La vraie réponse

Devant les faits gravissimes qui se passent dans l’Église, face aux turpitudes, aux silences, aux réseau de complicités jusqu’au plus haut niveau, le Magistère s’est déjà exprimé :

le pape Saint Pie V demandait que tout clerc coupable soit dégradé et châtié

Le 30 août 1568, le pape Saint Pie V publiait la bulle Horrendum illud scelus (via). 450 ans plus tard, elle n’a pas tout à fait perdu de son actualité… :

Index« Ce crime horrible, par lequel des villes corrompues et obscènes ont été détruites par le feu à travers la condamnation divine, nous cause le plus grand chagrin et nous choque, nous poussant à réprimer un tel crime avec le plus grand zèle possible.

Très opportunément, le cinquième Conseil du Latran (1512-1517) a publié ce décret: «Que tout membre du clergé pris dans ce vice contre la nature, étant donné que la colère de Dieu tombe sur les fils de la perfidie, soit retiré de l’ordre clérical ou forcé faire pénitence dans un monastère » (chap. 4, X, V, 31).

Pour que la contagion d’une infraction aussi grave ne puisse progresser avec plus d’audace en profitant de l’impunité, qui est la plus grande incitation au péché, et pour punir plus sévèrement les religieux qui commettent ce crime néfaste et qui ne sont pas effrayés par la mort de leurs âmes, nous déterminons qu’ils doivent être livrés à la sévérité de l’autorité séculière, qui applique le droit civil. Par conséquent, souhaitant poursuivre ce crime avec plus de rigueur que nous n’en avons exercé depuis le début de notre pontificat, nous établissons que tout prêtre ou membre du clergé, séculier ou régulier, qui commet un crime aussi exécrable par la force du présent que la loi soit privée de tout privilège clérical, de tout poste, de toute dignité et de tout bénéfice ecclésiastique, et qu’il soit dégradé par un juge ecclésiastique, et immédiatement livré à l’autorité laïque pour être condamné à mort, comme le prévoient les lois qui établissent les punitions appropriées pour les laïcs qui ont sombré dans cet abîme. »

Au-delà de cette sombre affaire se trouve le problème de la justice qui est devenue la plupart du temps : « l’injustice » qui ne punit pas le coupable et donc laisse la victime seule lésée, la peine de mort étant réservée maintenant uniquement aux innocents.

La vraie réponse

On aime pas ce que l’on ne connait pas, on aime mal ce que l’on connait mal

Comment cette âme très dévote, en remerciant et en louant Dieu prie pour le monde entier et pour la sainte Église. Elle termine cet ouvrage en recommandant la vertu de foi.

Alors, cette âme, qui avec le regard de l’intelligence et à la lumière de la très sainte foi, avait vu et connu la Vérité et l’excellence de l’obéissance, qui l’avait entendue par le sentiment, goûtée par l’amour, dans un désir pâmé, qui fixait toute son âme dans la divine Majesté, lui rendait grâce : Merci, disait-elle, merci à vous Père éternel, qui ne m ‘avez pas méprisée, moi, votre créature, qui n’avez pas détourné de moi votre visage, mais avez au contraire exaucé mes désirs. Vous la lumière, vous n’avez pas regardé à mes ténèbres; vous la vie, vous ne m’avez pas repoussée, moi qui suis la mort. Vous le médecin, vous n’avez pas fui de moi, à cause de mes graves infirmités. Vous, pureté éternelle, vous n’avez pas été rebuté par mes innombrables souillures. Vous l’Infini, vos yeux se sont abaissés sur moi, qui suis finie. Vous la sagesse, vous avez condescendu à ma folie. Ni le nombre et l’énormité de mes fautes n’ont arrêté votre sagesse, votre bonté, votre clémence, votre bien infini, et vous ne m’avez point méprisée, malgré les innombrables misères qui sont en moi. Votre clémence m’a fait connaître la vérité et avec elle j’ai trouvé votre charité et l’amour du prochain. Et qui donc vous a déterminé? Pas mes vertus assurément, mais votre amour, uniquement votre amour! C’est votre amour qui vous a porté à éclairer mon intelligence de la lumière de la foi, pour que je puisse connaître et entendre la vérité que vous m’avez révélée.

Faites que ma mémoire soit capable de conserver vos bienfaits, que nia volonté brûle du feu de votre charité, et que ce feu fasse bouillonner dans mes veines et répandre pour vous, tout mon sang qu’avec le sang versé pour l’amour du Sang et avec la clef de l’obéissance, j’ouvre enfin la porte du ciel. Cette même grâce, je vous la demande aussi, et de tout mon cœur, pour toute créature raisonnable en général et en particulier, et pour le corps mystique de la sainte Église. Je confesse et je ne nie pas, que vous m’avez aimée avant que je ne fusse et que vous m’aimez ineffablement, comme si vous étiez fou de votre créature.

Messe

Ô Trinité éternelle! Ô Déité! Ô Nature divine qui avez donné un tel prix au sang de votre Fils! Vous, Trinité éternelle, vous êtes une mer sans fond où plus je me plonge, plus je vous trouve, et plus je vous cherche encore. De vous, jamais on ne peut dire : c’est assez ! L’âme qui se rassasie dans vos profondeurs vous désire sans cesse, parce que toujours elle est affamée de vous, Trinité éternelle; toujours elle souhaite de voir votre lumière dans votre lumière. Comme le cerf soupire après l’eau vive des sources, ainsi mon âme désire sortir de la prison ténébreuse du corps, pour vous voir en vérité! Oh! Combien de temps encore votre visage sera-t-il caché à mes yeux ô Trinité éternelle, feu et abîme de charité? Dissipez donc aujourd’hui même le nuage de mon corps! La connaissance que vous m’avez donnée de vous, dans votre Vérité, me fait désirer avec violence de déposer le fardeau de ma chair, de donner ma vie pour la gloire et l’honneur de votre nom. Car j’ai goûté et j’ai vu, avec la lumière de mon intelligence dans votre lumière, votre abîme, ô Trinité éternelle, et la beauté de la créature. En me contemplant en vous, j’ai vu que j’étais votre image, et que vous m’avez donné votre puissance à vous, Père éternel, avec dans mon intelligence la sagesse, qui est votre Fils unique, en même temps que l’Esprit-Saint qui procède de vous et de votre Fils, faisait ma volonté capable de vous aimer. Vous, Trinité éternelle, vous êtes le Créateur, et moi, votre créature. J’ai connu, dans la réparation que vous avez faite de moi par le sang de votre Fils, que vous êtes épris de la beauté de la créature!

Ô abîme, ô Divinité éternelle! Océan sans fond! Eh! pouvez-vous me donner davantage que de vous donner vous-même ? Vous êtes le feu qui brûle toujours et ne s’éteint jamais. Vous êtes le feu qui consume en lui-même tout amour-propre de l’âme; vous êtes le feu qui fond toute glace et qui éclaire; c’est à sa lumière que vous m’avez fait connaître votre vérité ! Vous êtes la lumière au-dessus de toute lumière; c’est cette lumière qui communique à l’œil de l’intelligence une clarté surnaturelle, si abondante et si parfaite que la lumière de la foi en est éclairée, cette foi, par laquelle je vois que mon âme a la vie, et dans cette clarté vous reçoit, vous, la Lumière. Par la lumière de la foi, je possède la sagesse dans la sagesse du Verbe votre Fils. Par la lumière de la foi, je suis forte, constante et persévérante. Par la lumière de la foi, j’espère et je ne me laisse pas défaillir en route. Cette lumière m’indique le chemin et, sans cette lumière, je marcherais dans les ténèbres. C’est pourquoi je vous ai demandé, Père éternel, de m’éclairer de la lumière de la très sainte foi. Cette lumière est vraiment un océan, car elle plonge l’âme en vous, l’océan de paix, ô Trinité éternelle! L’eau de cette mer n’est pas trouble; l’âme n’y a pas peur, car elle y connaît la vérité. Elle est transparente et laisse voir les choses qu’elle recèle en ses profondeurs. Aussi là où abonde la resplendissante lumière de la foi, l’âme a, pour ainsi dire, l’évidence de ce qu’elle croit. Elle est un miroir, c’est vous, Trinité éternelle, qui me l’avez appris, – et en regardant dans ce miroir tenu par la main de l’amour, je m’y contemple moi-même en vous, moi votre créature, et vous-même en moi, par l’union que votre Divinité a contractée avec notre humanité. Dans cette lumière je vous connais, et vous êtes présent à mon esprit, vous le Bien suprême et infini.

