famille. (Itinéraire Spirituel p.11)

Nous ne sommes pas de cette religion. Nous n’acceptons pas cette nouvelle religion. Nous sommes de la religion de toujours, nous sommes de la religion catholique, nous ne sommes pas de cette religion universelle comme ils l’appellent aujourd’hui.Nous ne sommes pas de cette religion libérale, moderniste, qui a son culte, ses prêtres, sa foi, ses catéchismes, sa bible, sa bible œcuménique.(Un évêque parle T.2 p. 81)

Ils se sont pris pour l’Église vivante et maîtresse de vérité, libre d’imposer aux clercs et aux fidèles de nouveaux dogmes: soit le progrès, l’évolution, la mutation et une obéissance aveugle et inconditionnelle.Ils ont tourné le dos à la véritable Église de toujours, lui ont donné de nouvelles institutions, un nouveau sacerdoce, un nouveau culte, un nouvel enseignement toujours en recherche,et cela toujours au nom du concile.
L’Église va se détruire elle-même par voie d’obéissance aux principes révolutionnaires introduits dans l’Église par l’autorité de l’Église.(Marcel Lefebvre p. 494)

C’est un devoir strict pour tout prêtre voulant demeurer catholique de se séparer de cette Église conciliaire, tant qu’elle ne retrouvera pas la tradition du Magistère de l’Église et de la foi catholique.( Itinéraire Spirituel p. 31)

La situation dans l’Église est plus grave que s’il s’agissait de la perte de la foi.C’est la mise en place d’une autre religion, avec d’autres principes qui ne sont pas catholiques. (Conf. Aux séminaristes 11 févr.1991)

Et cela, il y a plus de trente ans, que dirait-il aujourd’hui ?

Mais beaucoup préfèrent faire, comme si, comme si François était le Successeur de Pierre, Tout Puissant détruisant l’Église de Jésus-Christ, tarissant les canaux de la grâce, interdisant la Sainte Messe et les sacrements certainement valides, persécutant les fidèles rigides, en arrièristes……, profanant la tombe de l’Apôtre Pierre avec un culte idolâtrique infâme, accumulant les ruines, mais rien n’y fait, il demeure, pour ses adeptes, le Saint Père…..envers et contre tout et, illusion sublime, en le reconnaissant on prétend demeurer catholique.. Christe Eleison

Les autruchons

OPA Bergoglienne

QUELQUES CLARIFICATIONS

pour rétablir la vérité sur la situation du Monastère « Marie Temple du Saint-Esprit » à Pienza


Première partie

La séquence des événements

Après la diffusion de nouvelles conflictuelles et contradictoires concernant les récents événements impliquant la Communauté cloîtrée du Monastère Bénédictin de Pienza, je considère qu’il est de mon devoir de Pasteur d’intervenir pour rétablir la vérité des faits, tels qu’ils sont vérifiables pour ceux qui n’ont pas de préjugés et qui se soucient autant du sort des Moniales que de mettre en évidence l’attitude ouvertement hostile à leur égard de la part de l’Autorité Ecclésiastique. Cette première contribution est le fruit d’une connaissance directe et personnelle de l’abbesse et des moniales, au nom desquelles j’entends parler. Dans cette première partie, j’analyserai la séquence des événements ; dans une deuxième, le contenu des mesures du Saint-Siège et leur encadrement dans le contexte plus large de l’action de démolition de Bergoglio ; dans une troisième, les initiatives à prendre.



I. Les origines

Tout d’abord, il est nécessaire de partir de la naissance du monastère. Douze des treize religieux qui le composent proviennent de la communauté bénédictine « Santa Maria delle Rose » de Sant’Angelo in Pontano, appartenant à la Fédération Picena. Ce monastère des Marches a connu un moment de renaissance lorsqu’il a commencé à accueillir des vocations féminines provenant du « Chemin Néocatéchuménal » de Kiko Argüello. C’est en effet à partir de ce Chemin que nos jeunes femmes sont entrées en religion, pour être envoyées en 2013 par les mêmes responsables du Chemin pour établir une nouvelle fondation bénédictine en Hollande, dans le diocèse de Haarlem-Amsterdam, avec l’accord de l’évêque Josef Marianus Punt. Le nouveau monastère a été approuvé par le Saint-Siège l’année suivante.

Comme c’était déjà le cas à Sainte-Marie-des-Roses et dans pratiquement toutes les communautés sous le contrôle de Kiko, l’autonomie de gouvernement du monastère de Hollande a été mise à l’épreuve par l’ingérence grave et indue des dirigeants du Chemin. Cette hiérarchie néocatéchuménale parallèle, constituée par Argüello et ses « catéchistes », a conduit les religieux à la décision – prise collégialement en chapitre – de prendre leurs distances avec le Chemin.

Après quatre ans, l’évêque Punt a été contraint de retirer les religieuses sous la pression de Kiko, qui menaçait de retirer du diocèse ses prêtres néocatéchumènes, qui étaient en fait les seuls sur lesquels l’évêque pouvait compter, constituant une partie considérable de son presbytère. Cela donne la mesure de la capacité d’ingérence dans la vie et le gouvernement de l’Église d’une association laïque qui a capillairement planifié son infiltration dans le corps ecclésial de manière à se rendre indispensable, et une fois acceptée dans les diocèses à pouvoir imposer sa ligne pastorale. A ce stade, les Moniales aimeraient retourner en Italie, au Monastère de Pontano, mais le tremblement de terre de 2016 l’a gravement endommagé, rendant le retour impossible.

Évidemment, cette décision des Moniales, constituant une nouvelle preuve de l’action manipulatrice des dirigeants du mouvement, a créé un vide autour de nos Bénédictines, livrées à elles-mêmes et privées de toute subsistance et de tout soutien de la part des dirigeants du Chemin. Les moniales cherchent l’hospitalité en Italie, mais les évêques diocésains et les monastères sollicités, ayant appris l’origine de la communauté dans les rangs du mouvement néo-catéchuménal, opposent un refus timide. En raison des problèmes causés par le Chemin dans les diocèses et les paroisses, les néocatéchumènes ne bénéficient plus de l’accueil enthousiaste du passé, et cette méfiance touche également les moniales, qui sont rejetées précisément à cause de leur origine.


II. L’arrivée en Italie

Voici donc la situation des religieuses, qui arrivent en Italie avec le stigmate d’avoir échappé aux manipulations et à l’endoctrinement hérétique du puissant gourou espagnol. Leur approche moderniste a toutefois permis aux Moniales de trouver un accueil à Pienza, où, en août 2017, Mgr Stefano Manetti les a accueillies, alors que le diocèse assistait depuis des années à l’extinction inexorable de la vie religieuse contemplative. Heureux de pouvoir disposer d’un monastère bénédictin pour femmes, Mgr Manetti leur a attribué temporairement l’espace du séminaire d’été, qui n’était plus utilisé, en payant les charges et en promettant aux moniales de trouver une structure appropriée pour devenir leur siège définitif, nécessaire à l’érection canonique d’un monastère sui juris, c’est-à-dire dépendant directement du Saint-Siège.

Les promesses de Monseigneur Manetti de trouver une structure appropriée n’ont pas été tenues, mais l’évêque a néanmoins obtenu du Saint-Siège, en février 2019, l’érection du Monastère sui juris, en faisant ce qui semble être un forçage réel et approprié du droit canonique, qui prévoit, comme condition pour l’érection d’un Monastère sui juris, la propriété du bien dans lequel il est situé. Monseigneur Manetti, à cet égard, déclare aux moniales qu’il en est lui-même le garant.

Tout cela se déroule avec l’approbation du chapitre du monastère d’origine des moniales. Le processus se termine en 2019 avec l’élection de l’abbesse, Sœur Maria Diletta du Saint-Esprit, qui reçoit la bénédiction abbatiale de Mgr Manetti.

Après quelques mois, Mgr Manetti leur propose un contrat de prêt de neuf ans, révocable sans justification, et à la condition que les Religieuses assurent les dépenses ordinaires et extraordinaires, ainsi que la prise en charge des coûts des travaux de rénovation et de mise aux normes du bâtiment. Les religieuses se trouvent donc face à une proposition inadmissible, tant parce qu’ils manquent de moyens économiques que parce qu’elles ne sont pas protégés pour l’avenir. Il est évident que le comportement contradictoire et instable de Monseigneur Manetti a servi à forcer les Religieuses à partir, sans les expulser officiellement. La raison pour laquelle la Curie était si intéressée à reprendre possession du Séminaire d’été deviendra bientôt claire.

À ce stade, il convient de rappeler qu’un monastère bénédictin sui juris, dépendant exclusivement du Saint-Siège, n’est pas obligé de rejoindre une « Fédération », c’est-à-dire un groupe de monastères partageant une certaine approche spirituelle et de gouvernance.

La Constitution Apostolique
Vultum Dei Quærere, promulguée par Bergoglio le 29 juin 2016, est intervenue pour modifier la pratique établie par le Vénérable Pie XII avec la Constitution Apostolique Sponsa Christi Ecclesia de 1950. D’où l’Instruction Cor Orans du 15 mai 2018, qui est l’application des nouvelles dispositions sur la suppression et la fédération des Monastères. Il va sans dire que ces deux documents ont pour objectif la démolition de la vie contemplative et la rééducation progressive – précisément à travers les Fédérations – des religieuses. Sous prétexte de la décimation inexorable des vocations, Cor Orans permet l’unification des moniales de plusieurs Monastères, provoquant la confiscation par le Saint-Siège de leurs biens – souvent constitués de bâtiments historiques prestigieux situés dans des lieux magnifiques. Les moniales se retrouvent ainsi arrachées à leur famille spirituelle et envoyées dans de nouvelles communautés, avec l’obligation de suivre des  » cours de remise à niveau « , c’est-à-dire un endoctrinement et une  » reprogrammation « , en dehors du cloître. Les communautés les plus traditionnelles sont évidemment les plus persécutées.
Cette clarification est nécessaire pour comprendre comment, une fois arrivées en Italie et constituées dans un monastère avec leur propre abbesse, les moniales de Pienza ont fait preuve d’une extrême « flexibilité » en se rendant disponibles – même si elles n’y étaient pas obligées, étant constituées dans un monastère sui iuris – pour prendre contact avec les fédérations existantes, afin d’évaluer laquelle était la plus adaptée à leur charisme. L’arrivée de la pandémie a interrompu ce processus, surtout après les confinements. Mais l’œuvre de dévastation du
Cor Orans se poursuit inexorablement, comme en témoigne la pression indue du Saint-Siège sur le monastère de Pienza, qui, comme nous l’avons dit, n’est nullement obligé de se fédérer, étant sui juris.

Le problème, en fait, a été créé lorsque Mgr Manetti a choisi cette forme canonique, sans toutefois garantir la propriété des biens, qui est une condition pour un monastère sui juris. Le transfert de Manetti et la nomination du Card. Lojudice – un ami du Vicaire Général et ancien Recteur du Séminaire – ont dû inciter l’Évêque à essayer de régler une situation irrégulière avant l’arrivée de son successeur. Dans le décret d’érection, Manetti avait déclaré : « Conformément au droit canonique en vigueur, j’érige dans le diocèse de Montepulciano-Chiusi-Pienza le Monastère des Bénédictines […] à Pienza avec tous les privilèges et les grâces spirituelles dont jouissent légitimement les autres Monastères de l’Ordre, en ayant prévu toutes les exigences des lois universelles de l’Église, surtout en ce qui concerne la clôture, la subsistance des moniales et leur assistance spirituelle ». Mais nous savons que ce n’est pas le cas : la propriété du monastère reste au diocèse, et la subsistance des moniales par le diocèse se limite au paiement des charges. C’est pourquoi l’évêque ne pouvait pas formaliser leur départ et se contentait d’exercer une pression verbale sur les moniales pour qu’elles partent.

III. La découverte de l’ancien rite

En 2020, grâce à un prêtre ami du monastère et à des rencontres providentielles avec des personnalités liées au monde de la Tradition, les religieuses  » découvrent  » la liturgie tridentine et Mgr Manetti applique en leur faveur le Motu Proprio Summorum Pontificum, estimant que la célébration occasionnelle de la Messe dans l’ancien rite pourrait aider la Communauté à se libérer définitivement de sa formation néo-catéchuménale. L’année suivante, il prend contact avec les moines bénédictins de Norcia pour aider les moniales sur ce chemin. Avec la promulgation de Traditionis Custodes, l’évêque charge certains prêtres de Rome d’assurer la célébration dominicale de la Messe dans le rite tridentin, à condition que cela ne devienne pas leur seule forme liturgique.

Pendant ce temps, les moniales continuent à chercher dans toute l’Italie un monastère où s’installer, sans succès. Les structures qui ne sont plus habitées sont soit trop chères, soit nécessitent d’importants travaux de restauration auxquels un petit groupe de moniales ne peut même pas faire face. D’autre part, les communautés bénédictines ayant peu de moniales considèrent qu’il est problématique d’accueillir treize sœurs, qui représentent une sorte de révolution pour leur vie tranquille et régulière. Les moniales demandent donc à l’évêque de les laisser là où elles sont, en proposant de s’occuper du paiement des charges, jusqu’alors seulement en partie payées par le diocèse puisqu’il recevait un remboursement substantiel de la part des moniales.


IV. L’arrivée du nouvel évêque

En avril 2022, la nouvelle est arrivée du transfert de l’évêque Manetti à la chaire épiscopale de Fiesole. Cette décision du Saint-Siège a conduit l’évêque – peut-être pour remédier à une situation de grave irrégularité canonique avant l’arrivée du successeur – à révoquer verbalement la permission accordée aux moniales d’utiliser la messe tridentine. À partir de ce moment, Mgr Manetti n’a même pas assuré leur assistance spirituelle, les privant de la Sainte Messe y compris celle de la « forme ordinaire » – même les jours d’obligation. Ce n’est pas suffisant : devant les religieuses, il déclare qu’il n’a jamais eu l’intention de les expulser, mais il annonce que le Père Antonio Canestri – toujours recteur du Séminaire bien que désaffecté et transformé en Monastère, et ami de longue date du nouvel évêque, le Card. Lojudice – a bien l’intention de les lui enlever des mains. Don Antonio se présente au monastère, avec arrogance et sur un ton intimidant, allant jusqu’à violer le cloître en s’introduisant dans les cellules des moniales et en revendiquant la propriété du bâtiment. L’intention de Don Canestri de faire du profit est évidente.

Cela explique, avec toute l’évidence, le caractère prétexte des actions disciplinaires contre les moniales, visant banalement une opération financière, sur le modèle du monastère de Ravello sur la côte amalfitaine. D’autre part, une structure située sur une colline surplombant le charmant Val d’Orcia représente une opportunité de profit juteux pour les coffres du Diocèse et du Saint-Siège.

Soyons clairs : la question économique et immobilière est ce qui pousse de nombreux clercs à exécuter Cor Orans dans le seul but de gagner de l’argent ou de s’attirer les faveurs de la cour bergoglienne. Mais le but réel et profond, celui qui anime toute l’action de ce  » pontificat « , est idéologique : normaliser la vie religieuse au nouveau paradigme paupériste, migratoire, écologiste, œcuménique et synodal imposé par la junte argentine. Elle ne se comporte pas différemment envers les fidèles et les communautés traditionnelles qui, avec Traditionis Custodes, ont vu les droits que le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI leur avait accordés en 2007 annulés ou réduits de façon drastique. En substance, c’est comme si un gouvernement incitait les entreprises à investir dans certains secteurs, et dès qu’elles commencent à le faire, il les contraint à la faillite en annulant ou en réduisant les incitations. Il va sans dire qu’une telle opération, outre qu’elle est lâche et moralement répréhensible, n’est pas le résultat d’une inexpérience ou d’une incapacité, mais d’une volonté ciblée de créer le plus de dégâts possible. Si l’on combine alors Cor Orans et Traditionis Custodes, le sort est inexorablement scellé.

