Les suppôts de l’Enfer qui veulent éradiquer la Sainte Messe n’aiment pas qu’on les combattent

Roche fulmine contre les « guerriers du clavier » de la messe en latin

« Ne laissez pas le domaine liturgique à ces petites minorités bruyantes, de quelque couleur qu’elles soient, qui semblent [sic !] s’obstiner à s’opposer au Saint-Père et à la réforme liturgique [ratée] « , a fulminé le cardinal Roche, préfet du culte divin, lors d’une conférence du 8 octobre publiée dansle numéro de janvier 2023 de Music and Liturgy. The Journal of the Society of St Gregory (Matthew Hazell, Twitter.com, 30 janvier).

Roche est « bien conscient que les gens parlent parfois de « guerres liturgiques », guerres qu’il a apparemment peur de perdre.

« D’après ce que je comprends, beaucoup de ces batailles se déroulent aujourd’hui dans le cyberespace, où des personnes aux agendas et motivations variés s’érigent en experts et interprètes de tout ce qui touche à la liturgie », a-t-il déclaré. Roche lui-même a une formation minimale en liturgie.

Il se plaint que « ces guerriers du clavier semblent avoir un effet démesuré, en particulier sur les séminaristes » et polémique contre les prétendus « agendas déformés » qui sont « si fréquemment diffusés sur les blogs, etc.

Roche ne devrait pas trop se plaindre, puisqu’il a de son côté les puissants médias oligarchiques anti-chrétiens.

Le « Saint Père » préfère l’idolâtrie et c’est effectivement incompatible ;

Ne formez pas d’attelage mal assorti avec des non-croyants : quel point commun peut-il y avoir entre la condition du juste et l’impiété ? quelle communion de la lumière avec les ténèbres ?
quel accord du Christ avec Satan ? ou quel partage pour un croyant avec un non-croyant ?
quelle entente y a-t-il entre le sanctuaire de Dieu et les idoles ? Nous, en effet, nous sommes le sanctuaire du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit lui-même : J’habiterai et je marcherai parmi eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.
2 Cor 6, 14-16

Les suppôts de l’Enfer qui veulent éradiquer la Sainte Messe n’aiment pas qu’on les combattent

En fait, ce n’est pas pour votre santé…..

mais pour le business.

L’industrie médicale, cette nouvelle mafia :

L’industrie médicale, cette nouvelle mafia

Le Dr Louis Fouché a été interrogé dans Valeurs Actuelles sur la crise du système de santé. Extraits :

En 2014, au Collège de France, Claude Le Pen, professeur d’économie, parlait de l’évaluation en santé. Une phrase m’est restée : « Nous sommes là pour liquider le modèle artisanal de la médecine. » Sous-entendu, il faut un modèle industrialisé, normatif et rentable de production et de consommation de biens et services de soins.

Les politiques sont là pour faire advenir un programme d’optimisation des sociétés décidé à l’avance par des financiers extrêmement organisés. Ils sont les marionnettes d’un système de corruption mafieux absolument éprouvé. Les multinationales du médicament et du numérique, épaulées par leurs opérateurs financiers, sont aux manettes.

Chaque année, à Chamonix, une réunion huppée réunit ceux qui décident du futur de notre système de santé. La fine fleur des ministères et quelques chefs de services ronflants rencontrent les investisseurs du médicament, du numérique et de la finance, pour recevoir leur feuille de route. Le programme est simple : mettre en place la santé digitale. Cela suppose la destruction préalable du système de santé. Le corps est une machine qu’il faut optimiser. Les soignants humains sont toujours imparfaits. C’est l’implacable algorithme qui va vous soigner. L’enjeu est idéologique mais surtout économique. Accaparer le marché juteux de la santé est un enjeu considérable. […]

Marcia Angel, rédactrice en chef du New England Journal of Medicine, écrivait :

« Il n’est tout simplement plus possible de croire une grande partie des recherches scientifiques qui sont publiées ; ni de se fier au jugement de médecins de confiance ou à des directives médicales faisant autorité. »

L’éditeur en chef du Lancet, Richard Horton, a écrit que la majorité de la publication scientifique médicale n’était désormais plus destinée à mieux comprendre les maladies et leurs traitements mais à justifier la vente des produits de l’industrie pharmaceutique.

Richard Smith, ancien rédacteur en chef du British Medical Journal, explique que les revues médicales sont le prolongement des départements marketing des industries du médicament. En 2013, il écrit :

« Il est en effet effrayant de voir combien de similitudes il existe entre cette industrie et la mafia. La mafia gagne des sommes d’argent obscènes, tout comme cette industrie. Les effets secondaires du crime organisé sont des meurtres et des morts, tout comme dans cette industrie. La mafia corrompt les politiques, tout comme cette industrie… »

Le livre de Peter Gotzsche, Remèdes mortels et crime organisé , qui a reçu en 2014 le premier prix de la British Medical Association, décrit que les pratiques frauduleuses, la corruption et les amendes qui en résultent pour les industries pharmaceutiques sont en fait intégrées à leur business model, au mépris manifeste et répugnant de la vie et de la santé humaine. […]

En fait, ce n’est pas pour votre santé…..

Merveille du Créateur

Un oiseau vole 13 560 km sans se poser et bat un record du monde

Parti d’Alaska, il a volé jusqu’en Tasmanie. Un vol ininterrompu de 11 jours qui lui vaut les honneurs du Guinness World Records.

Il est haut comme trois pommes mais détient pourtant le record du monde du vol sans escale : un oiseau, âgé de 5 mois, appartenant à l’espèce des barges rousses (Limosa lapponica), est entré au Guinness World Records . Connu des scientifiques qui l’étudient sous le matricule « 234684 », ce jeune oiseau était équipé d’une balise GPS lorsqu’il a décollé le 13 octobre 2022 pour son vol migratoire.

Sans nourriture ni repos

Parti d’Alaska, il a volé à tire d’ailes jusqu’à la Tasmanie, en Australie. Un vol ininterrompu de 11 jours qui s’est étiré sur 13 560 km. Le tout sans la moindre escale, ce qui veut dire qu’il n’a pas mangé et ne s’est pas reposé une seule seconde pendant ce long périple.

Normalement, cette espèce réalise sa migration jusqu’en Nouvelle-Zélande. Mais cet oiseau a effectué un virage à 90 degrés et a atterri dans la baie d’Ansons, à l’est de la Tasmanie, en Australie.

« Deux trajets et demi entre Londres et New York »

« La distance parcourue équivaut à deux trajets et demi entre Londres et New York, soit environ un tiers de la circonférence totale de la planète », souligne le Guinness sur son site.

Ce n’est pas la première fois que les barges rousses se font remarquer dans ce domaine. Un autre spécimen adulte de la même espèce avait déjà établi le précédent record en parcourant 13 000 km d’une seule traite.

Le Guinness World Records précise que ces oiseaux migrateurs ont la capacité de se transformer physiquement pour s’adapter aux conditions environnementales. « Ils peuvent modifier radicalement leur corps et leur métabolisme […] Les barges peuvent ainsi agrandir leur cœur et leurs muscles thoraciques en plein vol pour fournir plus d’énergie et d’oxygène à ces zones ».

Eric Woehler, responsable de Birdlife Tasmania, a déclaré que l’oiseau avait probablement perdu « la moitié ou plus de son poids corporel pendant ce vol continu de jour et de nuit ».

Source OuestFrance

Merveille du Créateur

Le Coran fatras gnostique et d’hérésies

Les hérésies chrétiennes dans le Coran

Les hérésies chrétiennes dans le Coran

Analyse passionnante d’Annie Laurent dans La Petite Feuille Verte :

On a longtemps voulu croire, y compris dans les milieux académiques, que l’islam serait apparu par la seule prédication de son prophète, à l’instar du récit traditionnel musulman. On expliquait alors sa similarité avec nombre d’hérésies et mouvements religieux du VIIe siècle comme résultant de leur influence sur Mahomet, qui aurait en quelque sorte composé sa religion comme un cocktail savant à partir d’elles. C’est dans cette pensée que s’inscrivait encore l’académicien Roger Arnaldez (1911-2006) :

« Persuadé de la vérité du monothéisme, le Prophète [Mahomet] se trouvait plongé dans un milieu d’une complexité extraordinaire. Il est peut-être vain de chercher à déterminer quelles sectes il a connu, comme s’il avait été à l’école de l’une d’elles. En réalité, il a dû entendre, et sans doute écouter, un ensemble hétéroclite de doctrines qui lui parvenaient pêle-mêle, au hasard des rencontres » (À la croisée des trois monothéismes, Albin Michel, 1993, p. 55).

Les études savantes montrent cependant la nouveauté et l’originalité de l’islam naissant à cette époque – dit aussi « proto-islam » –, comme un des premiers mouvements millénaristes de l’Histoire. Inscrit dans le contexte biblique juif et chrétien de son époque, il y empruntait certes diverses interprétations marquées par les hérésies, notamment gnostiques, mais il s’est d’abord développé comme un mouvement apocalyptique. Le texte coranique, en particulier, en est toujours témoin.

UNE MULTITUDE D’HÉRÉSIES GNOSTIQUES ET MESSIANISTES

Dès le Ier siècle de l’histoire de l’Église, des hérésies sont apparues au sein des peuples christianisés du Levant.

Certaines se référaient à la gnose (du grec gnosis = connaissance). Face à la nouveauté du salut personnel en Jésus-Christ (la « vie » que Jésus dit donner à ceux qui suivent sa « voie ») annoncé par l’Église, les mouvements gnostiques (gnosticisme) émergèrent en prétendant proposer une autre forme de salut personnel, sans le Christ mais par l’accession à un ensemble de connaissances, de sciences relatives aux mystères divins. Ils contestaient donc l’enseignement chrétien sur la personne de Jésus, son lien avec Dieu, sa mission salvifique et la destinée de l’homme.

L’apôtre saint Jean y fait allusion dans sa deuxième épître :

« C’est que beaucoup de séducteurs se sont répandus dans le monde, qui ne confessent pas Jésus-Christ venu dans la chair ; voilà bien le Séducteur, l’Antichrist » (2 Jn 7).

« Pour les gnostiques, l’incarnation du Fils de Dieu était impossible étant donné que la matière est destinée à être détruite ; la chair ne peut donc pas être susceptible de salut », écrivait saint Irénée (né à Smyrne en 140, il mourut en 202 à Lyon, dont il était l’évêque), le premier à donner l’alerte dans son œuvre Adversus haereses (Contre les hérésies). Ce passage est cité dans le Dictionnaire d’histoire de l’Église, réalisé sous la direction de Mgr Bernard Ardura (Cerf, 2022, p. 439).

Du gnosticisme ont émergé certains textes apocryphes (écrits cachés ou ésotériques) apparus dans l’Orient méditerranéen dès le second siècle du christianisme, tels ceux qui ont été retrouvés à Nag Hamadi (Égypte) : « évangile de Thomas », « évangile de la vérité » de Valentin, etc. Il s’agit d’écrits qui ne proviennent pas de la première communauté chrétienne, malgré leur crédibilité apparente ou les noms chrétiens de leurs auteurs présumés, et contre lesquels le Nouveau Testament met en garde (cf. Matthieu 7, 15 ; Actes 20, 29 ; Hébreux 13, 9 ; Galates 1, 6-8). Saint Irénée appelle aussi à la vigilance envers ces pseudos récits :

« La vraie tradition a été manifestée dans le monde entier. Elle peut être connue en toute Église par tous ceux qui veulent voir la vérité » (cité par France Quéré, Évangiles apocryphes, Seuil, 1983, p. 10).

Il revint cependant à saint Athanase d’Alexandrie (v. 296-373) de confirmer en 367 la liste des écrits orthodoxes (authentiques) qui constituaient le Canon définitif reconnu par l’Église.

Or, comme le montre Rémi Gounelle, historien du christianisme antique, certains contenus de ces documents se retrouvent dans le Coran (cf. « Les écrits apocryphes chrétiens et le Coran », dans Histoire du Coran, dirigé par Mohammad Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye, Cerf, 2022, chap. XII).

Le Livre sacré des musulmans s’inscrit par ailleurs, et même principalement, dans une perspective eschatologique imminente (annonce de la fin des temps), sans doute inspirée par les espérances apocalyptiques juives et chrétiennes qui foisonnaient à cette époque dans une grande partie de l’Orient (cf. David Hamidovic, « Les écrits apocryphes juifs et le Coran », Histoire du Coran, op. cit., chap. XI ; Muriel Debié, « Les apocalypses syriaques », ibid., chap. XIII ; Frantz Grenet, « L’apocalypse iranienne », ibid., chap. XIV ;).

Plus encore, on trouve dans le Coran la description d’un courant juif ancien, « nazaréen » (« judéonazaréen »), porteur de ces espérances, qui y sont canalisées dans un projet politico-religieux centré sur le relèvement du Temple de Jérusalem. Ceci afin de déclencher l’apocalypse en provoquant le retour de Jésus pour inaugurer les « temps messianiques » (non évoqué directement par le texte mais cependant induit par celui-ci, comme le montre Mohammad Ali Amir-Moezzi in « Le chiisme et le Coran », Histoire du Coran, op. cit., chap. XXII). En ce sens, on peut parler d’hérésie relevant du messianisme politique, le Coran, en son contexte biblique, pouvant être analysé plus précisément comme l’un des premiers textes millénaristes de l’Histoire.