Bien au-dessus de tout bien! Bien qui fait la félicité! Bien incompréhensible! Bien inestimable! Beauté qui surpasse toute beauté’, Sagesse au-dessus de toute sagesse, bien plus, la Sagesse même! Vous, le pain des anges, dans l’ardeur de votre amour vous vous êtes donné aux hommes. Vous êtes le vêtement qui couvre toute nudité, la nourriture qui réjouit par sa douceur, tous ceux qui ont faim. Car vous êtes doux, sans ombre d’amertume!

O Trinité éternelle, dans votre lumière que vous m’avez donnée et que j’ai reçue, avec la lumière de la très sainte foi, j’ai connu, par les explications aussi nombreuses qu’admirables, la voie de la grande perfection. Vous me l’avez montrée, pour que je vous serve dans la lumière et non dans les ténèbres, pour que je sois un miroir de bonne et sainte vie, et que je renonce enfin à cette existence misérable, où jusqu’ici et par ma faute, je vous ai servi dans les ténèbres.

Je ne connaissais pas votre Vérité, voilà pourquoi je ne l’ai pas aimée! Et pourquoi vous ai-je ignoré? Parce que je ne vous voyais pas, à la glorieuse lumière de la très sainte foi, parce que la nuée de l’amour-propre obscurcissait l’œil de mon esprit! Et c’est vous, Trinité éternelle, qui par votre lumière avez dispersé ces ténèbres.

Qui donc pourra s’élever jusqu’à votre hauteur, pour vous remercier de vos largesses divines et de l’immense bienfait que vous m’avez accordé, par cette doctrine de vérité? C’est vous-même qui me l’avez apprise; elle est un don particulier que vous m’avez fait, en dehors des grâces communes que vous répandez sur les autres créatures! Vous avez voulu condescendre à ma nécessité et à celle des autres âmes qui voudront y trouver un miroir de vie.

Mais répondez, vous-même, Seigneur, à tant de bienfaits! C’est vous qui avez donné, remerciez vous-même et rendez grâces, en répandant en moi une lumière surnaturelle, afin que par cette lumière je puisse vous dire ma reconnaissance. Revêtez-moi, Vérité éternelle, revêtez-moi de vous-même, pour que je passe cette vie mortelle dans la véritable obéissance et dans la lumière de la foi très sainte, dont vous avez à nouveau enivré mon âme.

Deo gratias. Amen.

Sainte Catherine de Sienne Dialogue

 

On aime pas ce que l’on ne connait pas, on aime mal ce que l’on connait mal

Une saine réaction mais incomplète

Les demandes de tolérance zéro et de pardon ne seront dignes de crédit que si les autorités de la Curie mettent les cartes sur table

Mgr Athanasius Schneider, de Astana (Khazakstan), a écrit un document en réponse au témoignage de l’archevêque Carlo Maria Viganò. Extrait de la traduction par Benoît-et-moi :

Unknown-7« […] Il est totalement insuffisant et peu convaincant, que les autorités ecclésiastiques continuent à faire des appels pour que l’on ne tolère aucun cas d’abus sexuels de la part des prêtres et que l’on cesse de couvrir ces situations. Également totalement insuffisantes sont les demandes de pardon stéréotypées de la part des autorités de l’Église. Les dites demandes de tolérance zéro et de pardon ne seront dignes de crédit que si les autorités de la Curie mettent les cartes sur table en faisant connaître les noms et prénoms de tout membre de la Curie, quels que soient sa charge et son titre, ayant couvert des abus de mineurs et de subordonnés.

Du document de Mgr Viganò nous pouvons tirer les conclusions suivantes:

  • Que le Saint Siège et le Pape lui-même entreprennent un nettoyage inflexible des « cliques » et des réseaux homosexuels au sein de la Curie Romaine et de l’épiscopat.
  • Que le Souverain Pontife proclame de façon claire et catégorique la doctrine de Dieu sur le caractère peccamineux des actes homosexuels. [Et non ses propres délires]
  • Que soient proclamées des normes inéluctables et détaillées qui empêchent l’ordination des hommes avec des tendances homosexuelles. [mais les normes existent il suffit de leees appliquer]
  • Que le Saint Père rétablisse la pureté et la clarté de la doctrine catholique dans sa totalité, tant en matière d’enseignement que de prédication.
  • Que par l’intermédiaire des enseignements du Pape et des évêques et des normes pratiques soit restaurée l’ascèse chrétienne éternellement valide: l’exercice du jeûne, la pénitence corporelle et l’abnégation.
  • Que soient récupérés au sein de l’Église l’esprit et la pratique de la réparation et l’expiation des péchés commis.
  • Que commence au sein de l’Église un processus de sélection garanti des candidats à l’épiscopat, des hommes de Dieu à la conduite éprouvée; et il serait préférable de laisser un diocèse vacant pendant plusieurs années que de nommer un candidat qui ne soit pas un véritable homme de Dieu en ce qui concerne la prière, la doctrine et la vie morale.
  • Que soit initié un mouvement dans l’Église, surtout parmi les cardinaux, évêques et prêtres, pour un renoncement à tout compromis et flirt avec le monde.[mais justement le concile Vatican II a fait l’ouverture au monde, sans plus condamner l’erreur]

Nous ne devrions pas être surpris que les médias oligargiques internationaux mainstream, qui font la promotion de l’homosexualité et de la dépravation morale, commencent à diffamer l’archevêque Viganò, faisant disparaître le cœur de ce qu’il exprime dans son document dans un sac sans fond.

En 1522, alors que se diffusait l’hérésie luthérienne et qu’une profonde crise morale affectait une bonne partie du clergé et en particulier la Curie, Adrien VI a écrit les mots suivants, d’une franchise saisissante, à la Diète impériale de Nuremberg:

« Nous savons que depuis quelque temps ont lieu au Saint Siège de nombreuses abominations, des abus sur des questions ecclésiastiques et des usurpations de droits, et que tout cela a été corrompu en mal. La pourriture est passée de la tête aux membres, du Pape aux prélats : tous nous avons été pervertis ; il n’y a personne qui fasse le bien, pas un seul ».

L’inflexibilité et la transparente permettront de découvrir et de confesser les maux qui affligent la vie de l’Église et d’initier un processus efficace de purification et rénovation, morales et spirituelles. Avant de condamner les autres, chacun exerçant une charge presbytérale dans l’Église, quelle que soit sa charge ou son titre, devra se demander devant Dieu s’il a couvert de quelque manière que ce soit, des abus sexuels. Dans le cas où il se trouverait coupable, il devra le confesser publiquement, car la Parole de Dieu dit : « N’aie pas honte de confesser tes péchés » [livre de Sirac, chapitre 4-26]. Car, comme l’a écrit Saint Pierre, le premier des souverains pontifes, « c’est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu» (1 P, 4,17). »

Note de la rédaction : Une saine réaction dans le domaine moral, mais la fornication spirituelle est encore bien pire, le faux œcuménisme tue les âmes.
Une saine réaction mais incomplète

DU COMBAT CHRÉTIEN

 CHAPITRE PREMIER. LA COURONNE EST PROMISE AUX VAINQUEURS. — SATAN NOTRE ENNEMI EST VAINCU AVEC L’AIDE DE JÉSUS-CHRIST.

La palme de la victoire n’est offerte qu’à ceux qui combattent. Dans les saintes Écritures, nous trouvons à chaque pas la promesse de la couronne, si nous sortons victorieux de la lutte; mais pour éviter une foule de citations, ne lit-on pas en termes clairs et précis dans l’apôtre saint Paul : « J’ai achevé mon oeuvre, j’ai fourni ma course, il ne me reste plus qu’à recevoir la couronne de justice qui m’est réservée (II Tm. IV, 7, 8) ? » Il faut donc connaître quel adversaire nous avons à vaincre pour être couronnés; c’est celui que Notre-Seigneur lui-même a vaincu le premier, afin que nous aussi, en lui demeurant unis, nous puissions le vaincre à notre tour.