L’aversion du Card. Lojudice pour les sœurs gênantes n’a pas mis longtemps à se manifester. Lors de l’assomption de la Chaire de Pienza, le nouvel évêque refuse de leur permettre de communier à genoux, il les humilie devant toute la ville en les faisant se lever et communier dans les mains, et dans la sacristie il les réprimande en leur disant que dans leur Monastère elles peuvent faire ce qu’elles veulent, mais qu’en public elles doivent se conformer à la pratique commune (en violation des normes liturgiques, qui permettent aux fidèles de s’agenouiller et de recevoir la Sainte Hostie dans la bouche).


V. Les événements précédant la Visite Apostolique

En septembre 2022, Son Éminence a informé les moniales qu’il souhaitait leur rendre visite, par coïncidence, précisément au moment de leur absence du monastère. Le secrétaire, informé de l’absence des moniales qui étaient parties ailleurs pour une retraite spirituelle, répondit que leur présence ne serait pas nécessaire, puisque la visite du cardinal visait principalement l’évaluation immobilière du bâtiment. Je pense qu’il est évident que l’ordre des priorités qui anime l’action  » pastorale  » des évêques bergogliens est le suivant : d’abord les affaires, ensuite la propagande et les photos posées avec les Roms et les immigrés (qui auront suffi à faire frémir Bergoglio), et s’il reste du temps, l’attention à la seule communauté contemplative du diocèse. Ce n’est pas sans rappeler le Dicastère pour les religieux, engagé dans des opérations spéculatives lucratives avec la vente de biens immobiliers, pour les rendre disponibles qu’il n’hésite pas à faucher les quelques communautés qui survivent à la crise des vocations post-conciliaire.

Les religieuses de Pienza parviennent à repousser la visite du Card. Lojudice au 8 novembre. Mais le 11 octobre, Mère Roberta (qui s’avérera plus tard être la Visitatrice) se présente à l’improviste à la porte du monastère, avec l’abbé de Pontida et une troisième personne. Ces personnes ne trouvent personne, car les religieuses sont toutes en retraite dans une autre région, et cette descente est également infructueuse. Mais le 1er novembre, l’abbé de Pontida revient à l’assaut, qui annonce à l’abbesse une visite apostolique et s’assure de la présence des moniales pour le 3 novembre suivant.

L’abbesse appelle alors le card. Lojudice pour savoir s’il était au courant de la Visitation Apostolique. Son Éminence nie en avoir connaissance, mais se contredit ensuite en admettant avoir accompagné, le 11 octobre précédent, les visiteurs qui étaient venus au monastère sans s’annoncer. A cette occasion, l’évêque précise qu’il avait appris que les moniales célébraient la messe selon l’ancien rite et qu’elles n’étaient encore entrées dans aucune Fédération.

Deux éléments à garder à l’esprit. Le premier : la conversion  » traditionnelle  » des moniales. Le second : leur non-adhésion à une Fédération bénédictine. Comme mentionné ci-dessus, les fédérations, après l’instruction Cor Orans de Bergoglio, sont utilisées comme instituts de rééducation et d’endoctrinement au nouveau cours. Le fait que le Monastère de Pienza soit sui juris, et donc non tenu de se fédérer, déclenche la fureur du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée, à la tête duquel se trouve le Card. Braz de Aviz, celui qui, pour être clair, lors d’une rencontre avec des religieuses cloîtrées pour leur présenter les merveilles de Cor Orans leur a dit : « Traitez votre vie comme des adultes, et non comme des adultères ! ». (ici). Le cardinal brésilien est assisté de son secrétaire, Monseigneur José Rodriguez Carballo, qui n’est autre que le principal responsable de l’effondrement financier de l’Ordre des Frères Mineurs Franciscains – dans les affaires duquel apparaît la mort « mystérieuse » de deux personnages – dont Carballo avait été Ministre Général avant d’être promu par Bergoglio comme Secrétaire de toute la constellation des Ordres et Congrégations Religieuses de l’Église Catholique. D’un autre côté, quelle meilleure nomination pour une personne qui s’était révélée corrompue et incapable de gérer l’administration de son propre Ordre ? Et dans quoi l’Ordre des Frères Mineurs avait-il investi, sinon dans la drogue et les armes ? (ici) N’oublions pas que Carballo est autant impliqué dans ce scandale que dans la persécution, entre autres, des Franciscains de l’Immaculée, non seulement en raison de leur position conservatrice, mais aussi en raison du patrimoine immobilier ostensible que le Saint-Siège n’a pas pu s’approprier simplement parce qu’il était au nom d’une association civile. Ces derniers jours, on a appris que Bergoglio a décidé d’exproprier – littéralement – les biens des entités ecclésiastiques, en les déclarant « propriété du Saint-Siège dans son ensemble et donc appartenant à son patrimoine unitaire, indivisible et souverain » (ici). Comme on peut le constater, le sort des moniales a légèrement anticipé le sort de toutes les communautés. Ce qui signifie, en termes simples, qu’à partir de maintenant – puisque le pape est désormais le propriétaire légal de tous les biens de l’Église – il peut en disposer de manière autonome, non seulement pour les vendre et faire de l’argent, mais même avant cela pour disposer d’un levier juridique lui permettant de faire chanter les couvents, monastères, diocèses, séminaires et autres instituts, qui restaient auparavant autonomes et libres de faire leurs propres choix sans craindre d’être extorqués.

La pratique de l’Église a toujours protégé la propriété des biens des entités ecclésiastiques, précisément pour garantir avec elle cette nécessaire indépendance de moyens qui est la prémisse d’un choix libre et conscient de fidélité au Siège Apostolique. Le récent Motu proprio de Bergoglioqui semble avoir été écrit par Klaus Schwab – bouleverse cette situation, en soumettant les Ordres religieux et les Diocèses à un chantage, avec ces méthodes de cession de souveraineté qui, en matière temporelle, distinguent le coup d’État de l’Union européenne, de l’OMS et du Forum économique mondial contre les États. Je ne sais pas si mes frères dans l’épiscopat et les supérieurs des congrégations religieuses se rendent compte de ce que cette décision de Bergoglio signifie pour eux et pour leur indépendance, effectivement privés de pouvoir et réduits à de simples fonctionnaires à la merci des diktats du Vatican.


VI. La Visite Apostolique

Le 2 novembre 2022, un jour avant la réunion prévue, l’abbesse de Pienza découvre que l’abbé de Pontida arrivera peu après, donc par surprise et avec des intentions d’intimidation évidentes. Tout ecclésiastique sait qu’une Visite Apostolique est un événement délicat à gérer avec beaucoup de Charité et en essayant de le rendre le moins traumatisant possible, puisqu’il s’agit toujours d’une inspection des Supérieurs, implicitement motivée par des raisons sérieuses. Pour cette raison, il est pour le moins imprudent de faire preuve de trop de légèreté, avec une Communauté de jeunes moniales cloîtrées déjà éprouvée par les vicissitudes exposées jusqu’à présent, se présentant même un jour avant, comme pour « prendre les moniales par surprise ».

Les deux visiteurs, suivant des méthodes bien rodées, agissent sans scrupules, usant de la duplicité et du mensonge. Les interrogatoires des moniales sont de véritables séances de torture : ils tentent par tous les moyens d’épuiser psychologiquement les moniales, de fomenter des divisions et d’en profiter pour détruire le tissu de la Communauté ainsi que l’équilibre psycho-physique et la sérénité des moniales.

C’est ainsi qu’arrive au monastère l’abbé de Pontida, Dom Giordano Rota, qui est également – comme par hasard – consultant auprès du Dicastère des Religieux du Vatican, et donc à la solde de Braz de Aviz et Carballo, notoirement corrompus et ultra-progressistes. Nous avons donc : le Visiteur choisi par Rome, progressiste ; la Visitatrice, progressiste ; l’Évêque, Card. Lojudice, progressiste. Tous trois, ça va sans dire, strictement pro-bergogliens et alignés sur le nouveau cours. Il en va de même pour les religieuses qui les accompagneront dans l’action inquisitoriale contre les pauvres nonnes.

Les Visiteurs interrogent toutes les religieuses, les mettant sous pression pendant une heure et demie. Les questions parlent d’elles-mêmes : Que feriez-vous si vous étiez abbesse ? Que changeriez-vous à propos de la communauté et de l’abbesse ? Comment voyez-vous l’avenir de la communauté ? Pourquoi l’autel est-il tourné vers le mur ? Qu’est-ce qui se cache derrière la récitation du Pater Noster en latin ? Qu’est-ce que ces vilaines choses sur l’autel (en référence aux reliques) ? Sais-tu combien d’argent tu as ? Ne t’es-tu pas demandé pourquoi aucune fédération ou monastère ne voulait de toi ? Comment s’est fait le choix de qui irait en Hollande ? Ne voyez-vous pas que le bâtiment n’est pas adapté au cloître ? Des questions intimidantes, dans lesquelles on peut comprendre non seulement la prévention des Visiteurs, mais aussi leur aversion pour le charisme traditionnel et leur but ultime : avoir un prétexte pour fermer le Monastère et reprendre possession du bâtiment, ce qui, comme nous l’avons vu, était déjà dans la ligne de mire du Vicaire Général et du Card. Lojudice lui-même.

La visite apostolique – qui n’a rien d' »apostolique » – s’est terminée le 5 novembre,
les visiteurs ayant été pris en flagrant délit de prendre des photos de l’autel de la chapelle – face au tabernacle et à la croix, rien de moins – et des produits des moniales offerts dans l’atrium, comme cela se fait dans de nombreuses maisons religieuses. Manifestement, pour maintenir la pression sur les pauvres Sœurs, les Visiteurs refusent à la fois de préciser pourquoi ils ont été envoyés par le Dicastère – puisqu’il n’y avait aucun fait sérieux pour justifier leur présence – et leur appréciation finale. Des choses que les Visiteurs auraient dû dire, ne serait-ce qu’au nom de la parrhesia bergoglienne tant vantée.


VII. Nouvelles intimidations et incursions

Cette inspection terminée, la visite du cardinal prévue pour le 8 novembre est reportée. Le 15 novembre, Son Éminence se présente avec le vicaire général, le père Antonio Canestri. Dès son entrée, il s’enquiert de savoir si ce sont les moniales qui ont préparé les confitures mises en vente, affirmant que le maire de Pienza a reçu des rumeurs selon lesquelles elles auraient acheté ces confitures au supermarché et les auraient ensuite revendues avec l’étiquette du monastère. Devant la réponse outrée des moniales, offensées par cette insinuation gratuite et injustifiée, le cardinal s’est mis à nu et les a accusées d’être peu coopératives et hostiles. À ce moment-là, les religieuses lui ont demandé s’il avait besoin du bâtiment, ce à quoi il a répondu : « Pas moi personnellement ».

Il faut souligner que cette insistance sur les produits des religieuses n’avait rien à voir avec la Visitation Apostolique, et apparaissait comme un argument prétextuel en l’absence de raisons canoniques valables. En outre, le fait d’avoir eu recours à des questions matérielles en impliquant le maire a dû exaspérer la situation en l’étendant à la sphère civile, qui n’avait jusqu’alors aucun droit d’intervention. En tout cas, les religieuses n’ont commis aucune irrégularité en offrant des confitures, des chapelets, des bougies et d’autres produits qu’ils fabriquaient afin de recevoir la libéralité des quelques bienfaiteurs et amis, nécessaire à leur subsistance.
Le 13 février à midi, le père
Raffaele Mennitti, vicaire pour la vie consacrée du diocèse de Montepulciano-Chiusi-Pienza et le père Paolo, secrétaire personnel du cardinal Lojudice, se sont présentés au monastère et ont remis à chaque religieuse une lettre dans une enveloppe scellée, en prétendant ne pas en connaître le contenu. Dans mon prochain exposé, j’examinerai le contenu de ces missives envoyées par le Saint-Siège au monastère.

Dans l’après-midi, à 16 heures, les deux prêtres reviennent avec la présidente de la Fédération Picena, Mère Vacca, et la vicaire de la Fédération, Mère Di Marzio, qui demandent à entrer pour que Mère Vacca puisse parler à chaque moniale. À ce moment-là, l’abbesse, Mère Diletta, et toutes les sœurs sortent et déclarent qu’elles ne consentent pas à leur intrusion intimidante et inopinée. Mère Diletta, intimidée par le Père Raphaël pour « obéir à l’Église », répond qu’ils devraient avoir honte d’abuser ainsi de leur pouvoir et que les religieuses ne sont pas tenues d’obéir à des ordres injustes. Non satisfaits de cette improvisation, les messagers de la Curie et du Dicastère ont détenu certains parents des religieuses, essayant de les effrayer pour qu’ils persuadent les religieuses de se soumettre. Le père Raphaël a même saisi Mère Diletta par le bras, la poussant à l’écouter et affirmant que leurs craintes n’étaient pas fondées.

Le lendemain, Mère Diletta a trouvé son distributeur automatique de billets désactivé et a appris de la banque que son autorisation de gérer le compte du monastère avait été révoquée et remplacée par un nouveau compte au nom de Mère Vacca. Le compte contenant les fonds dérisoires des moniales – six mille euros – est donc en fait saisi par l’autorité, privant les moniales de leurs moyens de subsistance. Et Dieu merci, la préoccupation des Visiteurs était d’ordre spirituel… Probablement informé des faits, Mgr Manetti a appelé Mère Diletta pour faire pression sur elle et sonder le terrain afin de voir si la visite du lendemain du Card. Lojudice aurait un quelconque espoir.

Le 16 février, Mère Vacca a envoyé à Mère Diletta une lettre sur WhatsApp l’avertissant de lui permettre de prendre possession du monastère, comme ordonné dans la communication du Dicastère, qui entre-temps a été contestée par les Religieuses et doit donc être considérée comme suspendue dans ses effets. Mère Vacca menace de graves conséquences canoniques et civiles en cas de désobéissance.


VIII. Recours au « bras séculier

Le 17 février au matin, se sont présentés au monastère Don Raffaele, vicaire pour la vie consacrée du diocèse de Montepulciano-Chiusi-Pienza, Don Paolo, secrétaire personnel du cardinal Lojudice, le président de la Fédération Picena, Mère Vacca, la vicaire de la Fédération, Mère Di Marzio, le maréchal des carabiniers de Pienza, Paolo Arcangioli, et deux autres militaires des forces armées. La promptitude des religieuses a permis de filmer ce raid surréaliste, même avec l’aide du « bras séculier ». L’avocat des religieuses a relevé à juste titre, entre autres, que le recours aux carabiniers constitue une violation des normes du concordat et qu’il est inouï que, pour une affaire que la Curie s’obstine à décrire comme le résultat d’un malentendu, elle n’ait pas hésité à terroriser les religieuses par la présence de carabiniers.

Le 19 février, le diocèse a publié le communiqué infâme, qui a été repris et relancé dans Toscana Oggi (ici) et La Nazione (ici). Ce communiqué, plein d’inexactitudes et d’omissions, se conclut par
une invitation à ne pas soutenir financièrement le monastère. Aqua et igni interdictæ, c’est-à-dire privé – comme cela se faisait dans la Rome antique – de tout soutien et aide de la part des autres citoyens, comme conséquence de la révocation de la citoyenneté. C’est l' »église de la miséricorde » de Bergoglio.