Au fil du temps, les idées gnostiques et messianistes ont engendré diverses formes d’hérésies et de mouvements plus ou moins structurés. Certaines d’entre elles sont fondatrices de l’islam. Nous les présentons dans l’ordre chronologique de leur apparition, en réservant cependant des développements spécifiques à l’arianisme, au nestorianisme et au monophysisme dans les deux prochaines PFV (n° 96 et 97).

LE MILLÉNARISME

Le Catéchisme de l’Église catholique définit le millénarisme comme la prétention à

« […] accomplir dans l’histoire l’espérance messianique qui ne peut s’achever qu’au-delà d’elle à travers le jugement eschatologique : même sous sa forme mitigée, l’Église a rejeté cette falsification du Royaume à venir sous le nom de millénarisme […] » (CEC, p. 675-676).

Il peut être compris comme le projet d’établir sur terre une sorte de « royaume de Dieu », de monde parfait délivré de l’empire du Mal, sans la Parousie (venue de Jésus « dans lagloire ») et sans le jugement de l’humanité annoncés dans les Écritures. Au contraire de l’attente chrétienne du retour du Christ dont dérive cette doctrine, ceux qui la portent se considèrent alors comme élevés au-dessus des autres hommes, auxiliaires politiques du Messie – ou de Dieu Lui-même – pour la mise en œuvre du « jugement », attendant de jouir dans le monde futur de toutes sortes d’avantages (cf. Mt 25, 34 : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde »).

Cette croyance apparaît dans le Coran, portée en particulier par le courant judéonazaréen. Le Père Édouard-Marie Gallez en fait remonter l’origine au 1er siècle (cf. Le Messie et son Prophète, 2 tomes, Éditions de Paris, 2005-2010). Ce courant serait né

« dans l’entourage des premières communautés judéo-chrétiennes où certains ayant reconnu Jésus comme le Messie attendu par le peuple hébreu n’ont pas accepté qu’il puisse se faire serviteur et mourir crucifié. Au contraire, ils n’ont jamais voulu renoncer à leurs interprétations des prophéties bibliques, escomptant que le Messie se fasse roi, libère Israël de l’occupant chrétien et l’établisse au-dessus des nations » (Odon Lafontaine, Le grand secret de l’islam, Kindle, 2020, p. 52).

Ce courant aurait survécu au Proche-Orient, plus ou moins classé, par les auteurs de l’Antiquité, dans les mouvements pluriels dits de l’Ébionisme ou du Nazaréisme (termes génériques identifiant divers courants juifs attachés à la Loi de Moïse et ayant reconnu en Jésus le Messie d’Israël tout en refusant sa divinité). Ont ainsi émergé les Judéonazaréens, porteurs au VIIème siècle d’un projet politico-religieux de relèvement du Temple de Jérusalem, qui semble avoir été fondamental dans les événements du proto-islam (O. Lafontaine, ibid., p. 55-61 ; cf. aussi Stephen J. Shoemaker, The Apocalypse of Empire, University of Pennsylvania Press, 2018).

Le Coran porte la marque profonde de ces espérances millénaristes initiales, illustrées notamment dans ces versets emblématiques :

Vous formez la meilleure communauté suscitée pour les hommes : vous ordonnez ce qui est convenable, vous interdisez ce qui est blâmable, vous croyez en Dieu. (3,110)
C’est Lui [Dieu] qui a fait de vous ses lieutenants [califes, « successeurs »] sur la terre. Il a élevé certains d’entre vous de plusieurs degrés au-dessus des autres pour vous éprouver en ce qu’il vous a donné(6,165)
[…] La terre appartient à Dieu et Il en fait hériter qui Il veut parmi Ses serviteurs. (7,128)
Dieu a promis à ceux d’entre vous qui croient et qui accomplissent des œuvres bonnes d’en faire ses lieutenants [califes, « successeurs »] sur la terre, comme Il le fit pour ceux qui vécurent avant eux. (24,55)
Par le Mont ! Par un Livre écrit sur un parchemin déployé ! Par le Temple servi [servi par ses prêtres, cf. Régis Blachère, Le Coran, Maisonneuve & Larose, 1966, p.557] ! Par la voûte élevée ! Par la mer en ébullition [au Jour dernier] ! Le châtiment de ton Seigneur est inéluctable ; nul ne pourra le repousser, le Jour où le ciel sera agité d’un tourbillonnement, tandis que les montagnes se mettront en marche. Malheur, ce Jour-là, à ceux qui crient au mensonge et à ceux qui sont plongés dans les divertissements ! Ils seront poussés brutalement dans le Feu de la Géhenne […]. Oui, ceux qui craignent Dieu seront dans des Jardins, au sein de la félicité, jouissant de ce que leur Seigneur leur aura donné. (52,1-18)

LE DOCÉTISME

Provenant du grec dokein (« paraître »), le docétisme est une croyance attribuée à des gnostiques dualistes « qui associaient la matière au mal et qui pensaient donc que Dieu ne se serait pas incarné dans un corps matériel ». Autrement dit, en se faisant « chair », le Christ ne se faisait pas « homme » et ne possédait donc pas de corps physique. Il se contentait d’une simple apparence humaine. Car, être pleinement homme l’aurait rendu sensible à la souffrance (B. Ardura, op. cit., p. 339).

Or, l’islam considère cela comme impensable. C’est pourquoi la crucifixion, bien que réelle, ne concerne pas le Christ, affirme le Coran.

Nous les avons punis [les Juifs] parce qu’ils n’ont pas cru […] et parce qu’ils ont dit : “Oui, nous avons tué le Messie, Jésus, fils de Marie, le Prophète de Dieu”. Mais ils ne l’ont pas tué ; ils ne l’ont pas crucifié, cela leur est seulement apparu ainsi. (4,157)

Bien que le terme « docétisme » soit apparu à la fin du IIème siècle, l’idée qui le sous-tend s’était propagée au tout début du christianisme, comme le montre sa condamnation par l’apôtre saint Jean dans sa première épître où il met en garde contre les « faux prophètes » :

« A ceci vous reconnaissez l’esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu ; c’est là l’esprit de l’Antichrist. Vous avez entendu dire qu’il allait venir ; eh bien ! maintenant, il est déjà dans le monde » (1 Jn 4, 2-3).

Combattue par saint Ignace, évêque d’Antioche (35-107), et saint Irénée, cette hérésie fut condamnée en 381 lors du premier concile de Constantinople, convoqué par l’empereur Théodose 1er. Ce concile atteste pour la première fois l’historicité de l’incarnation et de la crucifixion : Jésus « a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate ».

LE MANICHÉISME

Cette doctrine doit son nom à un gnostique araméen, Mani (env. 216-274). Originaire de la Babylonie du sud (actuel Irak), alors province de l’Empire perse sassanide, « il appartenait par son milieu familial à une communauté judéo-chrétienne baptiste où circulaient toutes sortes de légendes orales et d’écrits profanes et religieux », inspirés d’influences diverses (païennes, bouddhiques et chrétiennes). Parmi ses nombreux livres, figure un Évangile vivant (cf. Michel Tardieu, « Le manichéisme : recherches actuelles », Histoire du Coran, op. cit., chap. X).

Obéissant à un ordre prétendument reçu d’un ange qui lui enjoignait de se séparer de sa communauté d’origine – les baptistaï (baptiseurs ou baptistes) -, « Mani se présente comme le dernier successeur d’une longue liste de Messagers célestes et dont, à partir d’Adam, Zoroastre, Bouddha et Jésus sont les principaux ». Mais, « alors que les enseignements de ses prédécesseurs n’étaient que partiels et voilés, la connaissance apportée par Mani est l’expression claire et totale de la vérité, la gnose plénière », souligne le Père Antoine Moussali, lazariste libanais (Musulmans, juifs et chrétiens au feu de la foi, Éditions de Paris, 2002, p. 181).

En prétendant être « l’Envoyé suprême », Mani revendiquait sa venue et sa mission comme ayant été annoncées par le Christ ; il s’identifiait ainsi au Paraclet décrit par saint Jean dans son Évangile (Jn 15, 26 ; 16, 7-9 ; saint Jean y décrivait cependant l’Esprit saint et non un homme).

Or, le Coran attribue cette annonce de Jésus à la venue du « prophète » de l’islam.

Jésus, fils de Marie, dit : “Ô fils d’Israël ! Je suis en vérité le Prophète de Dieu envoyé vers vous pour confirmer ce qui, de la Torah, existait avant moi ; pour vous annoncer la bonne nouvelle d’un Prophète qui viendra après moi et dont le nom sera Ahmad”. (61,6)

En arabe, la tradition islamique a donné au nom Ahmad le sens de « celui qui est loué », et prétendu que le mot « Paraclet » se traduirait ainsi dans cette langue pour faire annoncer la venue de Mahomet par Jésus, à la manière de Mani.

Le manichéisme aurait-il de plus inspiré la qualification de « Sceau des prophètes » que le Coran donnera trois siècles plus tard à Mahomet ?

Mahomet n’est le père d’aucun homme parmi vous, mais il est le prophète de Dieu ; le sceau des prophètes. Dieu connaît parfaitement toute chose. (33,40)

Selon A. Moussali, Mani aurait légué à l’islam d’autres éléments, en particulier le concept de « religion du Livre ». Lui-même a laissé plusieurs ouvrages dans lesquels il consignait par écrit ce qu’il affirmait lui être révélé par un ange. Or, la tradition islamique attribue aussi à un ange – Gabriel – la « dictée divine » du Coran. S’y ajoutent : l’accusation de falsification des Écritures par les juifs et les chrétiens, la négation de la divinité et de la crucifixion du Christ (sur ce point, cf. supra le passage sur le docétisme), les ablutions rituelles, le jeûne de 30 jours selon le calendrier lunaire (antécédent du Ramadan ?).

Mgr Pierre Claverie, l’évêque d’Oran assassiné en 1996 et béatifié en 2018, évoquait lui aussi ce rapport entre Mani et Mahomet (Le livre de la foi, Cerf, 1996, p. 81).

Michel Tardieu souligne enfin que « la présence matérielle du livre manichéen dans l’Iran en cours d’islamisation, tout comme antérieurement dans l’Arabie préislamique et chez les Qoreiche (tribu de Mahomet), est le fait fondamental à retenir ». Il ajoute que « les traits du manichéisme d’avant l’islam (prééminence du livre et recherche d’une protection politique) restent dominants au cours des deux premiers siècles islamiques (VIIè-VIIIè) » (op. cit., p. 473). De fait, le manichéisme connut une expansion foudroyante bien au-delà des limites du Levant. Avant sa conversion, saint Augustin d’Hippone (v. 354 – 430) en fut un adepte.

À suivre…

Source Le salon Beige

Le Coran fatras gnostique et d’hérésies

Le totalitarisme biopolitique mondial.

Comité international d’éthique en biomédecine (CIEB)
Avis (n° 20) : Les « faits conspirationnistes » et la répression des bio-crimes contre l’humanité

L’assentiment du public aux déclarations des parties prenantes concernant l’affaire Covid a désormais pris des dimensions et des niveaux tels qu’ils configurent les symptômes du syndrome de Stockholm(1).
Il y a quelques semaines, les déclarations de la direction de Pfizer concernant l’absence de tests sur le soi-disant vaccin anti-Covid, lors d’une audition officielle devant le Parlement européen, sont tombées dans un vide inquiétant de l’attention publique(2) ; ces derniers jours, les déclarations faites au Forum économique mondial de Davos par la direction de Moderna concernant la disponibilité dudit vaccin avant même la propagation du virus Sars-Cov-2 et l’épidémie de Covid qui en a résulté, ont été suivies d’un singulier manque de considération, qui dénote une apathie généralisée(3).
Si la froideur d’une opinion publique distraite par mille et une urgences paraît compréhensible, même si elle est manifestement téléguidée par des médias de connivence avec la narration officielle de l’affaire Covid, il n’en reste pas moins vrai que des déclarations d’une telle gravité doivent être soumises à l’examen des autorités judiciaires compétentes.
En effet, ils confirment ce qui a été souligné depuis le début de l’affaire Covid par une pluralité de chercheurs – dont le regretté prix Nobel Luc Montagnier – qui avaient dénoncé l’origine artificielle du virus Sars-Cov-2, voire sa probable dissémination volontaire dans l’environnement. Cette probabilité n’a pas encore été confirmée par les faits, mais de plus en plus d’éléments démontrent l’existence d’une stratégie de mystification médiatique planifiée et mise en œuvre pendant la pandémie dans le but premier de marginaliser ceux qui remettaient en cause le récit officiel : il suffit à cet égard de rappeler les « Dossiers Twitter » publiés le 26 décembre 2022, qui révèlent de manière concluante les pressions exercées par les services de la Commission européenne et des agences gouvernementales américaines afin de censurer les tweets des scientifiques qui exprimaient des opinions et des positions différentes de celles du gouvernement(4).

L’existence d’une véritable conspiration, passée pour une « théorie du complot » par ceux qui l’ont ourdie, est encore confirmée par les déclarations de certains dirigeants des entreprises pharmaceutiques produisant le « vaccin » anti-Covid, selon lesquelles l’hésitation à la vaccination était plus grande dans les États où un débat ouvert et transparent sur les risques et les effets indésirables du « vaccin » lui-même était autorisé(5).