La Vertu et la Sagesse de Dieu, le Verbe par qui tout a été fait, c’est-à-dire le Fils unique de Dieu, demeure éternellement immuable au-dessus de toute créature.

Or, si toute créature que n’a pas souillée le péché, est sous sa dépendance, à plus forte raison en est-il de même pour celle que le péché a dégradée. Si tous les anges restés purs sont sous lui, encore ne sont-ils pas bien davantage sous lui, tous ces anges prévaricateurs dont Satan est le chef? Mais, comme Satan avait séduit notre nature, le Fils unique de Dieu a daigné revêtir notre humanité, pour vaincre Satan avec elle, et mettre sous notre dépendance celui qu’il tient sans cesse sous la sienne; c’est ce qu’il fait entendre lui-même quand il dit : « Le prince du monde a été chassé (Jn, XII, 31) ». Non qu’il ait été chassé hors du monde, comme le pensent quelques hérétiques, mais il a été rejeté hors des âmes de ceux qui restent fidèles à la parole de Dieu, loin de s’attacher au monde dont Satan est le maître; car s’il exerce un pouvoir absolu sur ceux qui recherchent les biens éphémères du siècle, il n’est pas pour cela le maître du monde ; mais il est le prince de toutes ces passions qui nous font convoiter les biens périssables; de là vient l’empire qu’il exerce sur tous ceux qui négligent Dieu, dont le règne est éternel, pour n’estimer que des frivolités que le temps change sans cesse ; « car la cupidité est la racine de tous les maux ; et c’est en s’y laissant aller que quelques-uns se sont écartés de la foi et se sont attirés de nombreux chagrins (I Tm, VI, 10) ». C’est à cause de cette concupiscence que Satan établit sa domination sur l’homme, et prend possession de son coeur. Voilà l’état de ceux qui aiment ce monde. Or, nous bannissons Satan, toutes les fois que nous renonçons du fond du coeur aux vanités du monde; car on se sépare de Satan, maître du monde, quand on renonce à ses attraits corrupteurs, à ses pompes, à ses anges. Aussi Dieu lui-même, une fois revêtu de la nature triomphante de l’homme, nous dit-il : « Sachez que j’ai vaincu le monde (Jn, XVI, 33)».

CHAPITRE II. VAINCRE SATAN, C’EST VAINCRE SES PASSIONS.

Bien des gens s’écrient: Comment vaincre Satan, quand nous ne le voyons pas? Mais n’avons-nous pas un maître qui n’a point dédaigné de nous montrer comment on arrive à subjuguer des ennemis invisibles? C’est en parlant de ce maître que l’Apôtre a dit : «Se dépouillant lui-même de la chair, il a exposé les principautés et les puissances à une ignominie publique, triomphant d’elles cou« rageusement en lui-même (Col. II, 15) ». Ainsi donc nous aurons vaincu ces puissances invisibles, nos ennemies, dès que nous aurons subjugué les passions qui sont au fond de notre coeur ; et si nous éteignons en nous-mêmes les désirs qui nous font rechercher les biens de ce monde, nous arrivons nécessairement à vaincre en nous celui qui a établi son empire dans le coeur de l’homme en y allumant ces mêmes désirs. Quand Dieu dit à Satan: « Tu mangeras de la terre», il a dit au pécheur: «Tu es terre,  et tu retourneras en terre (Gn. III, 14, 19) ». Ainsi le pécheur a été livré à Satan pour que Satan fît de lui sa nourriture. Donc, ne restons pas terre, si nous ne voulons pas servir de pâture à Satan. La nourriture que nous prenons devenant partie de notre corps, les aliments eux-mêmes, par l’action des organes, s’assimilent à notre substance ; ainsi la perversité, l’orgueil et l’impiété, avec leurs habitudes pernicieuses, font de chacun de nous un autre Satan, c’est-à-dire un être semblable à lui. L’on demeure alors soumis à Satan, comme le corps est soumis à l’âme. Voilà ce que signifie « être mangé par le serpent ». Quiconque redoute le feu éternel, allumé pour Satan et ses anges (Mt. XXV, 41), doit chercher à vaincre en soi ce mauvais génie. Nous repousserons victorieusement de notre coeur ces ennemis du dehors qui nous assiègent, en étouffant les désirs de la concupiscence qui nous asservissent. Ces esprits viennent-ils à rencontrer des hommes qui leur ressemblent? ils les entraînent à partager leurs châtiments.

CHAPITRE III. PRINCES DES TÉNÈBRES.

C’est ainsi que l’Apôtre, d’après son propre témoignage, lutte contre les puissances extérieures. « Nous n’avons pas, dit-il, à combattre contre la chair et le sang, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les princes de ces ténèbres, contre les esprits malfaisants qui habitent dans les cieux (Ep. 6-12)». On nomme ciel aussi cet air où se forment les vents, les nuées, les tempêtes et les tourbillons.

L’Écriture le dit en plusieurs endroits: « Dieu a tonné du haut du ciel»; «les oiseaux du ciel »; « les animaux qui volent dans le ciel ». Il est de toute évidence que les oiseaux volent dans l’air. Nous aussi, nous avons l’habitude d’appeler ciel cet air qui nous entoure. Quand nous voulons savoir si le temps est serein ou nuageux, il nous arrive de dire, tantôt: Quel est l’état de l’air, ou, quel est l’état du ciel? Si je suis entré dans ces détails, c’est pour ne pas laisser croire que les mauvais esprits habitent là où Dieu a placé, dans un ordre admirable, le soleil, la lune et les étoiles. Si les mauvais démons sont appelés par l’Apôtre des êtres spirituels, c’est parce que dans les saintes Ecritures les mauvais anges sont nommés esprits ; l’Apôtre les nomme aussi les princes des ténèbres de ce monde, parce qu’il appelle ténèbres, les pécheurs sur lesquels ces mauvais anges ont établi leur domination. Aussi dit-il dans un autre passage: « Vous étiez autrefois ténèbres, vous êtes maintenant lumière dans le Seigneur ». — C’est qu’après avoir été pécheurs, ils avaient obtenu leur justification. Gardons-nous donc de penser que Satan avec ses légions habite dans les hauteurs du ciel, d’où nous croyons qu’il est tombé. Saint Augustin

CHAPITRE IV. INTERPRÉTATIONS DES MANICHÉENS.

CHAPITRE V. DANS QUEL SENS FAUT-IL ENTENDRE QUE LES ESPRITS DU MAL SONT DANS LES HAUTEURS DE L’AIR.

CHAPITRE VI. CHATIER SON CORPS POUR VAINCRE SATAN ET LE MONDE.

CHAPITRE VII. POUR QUE NOTRE CORPS NOUS SOIT SOUMIS, IL FAUT NOUS SOUMETTRE A DIEU, DE QUI DÉPEND TOUTE CRÉATURE, DE GRÉ OU DE FORCE.

CHAPITRE VIII. TOUT EST GOUVERNÉ PAR LA DIVINE PROVIDENCE.

CHAPITRE IX. COMBIEN LE SEIGNEUR EST DOUX.

CHAPITRE X. POUR NOUS LE FILS DE DIEU S’EST FAIT HOMME.

CHAPITRE XI. CONVENANCES MAGNIFIQUES DE L’INCARNATION.

CHAPITRE XII. PARTOUT LA FOI CHRÉTIENNE PEUT SE DÉVELOPPER ET REMPORTER LA VICTOIRE.

CHAPITRE XIII. SE SOUMETTRE A DIEU EN TOUTES CHOSES.

CHAPITRE XIV. LA SAINTE TRINITÉ.

CHAPITRE XV. LES TROIS PERSONNES NE SONT PAS TROIS DIEUX.

CHAPITRE XVI. ÉGALITÉ ET ÉTERNITÉ DES PERSONNES DIVINES.

CHAPITRE XVII. DIVINITÉ DU CHRIST.

CHAPITRE XVIII. RÉALITÉ DE L’INCARNATION.

