Conscients de la crise sans pareille qui meurtrit l’Église depuis longtemps, et constatant que parmi les bons, souvent, les querelles, les divisions et les diatribes interminables ont pour objet l’état du Siège pétrinien (et de toute la Hiérarchie ecclésiastique), en tant que docteurs privés (clercs et laïcs, théologiens, philosophes, canonistes, juristes et historiens), nous sommes tombés d’accord sur ce qui suit :
Qu’il existe une crise sans précédent au sein de l’Église, que cette crise voit l’authentique Tradition catholique submergée par des doctrines hétérodoxes (modernisme et néo-modernisme), que cette crise est une crise doctrinale, liturgique et morale, que cette crise implique le corps ecclésial (apprenant et enseignant) jusqu’au Siège romain, n’est pas à démontrer, mais seulement à constater ;
Que la crise, qui a aussi des racines anciennes, a connu son tournant au Concile Vatican II avec la prévalence d’une pensée non catholique dans la hiérarchie, jusqu’au Siège romain lui-même, n’est pas quelque chose à démontrer mais seulement à constater ;
Le fait que la nouvelle liturgie imposée par Paul VI représente une construction artificielle et une rupture objective avec la Tradition ininterrompue de l’Église et le Dogme catholique n’est pas quelque chose à démontrer mais seulement à constater ;
Il est du devoir de tout baptisé de persévérer dans la profession de foi baptismale, c’est-à-dire dans la foi de toujours, dans la Doctrine immuable reçue des Apôtres. Le devoir de tout baptisé est de vivre et de prier en conformité avec la sainte volonté de Dieu manifestée dans la Révélation divine (Sainte Écriture et Sainte Tradition) ;
Il est du devoir de chaque baptisé d’éviter tout ce qui peut être nuisible à son âme, tout ce qui peut représenter un danger pour l’intégrité de la foi ;
Devant l’ampleur et la gravité de la crise et jusqu’à sa résolution (condamnation et expulsion de l’Église de toute idée hétérodoxe, retour intégral à la Tradition dans la doctrine, la liturgie et les coutumes), c’est un devoir de prudence que de se méfier des hiérarques dominés par la pensée non-catholique, ainsi que des institutions ecclésiastiques qui se font l’instrument de la pensée non-catholique ;
Il est prudent de s’en tenir à ce qui est certain (lex credendi, lex orandi et lex vivendi, comme on l’a toujours enseigné) et de suspendre l’assentiment à tout ce qui est douteux ;
Les fidèles, clercs ou laïcs, ne sont pas appelés à examiner chaque enseignement, chaque texte liturgique, chaque déclaration de la Hiérarchie pour vérifier s’ils sont ou non conformes au dépôt de la foi. Il faut plutôt adopter un critère prudentiel et « prophylactique » : si une pensée non catholique a infecté la hiérarchie jusqu’au Siège romain, il faut prudemment s’en tenir à ce qui a été enseigné avant la crise et suspendre l’assentiment à ce qui a été enseigné par la suite ;
La suspension de l’assentiment n’est pas un « libre examen » mais un devoir de prudence pour la préservation de la foi. La suspension de l’assentiment renvoie le jugement sur la doctrine (de la foi et/ou de la morale) et la lex orandi à l’autorité de l’Église. Lorsque la crise est surmontée et que la Hiérarchie est à nouveau certaine de l’orthodoxie de la foi, c’est l’Autorité légitime qui jugera ;
La crise peut être considérée comme surmontée lorsque la Hiérarchie (le Pape et l’unanimité morale des évêques) enseigne la même Doctrine que celle enseignée par l’Église sans interruption jusqu’au Concile Vatican II et que la lex orandi de la Tradition apostolique est rétablie ;
Compte tenu de l’implication du Siège romain lui-même dans la crise, il est légitime de s’interroger sur le statut du Siège pontifical. C’est une opinion légitime que celle de ceux qui considèrent Jorge Mario Bergoglio comme un vrai pape, bien que gravement hétérodoxe. C’est une opinion légitime que celle de ceux qui considèrent Jorge Mario Bergoglio comme un occupant illégitime du siège et/ou un antipape. C’est une opinion légitime de la part de ceux qui considèrent le Siège vacant. C’est une opinion légitime que celle de ceux qui considèrent que le Siège n’est que matériellement occupé. C’est l’opinion légitime de ceux qui lisent la crise du Siège romain avec la figure du Pape hérétique. C’est une opinion légitime que celle de ceux qui lisent la crise du Siège romain avec la figure du Pape schismatique. C’est aussi une opinion légitime que celle de ceux qui considèrent la coprésence de « deux Églises » derrière l’apparence d’une seule Église (dans l’Église postconciliaire, il y aurait à la fois la véritable Église du Christ, la Sainte Église catholique apostolique romaine, et une Néo-Église gnostique) avec le Pape au sommet des deux, de sorte que le Pape serait le Vicaire du Christ mais aussi le Chef d’une nouvelle foi, d’un nouveau culte, d’une nouvelle Église. C’est une opinion légitime de ceux qui considèrent les papes post-conciliaires comme de vrais papes, même s’ils sont marqués par une pensée non-catholique.
En ce qui concerne le point 11, il s’agit d’opinions mutuellement inconciliables, qui ne peuvent donc pas être toutes vraies, une seule pouvant être la vraie. Seule l’autorité suprême de l’Église peut juger laquelle est vraie. Tant que l’Autorité suprême de l’Église, une fois la crise résolue, n’a pas jugé, toutes restent de simples opinions, légitimes et contestables ;
Dans la mesure où il s’agit de simples opinions, aucune d’entre elles, bien que légitimement défendable, ne peut constituer un critère certain pour gérer la crise ;
Dans la mesure où seule l’Autorité suprême de l’Église est qualifiée pour juger de la question du Siège, développer/supporter l’une ou l’autre thèse sera inévitablement un exercice voué à la non-solution. La question du Siège est destinée à rester ouverte, non résolue jusqu’à la fin de la crise, jusqu’à un certain jugement de l’Autorité Suprême ;
La diversité des opinions sur le Siège ne peut jamais être un motif de division, puisqu’il s’agit d’opinions contestables et non de vérités certaines ;
Quelle que soit l’opinion sur le Siège, étant donné la crise établie (aussi bien du Siège romain que de toute la Hiérarchie), l’attitude prudentielle doit en tout cas être celle de suspendre l’assentiment, jusqu’à la fin de la crise.
Appelons cette thèse « sedemenefreghism » dans le double sens de :
« Je me fous » de la question de la Sede car elle est pour nous une question irrésolue et donc inutile à poser ;
« Je me fiche éperdument de ce qui émane du Siège dans la mesure où ceux qui y siègent (légitimement ou illégitimement, seulement matériellement ou aussi formellement, de facto ou de jure, c’est une question de litige) sont dominés par une pensée non catholique et ne doivent donc prudemment pas être écoutés.
Le groupe des neuf
Source Stilum Curiae Marco Tosatti
Note de la rédaction : Un catholique peut-il être indifférent à cette question fondamentale ? Certainement non, sans prétendre la résoudre, il est obligé, s’il veut conserver sa foi, de juger l’arbre à ses fruits, de omnia probaté quod bonum tenete, afin d’agir avec prudence et charité et surtout de prier avec ferveur le divin Maître afin que son Vicaire, ou celui qui en tient lieu, se conforme parfaitement à sa mission pour le salut des âmes et la gloire de la Sainte Église.