L’ensemble des déclarations susmentionnées révèle, une fois pour toutes et définitivement, la logique sous-jacente des mesures de politique sanitaire adoptées par les États occidentaux : laisser en suspens la nécessité d’apporter une réponse thérapeutique au Covid pour favoriser une « campagne de vaccination » consistant en l’expérimentation de masse la plus vaste, capillaire et impitoyable de l’histoire. Emblématique en ce sens est le cas de l’Italie, où le ministère de la Santé, en imposant la stratégie de la  » tachipirina et de l’attentisme « , a empêché les médecins généralistes d’identifier et de développer des solutions thérapeutiques efficaces, qui la plupart du temps auraient pu être basées sur des médicaments déjà connus et peu coûteux(6).

La « campagne de vaccination », initialement fondée sur la terreur, a ensuite tiré parti de la dynamique solidaire pour glisser rapidement, à travers l’instrument du passeport vert, vers des mécanismes de récompense et atteindre finalement la destination prévue, à savoir l’introduction d’une véritable obligation de « vaccination ».
Que l’introduction de mécanismes et d’instruments de récompense – sur le modèle du système de crédit social propre à certains États – constitue la principale finalité socio-politique de l’affaire Covid est désormais évident pour tous, d’autant plus que ces mécanismes sont désormais de plus en plus répandus dans de nouveaux domaines autres que la santé : il suffit de penser à l’usage qui en a été fait en Chine à l’occasion des protestations contre la gestion gouvernementale de Covid ou contre le système bancaire (7).
Il est peut-être moins évident que l’affaire Covid a servi à accélérer la mise sur le marché – par le biais de procédures d’autorisation d’urgence controversées – de médicaments expérimentaux basés sur la technique de l’ARNm : des médicaments capables d’interagir avec l’ADN humain et donc susceptibles de produire des effets à court, moyen et long terme totalement imprévisibles, comme l’a noté le CIEB dans son avis n° 3 du 5 janvier 2022.
L’ensemble des déclarations susmentionnées révèle, une fois pour toutes et définitivement, la logique sous-jacente des mesures de politique sanitaire adoptées par les États occidentaux : laisser en suspens la nécessité d’apporter une réponse thérapeutique au Covid pour favoriser une « campagne de vaccination » consistant en l’expérimentation de masse la plus vaste, capillaire et impitoyable de l’histoire. Emblématique en ce sens est le cas de l’Italie, où le ministère de la Santé, en imposant la stratégie de la  » tachipirina et de l’attentisme « , a empêché les médecins généralistes d’identifier et de développer des solutions thérapeutiques efficaces, qui la plupart du temps auraient pu être basées sur des médicaments déjà connus et peu coûteux(6).
1 Voir l’avis du CIEB n° 16 du 17 octobre 2022, intitulé  » Vaccin Bourla et syndrome de Stockholm « .
2 Voir Pfizer representitive’s full hearing in the special COVID committee of the European Parliament ,
ainsi que dailywire.com/news/scandalous-pfizer-exec-tells-
Le législateur européen, M. Covid-Jab, n’a jamais été testé pour montrer qu’il a bloqué la transmission.
3 Voir Moderna CEO at Davos: Moderna Was Working on COVID Vaccine in Jan. 2020, Before COVID-19 Was Named,
4 Cfr. David Zweig on Twitter.
5 Cf. Moderna CEO blames scientifc, political ‘debate’ for low COVID vaccination rates – LifeSite.
6 Sur la corrélation entre la stratégie de la  » tachypyrine et de l’attente vigilante  » et la commercialisation des  » vaccins  » anti-Covid, voir l’avis du CIEB n°5 du 20 janvier 2022.

Le développement et l’acceptation sans critique de médicaments expérimentaux utilisant certaines méthodes de « thérapies géniques »que l’industrie pharmaceutique s’est empressée de présenter, après l’affaire Covid, comme des solutions efficaces et innovantes à des maladies graves aux résultats thérapeutiques incertains, telles que les maladies oncologiques – entraîneront un changement de paradigme culturel par lequel les systèmes de santé publique, avec la prétendue rareté des ressources disponibles, ne seront plus chargés de fournir des services thérapeutiques et de soins au profit des malades, mais de promouvoir une médecine « préventive » à imposer aux bien-portants au moyen de médicaments et de vaccins, dont la prise constituera, conformément à la méthode de récompense précitée, la condition sine qua non de la possession et de l’exercice des droits et libertés individuels(8).
Il est d’ailleurs indéniable qu’avec l’affaire Covid, la société occidentale, Italie en tête, est entrée dans l’ère de l’alignement forcé des citoyens sur les diktats gouvernementaux, dans une sorte de dictature faussement non violente, fondée sur la concession gracieuse de droits autrefois fondamentaux et inaliénables en échange de l’acceptation de toute imposition : Aujourd’hui, il s’agit d’exigences en matière de vaccination, demain, il pourrait s’agir de limites à la procréation ou de la sélection des caractéristiques génétiques des enfants à naître ou encore de l’euthanasie, dans un crescendo orwellien qui conduit inévitablement au bouleversement de l’anthropologie humaine et à la dissolution de la société civile.
Afin de contrer cette dérive, le CIEB demande l’activation des mécanismes judiciaires les plus appropriés pour établir les responsabilités de ceux qui ont conçu, mis en œuvre ou cautionné la conspiration décrite ci-dessus et de ceux qui, dans ce contexte, ont commis des infractions pénales de nature à intégrer les extrêmes d’une nouvelle catégorie particulière de crimes internationaux : les bio-crimes contre l’humanité.
En formulant ce souhait, le CIEB est conscient non seulement de l’existence de règles garantissant, en Italie, un bouclier pénal aux médecins-expérimentateurs qui se sont prêtés à la  » campagne de vaccination  » anti-Covid, mais aussi de la tentation récurrente d’étendre ce bouclier pénal aux  » titulaires d’organes de direction ou de gestion  » dans le cadre de projets transversaux de pacification nationale post-urgence(9).
7 Cf. La Cina applica Orwell: bloccato il green pass a chi protesta – Claudio Romiti.
8 Voir l’avis du CIEB n°18 du 2 décembre 2022 sur le totalitarisme biopolitique mondial.
9 Il s’agit de la tentative, pour l’instant dépassée, d’introduire une modification du décret « Cure Italy » afin de limiter « aux seuls cas de faute intentionnelle ou de négligence grave » la responsabilité civile, pénale et administrative-comptable des « titulaires d’organismes de politique ou de gestion » qui, pendant la situation d’urgence sanitaire, ont adopté « dans l’exercice de leurs fonctions institutionnelles, y compris les fonctions réglementaires ou administratives, des mesures de protection contre les risques d’incendie et d’incendie ».
Des dispositions réglementaires ou administratives, … des arrêtés, des directives, des circulaires, des recommandations, des avis, des actes ou des mesures, quelle que soit leur dénomination, dont la mise en œuvre effective par les établissements sanitaires et socio-sanitaires, les professionnels de santé, les organismes chargés de la gestion de l’urgence ou les autres personnes publiques ou privées tenues de les mettre en œuvre, a causé des dommages à des tiers ».
Plus significative encore, dans le cadre de la même proposition d’amendement, est la disposition selon laquelle  » L’évaluation de la gravité de la faute (…) est faite (…) en considération du caractère exceptionnel et nouveau de l’urgence, des contraintes de dépenses prévues par la législation, et de la nécessité de prendre en compte la nécessité de prendre en compte la gravité de la faute « .
Cependant, il appartient au CIEB de rappeler que, selon le principe d’universalité de la juridiction pénale, l’auteur d’un crime international peut être jugé par n’importe quel État, dans l’intérêt de l’ensemble de la communauté internationale et quel que soit le lieu où le crime a été commis : par conséquent, si des preuves devaient émerger pour prouver que les mesures mises en place par les individus qui, à quelque titre que ce soit, ont conçu, mis en œuvre ou avalisé la gestion de la pandémie, intègrent les extrêmes des bio-crimes contre l’humanité, les individus en question pourraient être déférés devant la Cour pénale internationale ou devant les tribunaux des États disposés à engager des poursuites.
Sur la base de ces considérations, le CIEB exprime l’espoir supplémentaire et définitif que la société civile se mobilisera au plus vite pour apporter les preuves des crimes en question et exiger la punition exemplaire de leurs auteurs – à l’instar de ce qui s’est passé dans le passé pour les criminels nazis – afin de rendre enfin justice aux victimes de la plus grave crise démocratique de l’histoire contemporaine.

CIEB, 25 janvier 2023
Le texte original de l’avis est publié à l’adresse suivante : : CIEB – ECSEL

Source en italien Stilum Curiae Marco Tosatti

Le totalitarisme biopolitique mondial.

VAS ELECTIONIS EST MIHI ISTE

VAS ELECTIONIS EST MIHI ISTE


Homélie de l’archevêque Carlo Maria Viganò en la fête de la conversion de l’apôtre saint Paul


Egregie Docteur Paule, mores instrue,

Et nostra tecum pectora in cœlum trahe ;

Velata dum meridiem cernat fides,

Et solis instar sola regnet caritas.


O glorieux Docteur Paul, enseignez les lois

et attirez nos esprits avec vous au ciel,

jusqu’à ce que la foi obscurcie aperçoive le midi.

et la Charité seule règne à l’image du soleil.



La conversion de saint Paul est une conquête de saint Étienne, et ce n’est pas par hasard que la divine Liturgie place cette fête quelques jours après celle du Protomartyr, que le Juif Saul, obéissant à l’Ancienne Loi et fidèle exécuteur de la volonté des Grands Prêtres, vit martyriser sous ses yeux et peut-être lui-même martyrisé, croyant accomplir une action conforme aux préceptes observés par tout Juif orthodoxe. Dom Guéranger commente : Pour compléter la cour de notre grand Roi, il convenait d’élever de part et d’autre de la crèche les deux puissants piliers de l’Église, l’Apôtre des Juifs et l’Apôtre des Gentils : Pierre avec les clés et Paul avec l’épée. Ainsi Saul, de juif pratiquant et persécuteur des chrétiens, devient Paul, conquérant des païens à l’Évangile.

Aujourd’hui, la puissance du Christ abat son ennemi, et sa miséricorde le relève, faisant de lui un champion de la foi et le compagnon du Prince des Apôtres, avec lequel il versera son propre sang dans l’Urbe : O Roma felix, quæ duorum Principum es consecrata glorioso sanguine, chantons-nous dans l’hymne Decora lux. Heureuse Rome, consacrée par le sang glorieux des deux princes ! Un sang glorieux parce que de lui, versé pour l’amour du Christ, naît non pas la mort mais la vie, non pas la défaite mais la victoire, non pas l’ignominie du supplice mais la gloire de la palme du martyre.

Lorsque les pasteurs obéissaient à Dieu et ne poursuivaient pas les tromperies de ce monde, de la fête de la Chaire de saint Pierre à Rome à celle de la Conversion de saint Paul, l’Octave de prière était organisée pour la conversion des non-catholiques, des schismatiques, des hérétiques et des païens. La nouvelle église, dans la lignée de Vatican II, a renié sa mission et cherche à cacher ce qui nous sépare des sectes et des idolâtres, en mettant l’accent sur ce qui, selon eux, nous unit. Et ce moment de prière est devenu la « Semaine pour l’unité des chrétiens », faisant passer les objectifs d’un œcuménisme insensé avant la mission surnaturelle de la prédication de la vraie foi. Je vous invite donc à prier pour les clercs et prélats qui persécutent les bons catholiques, et pour ceux qui, comme Saul, croient respecter les préceptes de la loi alors qu’ils sont dans l’erreur. Nous demandons au Seigneur de se montrer à eux et de les convertir, comme l’Apôtre des Gentils a été converti.

Ne soyez pas surpris par ce parallèle : le voile du Temple déchiré pour de bon au moment de la mort du Sauveur sur la Croix a mis fin à l’ancienne Alliance, faisant de l’Église du Christ le nouvel Israël, et des baptisés le nouveau peuple élu. Cette Alliance nouvelle et éternelle, scellée dans le Sang de l’Agneau dont les sacrifices du Temple étaient une figure, accueillait de nombreux enfants de la Synagogue, éclairés par les prophéties messianiques et confirmés par les miracles du Seigneur : parmi eux, beaucoup qui, comme Saul, obéissaient à la Loi jusqu’à ce qu’ils soient touchés par la Grâce qui leur montrait l’accomplissement des Écritures en Jésus-Christ. Et tandis que l’aveuglement de la perfidie ne permettait pas de voir la Lumière venue dans le monde et la rejetait ; tandis que le Sanhédrin conspirait avec Pilate dans la crainte de voir son pouvoir compromis et cachait aux simples les vérités inscrites dans les rouleaux d’Isaïe et des saints Prophètes… Alors que Saul essayait dans toutes les synagogues de forcer les chrétiens par des menaces à blasphémer (Ac 26,11), c’est-à-dire à nier la divinité du Christ et sa venue en tant que Messie promis, le grand miracle de la conversion se préparait : instantanée, immédiate, rapide comme l’éclair comme toutes les choses concernant Dieu.