CHAPITRE XIX. ESPRIT HUMAIN DANS JÉSUS-CHRIST.

CHAPITRE XX. LE CHRIST EST LA SAGESSE MÊME DE DIEU.

CHAPITRE XXI. LE CHRIST N’AVAIT PAS UN CORPS SANS AME.

CHAPITRE XXII. JÉSUS-CHRIST NÉ D’UNE FEMME.

CHAPITRE XXIII. LE FILS DE DIEU N’EST-IL QU’UNE CRÉATURE ?

CHAPITRE XXIV. IDENTITÉ DU CORPS DE JÉSUS-CHRIST RESSUSCITÉ.

CHAPITRE XXV. ASCENSION.

CHAPITRE XXVI. LE CHRIST ASSIS A LA DROITE DE SON PÈRE.

CHAPITRE XXVII. LE JUGEMENT FUTUR.

CHAPITRE XXVIII. A QUI ÉTAIT PROMIS L’ESPRIT-SAINT.

CHAPITRE XXIX. L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES DONATISTES.

CHAPITRE XXX. L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES LUCIFÉRIENS.

CHAPITRE XXXI. L’ÉGLISE ET LES CATHARES.

CHAPITRE XXXII. LA RÉSURRECTION DE LA CHAIR.

CHAPITRE XXXIII. IL FAUT GRANDIR PAR LA FOI.

 

DU COMBAT CHRÉTIEN

L’Allahïcité

La mise en place d’un islam de France : une vaste entreprise d’islamisation de la France à fonds publics

L’abbé Michel Viot revient sur le projet gouvernemental concernant l’organisation de l’islam de France :

Product_9782072696909_195x320« […] Je pense, et je crois ne pas être le seul, qu’il va s’appuyer sur les idées développées par Monsieur Hakim El Karoui dans son livre L’islam, une religion française (Éditions Gallimard-Le Débat, décembre 2017). Ce livre est important (il a été précédé par une étude publiée par l’Institut Montaigne), parce qu’il est fort intelligemment présenté et aborde pratiquement tous les points difficiles de l’entreprise. Mais des flous et des obscurités demeurent, et même ce qui peut apparaître comme des dissimulations. Pourquoi, par exemple, laisser entendre que ce serait la seule lutte contre l’islamisme, à partir de 2015, qui aurait motivé son engagement dans la cité comme musulman alors que Monsieur El Karoui dirigeait dès 2010-11 – et c’était parfaitement son droit – un établissement musulman culturel et cultuel (l’ICI de Paris). S’agissait-il alors de lutter contre l’islamisme ? C’est certes à la limite du procès d’intention fait à l’auteur ; je l’assume parce que je crois simplement que ce qu’il propose peut avoir, entre autres, de très graves conséquences sur la paix publique. Pire, il est permis de se poser la question, à la lecture de son livre, si cette mise en place d’un islam de France ne va pas en fait consister en une vaste entreprise d’islamisation de la France à fonds publics.

Je dirige depuis deux ans une émission mensuelle sur Radio Courtoisie : Le libre journal de lumière et d’espérance. Mon émission de rentrée se tiendra le dimanche 2 septembre en direct de 12 h à 13 h 30, avec pour titre « Islam de France, l’heure de vérité ». Nous y discuterons de « l’islam de France », et essaierons de montrer quelles sont les conséquences de sa mise en place et structuration pour tous les Français.

J’aurais souhaité la présence de Monsieur El Karoui. Elle ne sera apparemment pas possible, et s’il doit en être ainsi, je le regrette. Mais le sujet sera quand même traité. Accompagné d‘Alain Wagner (de l’International Civil Liberties Alliance), mon ami et collaborateur Odon Lafontaine, auteur du Grand secret de l’islam sera présent. Il fait partie de ceux qui dans le sillage du P. Edouard-Marie Gallez étudient l’islam avec sérieux, avec la même exigence de vérité que pour tout ce qui concerne le christianisme. L’esprit critique n’est point incompatible avec celui de foi dans la tradition catholique. Nous avons donc des questions précises à poser, tant à partir de textes religieux que de faits historiques incontestables. Ce qui se produit par exemple quand l’islam rencontre la modernité. Les siècles qui précèdent le nôtre sont riches d’exemples à ce sujet. Ils seront évoqués au cours de cette émission, avec d’autres considérations, tirées du livre de Monsieur El Karoui que nous commenterons. Je me permets de rappeler à ce propos qu’Odon Lafontaine et moi-même avons écrit La Laïcité, mère porteuse de l’islam ?(éditions Saint Léger-Les Unpertinents) qui traite ce sujet au fond. J’y renvois les lecteurs pour préparer l’émission. »

L’Allahïcité

La mafia rose qui défigure l’Église

Libéraux, modernistes, hérétiques,……et plus encore :

L’ex-nonce des États-Unis accuse le pape François d’avoir dissimulé et couvert les abus de Mgr McCarrick – 25 août 2018

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Version française du témoignage de Mgr Carlo Maria Vigano

TÉMOIGNAGE – Par Son Excellence Carlo Maria Viganò Archevêque titulaire d’Ulpiana, Nonce apostolique

En ce moment tragique pour l’Eglise dans diverses parties du monde – les États-Unis, le Chili, le Honduras, l’Australie, etc. – les évêques ont une très grave responsabilité. Je pense en particulier aux États-Unis d’Amérique, où j’ai été envoyé comme nonce apostolique par le pape Benoît XVI le 19 octobre 2011, fête commémorative des premiers martyrs d’Amérique du Nord. Les évêques des États-Unis sont appelés, et moi avec eux, à suivre l’exemple de ces premiers martyrs qui ont apporté l’Évangile sur les terres d’Amérique, à être des témoins crédibles de l’amour incommensurable du Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie.

Certains prêtres et évêques, abusant de leur autorité, ont commis des crimes horribles au détriment de leurs fidèles, mineurs, victimes innocents, et jeunes gens désireux d’offrir leur vie à l’Église. Ou bien par leur silence, ils n’ont pas empêché que de tels crimes continuent d’être perpétrés.

Pour restaurer la beauté de la sainteté du visage de l’Epouse du Christ, qui est terriblement défigurée par tant de crimes abominables, et si nous voulons vraiment libérer l’Eglise du marais fétide dans lequel elle est tombée, nous devons avoir le courage de d’abattre la culture du secret et de confesser publiquement les vérités que nous avons gardées cachées. Nous devons abattre la conspiration du silence par laquelle prêtres et évêques se sont protégés aux dépens de leurs fidèles, une conspiration du silence qui risque, aux yeux du monde, de faire paraître l’Église comme une secte, une conspiration du silence semblable à qui prévaut dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l’obscurité sera proclamé sur les toits. » (Lc 12: 3)

J’ai toujours cru et espéré que la hiérarchie de l’Église puisse trouver en elle-même les ressources spirituelles et la force de dire toute la vérité, de se corriger et de se renouveler. C’est pourquoi, même si on m’a demandé à plusieurs reprises, j’ai toujours évité de faire des déclarations aux médias, même si c’était mon droit de le faire, afin de me défendre contre les calomnies publiées à mon sujet, y compris par des prélats de haut rang de la curie romaine. Mais maintenant que la corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l’Église, ma conscience m’impose de révéler ces vérités concernant l’affaire déchirante de l’archevêque émérite de Washington, Théodore McCarrick, que j’ai connue au cours de la mission qui m’a été confiée par saint Jean-Paul II, comme délégué aux représentations pontificales de 1998 à 2009, puis par le pape Benoît XVI, comme nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique, du 19 octobre 2011 à fin mai 2016.

En tant que Délégué aux Représentations Pontificales auprès de la Secrétairerie d’État, mes responsabilités ne se limitaient pas aux Nonciatures Apostoliques, mais incluaient également le personnel de la Curie Romaine (embauches, promotions, processus d’information sur les candidats à l’épiscopat, etc.) et l’examen des cas délicats, y compris ceux concernant les cardinaux et les évêques, confiés au délégué par le cardinal secrétaire d’État ou par le Substitut de la Secrétairerie d’État.