Ce n’est pas suffisant : quelques jours plus tard, les carabiniers de Pienza ont appelé les proches des religieuses pour les informer qu’ils seraient convoqués pour prendre des déclarations sur le monastère, sans formaliser aucune notification. Je ne veux pas imaginer qui a donné l’ordre, ni comment les carabiniers ont pu se prêter à cette grotesque farce inquisitoriale, allant jusqu’à leur demander de ne parler à personne de l’appel téléphonique, précisément pour effrayer davantage les religieuses assiégées.

Sur le site de l’agence ANSA (ici), on apprend ensuite l’existence d’une mise en demeure adressée aux religieuses par le diocèse de Montepulciano-Chiusi-Pienza, signée par l’avocat Alessandro Pasquazi. On se demande sous quel titre cette mise en demeure aurait dû être envoyée à une agence de presse alors qu’aucune notification de celle-ci n’a été présentée aux religieuses.

C’est le dernier acte, du moins pour l’instant, d’une pièce qui se situe entre la farce grotesque et la tragédie, dont les acteurs sont divisés en victimes et bourreaux.

Les victimes sont les treize religieuses. Victimes en raison de leur passé troublé, dans lequel elles ont pu grandir spirituellement et échapper aux pressions et aux interférences obsessionnelles de l’établissement du Chemin Néocatéchuménal, en atterrissant à Pienza ; victimes de la bévue bureaucratique de Mgr. Manetti, qui les a érigés en Monastère sui juris alors qu’il n’en était pas propriétaire ; victimes de la convoitise de clercs sans scrupules,  » coupables  » d’être une présence gênante qui empêche l’exploitation économique de la structure qui les accueille ; victimes de la fureur idéologique des bergogliens, en raison de leur proximité avec la Tradition et de leur volonté de ne pas se plier à l’endoctrinement moderniste en reniant leur fidélité à Notre Seigneur et leur propre charisme.

Les faits que j’ai exposés peuvent être vérifiés, sont corroborés par des preuves indiscutables et confirmés par de nombreux témoignages. Leur concaténation montre la préméditation de l’attaque contre les religieuses, et laisse deviner quels étaient les véritables objectifs de ceux qui les attaquent, et les prétextes avec lesquels ils cherchent à détourner l’attention de l’élément principal de cette affaire : l’absence de motifs réels et justifiés pour procéder contre elles. Inventer de nouvelles accusations infondées in itinere ne peut dissimuler le fait que la Visitation Apostolique est une tentative de plus – sous couvert d’un apparent respect des normes canoniques – de frapper les communautés de Vie Contemplative – d’autant plus si elles sont d’orientation traditionnelle.

Dans la deuxième partie, nous verrons comment ces mesures du Vatican sont totalement illégitimes et sans valeur au regard du droit canonique.



+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

26 février 2023

Dominica I in Quadragesima

OPA Bergoglienne

A QUI profite la guerre ?

Guerre russo-ukrainienne : pourquoi les Anglo-saxons ont déjà gagné depuis le premier jour

Un an de guerre, de morts, de blessés, de destruction dans une guerre officiellement entre la Russie et l’Ukraine, officieusement entre les États-Unis et sa vassal la Grande-Bretagne, via l’Otan, et la Fédération de Russie. Le vieux rêve anglo-saxon de couper l’Europe  de la Russie prend corps à nouveau sur les corps sacrifiés et mutilés des Ukrainiens. Les Américains iront-ils jusqu’à sacrifier le dernier Ukrainien pour arriver à leur fin ?

Le peuple ukrainien fait le sale boulot pour les États-Unis

« Le brave peuple ukrainien fait le sale boulot de ce que nous n’avons jamais voulu faire ici aux États-Unis, c’est pourquoi nous devrions continuer à vous soutenir avec tout ce que nous pouvons, que ce soit des munitions, des armes ou des renseignements. »

C’est ce qu’a dit l’ancien sous-secrétaire à la Défense à l’époque de Trump (sic), Mark Esper, pensant s’entretenir avec l’ex-dirigeant ukrainien Porochenko (il a plutôt parlé avec les deux provocateurs russes bien connus qui se sont spécialisés dans ces appels téléphoniques). 

Le journaliste et analyste géopolitique Maurizio Blondet a signé hier, 24 février 2023, un intéressant article sur son blog Blondet & friends qui souligne l’intérêt des Anglosaxons dans l’actuel conflit. Le « sale boulot » explique Blondet « est évidemment de sacrifier des centaines de milliers de soldats ukrainiens pour le but stratégique qui aurait coûté cher en vies américaines : le but défini par l’étude RAND Corporation de 2019 sous le titre Overextending Russia (Dépassement et déséquilibre de la Russie), comme le répète également Thierry Meysan.

« Étendre la Russie, la forcer à consommer de plus en plus ses vies humaines en uniforme et ses moyens militaires, l’épuiser jusqu’à l’épuisement et la réduire au minimum, prête au démembrement en petits États plus petits et plus inoffensifs, vassaux de l’Occident. Pour cela, Esper a déclaré: « Arrêtez les efforts, que ce soit les Français, les Allemands ou toute autre personne essayant de négocier avec les Russes », a-t-il dit. »

Le monde anglo-saxon a déjà gagné en séparant irrémédiablement pour un temps très long l’Europe de sa voisine la Russie

Pour Blondet, et d’autres analystes, le monde anglo-saxon a déjà gagné en séparant irrémédiablement pour un temps très long l’Europe de sa voisine la Russie :

« Il faut reconnaître que le monde anglo-saxon a déjà gagné dans son objectif géostratégique défini il y a plus d’un siècle par la doctrine Hearthland : séparer à jamais les « alliés européens » des approvisionnements énergétiques russes, à travers lesquels cette fusion s’opérait aussi avec la Chine en un immense bloc économique continental intégré « de Lisbonne à Vladivostock et Shanghai », gouverné par des convenances économiques mutuelles pacifiques et non par des menaces mutuelles : un ensemble plus qu’autosuffisant, auquel la piraterie anglo n’aurait plus rien à offrir – pas même des menaces de guerre. »

Les grands perdants de cette guerre, outre les Ukrainiens, la déroute de la Russes n’étant pas au rendez-vous comme escompté par les orgueilleux stratèges atlantistes, sont indubitablement les Européens malgré les rodomontades de leurs politiciens tels la va-t-en-guerre qui s’est érigée en patronne de l’Union Européenne, Ursula von der Leyen, ou le « brillant » économiste français Bruno Le Maire.

« Maintenant, analyse Maurizio Blondet, il est également évident que les gouvernements européens sont ceux que les Anglos ont blessés en tant qu’ennemis, pire que s’ils étaient les vrais ennemis. Le fait qu’aucun de ces gouvernements européens n’ose même pas prendre note de qui a commis le sabotage stratégique de Nord Stream, bien que le journaliste Seymour Hersh le leur ait écrit et documenté, les États-Unis, pas la Norvège, devrait faire comprendre ceci : que les gouvernements européens sont sous la menace mortelle de l’Anglo (et de ses complices internes, qui soutiennent les intérêts anti-nationaux anglo), et non plus dans un régime de liberté. »

Les grands perdants de cette guerre, outre les Ukrainiens, sont les Européens

« Ils ne peuvent que déclarer leur amour pour Zelenski, et leur admiration pour les Ukrainiens qui font le sale boulot en mourant par milliers pour l’Empire anglo, et lui envoyer leurs propres armes jusqu’à épuisement : diminuant ainsi leur propre endurance » continue Blondet., qui écrit aussi : 

« Et peut-être qu’ils n’ont même plus vraiment besoin d’envoyer des F-1, tant qu’ils l’annoncent dans les gros titres des journaux ; l’important est de faire durer la guerre plus longtemps, d’user la Russie jusqu’à l’épuisement définitif et irréversible, ou de la forcer à passer au « plus haut niveau », évidemment tragique et meurtrier, et même pas un remède à la précédente situation : l’intégration de l’Europe de l’Ouest au grand Heartland.

« Je ne vois pas de « mouvement gagnant » possible de la part de Poutine. Sinon changement profond de l’autre côté, Washington. Un changement pas tout à fait inimaginable, étant donné la (vague) possibilité que Trump revienne au pouvoir – et perturbe la politique anglo-saxonne, comme il l’a proclamé dans un discours récent. »

Les Américains, auto-proclamés la conscience morale universelle, iront-ils jusqu’à sacrifier le dernier Ukrainien pour arriver à leur fin ? On le dirait bien…

Francesca de Villasmundo

Source MPI

Note de la rédaction : Derrière le terme ango-saxon il paraît raisonnable d’impliquer ce que l’on appelle l’État profond…..

A QUI profite la guerre ?

In cinere et cilicio

Homélie du Mercredi des Cendres, in capite jejunii, par Mgr Carlo Maria Viganò

Omnipotens sempiterne Deus, qui Ninivitis, in cinere et cilicio pænitentibus, Indulgentiæ tuæ remedia præstitisti : concéder propitius; ut sic eos imitemur habitu, quatenus veniæ prosequamur obtentu. [Or. IV in benedictione Cinerum]

Il n’y a qu’une seule chose qui pousse le Seigneur à la compassion devant la multitude de nos péchés : la pénitence. Cette pénitence sincère que confirme dans l’attitude extérieure le vrai repentir pour les fautes commise, l’intention de ne plus les commettre, la volonté de les réparer et surtout la douleur d’avoir par elles offensé la divine Majesté.

In cinere et cilicio, avec de la cendre et le cilice, c’est-à-dire avec ce tissu hirsute et piquant de la Cilicie, tissé de poil de chèvre ou de crin de cheval, qui était utilisé comme vêtement par les soldats romains et qui représente la robe spirituelle et matérielle du pénitent.

La divine liturgie de ce jour était autrefois réservée aux pécheurs publics, auxquels une période de pénitence était imposée jusqu’au Jeudi Saint, pendant lequel l’évêque leur donnait l’absolution. Ecce ejicimini vos hodie a liminibus sanctæ matris Ecclesiæ propter peccata, et scelera vestra, sicut Adam primus homo ejectus est de paradiso propter transgressionem suam. Nous vous chassons de l’enceinte de la sainte mère Église à cause de vos péchés et de vos crimes, tout comme le premier homme Adam a été chassé du Paradis à cause de sa transgression. (Pont. Rom., De expulssione publice Pœnitentium). C’est ce que l’évêque ordonnait dans le rite émouvant décrit dans le Pontifical Romain, avant de les exhorter à ne pas désespérer de la miséricorde du Seigneur, en s’engageant par le jeûne, la prière, les pèlerinages, l’aumône et les autres œuvres bonnes pour obtenir les fruits d’une véritable pénitence. Après cet avertissement paternel et sévère, les pénitents agenouillés pieds nus sur le parvis se voyaient fermer les portes de la cathédrale, où l’évêque célébrait les divins Mystères. Quarante jours plus tard, le Jeudi Saint, ils retournaient devant ces portes avec les mêmes robes pénitentielles, à genoux, tenant une bougie éteinte dans la main. State in silentio : audientes audite, leur intimait l’Archidiacre. Et il continuerait, s’adressant à l’évêque au nom des pénitents publics, rappelant leurs œuvres de réparation. Lavant aquæ, lavant lachrimæ. Puis, trois fois, l’évêque entonnait l’antienne Venite et les accueillait dans l’église, où ils se jetaient émus à ses pieds, prostrati et flentes. À ce moment, l’Archidiacre aurait dit : Restaurez en eux, Pontife apostolique, ce que les séductions du diable ont corrompu ; par le mérite de vos prières et par la grâce de la réconciliation, rendez ces hommes proches de Dieu, afin que ceux qui avaient honte de leurs péchés se réjouissent maintenant de plaire au Seigneur sur la terre des vivants, après avoir vaincu l’auteur de leur propre ruine (Pont. Rom., De reconciliatione Pœnitentium).

J’ai voulu m’arrêter sur ce rite très ancien – et que je vous exhorte à lire et à méditer pour votre édification – afin de vous faire comprendre que la juste sévérité de l’Église n’est jamais séparée de sa miséricorde maternelle, à l’exemple du Seigneur.

Si l’Église niait qu’il y a des fautes à expier, elle manquerait à la justice ; si Elle trompait les pécheurs en leur disant qu’ils peuvent mériter le pardon sans se repentir sincèrement, Elle offenserait la miséricorde de Dieu et manquerait de charité. Au contraire, Elle ne cesse de nous rappeler que nous sommes enfants de la colère, à cause du péché d’Adam, de nos péchés, de ceux de nos frères et sœurs et des péchés publics des nations – aujourd’hui exécrables. La Sainte Église nous rappelle la pénitence d’Adam et Ève, la rédemption commencée dans ce même paradis avec la malédiction du Serpent et la proclamation du protévangile : Je mettrai une inimitié entre vous et la Femme, entre votre postérité et Sa postérité : Elle vous écrasera la tête, et vous menacerez son talon (Gn 3, 15). La Sainte Église nous montre les nombreuses occasions où, sous l’Ancienne Loi, nos pères ont péché à nouveau, et ont de nouveau obtenu la miséricorde de Dieu grâce à la pénitence : l’exemple des habitants de Ninive est également rappelé dans les prières et les textes de la bénédiction des Saintes Cendres. Elle nous montre – en particulier dans la liturgie du Carême, de la Semaine de la Passion et de la Semaine Sainte – l’obéissance du Fils de Dieu à la volonté du Père, pour réaliser l’œuvre admirable de la Rédemption accomplie sur le bois de la Croix. Elle nous propose l’exemple des Saints pénitents, Elle nous indique la nécessité de la repentance et de la conversion, Elle nous instruit avec l’admirable pédagogie des rites sacrés à comprendre la gravité du péché, l’énormité de l’offense contre la divine Majesté, l’infinité des mérites du Sacrifice de Notre-Seigneur qu’Elle renouvelle sur nos autels.

Cette porte qui avance lentement et lourdement sur les gonds pour se fermer aux pénitents, les laissant loin de l’autel, n’est pas sourde cruauté, mais sévérité souffrante d’une mère qui ne cesse de prier pour eux, qui les attend, confiante de les voir repentants et conscients du Bien suprême dont leurs fautes les ont privés. Pour la même raison, de la Semaine de la Passion jusqu’à la Veillée pascale, les croix et les images sacrées dans les églises sont voilées, pour nous rappeler notre indignité de pécheurs et le silence de Dieu, un silence que Notre-Seigneur a également expérimenté dans le jardin de Gethsémani et sur la Croix, et que les mystiques ont pareillement expérimenté dans les tourments spirituels de la Nuit obscure.

Où est passé tout cela ? Pourquoi, au moment même où le monde avait le plus besoin d’être rappelé à la fidélité au Christ, la liturgie de l’Église a-t-elle été dépouillée de ses symboles les plus pédagogiquement efficaces ? Pourquoi le rite d’expulsion des pénitents publics a-t-il été aboli, et avec lui celui de leur réconciliation ? Et encore : pourquoi les Pasteurs ne nous parlent-ils plus du péché originel, du chemin de Croix, de la nécessité de la pénitence ? Pourquoi la justice divine est-elle réduite au silence ou niée, alors que la miséricorde de Dieu est déformée et annulée, comme si nous y avions droit sans contrition ? Pourquoi entendons-nous que l’Absolution ne doit être refusée à personne, alors que le repentir – comme l’enseigne le Concile de Trente – constitue la matière inséparable du Sacrement, avec la confession de ses péchés et la satisfaction de la pénitence ? Pourquoi a-t-on banni la méditation de la Mort, l’inéluctabilité du Jugement, la réalité de l’Enfer pour les damnés et du Ciel pour les élus ?