Le chemin de la conversion est parfois ardu et long, parsemé de difficultés et de chutes ; mais la conversion elle-même se produit avec la force et la puissance dont le Seigneur est capable, lorsqu’Il nous touche avec la lumière de la Vérité et le feu de la Charité. Qui es-tu, Seigneur ? demande Saul, jeté à bas de son cheval ; Je suis Jésus, que tu persécutes (Ac 9, 5). Dans la lumière éblouissante où résonne la voix du Christ, l’un des inquisiteurs les plus redoutés du Temple reconnaît le miracle, comprend le divin Artificier, se tourne vers lui en l’appelant  » Seigneur « , obéit à l’ordre de se rendre à Damas. Il reste ébloui et aveugle pendant trois jours, et pendant trois jours il jeûne, en préparation mystique de l’épiphanie du Christ.

Avec un autre miracle, Ananias est chargé d’aller guérir Saul de Tarse, et il est étonné parce que le Juif a l’autorisation des grands prêtres d’arrêter tous ceux qui invoquent ton nom (Ac 9,14). Et le Seigneur lui répond : « Va, car il est un de mes instruments choisis pour porter mon nom devant les peuples, les rois et les enfants d’Israël ; et je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (ibid., 15-16). Se rendant donc auprès de Saul, Ananias lui impose les mains et le guérit, faisant tomber de ses yeux le voile de l’aveuglement, figure de l’obscurcissement de la vue de l’âme. Rempli de l’Esprit Saint, Saul fut immédiatement baptisé (ibid., 18) et reçut le nom de Paul.

Aujourd’hui encore, un sanhédrin de partisans de Vatican II envoie ses ministres dans les synagogues pour persécuter les catholiques traditionnels, afin qu’ils soient punis et amenés à observer les rites réformés. Aujourd’hui encore, il existe des Saul zélés et terribles qui recherchent les fidèles pour les « forcer à blasphémer », à nier l’enseignement du Christ et à obéir aux grands prêtres et aux scribes du peuple. Beaucoup d’entre eux croient qu’ils sont justes et respectent la loi. Mais la puissance de Dieu, qui renverse et renverse les orgueilleux, veut toucher l’âme de ceux-là comme elle l’a fait avec Saül. C’est pour ceux-là, chers fidèles, que je vous invite à prier : que le Seigneur montre sa puissance pour les renverser de leurs certitudes granitiques, pour les aveugler dans leur orgueil ; et qu’il use de sa miséricorde envers eux pour les relever, leur rendre la vue spirituelle, les remplir du Saint-Esprit et en faire ses apôtres.

Nous prions pour que les prélats et les prêtres qui obéissent aujourd’hui au Sanhédrin romain, qui ne veulent pas reconnaître le Christ Roi tout en rendant hommage à César, soient éclairés par la Grâce du Seigneur. Pour qu’ils puissent retourner dans les synagogues comme Paul pour proclamer Jésus le Fils de Dieu (ibid., 20), pour prouver que Jésus est le Christ (ibid., 22), pour prêcher que le Sacrifice de l’Alliance nouvelle et éternelle est renouvelé sur l’autel de ceux qu’ils ont persécutés jusqu’à présent. Prions pour que, même de ce Monseigneur, de cet Évêque, de ce Cardinal, on puisse dire : Mais n’est-ce pas lui qui, à Jérusalem, s’est déchaîné contre ceux qui invoquent ce nom et qui est venu ici précisément pour les conduire enchaînés aux grands prêtres ? (ibid., 21).

Si nous savons témoigner de notre Foi dans le Seigneur et de notre fidélité au Saint Sacrifice de la Messe, qui est le cœur et l’âme battante de notre très sainte Religion, nous pourrons faire avec ces âmes touchées par la Grâce ce que les disciples ont fait à Damas : leur parler du Christ, les faire rester avec nous pour qu’elles grandissent et marchent dans la crainte du Seigneur (ibid., 31). Peut-être ce prélat qui est venu nous forcer à accepter les rites réformés voudra-t-il célébrer la Sainte Messe traditionnelle, découvrant combien son propre sacerdoce est confirmé et nourri par la divine Liturgie, combien son âme de lévite trouve un accomplissement parfait dans la répétition des paroles du Sauveur qui s’immole sur l’autel, comme il s’est immolé une fois pour toutes sur la Croix. Peut-être que cet évêque venu avec des intentions de combat se rendra compte qu’il persécute le Christ, et voudra devenir son apôtre et son disciple, après avoir été son persécuteur par ordre du Sanhédrin.

Et il comprendra – comme nous avons compris, par la grâce de Dieu et malgré notre indignité – combien il doit souffrir pour l’amour de mon nom.

C’est notre souhait le plus cher, c’est notre prière, c’est la raison de notre témoignage.

Ainsi soit-il.

25 janvier 2023

En la fête de la conversion de Saint Paul Apôtre

Source Stilum Curiae Marco Tosatti

VAS ELECTIONIS EST MIHI ISTE

Un constat lucide

« LE FIL AUQUEL EST SUSPENDU LE CONCILE »


Une réponse à Reid, Cavadini, Healy, Weinandy.

Et brachia ex eo stabunt,

et polluent sanctuarium fortitudinis,

et auferent juge sacrificium :

et dabunt abominationem in desolationem. Dan 11, 31


J’ai suivi avec intérêt le débat en cours sur Traditionis Custodes et le commentaire de Dom Alcuin Reid (ici) dans lequel il réfute Cavadini, Healy et Weinandy sans toutefois parvenir à une solution aux problèmes constatés. Avec cette contribution, je souhaite indiquer une voie possible pour sortir de la crise actuelle.

Vatican II, n’étant pas un concile dogmatique, n’a pas cherché à définir des vérités doctrinales, se limitant à réaffirmer indirectement – et d’ailleurs souvent de manière équivoque – des doctrines précédemment définies de manière claire et sans équivoque par l’autorité infaillible du Magistère. Il a été considéré de manière indue et forcée comme « le » Concile, le « superdogme » de la nouvelle « église conciliaire », au point de la définir par rapport à cet événement. Dans les textes du Concile, il n’est pas fait mention explicite de ce qui a été fait alors dans le domaine liturgique, en le faisant passer pour l’accomplissement de la Constitution Sacrosanctum Concilium. Au contraire, les critiques sont nombreuses à l’égard de la soi-disant « réforme », qui représente une trahison de la volonté des Pères du Concile et de l’héritage liturgique pré-conciliaire.

Nous devrions plutôt nous demander quelle valeur nous devrions accorder à un acte qui n’est pas ce qu’il veut paraître être : c’est-à-dire, si nous pouvons moralement considérer comme « Concile » un acte qui, au-delà de ses prémisses officielles – c’est-à-dire dans les grandes lignes préparatoires longuement et minutieusement formulées par le Saint-Office – s’est avéré subversif dans ses intentions non avouées et malveillant dans les moyens à employer par ceux qui, comme cela s’est produit alors, ont voulu l’utiliser dans un but totalement opposé à celui pour lequel l’Église a institué les Conseils œcuméniques. Cette prémisse est indispensable pour pouvoir ensuite évaluer objectivement aussi les autres événements et actes du gouvernement de l’Église qui en découlent ou s’y réfèrent.

Laissez-moi vous expliquer plus en détail. Nous savons qu’une loi est édictée sur la base d’un mens, c’est-à-dire d’une finalité bien précise, qui ne peut faire abstraction de l’ensemble du système juridique dans lequel elle s’inscrit. C’est du moins la base du droit que la sagesse de l’Église a acquis de l’Empire romain. Le législateur édicte une loi dans un but précis et la formule de manière à ce qu’elle ne soit applicable qu’à ce but précis ; il évite donc tout élément qui pourrait rendre la loi équivoque quant au destinataire, au but, au résultat. La convocation d’un concile œcuménique est la convocation solennelle des évêques de l’Église, sous l’autorité du Pontife romain, pour définir des aspects particuliers de la doctrine, de la morale, de la liturgie ou de la discipline ecclésiastique. Mais ce que chaque Concile définit doit en tout cas s’inscrire dans le cadre de la Tradition et ne peut en aucun cas contredire le Magistère immuable, car si c’était le cas, cela irait à l’encontre de la finalité qui légitime l’autorité dans l’Église. Il en va de même pour le Pape, qui n’a un pouvoir complet, immédiat et direct sur toute l’Église que dans les limites de son mandat : confirmer les frères dans la Foi, paître les agneaux et les brebis du troupeau que le Seigneur lui a confié.

Dans l’histoire de l’Église, jusqu’à Vatican II, il n’est jamais arrivé qu’un concile puisse annuler de facto les conciles qui l’ont précédé, ni qu’un concile pastoral – un ἅπαξ de Vatican II – puisse avoir plus d’autorité que vingt conciles dogmatiques. Pourtant, cela s’est produit, dans le silence de la majorité de l’épiscopat et avec l’approbation de pas moins de cinq Pontifes romains, de Jean XXIII à Benoît XVI. Au cours de ces cinquante années de révolution permanente, aucun pape n’a jamais remis en question le « magistère » de Vatican II, ni osé condamner ses thèses hérétiques ou clarifier ses thèses équivoques. Au contraire, tous les papes depuis Paul VI ont fait de Vatican II et de sa mise en œuvre l’axe programmatique de leur pontificat, subordonnant et liant leur autorité apostolique aux diktats conciliaires. Ils se sont distingués par une nette distance par rapport à leurs prédécesseurs et une autoréférence marquée de Roncalli à Bergoglio : leur « magistère » commence avec Vatican II et s’arrête là, et leurs successeurs proclament saints leurs prédécesseurs immédiats pour le simple fait d’avoir convoqué, conclu ou mis en œuvre le Concile. Même le langage théologique s’est adapté à la nature équivoque des textes conciliaires, allant jusqu’à adopter comme définitives des doctrines qui, avant le Concile, étaient considérées comme hérétiques : pensez à la laïcité de l’État, aujourd’hui considérée comme évidente et louable ; à l’œcuménisme irénique d’Assise et d’Astana ; au parlementarisme des Commissions, du Synode des évêques, de la « voie synodale » de l’Église allemande.

Tout cela part d’une hypothèse que presque tout le monde tient pour acquise : que Vatican II peut revendiquer l’autorité d’un Concile œcuménique, devant lequel les fidèles doivent suspendre tout jugement et s’incliner humblement devant la volonté du Christ, exprimée infailliblement par les Pasteurs sacrés, bien que sous une forme pastorale et non dogmatique. Mais ce n’est pas le cas, car les Pasteurs sacrés peuvent être trompés par une conspiration colossale visant à l’utilisation subversive d’un Concile.


Ce qui s’est produit globalement avec Vatican II s’est produit localement avec le synode de Pistoia en 1786, où l’autorité de l’évêque Scipione de Ricci – qu’il pouvait légitimement exercer en convoquant un synode diocésain – a été déclarée nulle par Pie VI pour le fait qu’il en a fait usage in fraudem legis, c’est-à-dire contre la ratio qui préside et oriente toute loi de l’Église[1] : parce que l’autorité dans l’Église appartient à Notre Seigneur, qui en est la Tête, qui ne l’accorde sous forme vicaire à Pierre et à ses Successeurs légitimes que dans le cadre de la Tradition Sacrée. Ce n’est donc pas une hypothèse audacieuse que de supposer qu’un convoi d’hérétiques ait pu organiser un véritable coup d’État dans le corps ecclésiastique, dans le but d’imposer cette révolution qui fut organisée par la franc-maçonnerie avec des méthodes similaires en 1789 contre la monarchie de France, et que la carte moderniste. Suenens a été saluée comme une personne accomplie au Concile. Cela ne s’oppose pas non plus à la certitude de l’assistance divine du Christ sur son Église : non prævalebunt ne nous promet pas l’absence de conflits, de persécutions, d’apostasies ; il nous rassure sur le fait que dans la bataille furieuse des portæ inferi contre l’Épouse de l’Agneau, ils ne parviendront pas à détruire l’Église du Christ. L’Église ne sera pas vaincue tant qu’elle restera ce que son Pontife éternel lui a ordonné d’être. En outre, l’assistance spéciale de l’Esprit Saint sur l’infaillibilité pontificale n’est pas remise en cause lorsque le pape n’a pas l’intention de l’utiliser, comme dans le cas de l’approbation des actes d’un conseil pastoral. D’un point de vue théorique, l’utilisation subversive et malveillante d’un Concile est donc possible, notamment parce que les pseudo-chrétiens et les pseudo-prophètes mentionnés dans l’Écriture Sainte (Mc 13,22) pourraient tromper les élus eux-mêmes, y compris une bonne partie des Pères du Concile, et avec eux une multitude de clercs et de fidèles.

Si, par conséquent, Vatican II a été, comme il est évident, un instrument dont l’autorité et le pouvoir ont été frauduleusement utilisés pour imposer des doctrines hétérodoxes et des rites protestantisés, nous pouvons espérer que, tôt ou tard, le retour sur le trône d’un Pontife saint et orthodoxe remédiera à cette situation en le déclarant illégitime, invalide, nul et non avenu, comme le Concile de Pistoia. Et si la liturgie réformée exprime ces erreurs doctrinales et cette approche ecclésiologique que Vatican II contenait in nuce, et dont les créateurs avaient promis de manifester l’ampleur dévastatrice seulement après sa promulgation, aucune raison pastorale – comme le voudrait Dom Alcuin Reid ne pourra jamais justifier le maintien de ce rite fallacieux, équivoque, favens hæresim et totalement désastreux dans ses effets sur le saint peuple de Dieu. Le Novus Ordo ne mérite donc aucun amendement, aucune « réforme de la réforme », mais seulement la suppression et l’abrogation, en raison de son hétérogénéité irréconciliable par rapport à la Liturgie catholique, au Rite romain dont il prétendrait présomptueusement être l’unique expression, et à la doctrine immuable de l’Église. « Le mensonge doit être réfuté, comme l’indique saint Paul, mais celui qui est pris dans ses pièges doit être sauvé et non perdu », dit Dom Alcuin : mais pas au détriment de la Vérité révélée et de l’honneur dû à la Très Sainte Trinité dans l’acte suprême du culte ; car en donnant un poids excessif à la pastorale, on finit par mettre l’homme au centre de l’action sacrée, alors qu’il devrait plutôt y placer Dieu et se prosterner devant Lui dans un silence adorateur.