Pour dissiper les soupçons insinués dans plusieurs articles récents, je dirai immédiatement que les nonces apostoliques aux États-Unis, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, tous deux prématurément décédés, n’ont pas manqué d’informer immédiatement le Saint-Siège dès qu’ils ont appris le comportement gravement immoral de l’archevêque McCarrick avec des séminaristes et des prêtres. En effet, selon ce qu’a écrit le nonce Pietro Sambi, la lettre du père Boniface Ramsey, O.P., datée du 22 novembre 2000, a été rédigée à la demande du défunt nonce Montalvo. Dans cette lettre, le père Ramsey, professeur au séminaire diocésain de Newark de la fin des années 1980 jusqu’à 1996, affirme qu’une rumeur récurrente au séminaire disait que l’archevêque « partageait son lit avec des séminaristes », en invitant cinq à la fois pour passer le week-end avec lui dans sa maison près de la plage. Et il a ajouté qu’il connaissait un certain nombre de séminaristes, dont certains ont été plus tard ordonnés prêtres pour l’archidiocèse de Newark, qui avaient été invités dans cette maison et avaient partagé le lit de l’archevêque.

Le bureau que j’occupais à l’époque n’a été informé d’aucune mesure prise par le Saint-Siège après que le nonce Montalvo eut porté ces accusations à la fin de 2000, alors que le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État.

De la même manière, le nonce Sambi transmit au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone un mémorandum d’accusation contre McCarrick par le prêtre Gregory Littleton du diocèse de Charlotte, réduit à la laïc pour viol de mineurs, accompagné de deux documents du même Littleton, dans lequel celui-ci racontait l’histoire tragique des abus sexuels commis à l’époque par l’archevêque de Newark et par plusieurs autres prêtres et séminaristes. Le nonce a ajouté que Littleton avait déjà transmis son mémorandum à une vingtaine de personnes, y compris les autorités judiciaires civiles et ecclésiastiques, la police et les avocats, en juin 2006, et qu’il était donc très probable que l’information serait bientôt rendue publique. Il a donc appelé à une intervention rapide du Saint-Siège.

En rédigeant une note sur ces documents qui m’ont été confiés, en tant que délégué aux représentations pontificales, le 6 décembre 2006, j’ai écrit à mes supérieurs, le cardinal Tarcisio Bertone et le Substitut Leonardo Sandri, que les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d’une telle gravité et d’une telle bassesse qu’ils provoquaient chez le lecteur un sentiment de confusion, de dégoût, de chagrin profond et d’amertume, et qu’ils constituent des crimes de séduire, demander des actes dépravés de la part de séminaristes et de prêtres, de façon répétée et simultanée avec plusieurs personnes, moquerie d’un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions de l’archevêque en présence de deux autres prêtres, absolution des complices de ces actes dépravés, célébration sacrilège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres après avoir commis de tels actes.

Dans ma note, que j’ai remise le même jour du 6 décembre 2006 à mon supérieur direct, le Substitut Leonardo Sandri, j’ai proposé à mes supérieurs les points suivants:

– Étant donné ce qui semblait qu’un nouveau scandale d’une gravité particulière, dans la mesure où il concernait un cardinal, allait s’ajouter aux nombreux scandales touchant l’Église aux États-Unis,

– Et, puisque cette affaire concernait un cardinal, selon le canon 1405 § 1, n ° 2, « ipsius Romani Pontificis dumtaxat ius est iudicandi ».

– J’ai proposé qu’une mesure exemplaire soit prise contre le cardinal qui pourrait avoir une fonction médicinale, prévenir de futurs abus contre des victimes innocentes et atténuer le scandale très grave pour les fidèles, qui malgré tout continuaient à aimer et à croire en l’Église.

– J’ai ajouté qu’il serait salutaire que, pour une fois, l’autorité ecclésiastique intervienne devant les autorités civiles et, si possible, avant que le scandale n’éclate dans la presse. Cela aurait pu rendre une certaine dignité à une Église si cruellement éprouvée et humiliée par tant d’actes abominables de la part de certains pasteurs. Si cela était fait, l’autorité civile n’aurait plus à juger un cardinal, mais un pasteur avec lequel l’Église avait déjà pris des mesures appropriées pour l’empêcher d’abuser de son autorité et de continuer à détruire des victimes innocentes.

Ma note du 6 décembre 2006 a été conservée par mes supérieurs et ne m’a jamais été retournée avec quelque décision que ce soit de la part des supérieurs.

Par la suite, autour du 21-23 avril 2008, Richard Sipe a publié sur Internet, à l’adresse richardsipe.com, la déclaration au pape Benoît XVI sur la crise des abus sexuels aux États-Unis. Le 24 avril, ce texte a été transmis par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal William Levada, au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone. Il m’a été transmis un mois plus tard, le 24 mai 2008.

Le lendemain, j’ai remis une nouvelle note au nouveau Substitut, Fernando Filoni, qui comprenait mon précédent numéro du 6 décembre 2006. J’y ai résumé le document de Richard Sipe, qui se terminait par cet appel respectueux et sincère au pape Benoît XVI: « J’approche Votre Sainteté avec respect, mais avec la même intensité qui a poussé Pierre Damien à présenter devant votre prédécesseur, le pape Léon IX, une description de la situation du clergé à son époque. Les problèmes dont il parlait sont similaires et aussi importants aux États-Unis qu’ils étaient à l’époque à Rome. Si Votre Sainteté le demande, je vous soumettrai personnellement une documentation à ce sujet. »

Je terminais ma note en répétant à mes supérieurs que je pensais qu’il était nécessaire d’intervenir le plus tôt possible, en retirant le chapeau du cardinal au cardinal McCarrick, et qu’il devait être soumis aux sanctions établies par le Code de droit canonique, qui prévoit également la réduction à l’état laïc.

Cette seconde note n’a jamais été retournée au Bureau du personnel et mes supérieurs m’ont consterné pour l’absence inconcevable de mesures contre le cardinal et pour le manque de communication avec moi depuis ma première note en décembre 2006. .

Mais, finalement, j’ai appris avec certitude, par l’intermédiaire du cardinal Giovanni Battista Re, alors préfet de la Congrégation pour les évêques, que la déclaration courageuse et méritoire de Richard Sipe avait obtenu le résultat souhaité. Le pape Benoît XVI avait imposé au cardinal McCarrick des sanctions similaires à celles que lui impose aujourd’hui le pape François: le cardinal devait quitter le séminaire où il vivait, il lui était interdit de célébrer la messe en public, de participer à des réunions publiques, de donner des conférences, de voyager, avec l’obligation de se consacrer à une vie de prière et de pénitence.

Je ne sais pas quand le pape Benoît XVI a pris ces mesures contre McCarrick, que ce soit en 2009 ou 2010, car entre-temps j’avais été muté au gouvernorat de la Cité du Vatican, tout comme je ne sais pas qui était responsable de cet incroyable retard. Je ne crois certainement pas que ce soit le pape Benoît XVI qui, comme cardinal, avait dénoncé à plusieurs reprises la corruption dans l’Église et dans les premiers mois de son pontificat, s’était fermement opposé à l’admission au séminaire de jeunes hommes aux tendances homosexuelles profondes. Je crois que c’était dû au premier collaborateur du pape à l’époque, le cardinal Tarcisio Bertone, qui était notoirement favorable à la promotion des homosexuels à des postes de responsabilité et était habitué à gérer les informations qu’il pensait appropriées à transmettre au pape.

En tout cas, ce qui est certain, c’est que le pape Benoît XVI a imposé les sanctions canoniques susmentionnées à McCarrick et qu’elles lui ont été communiquées par le nonce apostolique aux États-Unis, Pietro Sambi. Mgr Jean-François Lantheaume, alors premier conseiller de la nonciature à Washington et chargé d’affaires après la mort inattendue du nonce Sambi à Baltimore, m’a parlé, lorsque je suis arrivé à Washington – et il est prêt à en témoigner –,d’une conversation orageuse qui a duré plus d’une heure entre le nonce Sambi et le cardinal McCarrick convoqué à la nonciature. Monseigneur Lantheaume m’a dit que “la voix du nonce pouvait être entendue dans tout le couloir”.