Parce qu’un orgueil luciférien a porté à construire une idole à la place du vrai Dieu.

Quoi de plus réconfortant que de savoir que nos innombrables infidélités, même les plus graves, peuvent être pardonnées si seulement nous nous reconnaissons humblement coupables et ayant besoin de la miséricorde de Dieu, qui a donné son Fils unique pour nous sauver et nous rendre bienheureux pour l’éternité ?

C’est le Mysterium iniquitatis, fils bien-aimés. Le mystère de l’iniquité, de comment celui-ci est permis par Dieu pour nous tempérer et nous rendre dignes de la récompense éternelle ; de comment il paraît triompher dans son obscène arrogance, tandis que le Bien œuvre discrètement et sans bruit ; de la façon dont il parvient à séduire les hommes avec de fausses promesses, en leur faisant oublier l’horreur du péché, la monstruosité d’être rendus responsables de toutes les souffrances subies par le Sauveur, de chaque crachat, de chaque gifle, de chaque coup de fouet, de chaque blessure, de chaque épine, de chaque goutte de son très précieux Sang, de chacune de Ses larme et de toute la douleur spirituelle causée à l’Homme-Dieu par notre ingratitude. Responsables de toutes les souffrances de Sa Très Sainte Mère, dont le Cœur Immaculé est transpercé d’épées tranchantes, L’unissant à la Passion de Son divin Fils.

Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! annonce le prophète Jonas (3, 2). Les Ninivites crurent en Dieu, proclamèrent un jeûne et se revêtirent d’un sac, tous, du plus grand au plus petit. La chose étant parvenue au roi de Ninive, il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d’un sac et s’assît sur la cendre. Et on cria dans Ninive et on dit, par décret du roi et de ses grands, ces paroles : « Que ni hommes ni bêtes, bœufs et brebis, ne mangent rien, ne paissent point et ne boivent point d’eau ; qu’ils se couvrent de sacs, hommes et bêtes, qu’ils crient à Dieu avec force, et qu’ils se détournent chacun de sa mauvaise voie et des actions de violence que commettent ses mains ! Qui sait si Dieu ne viendra pas à se repentir, et s’il ne reviendra pas de l’ardeur de sa colère, en sorte que nous ne périssions point ?» (Jonas 3,5-9).

Encore quarante jours : cet avertissement vaut aussi pour nous, peut-être même plus qu’il ne valait pour les Ninivites. Cela vaut pour ce monde corrompu et rebelle, qui a ôté la couronne royale au Christ pour faire régner Satan, homicide depuis le commencement. Cela s’applique aux nations autrefois catholiques, où l’horreur de l’avortement, de l’euthanasie, de la manipulation génétique, de la perversion des mœurs crie vengeance au Ciel. Cet avertissement s’applique à l’Église, infestée de faux pasteurs et de mercenaires, devenus serviteurs et complices du Prince de ce monde, et qui considèrent les fidèles qui leur sont confiés comme des ennemis. Il s’applique à chacun de nous qui, face à cette subversion universelle, croyons pouvoir échapper au combat en cherchant refuge dans la perspective confortable de l’intervention miraculeuse de Dieu, ou en prétendant pouvoir vivre avec nos ennemis, en acceptant leur chantage tant qu’ils nous laissent nos petits espaces pour célébrer la Messe tridentine.

Encore quarante jours : c’est le temps qui nous sépare du redouté document « pontifical » par lequel l’autorité de Pierre, instituée pour préserver l’unité de la Foi dans le lien de la Charité, sera à nouveau utilisée pour accuser de schisme ceux qui ne veulent pas se plier à de nouvelles restrictions illicites de ce qui a été pendant deux mille ans le trésor le plus précieux de l’Église et le rempart le plus terrible contre les hérétiques : le Saint Sacrifice de la Messe ; et celui qui déchire la tunique sans couture du Christ en répandant hérésies et scandales cherche à bannir de l’enceinte sacrée ceux qui restent fidèles au Seigneur.

Encore quarante jours : c’est le temps propice où chacun de nous, dans le secret de sa chambre, pourra prier, jeûner, faire pénitence, faire l’aumône et accomplir de bonnes œuvres pour expier ses péchés, réparer les péchés publics des nations, implorer la divine Majesté de ne pas abandonner son héritage, la Sainte Église, à l’opprobre d’être dominée par les nations (Jl 2, 12).

Avec ces dispositions, fils bien-aimés, il ne sera pas nécessaire de vous rappeler la loi de l’abstinence et du jeûne, car vous saurez accumuler ces trésors spirituels qu’aucune force terrestre ne peut vous enlever, et qui seront la meilleure préparation pour la célébration de Pâques qui nous attend à la fin du chemin de Carême.

In cinere et cilicio : que la cendre soit un signe de la vanité du monde, du caractère illusoire de ses promesses, de l’inexorabilité de la mort temporelle ; que le cilice piquant que les soldats utilisaient pour leurs vêtements nous pousse au bon combat, comme nous y exhorte la prière finale de la Bénédiction des Cendres : Concede nobis, Domine, præsidia militiæ christianæ sanctis inchoare jejuniis : ut contra spiritales nequitias pugnaturi, continentiæ muniamur auxiliis.

Accorde-nous, Seigneur, de commencer par les saints jeûnes les défenses de la milice chrétienne, afin que nous puissions être équipés de la protection de la continence, ayant à lutter contre des ennemis spirituels.

Ainsi soit-il.

+ Carlo Maria Viganò, Archevêque

22 février MMXXIII, Feria IV Cinerum

In cinere et cilicio

Ostension des reliques de saint Thomas d’Aquin

Ostension des reliques de saint Thomas d’Aquin

Déplacé hors de Toulouse pour la première fois depuis 1369 à l’occasion du triple jubilé de saint Thomas d’Aquin, le coffre contenant les reliques de son crâne a été rénové et confié aux Dominicains de Bordeaux jusqu’au 27 février.

Dominicain, saint Thomas d’Aquin, né le 28 janvier 1225, est mort d’épuisement intellectuel en odeur de sainteté le 7 mars 1274. Il a été canonisé par le pape Jean XXII le 18 juillet 1323. Cette année 2023 marque l’entrée dans un triple jubilé :

  • 700 ans de sa canonisation
  • 750 ans de sa mort, en 2024,
  • 800 ans de sa naissance, en 2025.

Le 23 janvier, le crâne du saint a été placé dans un nouveau reliquaire qui permet de le présenter aux fidèles. À l’occasion de ce triple anniversaire, la pénitencerie apostolique, sur décret du pape François, a accordé une indulgence plénière aux fidèles qui vénèrent ses reliques. Une indulgence à quatre conditions :

  • le demander d’un cœur pur et sincère,
  • se confesser dans un temps proche de la vénération,
  • recevoir la communion eucharistique avant ou après
  • prier pour les intentions du pape.

Source Le salon Beige

Ostension des reliques de saint Thomas d’Aquin

Famille et Patrie

Poutine

Vladimir Poutine au concert du stade olympique de Moscou (la plus grande enceinte possible, mais il y a encore beaucoup de monde en dehors, et il fait -15°), à la veille du jour du Défenseur de la Patrie. Il s’exprime au milieu du spectacle, après une chanson d’Akim Apatchev, de Marioupol, en ukrainien, et « Levons-nous! » de SHAMAN.

« Chers amis, bon après-midi ! Nous nous réunissons à la veille de la Journée du défenseur de la patrie. Il y a quelque chose de puissant, d’énorme, je dirais même de mystique et de sacré dans ces mots. Ce n’est pas pour rien que l’une des prières les plus célèbres commence par les mots « Notre Père ». Il y a là quelque chose de proche de chaque personne – après tout, nous disons aussi « Mère patrie ». Nous parlons de la famille – de quelque chose d’énorme, de puissant et en même temps de proche du cœur de chaque personne. En général, la patrie et la famille dans nos cœurs sont une seule et même chose.

Il y a des gens – ils sont à côté de moi à gauche, à droite – il y a des gens qui décident d’eux-mêmes de défendre ce que nous avons de plus sacré et de plus cher : la famille et la patrie. Et aujourd’hui, dans le cadre d’une opération militaire spéciale – nous sommes réunis ici pour un événement festif, mais je sais que je viens d’écouter les hauts responsables militaires – une bataille se déroule en ce moment même sur nos frontières historiques, pour notre peuple. Elle est menée par les mêmes combattants courageux qui se tiennent ici à côté de nous. Ils se battent avec courage, héroïsme et bravoure. Nous sommes fiers d’eux et lançons trois fois « Hourra ! » en leur honneur. Qu’ils entendent nos félicitations.

Aujourd’hui, ils sont soutenus par tout le pays, ce qui signifie que chacun est, dans une certaine mesure, également un défenseur de la Patrie. Ce sont les travailleurs médicaux qui aident nos combattants à se remettre sur pied : les médecins et les infirmières, bien sûr, ce sont les employés du secteur de la défense, du secteur des transports, et vous tous ensemble qui êtes venus aujourd’hui pour soutenir nos combattants. Ce sont même les enfants qui écrivent leurs lettres de soutien à nos combattants. C’est très important. Dans ce sens, tout en protégeant nos intérêts, le peuple, la culture, la langue du territoire, tout notre peuple est le défenseur de la Patrie.

Chapeau bas à tous. Félicitations pour le jour férié qui vient – le Jour du Défenseur de la Patrie ! »

Ils ne cèdent pas à la mode de l’architecture dégénérée

Depuis la fin du communisme en Russie les grands monastères historiques ont été reconstruits (et repeuplés) et les églises ont poussé partout comme des champignons. Et ce n’est pas fini. On apprend que dans le cadre d’un partenariat entre l’Eglise orthodoxe et la ville de Moscou, un programme de construction de 200 églises a été lancé dans la région de la capitale. Sur ce site sont présentés les 36 projets, qui sont autant de variations sur l’architecture traditionnelle entre le XIIe et le XVIIe siècle. Quelques exemples :

Capture d’écran 2023-02-22 à 12.34.52.jpg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.35.38.jpg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.36.13.jpg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.38.20.jpg
Sadovniki-proekt-1-768x541.jpeg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.39.13.jpg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.39.51.jpg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.40.37.jpg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.41.18.jpg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.44.02.jpg
Capture d’écran 2023-02-22 à 12.42.35.jpg

Note de la rédaction : Tout cela doit nous encourager à prier pour la conversion de la Russie….et pour la conversion de la Rome apostate et notre pays. La solution est simple le retour à Dieu, la soumission au doux joug de Jésus-Christ, à ses lois divines naturelles et surnaturelles……

Famille et Patrie

La Messe de Luther

– Mgr Lefebvre (1975)



JPG - 32.1 ko

Mgr Lefebvre Mgr Lefebvre (1976)

Mesdames, Messieurs,

Je parlerai ce soir de la Messe Évangélique de Luther et des ressemblances surprenantes du nouveau Rite de la Messe avec les innovations rituelles de Luther.

Pourquoi ces considérations ? Parce que l’idée d’œcuménisme qui a présidé à la Réforme liturgique, aux dires du Président de la commission lui-même nous y invite, parce que s’il était prouvé que cette filiation du nouveau Rite existe réellement, le problème théologique, c’est-à-dire le problème de la foi ne peut pas ne pas être posé selon l’adage bien connu « Lex orandi, lex credendi ».

Les objectifs de Luther dans sa réforme liturgique

Or les documents historiques de la Réforme liturgique de Luther sont très instructifs pour éclairer la Réforme actuelle.

Pour bien comprendre quels furent les objectifs de Luther dans ces Réformes liturgiques, nous devons rappeler brièvement la doctrine de l’Église concernant le Sacerdoce et le Saint Sacrifice de la Messe.

La doctrine du Concile de Trente

Le Concile de Trente dans sa XXIIème Session nous enseigne que Notre-Seigneur Jésus-Christ ne voulant pas mettre fin à son sacerdoce, à sa mort, institua à la dernière Cène un Sacrifice visible destiné à appliquer la vertu salutaire de sa Rédemption aux péchés que nous commettons chaque jour. A cette fin il établit ses Apôtres Prêtres du nouveau testament, eux et leurs successeurs, instituant le Sacrement de l’Ordre qui marque d’un caractère sacré et indélébile ces prêtres de la Nouvelle Alliance.

Ce sacrifice visible s’accomplit sur nos autels par une action sacrificielle par laquelle Notre-Seigneur réellement présent sous les espèces du pain et du vin s’offre comme victime à son Père. Et c’est par la manducation de cette victime que nous communions à la chair et au sang de Notre-Seigneur nous offrant nous aussi en union avec Lui.

Ainsi donc l’Église nous enseigne que :

- Le sacerdoce des prêtres est essentiellement différent de celui des fidèles, qui n’ont pas de sacerdoce, mais font partie d’une Église qui requiert absolument un sacerdoce.

- A ce sacerdoce convient profondément le célibat et une distinction externe d’avec les fidèles soit l’habit sacerdotal.

- L’acte essentiel du culte accompli par ce sacerdoce est le Saint Sacrifice de la Messe, différent du sacrifice de la Croix uniquement par le fait que celui-ci est sanglant et l’autre non sanglant.

- Il s’accomplit par un acte sacrificiel réalisé par les paroles de la Consécration et non par un simple récit, mémorial de la Passion ou de la Cène.

- C’est par cet acte sublime et mystérieux que s’appliquent les bienfaits de la Rédemption à chacune de nos âmes et aux âmes du Purgatoire. Et cela est exprimé admirablement dans l’offertoire.

La Présence Réelle de la victime est donc nécessaire et elle s’opère par le changement de la substance du pain et du vin à la substance du corps et du sang de Notre-Seigneur. On doit donc adorer l’Eucharistie et avoir pour elle un immense respect : d’où la tradition de réserver aux prêtres le soin de l’Eucharistie.

La Messe du prêtre seul, à laquelle seul il communie est donc un acte public, sacrifice de la même valeur que tout sacrifice de la Messe et souverainement utile au prêtre et à toutes les âmes. La Messe privée est ainsi très recommandée et souhaitée par l’Église.

Ce sont ces principes qui sont à l’origine des prières, des chants, des rites qui ont fait de la Messe latine un véritable joyau dont la pierre précieuse est le Canon. On ne peut lire sans émotion ce qu’en dit le Concile de Trente : « Comme il convient de traiter saintement les choses saintes et que ce Sacrifice est la plus sainte de toutes, pour qu’il fut offert et reçu dignement et respectueusement, l’Église catholique a institué depuis nombre de siècles, le saint Canon, si pur de toute erreur qu’il n’est rien en lui qui ne respire une sainteté et une piété extérieure et qui n’élève vers Dieu les esprits de ceux qui offrent. Il est en effet composé des paroles mêmes du Seigneur, des traditions des Apôtres et de pieuses instructions des Saints Pontifes ». (Session XXII, chap. 4)

La réforme de Luther

Voyons maintenant comment Luther a accompli sa Réforme, c’est-à-dire sa Messe évangélique comme il l’appelle lui-même et dans quel esprit. Nous ferons pour cela appel à un ouvrage de Léon Cristiani datant de 1910 et donc non suspect d’être influencé par les réformes actuelles. Cet ouvrage est intitulé « Du Luthéranisme au Protestantisme ». Il nous intéresse par les citations qu’il nous rapporte de Luther ou de ses disciples au sujet de la Réforme liturgique.