Et même si cela peut susciter l’étonnement des partisans de l’herméneutique de la continuité telle que conçue par Benoît XVI, je crois que Bergoglio a pour une fois parfaitement raison de considérer la messe tridentine comme une menace intolérable pour Vatican II, puisque cette messe est tellement catholique qu’elle désavoue toute tentative de coexistence pacifique entre les deux formes du même rite romain. En effet, il est absurde de concevoir une forme ordinaire montinienne et une forme extraordinaire tridentine pour un rite qui, en tant que tel, doit représenter la seule voix de l’Église romaine – a voce dicentes – à l’exception très limitée des vénérables rites de l’antiquité tels que l’ambrosien, le lyonnais, le mozarabe et les variations minimes du rite dominicain et autres. Je le répète : l’auteur de Traditionis Custodes sait très bien que le Novus Ordo est l’expression cultuelle d’une autre religion – celle de l' »église conciliaire » – que la religion de l’Église catholique dont la Messe de Saint Pie V est une parfaite traduction orante. Chez Bergoglio, il n’y a aucune volonté de régler le désaccord entre la lignée de la Tradition et la lignée de Vatican II. Au contraire, l’idée de provoquer une rupture est fonctionnelle à l’éviction des catholiques traditionnels, qu’ils soient clercs ou laïcs, de l' »église conciliaire » qui a remplacé l’Église catholique et qui conserve à peine (et sans le vouloir) son nom. Le schisme souhaité par Santa Marta n’est pas celui de la voie synodale hérétique des diocèses allemands, mais celui des catholiques traditionnels exaspérés par les provocations de Bergoglio, ses scandales judiciaires et ses déclarations intempestives et clivantes (ici et ici). Pour y parvenir, Bergoglio n’hésitera pas à pousser à l’extrême les principes établis par Vatican II, auxquels il adhère inconditionnellement : considérer le Novus Ordo comme la seule forme du Rite romain post-conciliaire, et abroger systématiquement toute célébration dans l’ancien Rite romain, car celui-ci est totalement étranger au cadre dogmatique du Concile.

Et il est bien vrai, au-delà de toute réfutation possible, qu’il n’y a aucune possibilité de conciliation entre deux visions ecclésiologiques hétérogènes, voire opposées. Soit l’un survit et l’autre succombe, soit l’un succombe et l’autre survit. La chimère d’une coexistence entre Vetus et Novus Ordo est impossible, artificielle, trompeuse : car ce que le célébrant accomplit parfaitement dans la Messe apostolique le conduit naturellement et infailliblement à accomplir ce que l’Église veut ; tandis que ce que le président de l’assemblée accomplit dans la Messe réformée est presque toujours entaché des variations autorisées par le rite lui-même, même si le Saint Sacrifice y est valablement réalisé. Et c’est précisément en cela que consiste la matrice conciliaire de la Nouvelle Messe : sa fluidité, sa capacité à s’adapter aux besoins des « assemblées » les plus disparates, le fait qu’elle puisse être célébrée aussi bien par un prêtre qui croit à la Transsubstantiation et la manifeste par les génuflexions prescrites que par celui qui croit à la Transsubstantiation et donne la Communion dans les mains des fidèles.

Je ne serais donc pas surpris si, dans un avenir très proche, ceux qui abusent de l’autorité apostolique pour démolir la Sainte Église et provoquer l’exode massif des catholiques « préconciliaires », n’hésitaient pas non seulement à restreindre la célébration de l’ancienne Messe, mais à aller jusqu’à l’interdire complètement, car dans cette interdiction s’incarne la haine sectaire contre le Vrai, le Bon, le Beau qui anime la conspiration des modernistes depuis la première session de leur idole, Vatican II. N’oublions pas que, conformément à cette approche fanatique et tyrannique, la messe tridentine a été abrogée avec désinvolture lors de la promulgation du Missale Romanum de Paul VI, et que ceux qui ont continué à la célébrer ont été littéralement persécutés, ostracisés, condamnés à mourir le cœur brisé et enterrés avec des funérailles dans le nouveau rite, comme pour sceller une misérable victoire sur un passé à oublier définitivement. Et à l’époque, personne ne se souciait des raisons pastorales de déroger à la rigueur du droit canonique, tout comme aujourd’hui personne ne se soucie des raisons pastorales qui pourraient inciter de nombreux évêques à accorder cette célébration dans le rite ancien auquel les clercs et les fidèles montrent un attachement particulier.

La tentative de conciliation de Benoît XVI, louable dans ses effets temporaires de libéralisation de l’Usus Antiquior, était vouée à l’échec précisément parce qu’elle découlait de l’illusion de pouvoir appliquer la synthèse de Summorum Pontificum à la thèse tridentine et à l’antithèse de Bugnini : cette vision philosophique influencée par la pensée hégélienne ne pouvait réussir en raison de la nature même de l’Église (et de la messe), qui est catholique ou ne l’est pas. Et qu’elle ne peut être à la fois fermement ancrée à la Tradition et secouée par les vagues de la mentalité sécularisée.

C’est pourquoi j’éprouve une grande consternation lorsque je lis que la messe apostolique est considérée par Dom Reid comme « une expression de cette pluralité légitime qui fait partie de l’Église du Christ« , parce que la pluralité des voix s’exprime dans la symphonie globale, et non dans la co-présence de l’harmonie et du vacarme strident. Il y a là un malentendu qu’il faut dissiper au plus vite, et qui sera très probablement guéri non pas tant par la dissidence timide et posée de ceux qui demandent la tolérance pour eux-mêmes en la reconnaissant à leur tour à ceux qui revendiquent des principes diamétralement opposés, mais par l’action intolérante et oppressive de ceux qui croient pouvoir imposer leur volonté en allant à l’encontre de celle du Christ Tête de l’Église, en présumant qu’ils peuvent gouverner le Corps mystique comme une multinationale, comme l’a justement souligné le Cardinal Müller dans son récent discours.

Pourtant, à y regarder de plus près, ce qui se passe aujourd’hui et ce qui se passera dans un avenir proche n’est rien d’autre que la conséquence logique des prémisses posées dans le passé, la prochaine étape d’une longue série de pas plus ou moins lents, sur lesquels beaucoup se sont tus, ont accepté, ont été soumis au chantage. Parce que ceux qui célèbrent habituellement la Messe tridentine mais continuent à célébrer occasionnellement le Novus Ordo – et je ne parle pas des prêtres soumis au chantage, mais de ceux qui pouvaient s’imposer ou qui avaient la liberté de choisir – ont déjà cédé sur les principes, acceptant de pouvoir célébrer indifféremment l’un ou l’autre, comme si les deux étaient équivalents, comme si – précisément – l’un était la forme extraordinaire et l’autre la forme ordinaire du même Rite. Et n’est-ce pas ce qui s’est passé, avec des méthodes similaires, dans la sphère civile, avec l’imposition de restrictions et la violation des droits fondamentaux, acceptées en silence par la majorité de la population, terrifiée par la menace d’une pandémie ? Dans ces circonstances également, avec des motifs différents mais des objectifs similaires, les citoyens étaient soumis à un chantage : « Soit vous vous faites vacciner, soit vous ne pouvez pas travailler, voyager, sortir au restaurant ». Et combien, sachant qu’il s’agissait d’un abus d’autorité, ont obéi ? Pensez-vous que les systèmes de manipulation du consensus sont très différents lorsque ceux qui les adoptent proviennent des mêmes rangs ennemis et sont dirigés par le même Serpent ? Pensez-vous que le plan Great Reset conçu par le Forum économique mondial de Klaus Schwab a des objectifs différents de ceux de la secte bergoglienne ? Le chantage ne portera pas sur l’état sanitaire, mais sur l’état doctrinal, et exigera de n’accepter que Vatican II et le Novus Ordo Missæ pour avoir des droits dans l’église conciliaire ; les traditionalistes seront qualifiés de fanatiques au même titre que les no-vax.

Lorsque la célébration de l’ancienne messe sera proscrite par Rome dans toutes les églises de l’Orbe, ceux qui ont cru pouvoir servir deux maîtres – l’Église du Christ et l’Église conciliaire – découvriront qu’ils ont été trompés, comme l’ont été les Pères du Concile avant eux. Ils devront alors faire le choix qu’ils avaient cru pouvoir éluder, et qui les obligera à désobéir à un ordre illégal pour obéir au Seigneur, ou à se plier à la volonté du tyran en manquant à leurs devoirs de ministres de Dieu. Que ceux qui ont évité de soutenir les quelques, très rares frères fidèles à leur sacerdoce, lorsqu’ils ont été montrés du doigt comme désobéissants ou inflexibles uniquement parce qu’ils avaient prévu la tromperie et le chantage, y pensent bien dans leur examen de conscience.

Il ne s’agit pas de déguiser la Messe montinienne en Messe ancienne, en essayant de dissimuler avec des vêtements et des chants grégoriens l’hypocrisie pharisienne qui l’a conçue ; il ne s’agit pas de supprimer la Prex eucharistica II ou de célébrer ad orientem : la bataille se joue sur la différence ontologique entre la vision théocentrique de la Messe tridentine et la vision anthropocentrique de sa contrefaçon conciliaire.

Ce n’est rien de moins que le combat entre le Christ et Satan. Une bataille pour la messe, qui est le cœur de notre foi, le trône où descend le divin Roi eucharistique, le calvaire sur lequel l’immolation de l’Agneau immaculé se renouvelle sous une forme non sanglante. Pas un dîner, pas un concert, pas une revue des excentricités ou une chaire pour les hérésiarques, pas un podium pour les rassemblements.

Une bataille qui sera renforcée spirituellement dans la clandestinité des prêtres fidèles au Christ, considérés comme excommuniés et schismatiques, tandis que dans les églises de rite réformé, l’infidélité, l’erreur, l’hypocrisie triompheront. Et l’absence : absence de Dieu, absence de saints prêtres, absence de bons croyants. L’absence – comme je l’ai dit dans l’Homélie pour la Chaire de Saint Pierre à Rome (ici) – de cette unité entre la Chaire et l’Autel, entre l’autorité sacrée des pasteurs et leur raison d’être même, selon le modèle du Christ, prêts à monter au Golgotha les premiers, à se sacrifier pour le troupeau. Ceux qui rejettent cette vision mystique de leur propre Sacerdoce finissent par exercer l’autorité qu’ils détiennent sans la ratification qui ne vient que de l’Autel, du Sacrifice, de la Croix : du Christ qui règne sur cette Croix comme Roi et Pontife même sur les souverains temporels et spirituels.

Si c’est ce que Bergoglio veut pour affirmer son pouvoir excessif dans le silence assourdissant du Sacré Collège et de l’Épiscopat, il sait qu’il rencontrera l’opposition ferme et décisive de nombreuses bonnes âmes, prêtes à lutter par amour du Seigneur et pour le salut de leurs âmes, et déterminées à ne pas céder, à un moment aussi formidable pour le destin de l’Église et du monde, à ceux qui voudraient annuler le Sacrifice perpétuel, comme pour faciliter l’ascension de l’Antéchrist au sommet du Nouvel Ordre Mondial. Nous comprendrons bientôt le sens des terribles paroles de l’Évangile (Mt 24, 15), dans lesquelles le Seigneur parle de l’abomination de la désolation dans le temple : l’abominable horreur de voir le trésor de la messe proscrit, de voir nos autels dépouillés, nos églises fermées, nos offices contraints à la clandestinité. C’est l’abomination de la désolation : la fin de la messe apostolique.

Lorsque Agnès, âgée de 13 ans, fut conduite au martyre le 21 janvier 304, de nombreux fidèles et prêtres avaient apostasié la Foi face à la persécution de Dioclétien. Devons-nous craindre l’ostracisme de la secte du Conseil, alors qu’une petite fille nous a donné un exemple de fidélité et de force d’âme devant le bourreau ? Cette fidélité héroïque a été louée par saint Ambroise et saint Damase : faisons en sorte de pouvoir mériter, même si nous en sommes indignes, les louanges futures de l’Église en nous préparant à ces épreuves dans lesquelles nous témoignons de notre appartenance au Christ.

21 janvier 2023

Sanctæ Agnetis Virginis et Martyris

[Trois ans avant la Révolution française, le Synode de Pistoia a formulé quelques doctrines hérétiques anticipant de manière significative les erreurs du modernisme que nous trouvons au Concile Vatican II : l’aversion pour les pieuses dévotions ; l’insinuation que la doctrine sur la Grâce et la prédestination devrait retourner à la pureté de l’antiquité après des siècles de déformation ; l’adoption de la langue vernaculaire dans la Liturgie et de nombreuses prières à haute voix ; la suppression des autels latéraux, l’utilisation de reliquaires et de fleurs sur les autels, les images de saints qui ne se trouvent pas dans les Écritures ; les insinuations sur la licéité d’une Messe à laquelle les fidèles ne communiquent pas ; l’utilisation de termes impropres dans la définition de la Consécration. À ces erreurs, Pie VI a répondu :  » Que la voix de Pierre ne se taise jamais sur sa Chaire, dans laquelle il vit et préside pour toujours, offrant la vérité de la foi à ceux qui la cherchent (Saint Chrysologue, Lettre à Eutiche).