Les mêmes dispositions du pape Benoît me furent également communiquées par le nouveau préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, en novembre 2011, lors d’une conversation avant mon départ pour Washington, et figurèrent parmi les instructions de la même Congrégation au nouveau Nonce.

À mon tour, je les ai répétées au cardinal McCarrick lors de ma première rencontre avec lui à la nonciature. Le cardinal, marmonnant d’une manière à peine compréhensible, a admis qu’il avait peut-être commis l’erreur de dormir dans le même lit avec des séminaristes dans sa maison au bord de la plage, mais il a dit cela comme si cela n’avait aucune importance.

Les fidèles se demandent avec insistance comment il a été possible de le nommer à Washington et de le créer cardinal, et ils ont parfaitement le droit de savoir qui savait et qui a dissimulé ses graves méfaits. Il est donc de mon devoir de révéler ce que j’en sais, à commencer par la Curie romaine.

Le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État jusqu’en septembre 2006: toutes les informations lui ont été communiquées. En novembre 2000, le nonce Montalvo lui envoya son rapport, lui transmettant la lettre susmentionnée du père Boniface Ramsey dans laquelle celui-ci dénonçait les graves exactions commises par McCarrick.

On sait que Sodano a tenté de dissimuler le scandale du père Maciel jusqu’à la fin. Il a même renvoyé le nonce à Mexico, Justo Mullor, qui refusait de se rendre complice de son projet de couvrir Maciel, et a nommé à sa place Sandri, alors nonce au Venezuela, qui était prêt à collaborer à la dissimulation. Sodano est même allé jusqu’à faire une déclaration au bureau de presse du Vatican dans laquelle un mensonge était affirmé, à savoir que le pape Benoît avait décidé que l’affaire Maciel devrait être considérée comme close. Benoît XVI a réagi, malgré la vigoureuse défense de Sodano, et Maciel a été reconnu coupable et irrévocablement condamné.

La nomination de McCarrick à Washington et comme cardinal était-elle l’œuvre de Sodano, alors que Jean-Paul II était déjà très malade? Nous ne pouvons pas le savoir. Cependant, il est légitime de le penser, mais je ne crois pas qu’il était le seul responsable. McCarrick se rendait fréquemment à Rome et se faisait des amis partout, à tous les niveaux de la curie. Si Sodano avait protégé Maciel, comme il semble certain, il n’y a aucune raison qu’il ne l’ait pas fait pour McCarrick, qui selon beaucoup avait les moyens financiers d’influencer les décisions. Le préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Giovanni Battista Re, s’est opposé à sa nomination à Washington. À la nonciature de Washington, il y a une note, écrite de sa main, dans laquelle Cardinal Re se dissocie de la nomination et déclare que McCarrick était 14ème sur la liste pour Washington.

Le rapport du nonce Sambi, avec toutes les pièces jointes, a été envoyé au cardinal Tarcisio Bertone, en tant que secrétaire d’Etat. Mes deux notes susmentionnées du 6 décembre 2006 et du 25 mai 2008 lui ont probablement été remises par le Substitut. Comme déjà mentionné, le cardinal n’a eu aucune difficulté à présenter avec insistance des candidats à l’épiscopat connus pour être des homosexuels actifs – je ne cite que le cas bien connu de Vincenzo de Mauro, qui a été nommé archevêque de Vigevano et déplacé parce qu’il choquait ses séminaristes –, en filtrant et manipulant les informations qu’il transmettait au pape Benoît.

Le cardinal Pietro Parolin, l’actuel secrétaire d’État, s’est également rendu complice de la dissimulation des méfaits de McCarrick qui, après l’élection du pape François, s’était vanté ouvertement de ses voyages et de ses missions dans divers continents. En avril 2014, le Washington Timesa publié en première page un reportage sur le voyage de McCarrick en République centrafricaine et au nom du Département d’État – pas moins ! En tant que nonce à Washington, j’ai écrit au cardinal Parolin pour lui demander si les sanctions imposées à McCarrick par le pape Benoît étaient toujours valables. Il va sans dire que ma lettre n’a jamais reçu de réponse !

On peut dire la même chose du cardinal William Levada, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, des cardinaux Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, Lorenzo Baldisseri, ancien secrétaire de la même Congrégation pour les évêques, et de l’archevêque Ilson de Jesus Montanari, actuel secrétaire de la même Congrégation. Ils étaient tous au courant par leurs fonctions des sanctions imposées par le pape Benoît XVI à McCarrick.

Les cardinaux Leonardo Sandri, Fernando Filoni et Angelo Becciu, en tant que Substitut de la Secrétairerie d’État, connaissaient dans tous les détails la situation concernant le cardinal McCarrick.

Les cardinaux Giovanni Lajolo et Dominique Mamberti n’ont pas pu non plus ne pas le savoir. En tant que secrétaires pour les relations avec les États, ils participaient plusieurs fois par semaine à des réunions avec le secrétaire d’État.

En ce qui concerne la curie romaine, je vais m’arrêter ici pour le moment, même si les noms d’autres prélats du Vatican sont bien connus, y compris très proches du pape François, tels que le cardinal Francesco Coccopalmerio et l’archevêque Vincenzo Paglia, qui appartiennent au courant homosexuel en faveur de la subversion de la doctrine catholique sur l’homosexualité, un courant déjà dénoncé en 1986 par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans sa Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la pastorale des personnes homosexuelles. Les cardinaux Edwin Frederick O’Brien et Renato Raffaele Martino appartiennent également au même courant, mais avec une idéologie différente. D’autres membres de ce courant résident même à la maison Sainte Marthe.

Passons aux États-Unis. De toute évidence, le premier à avoir été informé des mesures prises par le pape Benoît était le successeur de McCarrick à Washington, le cardinal Donald Wuerl, dont la situation est maintenant complètement compromise par les récentes révélations concernant son comportement comme évêque de Pittsburgh.

Il est absolument impensable que le nonce Sambi, qui était une personne extrêmement responsable, loyale, directe et explicite dans sa façon d’être (un vrai fils de Romagne) ne lui en ait pas parlé. En tout cas, j’ai moi-même évoqué le sujet avec le cardinal Wuerl à plusieurs reprises et je n’avais certainement pas besoin d’entrer dans les détails, car il était clair pour moi qu’il en était parfaitement conscient. Je me souviens en particulier du fait que j’ai dû attirer son attention car je me suis rendu compte que dans une publication archidiocésaine, avec couverture en couleur, il y avait une annonce invitant des jeunes gens qui pensaient avoir une vocation au sacerdoce pour une rencontre avec le cardinal McCarrick. J’ai immédiatement téléphoné au cardinal Wuerl, qui m’a exprimé sa surprise en me disant qu’il ne savait rien de cette annonce et qu’il allait l’annuler. Si, comme il continue à le dire, il ne savait rien des abus commis par McCarrick et des mesures prises par le pape Benoît XVI, comment expliquer sa réponse?

Ses récentes déclarations selon lesquelles il n’en savait rien, même s’il a tout d’abord fait allusion à l’indemnisation des deux victimes, sont tout à fait risibles. Le cardinal ment sans vergogne et persuade son chancelier, Mgr Antonicelli, de mentir également.

Le cardinal Wuerl a aussi clairement menti à une autre occasion. À la suite d’un événement moralement inacceptable autorisé par les autorités universitaires de l’Université de Georgetown, j’avais attiré l’attention de son président, le Dr John DeGioia, sur cet événement en lui envoyant deux lettres. Avant de les transmettre au destinataire, de manière à gérer les choses correctement, j’en ai personnellement remis une copie au cardinal avec une lettre d’accompagnement que j’avais écrite. Le cardinal m’a dit qu’il n’en savait rien. Cependant, il n’a pas accusé réception de mes deux lettres, contrairement à ce qu’il faisait habituellement. J’ai appris par la suite que l’événement de Georgetown avait eu lieu pendant sept ans. Mais le cardinal n’en savait rien!

Le cardinal Wuerl, bien conscient des abus constants commis par le cardinal McCarrick et des sanctions que le pape Benoît XVI lui a infligées, en transgressant l’ordre du pape, lui a également permis de résider dans un séminaire à Washington. En le faisant, il a mis d’autres séminaristes en danger.