Cette étude est très instructive, car Luther n’hésite pas à manifester l’esprit libéral qui ranime. « Avant tout, écrit-il, je supplie amicalement… tous ceux qui voudront examiner ou suivre la présente ordonnance du service divin, de n’y pas voir une loi contraignante et de ne captiver aucune conscience par là. Que chacun l’adopte quand, où et comme il lui plaira. Ainsi le veut la liberté chrétienne » (p. 314).

« Le culte s’adressait à Dieu comme un hommage, il s’adressera désormais à l’homme pour le consoler et l’éclairer. Le sacrifice occupait la première place, le sermon va le supplanter. » (p. 312).

Que pense Luther du sacerdoce ? – Dans son ouvrage sur la Messe privée, il cherche à démontrer que le sacerdoce catholique est une invention du diable. Pour cela il invoque ce principe désormais fondamental : « Ce qui n’est pas dans l’Écriture est une addition de Satan ». Or l’Écriture ne connaît pas le sacerdoce visible. Elle ne connaît qu’un prêtre, qu’un Pontife, un seul, le Christ. Avec le Christ nous sommes tous prêtres. Le sacerdoce est à la fois unique et universel. Quelle folie de vouloir l’accaparer pour quelques-uns… Toute distinction hiérarchique entre les chrétiens est cligne de l’Antéchrist… Malheur donc aux prétendus prêtres. » (p. 269).

En 1520, il écrit son « Manifeste à la Noblesse chrétienne d’Allemagne » dans lequel il s’attaque aux « Romanistes » et demande un Concile libre.

« La première muraille élevée par les Romanistes » est la distinction des clercs et des laïcs. « On a découvert, dit-il, que le Pape, les évêques, les prêtres, les moines, composent l’état ecclésiastique, tandis que les princes, les seigneurs, les artisans, les paysans, forment l’état séculier. C’est une pure invention et un mensonge. Tous les chrétiens sont en vérité de l’état ecclésiastique, il n’y a entre eux aucune différence que celle de la fonction… Si le Pape ou un évêque donne l’onction, fait des tonsures, ordonne, consacre, s’habille autrement que les laïcs, il peut faire des trompeurs ou des idoles ointes, mais il ne peut faire un chrétien, ni un ecclésiastique… tout ce qui sort du baptême peut se vanter d’être consacré prêtre, évêque et Pape, bien qu’il ne convienne pas à tous d’exercer cette fonction » (p. 148-149).

De cette doctrine Luther tire les conséquences contre l’habit ecclésiastique et contre le célibat. Lui-même et ses disciples donnent l’exemple, ils abandonnent le célibat et se marient.

Que de faits découlant des réformes de Vatican II ressemblent aux conclusions de Luther : l’abandon de l’habit religieux et ecclésiastique, les nombreux mariages agréés par le Saint-Siège, soit l’absence de tout caractère distinctif entre le prêtre et le laïc. Cet égalitarisme se manifestera dans l’attribution de fonctions liturgiques jusqu’ici réservées aux prêtres.

La suppression des Ordres mineurs et du sous-diaconat, le diaconat marié, contribuent à la conception purement administrative du prêtre et à la négation du caractère sacerdotal ; l’ordination est orientée vers le service de la communauté et non plus vers le sacrifice, qui seul justifie la conception catholique du sacerdoce.

Les prêtres ouvriers, syndicalistes, ou cherchant un emploi rémunéré par l’État, contribuent aussi à faire disparaître toute distinction. Ils vont plus loin que Luther.

La deuxième erreur doctrinale grave de Luther sera la suite de la première et fondée sur son principe premier : c’est la foi ou la confiance qui sauve et non les œuvres et c’est la négation de l’acte sacrificiel qu’est essentiellement la Messe catholique.

Pour Luther, la Messe peut être un sacrifice de louange c’est-à-dire un acte de louange, d’action de grâces, mais certainement pas un sacrifice expiatoire renouvelant et appliquant le sacrifice de la Croix.

Parlant des perversions du culte dans les couvents il disait : « L’élément principal de leur culte, la Messe, dépasse toute impiété et toute abomination, ils en font un sacrifice et une bonne œuvre. N’y eut-il pas d’autre motif de quitter le froc, de sortir du couvent, de rompre les vœux, celui-là suffirait amplement. » (p. 258).

La Messe est une « synaxe », une communion. L’Eucharistie a été soumise à une triple et lamentable captivité : on a retranché aux laïcs l’usage du Calice, on a imposé comme un dogme l’opinion inventée par les thomistes de la transsubstantiation, on a fait de la Messe un sacrifice.

Luther touche ici à un point capital. Il n’hésite pas cependant. « C’est donc une erreur évidente et impie, écrit-il, d’offrir ou d’appliquer la Messe pour des péchés, des satisfactions, pour les défunts… La Messe est offerte par Dieu à l’homme et non par l’homme à Dieu… »

Quant à l’Eucharistie comme elle doit avant tout exciter la foi, elle devrait être célébrée en langue vulgaire, afin que tous puissent bien comprendre la grandeur de la promesse qui leur est rappelée, (p. 176).

Luther tirera les conséquences de cette hérésie en supprimant l’offertoire qui exprime clairement le but propitiatoire et expiatoire du sacrifice. Il supprimera la plus grande partie du Canon, gardera les textes essentiels mais comme récit de la Cène. Afin d’être plus près de ce qui s’est accompli à la Cène, il ajoutera dans la formule de consécration du pain « quod pro vobis tradetur », il supprimera les mots « mysterium fidei » et les paroles « pro multis ». Il considérera comme paroles essentielles du récit celles qui précèdent la consécration du pain et du vin et les phrases qui suivent.

Il estime que la Messe est en premier lieu la Liturgie de la Parole, en second lieu une communion.

On ne peut qu’être stupéfait de constater que la nouvelle Réforme a appliqué les mêmes modifications et qu’en vérité les textes modernes mis entre les mains des fidèles ne parlent plus de sacrifice mais de la Liturgie de la Parole, du récit de la Cène et du partage du pain ou de l’Eucharistie.

L’article VII de l’instruction qui introduit le nouveau rite était significatif d’une mentalité déjà protestante. La correction intervenue ensuite n’est nullement satisfaisante.

La suppression de la pierre d’autel, l’introduction de la table revêtue d’une seule nappe, le prêtre tourné vers le peuple, l’hostie demeurant toujours sur la patène et non sur le corporal, l’autorisation du pain ordinaire, de vases faits de diverses matières même les moins nobles, et bien d’autres détails contribuent à inculquer aux assistants les notions protestantes opposées essentiellement et gravement à la doctrine catholique.

Rien n’est plus nécessaire à la survie de l’Église catholique que le Saint Sacrifice de la Messe ; le mettre dans l’ombre équivaut à ébranler les fondements de l’Église. Toute la vie chrétienne, religieuse, sacerdotale est fondée sur la Croix, sur le Saint Sacrifice de la Croix renouvelé sur l’autel.

Luther en conclut à la négation de la transsubstantiation et de la présence réelle, telle qu’elle est enseignée par l’Église catholique.

Pour lui le pain demeure. En conséquence comme le dit son disciple Mélanchton, qui s’élève avec force contre l’adoration du Saint Sacrement, « Le Christ a institué l’Eucharistie comme un souvenir de sa Passion. C’est une idolâtrie que de l’adorer. » (p. 262).

D’où la communion dans la main et sous les deux espèces, en effet niant la présence du corps et du sang de Notre-Seigneur sous chacune des deux espèces, il est normal que l’Eucharistie soit considérée comme incomplète sous une seule espèce.

On peut mesurer là encore l’étrange similitude de la Réforme actuelle avec celle de Luther : toutes les nouvelles autorisations concernant l’usage de l’Eucharistie vont dans le sens d’un moindre respect, de l’oubli, de l’adoration : communion dans la main et distribution par des laïcs, même par des femmes, la réduction dès génuflexions qui ont amené leur disparition de la part de nombreux prêtres, l’usage du pain ordinaire de vases ordinaires, toutes ces Réformes contribuent à la négation de la présence réelle telle qu’elle est enseignée dans l’Église catholique.

On ne peut s’empêcher de conclure que les principes étant intimement liés à la pratique selon l’adage « lex orandi lex credendi », le fait d’imiter dans la liturgie de la Messe la Réforme de Luther conduit infailliblement à adopter peu à peu les idées mêmes de Luther. L’expérience des six dernières années, depuis la publication du nouvel Ordo, le prouve amplement. Les conséquences de cette manière d’agir soit disant œcuménique sont catastrophiques, dans le domaine de la foi d’abord, et surtout dans la corruption du sacerdoce et la raréfaction des vocations, dans l’unité des catholiques divisés dans tous les milieux sur cette question qui les touche de si près, dans les relations avec les protestants et les orthodoxes.

La conception des protestants sur ce sujet vital et essentiel de l’Église Sacerdoce-Sacrifice-Eucharistie est totalement opposée à celle de l’Église catholique. Ce n’est pas pour rien qu’il y a eu le Concile de Trente et tous les documents du Magistère s’y rapportant depuis quatre siècles.

Il est psychologiquement, pastoralement, théologiquement impossible pour les catholiques d’abandonner une Liturgie qui est vraiment l’expression et le soutien de leur foi pour adopter de nouveaux rites qui ont été conçus par des hérétiques sans mettre leur foi dans le plus grand péril. On ne peut imiter les protestants indéfiniment sans le devenir.

Que de fidèles, que de jeunes prêtres, que d’évêques ont perdu la foi depuis l’adoption de ces réformes. On ne peut contrecarrer la nature et la foi sans qu’elles se vengent.

L’application de la réforme de Luther

Il vous sera profitable de relire le récit des premières Messes évangéliques et ses conséquences pour vous convaincre de cette étrange parenté entre les deux Réformes.

« Dans la nuit du 24 au 25 décembre 1521, la foule envahit l’Église paroissiale… La « Messe évangélique » allait commencer, Karlstadt monte en chaire, il prêche sur l’Eucharistie, il présente la communion sous les deux espèces comme obligatoire, la confession préalable comme inutile. La foi seule suffit. Karlstadt se présente à l’autel en habit séculier, récite le Confiteor, commence la Messe comme à l’ordinaire jusqu’à l’Évangile. L’Offertoire, l’Élévation, bref, tout ce qui rappelle l’idée de sacrifice est supprimé. Après la consécration vient la communion. Parmi les assistants beaucoup ne se sont point confessés, beaucoup ont bu et mangé et même pris de l’eau de vie. Ils s’approchent comme les autres. Karlstadt distribue les hosties et présente le calice. Les communiants prennent le pain consacré à la main et boivent à leur guise. L’une des hosties s’échappe et tombe sur le vêtement d’un assistant, un prêtre la relève. Une autre tombe à terre, Karlstadt dit aux laïcs de la ramasser et comme ils s’y refusent par un geste de respect ou de superstition, il se contente de dire « qu’elle reste où elle est pourvu qu’on ne marche pas dessus ».

Le même jour un prêtre des environs donnait la communion sous les deux espèces à une cinquantaine de personnes dont cinq seulement s’étaient confessées. Le reste avait reçu l’absolution en masse et comme pénitence on leur avait simplement recommandé de ne pas retomber dans le péché.

Le lendemain Karlstadt célébrait ses fiançailles avec Anna de Mochau. Plusieurs prêtres imitèrent cet exemple et se marièrent.

Pendant ce temps, Zwilling, échappé de son couvent, prêchait à Eilenbourg. Il avait quitté l’habit monastique, portait la barbe. Vêtu en laïc il tonnait contre la Messe privée. Au Nouvel an, il distribue la communion sous les deux espèces. Les hosties étaient distribuées de la main à la main. Plusieurs en mirent dans leurs poches et les emportèrent. Une femme en consommant l’hostie en fit tomber quelques fragments par terre. Personne n’y prit garde. Les fidèles prenaient eux-mêmes le calice et buvaient de bonnes rasades.

Le 29 février 1522, il se mariait avec Catherine Falki. Il y eut alors une véritable contagion de mariages de prêtres et de moines. Les monastères commençaient à se vider. Les moines restés au couvent rasèrent les autels à l’exception d’un seul, brûlèrent les images des Saints, même l’huile des infirmes.

La plus grande anarchie régnait parmi les prêtres. Chacun disait maintenant la Messe à sa guise. Le conseil débordé résolut de fixer une liturgie nouvelle destinée à rétablir l’ordre en consacrant les réformes.

On y réglait la façon de dire la Messe. L’Introït, le Gloria, l’Épître, l’Évangile, le Sanctus étaient conservés, suivait une prédication. L’Offertoire et le Canon étaient supprimés. Le Prêtre réciterait simplement l’institution de la Cène, dirait à haute voix et en allemand les Paroles de la Consécration, et donnerait la communion sous les deux espèces. Le chant de l’Agnus Dei de la communion et du Benedicamus Dominus terminait le service. » (pp. 281-85).

Luther s’inquiète de créer de nouveaux cantiques. Il cherche des poètes et il en trouve non sans peine. Les fêtes des saints disparaissent. Luther ménage les transitions. Il conserve le plus possible de cérémonies anciennes. Il se borne à en changer le sens. La Messe garde en grande partie son appareil extérieur. Le peuple retrouve dans les églises le même décor, les mêmes rites, avec des retouches faites pour lui plaire, car désormais on s’adresse à lui beaucoup plus qu’auparavant. Il a davantage conscience de compter pour quelque chose dans le culte. Il y prend une part plus active par le chant et la prière à haute voix. Peu à peu le latin fait place définitivement à l’allemand.

La consécration sera chantée en allemand. Elle est conçue en ces termes : « Notre-Seigneur dans la nuit qu’il fut trahi prit du pain, rendit grâces, le rompit et le présenta à ces disciples en disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps qui est donné pour vous. Faites ceci toutes les fois que vous le ferez, en mémoire de moi. De la même manière il prit aussi le calice après le souper et dit : Prenez et buvez en tous ceci est le calice, un nouveau testament, dans mon sang qui est versé pour vous et pour la rémission des péchés. Faites ceci, toutes les fois que vous boirez ce calice, en mémoire de moi. » (p. 317).

Ainsi se trouvent ajoutés les paroles « quod pro vobis tradetur » « qui est donné pour vous » et supprimées « Mysterium fidei » et « pro multis » dans la consécration du vin.

La liturgie réformée, protestantisée depuis le concile

Ces récits concernant la Messe évangélique n’expriment-ils pas les sentiments que nous avons de la liturgie réformée depuis le Concile ?

Tous ces changements dans le nouveau rite sont vraiment périlleux, parce que peu à peu, surtout pour les jeunes prêtres, qui n’ont plus l’idée du Sacrifice, de la Présence Réelle, de la Transsubstantiation et pour lesquels tout cela ne signifie plus rien, ces jeunes prêtres perdent l’intention de faire ce que fait l’Église et ne disent plus de Messes valides.

Certes, les prêtres âgés, quand ils célèbrent selon le nouveau rite, ont encore la foi de toujours. Ils ont dit la Messe avec l’ancien rite durant tant d’années, ils en gardent les mêmes intentions, on peut croire que leur Messe est valide. Mais, dans la mesure où ces intentions s’en vont, disparaissent, dans cette mesure, les Messes ne seront plus valides.