Un constat lucide

Prêcher et catéchiser sur les fins dernières


En conclusion d’un chapitre sur la crise de la prédication des fins dernières (la mort, le jugement particulier et le jugement général, l’enfer, le paradis, et aussi le purgatoire, Guillaume Cuchet écrit : « Cette rupture au sein de la prédication catholique a créé une profonde discontinuité dans les contenus prêchés et vécus de la religion de part et d’autre des années 1960. Elle est si manifeste qu’un observateur extérieur pourrait légitimement se demander si, par-delà la continuité d’un nom et de l’appareil théorique des dogmes, il s’agit bien toujours de la même religion[1]. »


Érosion préconciliaire de cette prédication

En ce domaine comme en d’autres, le « grand déménagement » (Guillaume Cuchet) qu’a provoqué Vatican II, y compris dans les doctrines qu’il n’a pas lui-même revisitées, ce qui est le cas des fins dernières, a été précédé d’une longue et progressive dégradation interne. Celle-ci s’est accélérée, en tous domaines, à partir de la dernière guerre, avant l’affaissement brutal qui a suivi. Ainsi de la crise des vocations sacerdotales et religieuses, dont la courbe s’abaissait depuis longtemps, avant de s’effondrer à partir de 1965. Une image nous vient, trop forte sans doute, celle de la cité fantomatique du Sertão brésilien, décrite par Michel Bernanos dans L’envers de l’éperon, ville rongée par les termites dont murs et monuments vont s’effondrer à la moindre poussée.

À la fin des années cinquante, Julien Green, dans son Journal, faisait des allusions répétées au fait que l’on parlait déjà avec réticence des fins dernières. Un bon témoignage de cette gêne se trouve chez Jacques Maritain qui, dans un écrit de 1961, « Idées eschatologiques », qui sera publié de manière posthume dans Approches sans entraves[2], élabore un étonnant conte qui revient à évacuer le désespoir des damnés : finalement pardonnés après le jugement dernier, ils seraient transportés dans les limbes (auxquelles Maritain croyait donc encore) où ils jouiraient de la félicité naturelle que connaissent les enfants morts sans baptême. C’était une reprise, sur la pointe des pieds, de la théorie d’Origène, dite apocatastase, « rétablissement », qui soutenait que les peines de l’enfer n’étaient pas éternelles, et qui a été condamnée par le second concile de Constantinople.


Évanouissement postconciliaire

Cependant, ici comme ailleurs, le grand bouleversement dans la prédication est intervenu à partir du Concile. Au sein d’une bibliographie très important, on cite toujours la thèse d’histoire religieuse d’Yves Lambert, Dieu change en Bretagne : La religion à Limerzel de 1900 à nos jours[3]. Sur le point qui nous intéresse, il montre que, dans le bulletin paroissial de Limerzel, on a parlé du purgatoire et de l’enfer jusqu’en 1965, lorsque s’achève le Concile, puis qu’on avait cessé d’un coup et définitivement de le faire.

On ne saurait traiter Hans Urs von Balthasar de progressiste. Or, sa thèse sur l’enfer, à laquelle a répondu Mgr Christophe J. Kruijen, auteur de l’article qui suit, n’est pas marginale dans sa pensée mais elle tient au cœur de sa théologie. L’Écriture interdit de nier la possibilité de la damnation, concédait Balthasar, mais il s’interrogeait sur la possibilité de facto et même de jure de la damnation : « Nous ne savons pas si une liberté humaine est capable de se refuser jusqu’au bout à l’offre que lui fait l’Esprit de lui donner sa liberté propre et véritable[4]. » Autrement dit, selon lui, nous ne savons pas si l’homme est capable de pécher sans rémission. Le théologien de Bâle, qui n’hésitait pas en définitive à mettre au paradis les pires criminels non repentis, n’était pas suivi par des confrères bien plus progressistes, tel Edward Schillebeeckx, op, qui voyait pour les pires pécheurs la mort comme la fin de tout. Quant à Gustave Martelet il empruntait à Jean Elluin « l’enfer chirurgical », sorte de super-purgatoire qui détruirait dans l’âme des grand pécheurs toute la part mauvaise de leur volonté et laisserait, après une « division déchirante », le petit reste de bonne volonté dans la béatitude).

Le dérapage s’est d’ailleurs continué ou a d’ailleurs continué: « Que Dieu me pardonne, et la sainte Église, si je vais trop loin dans ces hypothèses », écrivait le très classique et très thomiste P. Marie-Joseph Nicolas op dans son Court traité de théologie (Desclée, 1990), qui en arrivait à pencher vers les théories de l’illumination post mortem, avec un « moment métaphysique » au-delà de la mort clinique où l’âme serait capable d’un dernier choix dans une lumière totale. Et même vers l’hypothèse d’un possible repentir pour les damnés, une « conversion de la haine à l’amour ».

Mais si l’enfer a disparu, le purgatoire n’est guère mieux traité : les prêtres qui en parlent encore dans les homélies d’enterrement sont considérés comme « rigides ». Au reste, les commentaires et homélies des messes de funérailles, quelle qu’ait été la vie du défunt, supposent son « entrée au ciel » immédiate. L’enterrement devient « enciellement »[5]. La vision surnaturelle du décès comme retour de l’âme du défunt auprès du Divin Juge disparaît au profit de la célébration de la vie terrestre du mort. Souvent, il est vrai, ce sont les familles qui sont responsables de cette apologie du mort, mais bien peu de prêtres les freinent dans cette approche erronée des funérailles et beaucoup les encouragent. Du coup, non seulement on ne prie plus pour le repos de l’âme de l’être disparu, on ne fait pas dire de messes pour lui, ni on ne s’avise de lui appliquer des indulgences pour abréger son purgatoire. Et pour peu que le défunt ait pratiqué et fait profession de catholicisme, c’est à peine si on ne lui demande pas ses prières du haut du ciel.

On est au cœur d’une théologie libérale où tout se tient, ou plutôt où tout se délite. L’appartenance à l’Église nécessaire au salut s’estompe ou, ce qui revient au même, est présumée exister chez tout un chacun : l’œcuménisme, avec sa « communion imparfaite » des séparés et le dialogue interreligieux, avec son « respect sincère » des autres religions, posent en principe que tout homme fait partie en quelque manière de l’Église et qu’il est engagé dans la voie du salut.

De même est gommée l’horreur de la rupture opérée par le péché empêchant l’union au Christ. Nous avons eu l’occasion de parler de cette hérésie ordinaire que constitue aujourd’hui la négation du péché originel[6]. De manière directe ou plus embarrassée, la très grande majorité des théologiens contemporains nient le caractère historique du péché originel, se refusant à dire qu’a été commis par le père de l’humanité un péché de désobéissance, qui lui a fait perdre la grâce de Dieu et les dons qui l’accompagnaient, de sorte qu’Adam a transmis une nature humaine blessée à toute sa descendance. Conforte cette relativisation de la foi au péché originel, l’abandon généralisé de la doctrine des limbes ou, pour être plus précis, le fait d’affirmer que des enfants morts sans baptême avant l’âge de raison peuvent cependant jouir de la vision béatifique[7].

C’est plus globalement le péché grave, le péché mortel, qui est, non pas nié, mais n’est plus ressenti comme jetant l’âme dans un état objectif de haine de Dieu. Et par le fait, la vie de grâce de l’âme et la vertu de charité sont généralisées et par le fait dévaluées : si le péché n’existe pas vraiment, la vie divine en l’âme n’est qu’un feu follet et l’amour que Dieu nous porte lui-même, peu jaloux et sans exigence, une caricature.

Le message moral se réduit à un discours vain, spécialement le message moral conjugal, d’Humanæ vitæ, que l’on considère comme « prophétique » c’est-à-dire en fait indiquant un idéal sans y obliger vraiment, à Amoris lætitia pour qui des personnes vivant dans l’adultère public peuvent parfois y demeurer sans commettre de péché grave (n. 301). Cette décadence est aggravée, dès l’immédiat après-Concile, par les « départs » nombreux de prêtres et religieux, qui furent et sont autant de scandales à proprement parler. Les abandons publics du célibat par des consacrés excusent les fidèles laïcs qui en prennent et en laissent avec la loi morale.

Ne pas craindre la peur de l’enfer

Jean de Viguerie avait vivement critiqué l’appellation de « pastorale de la peur » que Jean Delumeau appliquait à l’enseignement et à la prédication du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle, et même jusqu’à Vatican II. Selon J. de Viguerie il s’agissait d’un thème en vogue chez les chrétiens des années 1970, qui plaquaient leurs aspirations sur une histoire religieuse reconstituée de manière très approximative[8]. Jean Delumeau et ses suiveurs « déshistorisent » (Sylvio Hermann De Franceschi) écrits, sermons, etc., du passé, autrement dit font une lecture selon leur propre morale contemporaine. En réalité, les débats historiques sérieux portent sur le développement du rigorisme janséniste et gallican contrebattu par une morale dite « jésuite », moliniste, alphonsienne.

Or, c’est saint Ignace lui-même qui, dans ses Exercices spirituels, propose une méditation sur la plus objectivement terrifiante des réalités, celle de l’enfer : « Je verrai des yeux de l’imagination ces feux immenses, et les âmes des réprouvés comme enfermées dans des corps de feu (n. 66). J’entendrai, à l’aide de l’imagination, les gémissements, les cris, les clameurs, les blasphèmes contre Jésus-Christ Notre-Seigneur et contre tous les Saints (n. 67). Je me figurerai que je respire la fumée, le soufre, l’odeur d’une sentine et de matières en putréfaction (n. 68). » Il donne préalablement la motivation toute simple et équilibrée de cet exercice qu’il propose : « Je demanderai le sentiment intérieur des peines que souffrent les damnés, afin que, si mes fautes me faisaient jamais oublier l’amour du Seigneur éternel, du moins la crainte des peines m’aidât à ne pas tomber dans le péché (n. 65). »

Les Exercices spirituels ignatiens ont pour objet de préparer à des choix importants, des élections, notamment la réponse à une vocation, après une purification de l’âme, et un embrasement de sa générosité au sein de l’indifférence, c’est-à-dire d’un plein abandon à la volonté de Dieu, qui devra être la plus justement sensible aux motions par lesquelles l’Esprit-Saint intervient sur cette âme. C’est dans ce processus général qu’une « première semaine », une première étape d’une retraite de 40 jours est consacrée à la purification, selon une structure très simple qui fait méditer le retraitant sur deux thèmes : celui des péchés (péché des anges, péché originel, péché mortel) et celui de l’enfer, méditations accompagnées de pénitences prudentes mais sérieuses. Après quoi, l’exercitant pourra franchir les étapes suivantes pour entendre l’appel du Seigneur Jésus, tout en méditant sa vie, sa Passion, sa Résurrection.

Ce schéma de prédication, souvent condensé en 8 jours, a été élaboré dans le cadre de la rénovation spirituelle de la chrétienté qui a suivi le Concile de Trente. Bien d’autres types d’exercices¸ soit inspirés par ceux de saint Ignace, soit d’une visée parallèle, ont alors abondamment fleuri. Par exemple les missions paroissiales, sortes de retraites destinées à toucher le plus grand nombre et à renouveler la ferveur des fidèles. Elles ont eu un immense développement aux XVIIe et XVIIIe siècle, mais aussi au XIXe et jusques aux rives des années soixante du XXe siècle. Ces missions commençaient par une invitation pressante à la purification, au moyen de prédications sur le sens de l’existence, la mort, le péché, l’enfer, le purgatoire, pour conduire à des journées de confessions, souvent confessions générales de toute la vie, ce qui disposait les participants à entendre ensuite dans les meilleures dispositions les sermons sur la vie bienheureuse, l’amour de Dieu et du prochain, la nécessité de la prière, de la pratique de la messe et des sacrements, des commandements de Dieu et de l’Église, l’exercice des vertus, le pardon des offenses, la réconciliation avec ses ennemis, etc.

La condition nécessaire d’une rénovation religieuse est la remise à l’honneur d’une prédication de purification et d’engagement à la pénitence – ascèse de la vie, confession – par des exercices ou missions sous forme adaptée aux possibilités présentes, par l’aide spirituelle individuelle – la direction spirituelle sous toutes ses formes –, et surtout, plus généralement, dans la prédication ordinaire, l’enseignement du catéchisme, la formation doctrinale et spirituelle.

Les funérailles donnent une possibilité particulièrement favorable pour développer cette prédication, y compris à un public qui n’a plus qu’un lien ténu avec la religion et que la mort d’un proche peut placer dans des dispositions de plus grande réceptivité. Est-il besoin de souligner que cette invitation à la purification est par nature éminemment antimoderne.