Mgr Paul Bootkoski, émérite de Metuchen, et Mgr John Myers, archevêque émérite de Newark, ont dissimulé les exactions commises par McCarrick dans leurs diocèses respectifs et indemnisé deux de ses victimes. Ils ne peuvent pas le nier et ils doivent être interrogés afin de révéler toutes les circonstances et toutes les responsabilités en la matière.

Le cardinal Kevin Farrell, récemment interviewé par les médias, a également déclaré qu’il n’avait pas la moindre idée des abus commis par McCarrick. Compte tenu de son mandat à Washington, Dallas et maintenant à Rome, je pense que personne ne peut honnêtement le croire. Je ne sais pas s’il lui a jamais été demandé s’il connaissait les crimes de Maciel. S’il devait le nier, quelqu’un le croirait-il, puisqu’il occupait des postes de responsabilité en tant que membre des Légionnaires du Christ?

En ce qui concerne le cardinal Sean O’Malley, je dirais simplement que ses dernières déclarations sur l’affaire McCarrick sont déconcertantes et ont totalement occulté sa transparence et sa crédibilité.

Ma conscience exige aussi que je révèle des faits que j’ai personnellement vécus, concernant le pape François, qui ont une signification dramatique, sur lesquels, en tant qu’évêque, partageant la responsabilité collégiale de tous les évêques sur l’Eglise universelle, je ne peux pas rester silencieux et que je présente ici, prêt à les réaffirmer sous serment en invoquant Dieu comme mon témoin.

Dans les derniers mois de son pontificat, le pape Benoît XVI avait convoqué une réunion de tous les nonces apostoliques à Rome, comme Paul VI et saint Jean-Paul II l’avaient fait à plusieurs reprises. La date fixée pour l’audience avec le pape était le vendredi 21 juin 2013. Le pape François a maintenu cet engagement pris par son prédécesseur. Bien sûr, je suis aussi venu à Rome de Washington. C’était ma première rencontre avec le nouveau pape, élu trois mois auparavant, après la démission du pape Benoît XVI.

Dans la matinée du jeudi 20 juin 2013, je suis allé à la maison Sainte Marthe pour rejoindre mes collègues qui y séjournaient. Dès que je suis entré dans la salle, j’ai rencontré le cardinal McCarrick, qui portait la soutane rouge. Je l’ai salué avec respect comme je l’avais toujours fait. Il me dit aussitôt, d’un ton situé quelque part entre l’ambiguë et le triomphal: « Le Pape m’a reçu hier, demain je vais en Chine. »

À l’époque, je ne savais rien de sa longue amitié avec le cardinal Bergoglio et du rôle important qu’il avait joué dans sa récente élection, comme le révélerait plus tard McCarrick lui-même lors d’une conférence à l’université Villanova et dans une interview avec le National Catholic Reporter. Je n’avais jamais non plus pensé au fait qu’il avait participé aux réunions préliminaires du dernier conclave et au rôle qu’il avait pu jouer en tant qu’électeur lors du conclave de 2005. Par conséquent, je n’ai pas immédiatement compris la signification du message crypté que McCarrick m’avait communiqué, mais cela deviendrait clair pour moi dans les jours qui devaient suivre.

Le lendemain, l’audience avec le pape François a eu lieu. Après son discours en partie lu et en partie improvisé, le pape a souhaité saluer un par un tous les nonces. En file indienne, je me souviens que j’étais parmi les derniers. Lorsque vint mon tour, j’ai juste eu le temps de lui dire: «Je suis le nonce aux États-Unis.» Il m’assaillit aussitôt d’un ton de reproche avec ces mots : « Les évêques des Etats-Unis ne doivent pas être idéologisés! Ils doivent être des pasteurs! » Bien sûr, je n’étais pas en mesure de demander des explications sur le sens de ses paroles et la manière agressive dont il m’avait critiqué. J’avais en main un livre en portugais que le cardinal O’Malley m’avait envoyé quelques jours plus tôt pour le pape, me disant « pour qu’il puisse revoir son portugais avant d’aller à Rio pour les Journées Mondiales de la Jeunesse ». Je lui ai remis immédiatement, et me suis ainsi libéré de cette situation extrêmement déconcertante et embarrassante.

À la fin de l’audience, le pape a annoncé: « Ceux d’entre vous qui sont encore à Rome dimanche prochain sont invités à concélébrer avec moi à la maison Sainte Marthe. » J’ai naturellement pensé à rester pour clarifier aussi vite que possible ce que le Pape avait voulu me dire.

Le dimanche 23 juin, avant la concélébration avec le Pape, j’ai demandé à Monseigneur Ricca, qui, comme responsable de la maison, nous aidait à mettre nos vêtements, s’il pouvait demander au Pape de me recevoir la semaine suivante. Comment aurais-je pu retourner à Washington sans avoir clarifié ce que le pape voulait de moi? A la fin de la messe, alors que le pape saluait les quelques laïcs présents, Mgr Fabian Pedacchio, son secrétaire argentin, est venu me dire: « Le Pape m’a chargé de vous demander si vous étiez libre maintenant! » J’étais à la disposition du Pape et je l’ai remercié de m’avoir reçu immédiatement. Le Pape m’a emmené au premier étage de son appartement et a déclaré: « Nous avons 40 minutes avant l’Angélus. »

J’ai commencé la conversation en demandant au pape ce qu’il avait l’intention de me dire avec les mots qu’il m’avait adressés lorsque je l’ai salué le vendredi précédent. Et le Pape, d’un ton très différent, amical, presque affectueux, m’a dit: « Oui, les évêques aux États-Unis ne doivent pas être idéologisés ; ils ne doivent pas être de droite comme l’archevêque de Philadelphie (il n’a pas donné le nom de l’archevêque) ; ils doivent être des pasteurs ; et ils ne doivent pas être de gauche – et il a ajouté, levant les deux bras – et quand je dis de gauche, je veux dire homosexuel. » Bien sûr, la logique de la corrélation entre être de gauche et être homosexuel m’a échappé, mais je n’ai rien ajouté d’autre.

Immédiatement après, le Pape m’a demandé d’une manière trompeuse: «Comment est le cardinal McCarrick?» Je lui ai répondu avec une franchise totale et, si vous voulez, avec une grande naïveté: «Saint Père, je ne sais pas si vous connaissez le cardinal McCarrick, mais si vous demandez à la Congrégation pour les évêques, il existe un dossier épais comme ça sur lui. Il a corrompu des générations de séminaristes et de prêtres et le pape Benoît lui a ordonné de se retirer dans une vie de prière et de pénitence. » Le Pape n’a pas fait le moindre commentaire sur ces paroles très graves et son visage n’a manifesté aucune surprise, comme s’il connaissait déjà l’affaire depuis quelque temps, et il a immédiatement changé de sujet. Mais alors, quel était le but du pape en me posant cette question: « Comment est le cardinal McCarrick? » Il voulait clairement savoir si j’étais un allié de McCarrick ou non.

De retour à Washington, tout est devenu clair pour moi, grâce aussi à un nouvel événement survenu quelques jours seulement après ma rencontre avec le pape François. Lorsque le nouvel évêque Mark Seitz a pris possession du diocèse d’El Paso le 9 juillet 2013, j’ai envoyé le premier conseiller, Mgr Jean-François Lantheaume, alors que je me rendais à Dallas le même jour pour une réunion internationale sur la bioéthique. En rentrant, Monseigneur Lantheaume m’a dit qu’à El Paso, il avait rencontré le cardinal McCarrick qui, le prenant à part, lui avait dit presque les mêmes mots que le Pape m’avait dit à Rome: «Les évêques aux États-Unis ne doivent pas être idéologisés, ils ne doivent pas être de droite, ils doivent être des pasteurs… » J’étais stupéfait! Il était donc clair que les paroles de reproche que le pape François m’avait adressées le 21 juin 2013 lui avaient été mises dans la bouche la veille par le cardinal McCarrick. La mention du Pape « pas comme l’archevêque de Philadelphie » pouvait être attribuée à McCarrick, car il y avait eu un fort désaccord entre eux sur l’admission à la communion des politiciens en faveur de l’avortement. Dans sa communication aux évêques, McCarrick avait manipulé une lettre du cardinal Ratzinger qui interdisait de leur donner la communion. En effet, je savais aussi que certains cardinaux tels que Mahony, Levada et Wuerl étaient étroitement liés à McCarrick; ils s’étaient opposés aux nominations les plus récentes faites par le pape Benoît XVI pour des postes importants tels que Philadelphie, Baltimore, Denver et San Francisco.