Ils ont voulu se rapprocher des protestants, mais ce sont les catholiques qui sont devenus protestants, et non les protestants qui sont devenus catholiques. Cela est évident.

Lorsque cinq Cardinaux et quinze évêques sont allés au « Concile des jeunes » à Taizé, comment ces jeunes peuvent-ils savoir ce qu’est le catholicisme, ce qu’est le protestantisme ? Certains ont pris la Communion chez les protestants, d’autres chez les catholiques.

Quand le Cardinal Willbrands est allé à Genève, au Conseil œcuménique des Églises, il a déclaré : « Nous devons réhabiliter Luther ». Il l’a dit comme envoyé du Saint Siège !

Voyez la Confession. Qu’est devenu le Sacrement de la Pénitence avec cette absolution collective ? Est-ce une manière pastorale que de dire aux fidèles : « Nous vous avons donné l’absolution collective, vous pouvez communier, et quand vous aurez l’occasion, si vous avez des péchés graves, vous irez vous confesser au cours des six mois prochains ou d’une année… » Qui peut dire que cette manière de faire est pastorale ? Quelle idée peut-on se faire du péché grave ?

Le sacrement de Confirmation est aussi dans une situation identique. Maintenant une formule courante est la suivante : « Je te signe de la Croix et reçois l’Esprit Saint ». Ils doivent préciser qu’elle est la grâce spéciale du Sacrement par lequel se donne l’Esprit Saint. Si on ne dit pas cette parole : « Ego te confirmo in nomine Patris… » il n’y a pas le Sacrement ! Je l’ai dit aussi aux Cardinaux, parce qu’ils m’ont déclaré : « Vous donnez la Confirmation où vous n’avez pas le droit de le faire ! » – « Je le fais parce que les fidèles ont peur que leurs enfants n’aient pas la grâce de la Confirmation, parce qu’ils ont un doute sur la validité du Sacrement qui est donné maintenant dans les églises. Alors pour avoir au moins cette sécurité d’avoir vraiment la grâce, on me demande de donner la Confirmation. Je le fais parce qu’il me semble que je ne puis refuser à ceux qui me demandent la Confirmation valide, même si ce n’est pas licite. Parce que nous sommes en un temps dans lequel le droit divin naturel et surnaturel passe avant le droit positif ecclésiastique lorsque celui-ci s’y oppose au lieu d’en être le canal.

Nous sommes dans une crise extraordinaire. Nous ne pouvons suivre ces réformes. Où sont les bons fruits de ces réformes ? Je me le demande vraiment ! La réforme liturgique, la réforme des séminaires, la réforme des congrégations religieuses. Tous ces chapitres généraux ! Où ont-ils mis ces pauvres congrégations maintenant ? Tout s’en va… ! Il n’y a plus de novices, il n’y a plus de vocations… !

Le Cardinal-Archevêque de Cincinatti l’a reconnu également au Synode des Évêques à Rome : « Dans nos pays – il représentait tous les pays anglophones – il n’y a plus de vocations parce qu’ils ne savent plus ce qu’est le prêtre ».

Demeurer dans la tradition

Nous devons donc demeurer dans la Tradition. Seule la Tradition nous donne vraiment la grâce, nous donne vraiment la continuité dans l’Église. Si nous abandonnons la Tradition, nous contribuons à la démolition de l’Église.

Je l’ai dit aussi à ces Cardinaux : « Ne voyez-vous pas dans le Concile que le Schéma sur la liberté religieuse est un Schéma contradictoire ? Il est dit dans la première partie du Schéma : « Rien n’est changé dans la Tradition » et à l’intérieur de ce Schéma, tout est contraire à la Tradition. C’est contraire à ce qu’ont dit Grégoire XVI, Pie IX et Léon XIII. »

Alors il faut choisir ! Ou nous sommes d’accord avec la liberté religieuse du Concile et donc, nous sommes contraires à ce qu’ont dit ces Papes, ou bien nous sommes d’accord avec ces Papes et alors nous ne sommes plus d’accord avec ce qui est dit dans le Schéma sur la liberté religieuse. C’est impossible d’être d’accord avec les deux. Et j’ai ajouté : « Je prends la Tradition, je suis pour la Tradition et non pour ces nouveautés qui sont le libéralisme. Rien d’autre que le libéralisme qui fut condamné par tous les Pontifes durant un siècle et demi. Ce libéralisme est entré dans l’Église à travers le Concile : la liberté, l’égalité et la fraternité ».

La liberté : la liberté religieuse ; la fraternité : l’œcuménisme ; l’égalité : la collégialité. Et cela ce sont les trois principes du libéralisme, qui est venu des philosophes du XVIIème siècle, et a abouti à la Révolution française.

Ce sont ces idées qui sont entrées dans le Concile par des paroles équivoques. Et maintenant, nous allons à la ruine, la ruine de l’Église, parce que ces idées sont absolument contre la nature et contre la foi. Il n’y a pas d’égalité entre nous, il n’y a pas de véritable égalité. Le Pape Léon XIII l’a si bien dit, clairement, dans son encyclique sur la liberté.

Puis la fraternité ! S’il n’y a pas un père, où irions-nous trouver la fraternité ? S’il n’y a pas de Père, il n’y a pas Dieu, comment sommes-nous frères ? Comment peut-on être frères sans père commun ? Impossible ! Doit-on embrasser tous les ennemis de l’Église : les communistes, les bouddhistes et tous ceux qui sont contre l’Église ? Les maçons ?

Et ce décret qui date d’une semaine qui dit que maintenant il n’y a plus d’excommunication pour un catholique qui entre dans la franc-maçonnerie. Elle qui a détruit le Portugal ! qui était au Chili avec Allende ! Et maintenant au Sud-Vietnam : Il faut détruire les États catholiques. L’Autriche durant la Première Guerre mondiale, la Hongrie, la Pologne… Les franc-maçons veulent la destruction des pays catholiques ! Qu’en sera-t-il dans un an de l’Espagne, de l’Italie, etc… ? Pourquoi l’Église ouvre-t-elle les bras à tous ces gens qui sont les ennemis de l’Église ?

Ah ! Combien nous devons prier, prier ; nous assistons à un assaut du démon contre l’Église comme on n’en a jamais vu. Nous devons prier Notre Dame, la Bienheureuse Vierge Marie, de venir à notre aide, parce que vraiment nous ne savons pas ce que sera demain. Il est impossible que Dieu accepte tous ces blasphèmes, sacrilèges, qui sont faits à Sa Gloire, à Sa Majesté ! Songeons aux lois sur l’avortement, que nous voyons dans tant de pays, au divorce en Italie, toute cette ruine de la loi morale, ruine de la vérité. Il est difficile de croire que tout cela peut se faire sans qu’un jour Dieu parle ! et punisse le monde de terribles châtiments.

C’est pourquoi, nous devons demander à Dieu la miséricorde pour nous et pour nos frères ; mais nous devons lutter, combattre. Combattre pour maintenir la Tradition et ne pas avoir peur. Maintenir, par dessus tout, le rite de notre Sainte Messe, parce qu’elle est le fondement de l’Église et de la civilisation chrétienne. S’il n’y avait plus une vraie Messe dans l’Église, l’Église disparaîtrait.

Nous devons donc conserver ce rite, ce Sacrifice. Toutes nos églises ont été construites pour cette Messe, non pour une autre Messe ; pour le Sacrifice de la Messe, non pour une Cène, pour un Repas, pour un Mémorial, pour une Communion, non ! pour le Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui continue sur nos autels ! C’est pour cela que nos pères ont construit ces belles églises, non pour une Cène, non pour un Mémorial, non !

Je compte sur vos prières pour mes séminaristes, pour faire de mes séminaristes de vrais prêtres, qui ont la foi et qui pourront ainsi donner les vrais sacrements et le vrai Sacrifice de la Messe. Merci.

Marcel Lefebvre

La Messe de Luther

Souriez vous êtes profilés

Ideo inter vos multi infirmi et imbecilles, et dormiunt multi.

C’est pourquoi il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de faibles, et beaucoup dorment.I Cor 11,30

Le totem de la liberté de culte permet aux adorateurs de Satan d’ériger un monument blasphématoire à Baphomet devant le Capitole d’État de l’Arkansas à Little Rock ou une statue de démon sur la façade du Palais de justice de New York pour célébrer un juge avorteur de la Cour suprême ; tandis qu’au Nouveau-Mexique, le Temple satanique inaugure une clinique qui pratique des avortements rituels et bénéficie de la reconnaissance de l’État. Pendant ce temps, les services secrets de l’administration Biden n’ont rien de mieux à faire que de profiler les catholiques traditionnels et de surveiller les communautés dans lesquelles la liturgie est célébrée en latin, comme si elles représentaient une menace pour l’ordre établi et un danger potentiel pour les institutions de l’État.

Cette nouvelle doit être lue, à mon avis, comme une conséquence logique et nécessaire d’un autre événement analogue et similaire : le culte idolâtre rendu par les dirigeants de la hiérarchie catholique au démon de la Pachamama dans la basilique Saint-Pierre et dans d’autres églises catholiques, et la persécution simultanée des catholiques traditionnels par l’autorité ecclésiastique avec le Motu Proprio Traditionis Custodes et avec ses nouvelles restrictions, qui seraient imminentes.

Lisez la déclaration complète et puissante de l’archevêque Viganò et plus encore sur @LifeSite:https://t.co/JXUosXUue6 pic.twitter.com/EPSvYpeHmj

– John-Henry Westen (@JhWesten) 21 février 2023

Cette opération de criminalisation de la dissidence de la part du pouvoir temporel et spirituel n’est pas accidentelle et doit susciter une condamnation très ferme et une opposition décisive, tant de la part des citoyens et de leurs représentants dans les institutions civiles, que de la part des fidèles et surtout de leurs pasteurs ; une condamnation qui ne peut pas se limiter à cet épisode récent, très grave en soi, mais qui doit aussi s’étendre à la conspiration inquiétante de parties déviantes de l’État collaborant avec des parties déviantes de l’Église : d’une part l’État profond et d’autre part l’Église profonde, tous deux corrompus et inféodés à l’élite mondialiste, avec des objectifs subversifs dont les bases idéologiques sont unies par la haine du Christ, de l’Église et de la Sainte Messe.

Comme je l’ai expliqué dans mon allocution La religion d’État (ici), il est évident que la séparation de l’Église et de l’État et la prétendue « laïcité » du gouvernement temporel par rapport aux questions religieuses constituent le prétexte trompeur et malveillant avec lequel on exclut Dieu de la société pour laisser entrer Satan.

Souriez vous êtes profilés

Apostolicae Curae

Lettre apostolique Apostolicae Curae sur la nullité des ordinations anglicane

18 septembre 1896
Lettre apostolique Apostolicae Curae
sur la nullité des ordinations anglicanes