Il nous paraît que l’intégration des fins dernières dans la prédication au sens plus large du terme – enseignement parlé, prêché, écrit – est aussi importante du point de vue de la pastorale concrète, du fait de la théologie qui la sous-tend, qu’est le retournement de l’autel en liturgie. À cette inflexion de la pastorale sont liés entre autres le sens du péché, le respect de la morale du mariage, la perception de la nécessité d’appartenir à l’Église, de la nécessité des « œuvres » (messes pour les défunts, indulgences), du baptême des petits enfants. Ce qui sera une réhabilitation de la pastorale, au sens authentique du terme, d’une pastorale catholique.

Voir aussi article de Mgr Christophe J. Kruijen : Ici

Par l’abbé Claude Barthe dans Res Novae

Prêcher et catéchiser sur les fins dernières

CATHEDRA VERITATIS


Homélie de l’archevêque Carlo Maria Viganò

à l’occasion de la fête de la Chaire de St Pierre à Rome



Deus, qui beato Petro Apostolo tuo,

collatis clavibus regni cælestis,

ligandi atque solvendi pontificium tradidisti :

concede ; ut, intercessionis ejus auxilio,

a peccatorum nostrorum nexibus liberemur.



Loué soit Jésus-Christ


Aujourd’hui, l’Église de Rome célèbre la fête de la Chaire de Saint Pierre, par laquelle l’autorité que Notre Seigneur a conférée au Prince des Apôtres trouve son symbole et son expression ecclésiale dans la Chaire. On trouve des traces de cette célébration dès le IIIe siècle, mais c’est pendant l’hérésie luthérienne que Paul IV, en 1588, établit que la fête de la Cattedra qua primum Romae sedit Petrus devait avoir lieu le 18 janvier, en réponse à la négation de la présence de l’Apôtre dans l’Urbe. L’autre fête, du premier diocèse fondé par saint Pierre, Antioche, est célébrée par l’Église universelle le 22 février.

Permettez-moi de vous signaler cet aspect important : de même que le corps humain développe des anticorps contre l’apparition d’une maladie, afin de pouvoir la vaincre lorsqu’elle l’infecte, de même le corps ecclésial se défend contre la contagion de l’erreur lorsqu’elle survient, en affirmant avec plus d’acuité les aspects du dogme menacés par l’hérésie. C’est pourquoi, avec une grande sagesse, l’Église a proclamé des vérités de foi à certains moments et pas avant, car ces vérités étaient jusqu’alors crues par les fidèles sous une forme moins explicite et articulée et n’avaient pas encore besoin d’être précisées. À la négation arienne de la nature divine de Notre Seigneur répondent les canons sacrés du Concile œcuménique de Nicée et les splendides compositions de l’ancienne liturgie ; à la négation de la valeur sacrificielle de la Messe, de la transsubstantiation, des suffrages, des indulgences répondent les canons sacrés du Tridentin, et avec eux les textes sublimes de la liturgie. La négation de la fondation du diocèse de Rome par l’apôtre Pierre dans une clé antipapale trouve une réponse dans la fête d’aujourd’hui, voulue par Paul IV précisément pour réaffirmer la vérité historique contestée par les protestants et renforcer la doctrine qui en découle.

Les hérétiques et leurs épigones néo-modernistes qui infestent l’Église du Christ depuis soixante ans agissent maintenant de manière inverse. Et lorsqu’ils ne nient pas sans vergogne le Magistère catholique, ils tentent ici de l’affaiblir en le réduisant au silence, en l’omettant, en le formulant de manière à le rendre équivoque et donc acceptable même pour ceux qui le nient. C’est ainsi qu’ont agi les hérésiarques du passé ; c’est ainsi qu’ont agi les novateurs de Vatican II ; c’est ainsi qu’agissent aujourd’hui ceux qui, pour ne pas être accusés d’hérésie formelle, cherchent à effacer les « défenses immunitaires » dont l’Église a été dotée, afin de faire tomber les fidèles dans l’erreur et de les contaminer par le fléau de l’hérésie. Presque tout ce que le Corps mystique avait sagement développé au cours des siècles – et en particulier au cours du deuxième millénaire de l’ère du Christ – en grandissant harmonieusement comme un enfant qui devient adulte et se renforce dans son corps et dans son esprit, a été volontairement occulté et censuré, sous le prétexte fallacieux de revenir à la simplicité primitive de l’antiquité chrétienne, et dans le but inavouable de dénaturer la foi catholique pour plaire aux ennemis de l’Église. Si vous prenez le Missel montinien, vous n’y trouverez pas d’hérésies explicites ; mais si vous le comparez au Missel traditionnel, vous vous rendrez compte que l’omission de tant de prières composées pour défendre la Vérité révélée était plus que suffisante pour rendre la Messe réformée acceptable même pour les luthériens, comme ils l’ont eux-mêmes admis après la promulgation de ce rite funèbre et équivoque. En confirmation de cela, même les fêtes de la Chaire de Saint Pierre à Rome et à Antioche ont été unifiées, au nom de cette culture cancell que la secte moderniste a adopté dans la sphère ecclésiastique bien avant que la gauche wokish se l’approprie dans la sphère civile.

Nous célébrons aujourd’hui les gloires de la papauté, symbolisées par la cathèdre apostolique que le génie du Bernin a composée artistiquement sur l’autel de l’abside de la basilique vaticane, surmontée du vitrail en albâtre représentant le Saint-Esprit et soutenue par quatre docteurs de l’Église : saint Augustin et saint Ambroise pour l’Église latine, saint Athanase et saint Jean Chrysostome pour l’Église grecque. Dans la conception originale, qui est restée intacte à travers les siècles, la Chaire était située au-dessus d’un autel, que la fureur dévastatrice des Novateurs n’a pas épargné, le déplaçant entre l’abside et le baldaquin du Confessionnal. Or, c’est précisément dans l’unité architecturale de l’autel et de la cathèdre – aujourd’hui délibérément oblitérée – que nous trouvons le fondement de la doctrine de la Primauté de Pierre, qui est fondée sur le Christ, lapis angularis, tout comme l’autel du sacrifice, également symbole du Christ, est fait de pierre.

Nous célébrons la papauté dans une phase historique de crise grave et d’apostasie, s’élevant jusqu’au trône sur lequel Pierre s’est assis pour la première fois. Et tandis que nous nous déchirons le cœur en contemplant les ruines causées par les ravages des novateurs au détriment de tant d’âmes et de la gloire de la divine Majesté ; tandis que nous implorons du Ciel une lumière qui nous permette de comprendre comment combiner le Non prævalebunt avec le filet d’hérésies et de scandales répandus par celui que la Providence nous a infligé à la tête du corps ecclésial en punition des péchés commis par la Hiérarchie au cours des dernières décennies ; tandis que nous voyons la division se répandre entre ceux qui se berçaient de l’illusion qu’ils avaient encore un Pape isolé dans le Monastère et le schisme des diocèses d’Europe du Nord avec leur malheureux parcours synodal fortement souhaité par Bergoglio, il tombe sous nos yeux la prophétie de Léon XIII d’heureuse mémoire, qui voulait inclure dans la prière d’exorcisme contre Satan et les anges apostats ces mots formidables qui, à l’époque, ont dû paraître presque scandaleux, mais qu’aujourd’hui nous comprenons dans leur sens surnaturel :

Ecclesiam, Agni immaculati sponsam, faverrimi hostes repleverunt amaritudinibus, inebriarunt absinthio ; ad omnia desiderabilia ejus impias miserunt manus. Ubi sedes beatissimi Petri et Cathedra veritatis ad lucem gentium constituta est, ibi thronum posuerunt abominationis et impietatis suæ ; ut percusso Pastore, et gregem disperdere valeant.

Des ennemis terribles ont rempli d’amertume l’Église, épouse de l’Agneau sans tache, ils l’ont empoisonnée avec de l’absinthe ; ils ont posé leurs mains impies sur toutes les choses désirables. Là où le siège du très saint Pierre et la chaire de vérité avaient été érigés pour éclairer les nations, ils ont placé le trône de leur abomination et de leur impiété, afin qu’en abattant le berger, ils dispersent aussi le troupeau. Ces paroles n’ont pas été écrites au hasard : elles ont été écrites après que Léon XIII, à la fin de la messe, ait eu une vision dans laquelle le Seigneur accordait à Satan une période d’environ cent ans pour mettre à l’épreuve les hommes de l’Église. Ils font écho au message de la Sainte Vierge à La Salette cinquante ans plus tôt : « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist », et ils précèdent d’un peu plus d’une décennie la troisième partie du secret de Fatima dans laquelle, selon toute vraisemblance, la Vierge a prédit l’apostasie de la Hiérarchie avec le Concile Vatican II et la réforme liturgique.

Au cours des siècles, tout croyant a pu se tourner vers Rome comme vers un phare de vérité. Aucun pape, pas même le plus controversé de l’histoire comme Alexandre VI, n’a jamais eu l’audace d’usurper son Autorité Apostolique sacrée pour démolir l’Eglise, adultérer son Magistère, corrompre sa Morale, banaliser sa Liturgie. Dans les tempêtes les plus déstabilisantes, la Chaire de Pierre est restée invaincue et, malgré les persécutions, elle n’a jamais manqué de remplir le mandat que lui a confié le Christ : « Je suis le pasteur de mes agneaux« . Fais paître mes brebis (Jn 21, 15-19). Aujourd’hui, et depuis dix ans, la garde des agneaux et des moutons du troupeau du Seigneur est considérée par ceux qui occupent le trône de Pierre comme une « absurdité solennelle », et le commandement que le Seigneur a donné aux Apôtres – Allez donc et faites des disciples de toutes les nations, les baptiser au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprendre à observer tout ce que je vous ai prescrit (Mt 28, 19-20) – est considéré comme un déplorable « prosélytisme », comme si la mission divine de la Sainte Église était comparable à la propagande hérétique des sectes. Il l’a dit le 1ᵒ octobre 2013 ; le 6 janvier 2014 ; le 24 septembre 2016 ; le 3 mai 2018 ; le 30 septembre 2018 ; le 6 juin 2019 ; le 20 décembre 2019 ; le 25 avril 2020 et encore le 11 janvier dernier. Et c’est là que s’effondre le dernier faste démodé de ce qui fut Vatican II, qui a fait de l’action missionnaire son mot d’ordre, sans comprendre que pour annoncer le Christ à un monde paganisé, il faut d’abord croire aux Vérités surnaturelles qu’Il a enseignées aux Apôtres et que l’Église a le devoir de conserver fidèlement. Diluer la doctrine catholique, la taire, la trahir pour plaire à la mentalité du siècle n’est pas une œuvre de Foi, car cette vertu est fondée sur Dieu, qui est la Vérité suprême ; ce n’est pas une œuvre d’Espérance, car on ne peut espérer le salut ou le secours d’un Dieu dont on rejette l’autorité révélatrice et l’amour salvateur ; ce n’est pas une œuvre de Charité, car on ne peut aimer Celui dont on nie l’essence.

Quel est le vulnus qui a affecté le corps ecclésial, rendant possible cette apostasie des dirigeants de la Hiérarchie, au point de provoquer un scandale non seulement parmi les catholiques, mais aussi parmi les peuples du monde ? C’est l’abus d’autorité. C’est la conviction que le pouvoir attaché à l’autorité peut être exercé dans un but opposé à celui qui légitime l’autorité elle-même. Elle se substitue à Dieu, usurpe son pouvoir suprême pour décider de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas, de ce que l’on peut encore dire aux gens et de ce qui doit être considéré comme démodé ou dépassé, au nom du progrès et de l’évolution. C’est utiliser le pouvoir des Saintes Clés pour délier ce qui doit être lié et lier ce qui doit être délié. C’est ne pas comprendre que l’autorité appartient à Dieu et à personne d’autre, et que tant les dirigeants des nations que les prélats de l’Église sont tous hiérarchiquement soumis au Christ Roi et Pontife. C’est, en somme, séparer la Chaire de l’autel, l’autorité du Vicaire et du Régent de celle de Celui qui la rend sacrée, ratifiée d’en haut, parce qu’Il en possède la plénitude et en est l’origine divine.

Parmi les titres du Pontife Romain revient, avec Christi Vicarius, celui de Servus servorum Dei. Si le premier a été rejeté avec dédain par Bergoglio, son choix de conserver le second sonne comme une provocation, comme le montrent ses paroles et ses actes. Le jour viendra où l’on demandera aux évêques de l’Église de préciser quelles intrigues et quelles conspirations ont pu conduire au Trône ceux qui se comportent en serviteurs de Satan, et pourquoi ils ont été les témoins effrayés de ses intempérances ou se sont rendus complices de cet orgueilleux tyran hérétique. Que ceux qui savent et qui se taisent par fausse prudence tremblent : par leur silence, ils ne protègent pas l’honneur de la Sainte Église, ni ne préservent les simples du scandale. Au contraire, ils plongent l’Épouse de l’Agneau dans l’ignominie et l’humiliation, et éloignent les fidèles de l’Arche du salut au moment même du Déluge.

Prions pour que le Seigneur daigne nous accorder un Pape saint et de saints évêques. Implorons-Le de mettre fin à cette longue période d’épreuve, grâce à laquelle – comme tout événement permis par Dieu – nous réalisons combien il est fondamental d’instaurare omnia in Christo, de tout récapituler en Lui ; combien est infernal – littéralement – le monde qui rejette la seigneurie du Christ, et combien est encore plus infernale une religion qui se dépouille avec mépris de ses robes royales – robes tachées du Sang de l’Agneau sur la Croix – pour se faire la servante des puissants, du Nouvel Ordre Mondial, de la secte mondialiste. Tempora bona veniant. Pax Christi veniat. Regnum Christi veniat.

Ainsi soi-il

+ Carlo Maria Viganò, archevêque

18 janvier 2023

Cathedra sancti Petri Apostoli, qua primum Romae sedit

Source Stilum Curiae Marco Tossati

Même si je suis un peu trop fier de l’autorité que le Seigneur nous a donnée sur vous pour construire et non pour démolir, je n’aurai pas à en rougir. II Cor10, 9

CATHEDRA VERITATIS

Bethléem persécutée par les persécutés

Après avoir noté « une augmentation significative des attaques à motivation religieuse perpétrées par des musulmans palestiniens contre des chrétiens à Bethléem« , un article du 21 novembre donne ces exemples :

« Il y a un peu plus de quinze jours, un homme musulman a été accusé d’avoir molesté de jeunes chrétiennes dans l’église grecque orthodoxe des Ancêtres, à Beit Sahour, près de la ville de Bethléem. Peu après, l’église a été attaquée par une grande foule d’hommes palestiniens qui ont jeté des pierres sur le bâtiment alors que les fidèles se cachaient terrifiés à l’intérieur et plusieurs d’entre eux ont été blessés dans l’attaque.

« L’Autorité palestinienne, responsable de la sécurité dans la région, n’a rien fait.

« En octobre, des hommes armés non identifiés ont tiré sur l’hôtel Bethléem, propriété de chrétiens, après qu’une vidéo publiée sur les médias sociaux ait montré [sur l’estrade de la salle de conférence de l’hôtel] des silhouettes en carton d’une étoile de David et d’une Menorah….

« Il n’y a eu aucune arrestation en rapport avec la fusillade.

Le choc le plus important pour la communauté a probablement eu lieu en avril, après l’arrestation du pasteur évangélique palestinien Johnny Shahwan par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, accusé de « promouvoir la normalisation » des relations avec Israël…..

« En janvier,
un groupe important d’hommes masqués et armés de bâtons et de barres de fer ont attaqué les frères chrétiens Daoud et Daher Nassar alors qu’ils étaient occupés à travailler leur terre près de Bethléem. Les tribunaux palestiniens se sont employés à confisquer la ferme, propriété de la famille depuis l’Empire ottoman« .

Selon le rabbin Pesach Wolicki, directeur du Centre pour la compréhension et la coopération judéo-chrétienne, la persécution des chrétiens palestiniens est un problème de longue date :

« Malheureusement, ces récentes attaques contre les églises ne sont pas nouvelles. Les chrétiens sont attaqués à Bethléem depuis de nombreuses années. Il y a eu des attentats à la bombe. Les attaques physiques contre les chrétiens sont presque constantes. Ils se produisent avec régularité, toujours depuis que l’Autorité palestinienne a pris le pouvoir« .

Selon Kamal Tarazi, un chrétien qui a fui la bande de Gaza contrôlée par le Hamas en 2007, « dès qu’ils [le Hamas] ont pris le contrôle [de Gaza], ils ont commencé à nous persécuter, à détruire nos églises et à forcer les chrétiens à se convertir à l’islam« . Avant de fuir, Tarazi a tenté de résister à la prise de pouvoir des islamistes et a exhorté les musulmans et les chrétiens à s’unir contre le Hamas. En conséquence, « j’ai été emprisonné à plusieurs reprises », a déclaré Tarazi. « Savez-vous ce qu’est une prison du Hamas ? C’est une pure torture. »

Les chiffres confirment que les chrétiens vivant sous l’Autorité palestinienne (AP) subissent des mauvais traitements constants que les musulmans ne subissent pas. En 1947, les chrétiens représentaient 85 % de la population de Bethléem, un ancien bastion chrétien. En 2016, les chrétiens ne représentaient que 16 % de la population.

« Dans une société où les chrétiens arabes n’ont ni voix ni protection, il n’est pas surprenant qu’ils partent », a noté Justus Reid Weiner, un avocat connaissant bien la région.

« La persécution systématique des Arabes chrétiens vivant dans les zones palestiniennes a été accueillie par un silence presque total de la part de la communauté internationale, des militants des droits de l’homme, des médias et des ONG. »

Les médias internationaux ne rapportent jamais les incidents de persécution. Un résident arabe chrétien de Bethléem, sous couvert d’anonymat, a fait remarquer que tous les cas les plus récents énumérés ci-dessus ont été sous-déclarés, y compris en Israël même, pour ajouter :

« Il n’est pas nécessaire de taire ce qui se passe, afin de sensibiliser le monde juif et chrétien à la situation qui se déroule à Bethléem. Des incidents se produisent constamment, qu’il s’agisse de voisins en conflit, de personnes dans la rue ou même d’organisations et d’églises. La plupart du temps, la communauté musulmane l’emporte sur la minorité, qui est la communauté chrétienne ».

Pourquoi la persécution des chrétiens à Bethléem et dans d’autres zones géographiques contrôlées par l’Autorité palestinienne est-elle si peu, voire pas du tout, signalée ? Certainement pas parce qu’ils souffrent moins de persécutions que leurs coreligionnaires dans le monde musulman, où se déroule la majeure partie de la persécution mondiale des chrétiens.

« Les attaques de musulmans contre des chrétiens sont souvent ignorées par la communauté internationale et les médias, qui ne semblent faire entendre leur voix que lorsqu’ils peuvent trouver le moyen de blâmer Israël », a écrit le journaliste musulman Khaled Abu Toameh.

« Une autre situation inquiétante est que les dirigeants de la communauté chrétienne de Cisjordanie sont réticents à tenir l’Autorité palestinienne et leurs voisins musulmans pour responsables des attaques. Ils ont peur des représailles et préfèrent s’en tenir à la ligne officielle qui consiste à tenir Israël pour seul responsable des souffrances de la minorité chrétienne. »

Open Doors, une organisation de défense des droits de l’homme qui surveille la persécution des chrétiens, rapporte que
les chrétiens palestiniens subissent un niveau de persécution « élevé » :

« Malheureusement, ceux qui se convertissent de l’islam au christianisme sont confrontés à la pire persécution des chrétiens et il leur est difficile de fréquenter les églises existantes en toute sécurité. En Cisjordanie, ils sont menacés et soumis à de fortes pressions, à Gaza, leur situation est si dangereuse qu’ils vivent leur foi chrétienne dans le plus grand secret. (…) L’influence de l’idéologie islamique radicale augmente et les églises historiques doivent faire preuve de diplomatie dans leur approche des musulmans ».

La situation particulière des chrétiens palestiniens, qui vivent dans une arène politiquement contestée où l' »image publique » et les opinions sont primordiales, explique également le manque de sensibilisation. Un article d’Edy Cohen documente d’autres cas de persécution des chrétiens. Ces incidents se sont produits consécutivement avant la publication du rapport et aucun d’entre eux n’a été rapporté par les médias dits « grand public ».

25 avril : « Les habitants terrifiés du village chrétien de Jifna, près de Ramallah (…) ont été attaqués par des hommes armés musulmans (…) après qu’une femme du village se soit plainte à la police que le fils d’un dirigeant éminent du Fatah avait attaqué sa famille. En réponse, des dizaines d’hommes armés du Fatah ont envahi le village, tiré des centaines de coups de feu en l’air, lancé des cocktails molotov en criant des jurons et causé d’importants dommages aux biens publics. C’est un miracle qu’il n’y ait eu ni morts ni blessés ».

13 mai : « Des vandales ont fait irruption dans une église de la communauté maronite dans le centre de Bethléem, l’ont profanée et ont volé des équipements coûteux appartenant à l’église, notamment des caméras de sécurité. (…) C’est la sixième fois que l’église maronite de Bethléem subit des actes de vandalisme et des vols, notamment un incendie criminel en 2015 qui avait causé d’importants dégâts et obligé le bâtiment à être fermé pendant une longue période. »
16 mai : « [C’était] le tour de l’église anglicane du village d’Aboud, à l’ouest de Ramallah. Des vandales ont franchi la clôture, brisé les fenêtres de l’église et y ont pénétré. Ils l’ont profané, ont cherché des objets de valeur et ont volé une grande quantité de matériel. »

Ces attaques, qui se sont déroulées sur une période de trois semaines, s’inscrivent dans le même schéma d’abus dont les chrétiens sont régulièrement victimes dans d’autres régions à majorité musulmane. Si les profanations et les pillages d’églises sont fréquents, il en va de même des émeutes contre les minorités chrétiennes, qui ont tendance à être traitées comme des dhimmis, c’est-à-dire des « citoyens » de seconde classe sous le régime islamique qui devraient être reconnaissants pour toute forme de tolérance. Lorsque les chrétiens ont osé défendre leurs droits, comme ce fut le cas le 25 avril, « les émeutiers du village de Jifna ont exigé que les résidents [chrétiens] paient la jizya, un impôt individuel qui a été imposé tout au long de l’histoire aux minorités non musulmanes sous le régime islamique. Les victimes les plus récentes de la jizya ont été les communautés chrétiennes d’Irak et de Syrie sous la domination d’Isis ».

Pire encore, comme c’est souvent le cas lorsque des minorités chrétiennes sont attaquées dans des pays à majorité musulmane, « malgré les appels à l’aide des résidents [chrétiens] [de Jifna], la police de l’AP n’est pas intervenue pendant les heures de chaos. Elle n’a arrêté aucun suspect ». De même, lors des deux attaques contre l’église, « aucun suspect n’a été arrêté ».

Bien que les chrétiens palestiniens subissent le même type de persécution que leurs coreligionnaires dans d’autres pays musulmans, notamment des attaques contre des églises, des enlèvements et des conversions forcées, la persécution des chrétiens palestiniens « n’a pas été couverte par les médias palestiniens ». En fait, poursuit Cohen, dans de nombreux cas, une obligation totale de silence a été imposée. »

« La seule chose dont se soucie l’AP, c’est que de tels incidents ne soient pas divulgués aux médias. Le Fatah exerce régulièrement de fortes pressions sur les chrétiens pour qu’ils ne signalent pas les actes de violence et de vandalisme dont ils sont fréquemment victimes, car une telle publicité pourrait nuire à l’image de l’AP en tant qu’acteur capable de protéger la vie et les biens de la minorité chrétienne sous son autorité. L’AP veut encore moins être dépeinte comme une entité radicale qui persécute les minorités religieuses. Une telle image pourrait avoir des répercussions négatives sur l’aide internationale massive, et surtout européenne, que reçoit l’AP ».

La principale source de revenus de l’AP et de ses partisans, notamment dans les médias, consiste à dépeindre généralement les Palestiniens comme des victimes d’une agression et d’une discrimination injustes de la part d’Israël. Ce récit serait compromis si la communauté internationale apprenait que ce sont les musulmans palestiniens qui persécutent leurs compatriotes chrétiens, pour des raisons purement religieuses. Il peut être difficile de ressentir de la sympathie pour un peuple ouvertement opprimé lorsque l’on réalise que c’est lui-même qui opprime les minorités qui l’entourent, par pur fanatisme religieux.

Parce qu’ils sont si sensibles à cette difficulté potentielle, « les responsables de l’Autorité palestinienne font pression sur les chrétiens locaux pour qu’ils ne signalent pas de tels incidents, qui risquent d’exposer l’Autorité palestinienne comme un autre régime du Moyen-Orient lié à une idéologie islamique radicale », conclut Cohen.

Certains chrétiens palestiniens sont également complices. Mitri Rehab, universitaire palestinien et pasteur luthérien vivant à Bethléem, affirme dans son récent ouvrage, The Politics of Persecution, que les persécutions dont les chrétiens peuvent être victimes au Moyen-Orient n’ont rien à voir avec l’islam, mais uniquement avec les actions de l’Occident ou d’Israël. Dans sa tentative de blâmer tout le reste, il propose même une section de son livre consacrée au « changement climatique [qui] aura un impact sur la communauté chrétienne ».

Enfin, l’Autorité palestinienne ne se contente pas de supprimer les rapports de persécution à l’encontre des chrétiens, mais diffuse activement une fausse image. Malgré le déclin rapide du nombre de chrétiens à Bethléem, « le fait que l’AP continue de veiller à ce qu’il y ait un maire chrétien à Bethléem n’est qu’une façade », déclare le rabbin Wolicki.

« Il s’agit d’une mascarade utilisée pour convaincre le monde que Bethléem, le berceau du christianisme, est toujours une ville chrétienne. Ce n’est pas le cas. Il est musulman à tous points de vue« .

En ce Noël, il est important de se rappeler qu’en raison de persécutions continues mais inavouées, le christianisme est sur le point de disparaître sur le lieu de sa naissance, à savoir Bethléem, le lieu de la Nativité. C’est un silence qui donne à la chanson de Noël « Silent Night » une signification sinistre. « La persécution », dit le rapport le plus récent, « menace l’existence de la plus ancienne communauté chrétienne du monde ».

Raymond Ibrahim, auteur de Defenders of the West : The Christian Heroes Who Stood Against Islam, est Distinguished Senior Fellow au Gatestone Institute, Shillman Fellow au David Horowitz Freedom Center et Judith Friedman Rosen Writing Fellow au Middle East Forum.

Source Stilum Curiae Marco Tosatti

Bethléem persécutée par les persécutés