Léon, évêque,
Serviteur des Serviteurs de Dieu,
Pour perpétuelle mémoire.
La sollicitude et l’affection apostoliques avec lesquelles Nous Nous efforçons, sous l’inspiration de la grâce, d’imiter et de revivre, conformément à Notre charge, le Pasteur Suprême du troupeau, Notre-Seigneur Jésus-Christ[1], se portent en grande partie sur la très noble nation anglaise.
Cette bienveillance à son égard, Nous l’avons surtout témoignée dans une lettre spéciale adressée, l’année dernière, aux Anglais qui cherchent le règne du Christ dans l’unité de la foi. Nous avons rappelé l’antique union de ce peuple avec l’Église sa Mère, et Nous Nous sommes efforcé de hâter son heureux retour, en réveillant dans les âmes le zèle de la prière. Récemment encore, lorsque, dans une lettre adressée à tout l’univers, Nous avons voulu traiter d’une façon plus complète de l’unité de l’Église, une de Nos premières pensées a été pour l’Angleterre, dans la douce confiance que Nos lettres pourraient à la fois fortifier les catholiques et apporter une lumière salutaire aux dissidents. Il est une chose que Nous Nous plaisons à reconnaître, elle fait honneur au bon sens de cette nation et montre la préoccupation d’un grand nombre de ses membres pour leur salut éternel : c’est l’accueil bienveillant fait par les Anglais à Nos instances et à la liberté de Notre parole que n’inspirait aucun motif humain.
Aujourd’hui, dans le même but et avec les mêmes dispositions, Nous voulons étudier une question non moins importante, connexe à la première et qui Nous tient également à cœur. Les Anglais, en effet, peu de temps après s’être retirés du centre de l’unité chrétienne, introduisirent publiquement, sous le règne d’Édouard VI, dans la collation des Ordres sacrés, un rite absolument nouveau ; ils perdirent, par suite, le vrai sacrement de l’Ordre tel que le Christ l’a institué et en même temps, la succession hiérarchique : telle était déjà l’opinion commune, confirmée plus d’une fois par les actes et la constante discipline de l’Église.
Cependant, dans des temps plus rapprochés et surtout dans ces dernières années, on vit se ranimer la controverse sur les ordinations conférées dans le rite du roi Édouard. Possèdent-elles la nature et l’effet du sacrement ? non seulement plusieurs écrivains anglais, mais encore quelques catholiques non anglais pour la plupart, exprimaient à leur sujet une opinion favorable, soit d’une façon catégorique, soit sous forme dubitative.
Les premiers, préoccupés de la dignité du sacerdoce chrétien, désiraient que leurs prêtres jouissent du double pouvoir sacerdotal sur le corps du Christ ; les seconds pensaient faciliter par là leur retour à l’unité : tous étaient persuadés que, par suite des progrès réalisés en ces derniers temps dans ce genre d’études et de la découverte de nouveaux documents ensevelis jusque-là dans l’oubli, Notre autorité pouvait opportunément soumettre de nouveau cette cause à l’examen. Pour Nous, ne négligeant en rien ces desseins et ces vœux, prêtant surtout l’oreille à la voix de Notre charité apostolique, Nous avons décidé de tenter tout ce qui pourrait, en quelque manière, éloigner des âmes tout préjudice ou procurer leur bien. C’est donc avec bienveillance que Nous avons consenti à un nouvel examen de la question, afin d’écarter à l’avenir, par l’autorité indiscutable de ce nouveau débat, tout prétexte au moindre doute. Quelques hommes, d’une science et d’une érudition éminentes, dont on connaissait les divergences d’idées en cette matière, ont, sur Notre ordre, mis par écrit les motifs de leur opinion ; les ayant ensuite mandés auprès de Nous, Nous leur avons ordonné de se communiquer leurs écrits, ainsi que de rechercher et de peser avec soin tous les autres éléments d’information utiles à la question. Nous avons pourvu à ce qu’ils pussent en toute liberté revoir, dans les archives vaticanes, les pièces nécessaires déjà connues et mettre à jour les documents encore ignorés. Nous avons voulu de même qu’ils eussent à leur disposition tous les actes de ce genre conservés dans le Conseil sacré appelé Suprema, et également tout ce que les hommes les plus compétents ont publié jusqu’ici dans les deux sens.
Après leur avoir ménagé ces facilités, Nous avons voulu qu’ils se réunissent en Commission spéciale ; douze séances ont eu lieu sous la présidence d’un cardinal de la Sainte Église romaine désigné par Nous, avec la faculté pour chacun de soutenir librement son avis. Enfin, Nous avons ordonné que les décisions de ces réunions, jointes aux autres documents, fussent soumises à Nos Vénérables Frères les Cardinaux, et que ceux-ci, après un sérieux examen, discutant la question en Notre présence, Nous disent chacun leur manière de voir.
Cette procédure une fois instituée, il était juste de ne pas aborder l’étude approfondie de cette affaire avant d’avoir soigneusement établi l’état antérieur de la question par suite des décisions du Siège Apostolique et des traditions adoptées, traditions dont il était essentiel d’apprécier l’origine et la valeur. C’est pourquoi Notre attention s’est portée en premier lieu sur réconciliation de l’Église d’Angleterre. Jules III envoya à cet effet le cardinal anglais Réginald Polo, homme remarquable et digne de tout éloge, en qualité de légat a latere « comme son ange de paix et de dilection » et lui donna des pouvoirs extraordinaires et des instructions [2] que, dans la suite, Paul IV renouvela et confirma.
Pour bien saisir la valeur intrinsèque des documents mentionnés plus haut, il faut se baser sur ce fait que le sujet qu’ils traitent, loin d’être étranger à la question, la concerne particulièrement et en est inséparable. En effet, puisque les pouvoirs accordés au légat apostolique par les Souverains Pontifes avaient trait uniquement à l’Angleterre et à l’état de la religion dans ce pays, de même, les instructions données par les mêmes Pontifes à ce même légat qui les demandait ne pouvaient nullement se rapporter aux conditions essentielles requises pour la validité de toute ordination, mais elles devaient viser spécialement les dispositions à prendre en vue des ordinations dans ce royaume, suivant les exigences des temps et des circonstances.
Outre l’évidence qui ressort de la nature et de la forme de ces documents, il est clair également qu’il eût été absolument étrange de vouloir apprendre ce qui est indispensable pour la confection du sacrement de l’Ordre à un légat et à un homme dont la science avait brillé jusque dans le Concile de Trente.
En tenant bien compte de cette observation, on comprendra facilement pourquoi Jules III, dans sa lettre du 8 mars 1554 au légat apostolique, distingue formellement ceux qui, promus régulièrement et selon le rite, devaient être maintenus dans leurs Ordres et ceux qui, non promus aux Ordres sacrés, pouvaient y être promus s’ils étaient dignes et aptes. On y voit clairement et expressément indiquées, comme elles existaient en réalité, deux catégories : d’un côté, ceux qui avaient vraiment reçu les Ordres sacrés, soit avant le schisme d’Henri, soit postérieurement par des ministres attachés à l’erreur ou au schisme, mais selon le rite catholique accoutumé ; de l’autre, ceux qui, ordonnés selon le rite d’Édouard, pouvaient, en conséquence, être promus, puisqu’ils avaient reçu une ordination invalide.
Que ce fût bien la pensée du Pontife, c’est ce que prouve clairement la lettre de ce même légat, en date du 29 janvier 1555, transmettant ses pouvoirs à l’évêque de Norwich.
En outre, il faut surtout considérer ce que la lettre même de Jules III dit des pouvoirs pontificaux qui doivent être exercés librement, même en faveur de ceux dont l’ordination a été moins régulière et dénuée de la forme ordinaire de l’Église : ces mots désignaient évidemment ceux qui avaient été ordonnés selon le rite d’Édouard, car ce dernier était, avec le rite catholique, le seul alors employé en Angleterre.
Cette vérité deviendra encore plus manifeste si l’on se rappelle l’ambassade envoyée à Rome au mois de février 1555 par le roi Philippe et la reine Marie, sur le conseil du cardinal Polo. Les trois délégués royaux, hommes éminents et très vertueux, parmi lesquels Thomas Thixlby, évêque d’Elis, avaient la mission d’instruire en détail le Souverain Pontife de la situation religieuse en Angleterre ; ils devaient en premier lieu lui demander la ratification et la confirmation de ce qu’avait fait le légat pour la réconciliation de ce royaume avec l’Église. A cette fin, on apporta au Souverain Pontife tous les documents écrits nécessaires et les passages du nouvel Ordinal concernant surtout cette question. Paul IV reçut la délégation avec magnificence ; les témoignages invoqués furent discutés avec soin par quelques cardinaux et soumis à une mûre délibération : le 20 juin de la même année, Paul IV publiait sous le sceau pontifical la lettre Praeclara carissimi. Dans cette lettre, après une pleine approbation et ratification des actes de Polo, on lit les prescriptions suivantes au sujet des ordinations : Ceux qui n’ont pas été promus aux Ordres sacrés… par un évêque ordonné régulièrement et selon le rite, sont tenus de recevoir à nouveau les mêmes Ordres. Quels étaient ces évêques non ordonnés régulièrement et suivant le rite, c’est ce qu’avaient déjà suffisamment indiqué les documents ci-dessus et les pouvoirs exercés par le Légat dans cette matière : c’étaient ceux qui avaient été promus à l’épiscopat, comme cela était arrivé pour d’autres dans la réception des Ordres, sans observer la forme habituelle de l’Église, ou la forme et l’intention de l’Église, ainsi que l’écrivait le légat lui-même à l’évêque de Norwich. Or, ceux-là ne pouvaient être assurément que les évêques consacrés suivant la nouvelle forme rituelle que les cardinaux désignés avaient examinée attentivement.
Il ne faut pas non plus passer sous silence un passage de la même lettre pontificale qui se rapporte parfaitement à ce sujet : le Pape y signale parmi ceux qui ont besoin d’une dispense ceux qui ont obtenu d’une façon nulle, quoique de fait, tant les Ordres que les bénéfices ecclésiastiques. Recevoir les Ordres d’une façon nulle, c’est les recevoir par un acte vain et sans effet, c’est-à-dire invalidement, comme nous en avertissent et l’étymologie du mot et son acception dans le langage usuel, étant donné surtout que la même affirmation vise avec les Ordres les bénéfices ecclésiastiques qui, d’après les formelles dispositions des Saints Canons, étaient manifestement nuls, ayant été conférés avec un vice de forme qui les annulait.
Ajoutez à cela que, en réponse aux hésitations de plusieurs se demandant quels évêques pouvaient être regardés comme ordonnés régulièrement et selon le rite dans l’intention du Pontife, celui-ci, peu après, le 30 octobre, publia une seconde Lettre en forme de Bref, où il disait : Pour mettre un terme à ces hésitations et rassurer la conscience de ceux qui ont été promus aux Ordres durant le schisme, en exposant plus nettement la pensée et l’intention de Notre première Lettre, Nous déclarons que, seuls, les évêques et archevêques non ordonnés et consacrés suivant la forme de l’Église ne peuvent être regardés comme ordonnés régulièrement et selon le rite. Si cette déclaration n’avait pas dû s’appliquer proprement à la situation de l’Angleterre à cette époque, c’est-à-dire à l’Ordinal d’Édouard, le Souverain Pontife n’aurait pas eu à publier une nouvelle lettre pour mettre un terme aux hésitations et rassurer les consciences. Le légat, d’ailleurs, ne comprit pas autrement les lettres et instructions du Siège Apostolique et s’y soumit avec une religieuse ponctualité : telle fut également la conduite de la reine Marie et de ceux qui, avec elle, travaillèrent à rétablir la religion et les institutions catholiques dans leur première splendeur.


L’autorité de Jules III et de Paul IV, que Nous avons invoquée, fait clairement ressortir l’origine de cette discipline observée sans interruption déjà depuis plus de trois siècles, qui tient pour invalides et nulles les ordinations célébrées dans le rite d’Édouard ; cette discipline se trouve explicitement corroborée par le fait des nombreuses ordinations qui, à Rome même, ont été renouvelées absolument et selon le rite catholique.
L’observation de cette discipline est un argument en faveur de Notre thèse. S’il reste encore un doute sur le sens à donner à ces documents pontificaux, on peut appliquer l’adage : la coutume est la meilleure interprète des lois.
L’Église ayant toujours admis comme un principe constant et inviolable qu’il est absolument interdit de réitérer le sacrement de l’Ordre, il était impossible que le Siège Apostolique souffrît et tolérât en silence une coutume de ce genre. Or, non content de la tolérer, il l’a même approuvée et sanctionnée toutes les fois qu’il s’est agi de juger sur ce point quelque cas particulier.
Nous ne citerons que deux faits de ce genre entre beaucoup d’autres déférés dans la suite à la Suprema : l’un, de 1684, concerne un calviniste français ; l’autre, de 1704, est celui de Jean-Clément Gordon ; tous deux avaient reçu les Ordres rite d’Édouard. Dans le premier cas, après une minutieuse enquête, la majorité des consulteurs mirent par écrit leurs vœux (c’est le nom qu’on donne à leurs réponses) ; les autres, s’unissant à eux, se prononcèrent pour l’invalidité de l’ordination ; toutefois, eu égard à certains motifs d’opportunité, les cardinaux crurent devoir répondre : différé. Dans le second cas, les mêmes faits furent examinés à nouveau ; on demanda en outre de nouveaux vœux aux consulteurs, on interrogea d’éminents docteurs de la Sorbonne et de Douai ; on ne négligea, pour connaître l’affaire à fond, aucun des moyens que suggérait une prudence clairvoyante.
Une remarque s’impose : Gordon lui-même, il est vrai, alors en cause, et quelques consulteurs, invoquèrent entre autres motifs de nullité l’ordination de Parker avec le caractère qu’on lui attribuait à cette époque ; mais quand il s’agit de prononcer la sentence, on écarta absolument cette raison, comme le prouvent des documents dignes de toute confiance, et l’on ne retint comme motif qu’un défaut de forme et d’intention. Pour porter sur cette forme un jugement plus complet et plus sûr, on avait eu la précaution d’avoir en main un exemplaire de l’Ordinal anglican, que l’on compara aux formes d’ordination usitées dans les divers rites orientaux et occidentaux. Alors, Clément XI, après avis conforme des cardinaux dont l’affaire ressortissait, porta lui-même, le jeudi 17 avril 1704, le décret suivant : « Que Jean-Clément Gordon reçoive ex integro et absolute tous les Ordres, même les Ordres sacrés et surtout le sacerdoce, et s’il n’a pas été confirmé, qu’il reçoive d’abord le sacrement de Confirmation. »
Cette décision, remarquons-le bien, n’a tenu aucun compte du défaut de tradition des instruments, auquel cas l’usage prescrivait de renouveler l’ordination sous condition. Il importe encore davantage d’observer que cette même sentence du Pape concerne d’une façon générale les ordinations anglicanes.
Bien qu’elle se rapportât, en effet, à un cas spécial, elle ne s’appuyait pas néanmoins sur un motif particulier, mais sur un vice de forme dont sont affectées toutes ces ordinations, tellement que, dans la suite, toutes les fois qu’il fallut décider d’un cas analogue, on répondit par ce même décret de Clément XI.


Cela étant, il est clair pour tous que la question soulevée à nouveau de nos jours avait été bien auparavant tranchée par un jugement du Siège Apostolique ; la connaissance insuffisante de ces documents explique peut-être comment certains écrivains catholiques n’ont pas hésité à discuter librement sur ce point. Mais, Nous l’avons dit au début, depuis très longtemps Nous n’avons rien plus à cœur que d’entourer le plus possible d’indulgence et d’affection les hommes animés d’intentions droites.
Aussi, avons-Nous prescrit d’examiner encore très attentivement l’Ordinal anglican, point de départ de tout le débat. Dans le rite qui concerne la confection et l’administration de tout sacrement, on distingue avec raison entre la partie cérémoniale et la partie essentielle, qu’on appelle la matière et la forme. Chacun sait que les sacrements de la nouvelle loi, signes sensibles et efficaces d’une grâce invisible, doivent signifier la grâce qu’ils produisent et produire la grâce qu’ils signifient. Cette signification doit se trouver, il est vrai, dans tout le rite essentiel, c’est-à-dire dans la matière et la forme ; mais elle appartient particulièrement à la forme, car la matière est une partie indéterminée par elle-même, et c’est la forme qui la détermine.
Cette distinction devient plus évidente encore dans la collation du sacrement de l’Ordre, ou la matière, telle du moins que Nous la considérons ici, est l’imposition des mains ; celle-ci, assurément, n’a par elle-même aucune signification précise, et on l’emploie aussi bien pour certains Ordres que pour la Confirmation.
Or, jusqu’à nos jours, la plupart des anglicans ont regardé comme forme propre de l’ordination sacerdotale la formule : Reçois le Saint-Esprit ; mais ces paroles sont loin de signifier, d’une façon précise, le sacerdoce en temps qu’Ordre, la grâce qu’il confère on son pouvoir, qui est surtout le pouvoir de consacrer et d’offrir le vrai corps et le vrai sang du Seigneur[3], dans le sacrifice, qui n’est pas la simple commémoration du sacrifice accompli sur la Croix [4]. Sans doute, on a ajouté plus tard à cette forme les mots Pour l’office et la charge de prêtre ; mais c’est là une preuve de plus que les anglicans eux-mêmes considéraient cette forme comme défectueuse et impropre. Cette même addition, supposé qu’elle eût pu donner à la forme la signification requise, a été introduite trop tard ; car, un siècle s’était déjà écoulé depuis l’adoption de l’Ordinal d’Édouard et, par suite, la hiérarchie étant éteinte, le pouvoir d’ordonner n’existait plus.
C’est en vain que, pour les besoins de la cause, de nouvelles additions furent faites récemment, aux prières de ce même Ordinal Nous ne citerons qu’un seul des nombreux arguments qui montrent combien ces formules du rite anglican sont insuffisantes pour le but à atteindre : il tiendra lieu de tous les autres. Dans ces formules, on a retranché de propos délibéré tout ce qui, dans le rite catholique, fait nettement ressortir la dignité et les devoirs du sacerdoce, elle ne peut donc être la forme convenable et suffisante d’un sacrement, celle qui passe sous silence ce qui devrait y être spécifié expressément.


Il en est de même de la consécration épiscopale. En effet, non seulement les mots Pour l’office et la charge de l’évêque ont été ajoutés trop tard à la formule Reçois le Saint-Esprit, mais encore, comme Nous le dirons bientôt, ces paroles doivent être interprétées autrement que dans le rite catholique. Il ne sert de rien d’invoquer sur ce point la prière qui sert de préambule : Dieu tout-puissant, puisqu’on y a également retranché les mots qui désignent le sacerdoce suprême. En vérité, il serait étranger à la question d’examiner ici si l’épiscopat est le complément du sacerdoce ou un Ordre distinct ; rechercher si l’épiscopat conféré per saltum, c’est-à-dire à un homme qui n’est pas prêtre, produit ou non son effet, serait également inutile.
Il est hors de doute et il ressort de l’institution même du Christ que l’épiscopat fait véritablement partie du sacrement de l’Ordre et qu’il est un sacerdoce d’un degré supérieur ; c’est d’ailleurs ce qu’insinue le langage habituel des saints Pères et les termes usités dans notre rituel où il est appelé le sacerdoce suprême, le sommet du ministère sacré. D’où il résulte que le sacrement de l’Ordre et le vrai sacerdoce du Christ ayant été entièrement bannis du rite anglican, et la consécration épiscopale du même rite ne conférant aucunement le sacerdoce, l’épiscopat ne peut non plus être vraiment et légitimement conféré, d’autant plus que, parmi les principales fonctions de l’épiscopat, se trouve celle d’ordonner les ministres pour la Sainte Eucharistie et le Saint Sacrifice.
Pour apprécier d’une façon exacte et complète l’Ordinal anglican, en dehors des points mis en lumière par certains passages, rien assurément ne vaut l’examen scrupuleux des circonstances dans lesquelles il a été composé et publié. Les passer toutes en revue serait long et inutile ; l’histoire de cette époque montre assez éloquemment quel esprit animait les auteurs de l’Ordinal à l’égard de l’Église catholique, quels appuis ils ont demandés aux sectes hétérodoxes, et quel but ils poursuivaient.
Ne sachant que trop la relation nécessaire qui existe entre la foi et le culte, entre la loi de croyance et la loi de prière, ils ont grandement défiguré l’ensemble de la liturgie conformément aux doctrines erronées des novateurs, sous prétexte de la ramener à sa forme primitive. Aussi, dans tout l’Ordinal, non seulement il n’est fait aucune mention expresse du sacrifice, de la consécration, du sacerdoce, du pouvoir de consacrer et d’offrir le sacrifice, mais encore les moindres traces de ces institutions, qui subsistaient encore dans les prières du rite catholique en partie conservées, ont été supprimées et effacées avec le soin signalé plus haut.
Ainsi apparaissent d’eux-mêmes le caractère et l’esprit original de l’Ordinal. Si, vicié dès le début, celui-ci ne pouvait être suivi pour les ordinations, il ne pouvait de même être employé validement dans la suite des temps, puisqu’il demeurait tel quel.
C’est donc en vain que, dès l’époque de Charles Ier, plusieurs s’efforcèrent d’admettre quelque chose du sacrifice et du sacerdoce, aucune addition n’ayant été faite depuis à l’Ordinal ; c’est en vain également qu’un petit nombre d’anglicans récemment réunis pensent pouvoir donner à cet Ordinal une interprétation satisfaisante et régulière.
Ces efforts, disons-Nous, ont été et sont stériles, et cela pour cet autre motif que si l’Ordinal anglican actuel présente quelques expressions ambiguës, elles ne peuvent revêtir le même sens que dans le rite catholique. En effet, l’adoption d’un nouveau rite qui nie ou dénature le sacrement de l’Ordre et qui répudie toute notion de consécration et de sacrifice enlève à la formule Reçois le Saint-Esprit toute sa valeur ; car cet Esprit ne pénètre dans l’âme qu’avec la grâce du sacrement. Perdent aussi leur valeur les paroles Pour l’office et la charge de prêtre ou d’évêque et autres semblables ; ce ne sont plus alors que de vains mots, sans la réalité de la chose instituée par le Christ.
La force de cet argument apparaît à la plupart des anglicans eux-mêmes qui interprètent rigoureusement l’Ordinal ; ils l’opposent franchement à ceux qui, à l’aide d’une interprétation nouvelle et poussés par un vain espoir, attribuent aux Ordres ainsi conférés une valeur et une vertu qu’ils n’ont pas. Cet argument détruit à lui seul l’opinion qui regarde comme forme légitime suffisante du sacrement de l’Ordre la prière Omnipotens Deus, bonorum omnium largitor, qui se trouve au commencement de l’ordination ; et cela même si cette prière pouvait être regardée comme suffisante dans quelque rite catholique que l’Église aurait approuvé.
A ce vice de forme intrinsèque, se lie le défaut d’intention : or, la forme et l’intention sont également nécessaires à l’existence du sacrement. La pensée ou l’intention, en temps qu’elle est une chose intérieure, ne tombe pas sous le jugement de l’Église ; mais celle-ci doit en juger la manifestation extérieure. Ainsi, quelqu’un qui, dans la confection et la collation d’un sacrement, emploie sérieusement et suivant le rite la matière et la forme requises, est censé, par le fait même, avoir eu l’intention de faire ce que fait l’Église.
C’est sur ce principe que s’appuie la doctrine d’après laquelle est valide tout sacrement conféré par un hérétique ou un homme non baptisé, pourvu qu’il soit conféré selon le rite catholique.

Au contraire, si le rite est modifié dans le dessein manifeste d’en introduire un autre non admis par l’Église et de rejeter celui dont elle se sert et qui, par l’institution du Christ, est attaché à la nature même du sacrement, alors, évidemment, non seulement l’intention nécessaire au sacrement fait défaut, mais il y a là une intention contraire et opposée au sacrement.


Tout ce qui précède, Nous l’avons longtemps et mûrement médité Nous-même d’abord, puis avec Nos Vénérables Frères juges de la Suprema. Nous avons même spécialement convoqué cette assemblée en Notre présence, le jeudi 16 juillet dernier, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel. Ils furent unanimes à reconnaître que la cause proposée avait été déjà depuis longtemps pleinement instruite et jugée par le Siège Apostolique ; que l’enquête nouvelle ouverte à ce sujet n’avait fait que démontrer d’une façon plus lumineuse avec quelle justice et quelle sagesse la question avait été tranchée.
Toutefois, Nous avons jugé bon de surseoir à Notre sentence, afin de mieux apprécier l’opportunité et l’utilité qu’il pouvait y avoir à prononcer de nouveau la même décision par Notre autorité et afin d’appeler sur Nous, du ciel, par Nos supplications, une plus grande abondance de lumière.
Considérant alors que ce même point de discipline, quoique déjà canoniquement défini, est remis en discussion par quelques-uns – quel que soit le motif de la controverse, – et qu’il en pourrait résulter une erreur funeste pour un grand nombre qui pensent trouver le sacrement de l’Ordre et ses fruits là où ils ne sont nullement, il Nous a paru bon, dans le Seigneur, de publier Notre sentence.
C’est pourquoi, Nous conformant à tous les décrets de Nos prédécesseurs relatifs à la même cause, les confirmant pleinement et les renouvelant par Notre autorité, de Notre propre mouvement et de science certaine, Nous prononçons et déclarons que les ordinations conférées selon le rite anglican ont été et sont absolument vaines et entièrement nulles.


Puisque c’est en qualité et avec les sentiments de Pasteur suprême que Nous avons entrepris de montrer la très certaine vérité d’une affaire aussi grave, il Nous reste à exhorter dans le même esprit ceux qui souhaitent et recherchent sincèrement le bienfait des Ordres et de la hiérarchie. Jusqu’à ce jour peut-être, excitant leur ardeur pour la vertu, relisant avec plus de piété les Saintes Écritures, redoublant leurs ferventes prières, ils ne répondaient néanmoins qu’avec incertitude et anxiété à la voix du Christ qui les pressait déjà d’appels intérieurs. Ils voient aujourd’hui clairement où ce bon Pasteur les appelle et les veut.


Qu’ils rentrent au bercail, ils obtiendront alors les bienfaits désirés et les secours qui en résultent pour le salut, secours dont lui-même a confié l’administration à l’Église, gardienne perpétuelle de sa Rédemption et chargée d’en distribuer les fruits aux nations.
Alors ils puiseront avec joie l’eau des fontaines du Sauveur qui sont ses sacrements merveilleux, lesquels rendent l’amitié de Dieu aux fidèles vraiment purifiés de leurs péchés, les nourrissent et les fortifient du pain céleste et leur donnent en abondance de précieux secours pour conquérir la vie éternelle.
S’ils ont véritablement soif de ces biens, que le Dieu de paix, le Dieu de toute consolation, dans sa bonté infinie, les en fasse jouir sans limite.


Nous voulons que Notre exhortation et Nos vœux s’adressent plus spécialement à ceux qui sont considérés par leurs communautés comme des ministres de la religion. Que ces hommes placés au-dessus des autres par leurs fonctions, leur science et leur autorité, qui ont certainement à cœur la gloire de Dieu et le salut des âmes, s’empressent de répondre et d’obéir au Dieu qui les appelle ; ils donneront ainsi un noble exemple. C’est avec une joie singulière que leur Mère l’Église les recevra, les entourera de sa bonté et de ses attentions, comme cela convient pour des hommes qu’une vertu plus généreuse aura fait rentrer dans son sein à travers des difficultés plus particulièrement ardues. On peut à peine dire quel enthousiasme suscitera cette courageuse résolution dans les assemblées-de leurs frères, à travers le monde catholique, quel espoir et quelle confiance elle leur permettra un jour, devant le Christ leur juge, et quelle récompense ce Christ leur réserve dans le royaume des cieux.
Pour Nous, autant que Nous l’avons pu, Nous ne cessons de favoriser leur réconciliation avec l’Église, dans laquelle, soit isolément, soit en masse – ce que Nous souhaitons très vivement, – ils peuvent choisir beaucoup d’exemples à imiter.
En attendant, prions tous et demandons, par les entrailles de la miséricorde divine, qu’ils s’efforcent de seconder fidèlement l’action évidente de la vérité et de la grâce divine.
Nous décrétons que cette Lettre et tout ce qu’elle renferme ne pourra jamais être taxé ou accusé d’addition, de suppression, de défaut d’intention de Notre part ou de tout autre défaut ; mais qu’elle est et sera toujours valide et dans toute sa force, qu’elle devra être inviolablement observée par tous, de quelque grade ou prééminence qu’on soit revêtu, soit en jugement soit hors jugement ; déclarant vain et nul tout ce qui pourrait y être ajouté de différent par n’importe qui, quelle que soit son autorité et sous n’importe quel prétexte, sciemment ou par ignorance, et rien de contraire ne devra y faire obstacle.
Nous voulons, eu outre, que les exemplaires de cette Lettre même imprimés, portant toutefois le visa d’un notaire et munis du sceau par un homme constitué en dignité ecclésiastique, fassent foi comme le ferait la signification de Notre volonté si on la lisait dans la présente Lettre.
Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, l’an de l’Incarnation du Seigneur 1896, aux ides de septembre, en l’année de Notre Pontificat la dix-neuvième,
C. card. de RUGGIERO. A. card. BIANCHI, Pro-Datarius.
VISA DE CURIA I. DE AQUILA E VICECOMITIBUS.
Loco + Plumbi
Reg. in Secret. Brevium. I. CUGNONI.

Notes de bas de page
Hébr., xiii, 20.[]
Fait au mois d’août 1533, par les lettres sous le sceau : Si ullo unquam tempore et Post nuntium nobis et par d’autres encore. []
Conc. de Trente, Sess. xxiii, du Sacr. de l’Ordre, can.1.[]
Conc. de Trente, Sess. xxii, du Sacrif. de la Messe, can 3. []

Apostolicae Curae

Cynique sinisation

Un rapport détaille les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022

Un rapport détaille les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022

Le 14 février, China Aid a publié un rapport sur les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022 (Annual Persecution Report 2022). L’organisation décrit différentes formes de persécutions qui se sont maintenues l’an dernier dans le pays contre les communautés chrétiennes, dont les conséquences de la « sinisation » des religions et des réformes éducatives.

La sinisation est une idéologie politique destinée à imposer des règles strictes à des sociétés basées sur les « valeurs socialistes fondamentales » et à développer des soutiens aux principaux dirigeants du PCC. Le 27 janvier 2022 à Pékin, dans un discours prononcé lors d’un symposium, Wang Yang, membre du Bureau politique du parti, a ainsi souligné la nécessité que les organisations religieuses adhèrent aux politiques mises en œuvre par le gouvernement. Selon le rapport de China Aid, Wang a ajouté que

« les groupes religieux doivent unir la majorité des adhérents religieux autour du PCC et du gouvernement afin de forger une ‘énergie positive’ et d’aider à réaliser le ‘rêve chinois’ ».

Le rapport note également que Wang a rencontré des responsables de l’Association patriotique des catholiques chinois (CPA) et de la Conférence des évêques catholiques chinois, le 23 août dernier, en sollicitant leur soutien pour la « sinisation du catholicisme en Chine ». Il a appelé les dirigeants à « rester résolument sur la bonne voie politique », à « soutenir fermement les dirigeants du PCC », à « résister spontanément à l’infiltration des forces étrangères », et à « utiliser la culture, la langue et les styles de communications chinois afin d’interpréter et étudier les canons religieux ».

L’organisation américaine révèle également des détails alarmants sur les méthodes employées par le parti et ses dirigeants pour réprimer le christianisme et sa pratique dans le pays. Les cadres du PCC auraient notamment entrepris des démolitions d’églises à travers la Chine en 2022. Ainsi, en août 2022, l’église gothique de Beihan, dans le diocèse catholique de Taiyuan, a d’abord été rasée, et le clocher de 40 m de haut toujours debout a été dynamité. En juin 2022, alors que Mgr Dong Baolu avait refusé de rejoindre le système patriotique dirigé par l’État, son église de Shijiazhuang, dans la province du Hebei, a également été démolie par les autorités communistes. Le rapport souligne aussi que l’an dernier, des églises et des centres chrétiens, y compris catholiques, ont été démolis à Dalian, Jiangxi, Tongguan, Shaanxi et dans d’autres provinces. China Aid a également accusé les autorités chinoises de « fabriquer des preuves dans le but de détenir, arrêter et condamner des responsables religieux et des fidèles » dans leurs efforts pour réprimer le christianisme.

Par ailleurs, selon le rapport,

« les gouvernements provinciaux et locaux ont détenu des responsables chrétiens et des fidèles chinois dans toute la Chine. Les autorités carcérales ont refusé à beaucoup de ces détenus la visite d’un avocat et tout contact avec leur famille ».

Les détenus n’auraient pas non plus eu accès aux soins et auraient subi « des peines disproportionnées ». D’autres prisonniers chrétiens ont été détenus durant de longues périodes sans procès, et d’autres affaires ont été retardées à plusieurs reprises.

Une autre accusation mentionnée par le rapport porte sur la disparition forcée de membres du clergé et de personnes laïques. L’organisation cite notamment les disparitions inexpliquées de

  • Mgr Joseph Zhang Weizhu du diocèse de Xinxiang,
  • Mgr Shao Zhumin du diocèse de Wenzhou,
  • Mgr Dong Baolu de l’Église « souterraine » de Shijiazhuang
  • une dizaine de prêtres du diocèse de Baoding.

Selon le rapport, les responsables du PCC ont aussi utilisé des raids, des amendes et des privations de droits afin de réprimer la minorité chrétienne. Ils ont été accusés d’avoir interrompu des célébrations, des baptêmes, des pèlerinages et même des liturgies en ligne afin d’intimider la population chrétienne locale. Les services bureaucratiques chinois ont aussi utilisé de lourdes amendes contre des responsables chrétiens et à des propriétaires louant des sites pour des célébrations afin de décourager les gens de se rassembler pour prier. En janvier 2022, Huang Yuanda, un chrétien de l’église de Xunsiding à Xiamen, a ainsi été condamné à verser une amende de 100 000 yuans (environ 13 665 euros) par le Bureau des Affaires ethniques et religieuses du district de Xiamen Siming pour avoir loué une maison à l’usage d’une école.

Le rapport de China Aid a également révélé des lois et régulations votées par le PCC en vue de contrôler les informations en ligne. Des « Mesures administratives pour les services d’information religieuse sur Internet » ont ainsi été mises en œuvre en mars 2022, avec notamment des formations comprenant

« les lois et réglementations liées aux Affaires religieuses, au Code civil, à la Loi sur la sécurité nationale, à la loi sur la cybersécurité, mais aussi la pensée de Xi Jinping sur l’État de droit la Constitution et les ‘valeurs fondamentales socialistes’ ».

Selon l’organisation, le parti s’est aussi efforcé de contrôler les finances des organisations religieuses et les tendances religieuses des étudiants. Le rapport révèle notamment que des étudiants ayant demandé à étudier à l’étranger dans d’autres institutions chrétiennes n’ont pas pu obtenir de passeport auprès des autorités :

« Dans de cas où des candidats ont déposé une demande de passeport pour étudier à l’étranger dans des institutions chrétiennes, les agents du gouvernement ont refusé leur dossier sous le prétexte de la prévention sanitaire contre le Covid. »

Source Le salon Beige
Cynique sinisation