Pas satisfait du piège qu’il m’avait tendu le 23 juin 2013, quand il m’avait interrogé sur McCarrick, le Pape François m’en tendit un second, quelques mois plus tard seulement, lors d’une audience qu’il m’accorda le 10 octobre 2013, cette fois concernant un autre de ses protégés, le cardinal Donald Wuerl. Il m’a demandé: «Comment est le cardinal Wuerl, est-il bon ou mauvais?» J’ai répondu: «Saint-Père, je ne vous dirai pas s’il est bon ou mauvais, mais je vous dirai deux faits. » Ce sont les deux faits que j’ai déjà mentionnés ci-dessus, concernant la négligence pastorale de Wuerl à propos des déviations aberrantes à l’Université de Georgetown et concernant l’invitation de l’archidiocèse de Washington aux jeunes aspirants à la prêtrise pour une réunion avec McCarrick! Une fois de plus, le Pape n’a montré aucune réaction.

Il était également clair que, depuis l’élection du pape François, McCarrick, désormais libre de toute contrainte, s’était senti libre de voyager continuellement pour donner des conférences et des interviews. Dans un effort conjoint avec le cardinal Rodriguez Maradiaga, il était devenu le faiseur de roi pour les nominations à la Curie et aux États-Unis, et le conseiller le plus écouté au Vatican pour les relations avec l’administration Obama. C’est ainsi que l’on explique qu’en tant que membres de la Congrégation pour les évêques, le pape a remplacé le cardinal Burke par Wuerl et a nommé Cupich, juste après l’avoir créé cardinal. Avec ces nominations, la nonciature à Washington était maintenant hors de vue dans la nomination des évêques. En outre, il a nommé le Brésilien Ilson de Jesus Montanari – le grand ami de son secrétaire privé argentin Fabian Pedacchio – comme secrétaire de la même Congrégation pour les évêques et secrétaire du Collège des cardinaux, le promouvant d’un seul coup de simple fonctionnaire de ce département à archevêque secrétaire. Une chose inouïe pour une position aussi importante!

Les nominations de Blase Cupich à Chicago et de Joseph W. Tobin à Newark ont été orchestrées par McCarrick, Maradiaga et Wuerl, unis par un pacte à propos des abus pour le premier et et au moins par la dissimulation des abus pour les deux autres. Leurs noms ne figuraient pas parmi ceux présentés par la Nonciature pour Chicago et Newark.

En ce qui concerne Cupich, on ne peut que constater son arrogance ostentatoire et l’insolence avec laquelle il nie les preuves désormais évidentes: 80% des abus constatés ont été commis contre des jeunes adultes par des homosexuels en situation d’autorité sur leurs victimes.

Lors du discours qu’il a prononcé lors de sa prise de possession du siège de Chicago, où j’étais présent en tant que représentant du Pape, Cupich a plaisanté sur le fait qu’il ne fallait certainement pas s’attendre à ce que le nouvel archevêque marche sur l’eau. Il suffirait peut-être de lui permettre de rester les pieds sur terre et de ne pas essayer de renverser la réalité, aveuglé par son idéologie pro-gay, comme il l’a déclaré dans une récente interview dans America Magazine. Faisant valoir son expertise particulière en la matière, après avoir été président du Comité pour la protection des enfants et des jeunes de l’USCCB, il a affirmé que le principal problème de la crise des abus sexuels commis par le clergé n’est pas l’homosexualité et que l’affirmer est simplement un moyen de détourner l’attention du problème réel qu’est le cléricalisme. À l’appui de cette thèse, Cupich a «étrangement» fait référence aux résultats de recherches menées au plus fort de la crise des abus sexuels des mineurs au début des années 2000, alors qu’il a « candidement» ignoré que les résultats de cette enquête les rapports indépendants ultérieurs du John Jay College of Criminal Justiceen 2004 et 2011, qui ont conclu que, dans les cas d’abus sexuels, 81% des victimes étaient des hommes. En fait, le père Hans Zollner, SJ, vice-recteur de l’Université pontificale grégorienne, président du Centre pour la protection de l’enfance et membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a récemment déclaré au journal La Stampaque, « dans la plupart des cas, c’est une question de violence homosexuelle ».

La nomination de McElroy à San Diego a également été orchestrée par le cardinal Parolin, avec un ordre impératif chiffré qui m’était adressé en tant que nonce: «Réservez le siège de McElroy à San Diego. » McElroys était aussi bien conscient des abus de McCarrick, comme on peut le voir dans d’une lettre qui lui a été envoyée par Richard Sipe le 28 juillet 2016.

Ces personnages sont étroitement associés à des individus appartenant en particulier à l’aile déviante de la Compagnie de Jésus, malheureusement aujourd’hui majoritaire, ce qui préoccupait déjà Paul VI et les pontifes ultérieurs. Nous n’avons qu’à considérer le père Robert Drinan, S.J., qui a été élu quatre fois à la Chambre des représentants et qui était un fervent partisan de l’avortement; ou le père Vincent O’Keefe, S.J., l’un des principaux promoteurs de la déclaration The Land O’Lakesde 1967, qui compromet gravement l’identité catholique des universités et des colleges des États-Unis. Il convient de noter que McCarrick, alors président de l’Université catholique de Porto Rico, participait également à cette entreprise néfaste qui nuisait tant à la formation des consciences de la jeunesse américaine, étroitement associée à l’aile déviante des jésuites.

Le Père James Martin, SJ, acclamé par les personnes mentionnées ci-dessus, notamment Cupich, Tobin, Farrell et McElroy, nommé consulteur du Secrétariat aux Communications, activiste bien connu qui promeut l’agenda LGBT, choisi pour corrompre les jeunes qui vont prochainement se réunir à Dublin pour la Rencontre mondiale des familles, n’est qu’un triste exemple récent de cette aile déviée de la Compagnie de Jésus.

Le Pape François a demandé à plusieurs reprises une transparence totale dans l’Église et que les évêques et les fidèles agissent avec parrhesia (avec franchise). Les fidèles du monde entier l’exigent également de lui de manière exemplaire. Il doit honnêtement affirmer quand il a appris pour la première fois les crimes commis par McCarrick, qui a abusé de son autorité avec les séminaristes et les prêtres.

En tout cas, le Pape l’a appris de moi le 23 juin 2013 et a continué de couvrir McCarrick. Il n’a pas tenu compte des sanctions que le Pape Benoît lui avait infligées et a fait de lui un conseiller de confiance avec Maradiaga.

Ce dernier [Maradiaga] est tellement convaincu de la protection du pape qu’il se permet de rejeter comme «bavardage» les appels sincères de dizaines de ses séminaristes, qui ont eu le courage de lui écrire après que l’un d’eux ait tenté de se suicider à cause d’abus sexuels au séminaire.

Les fidèles ont maintenant bien compris la stratégie de Maradiaga: insulter les victimes pour se sauver, mentir jusqu’au bout pour couvrir un gouffre d’abus de pouvoir, de mauvaise gestion dans l’administration des biens de l’Église, et de catastrophes financières même contre des amis proches, comme dans le cas de l’ambassadeur du Honduras, Alejandro Valladares, ancien doyen du corps diplomatique près le Saint-Siège.

Dans l’affaire de l’ancien évêque auxiliaire Juan José Pineda, après l’article publié dans l’hebdomadaire italien Espresso en février dernier, Maradiaga a déclaré dans le journal Avvenire: «C’est mon évêque auxiliaire Pineda qui a demandé la visite, pour “laver” son nom après avoir été soumis à beaucoup de calomnie. « Maintenant, en ce qui concerne Pineda, la seule chose qui a été rendue publique est que sa démission a simplement été acceptée, faisant disparaître toute responsabilité de Maradiaga.

Au nom de la transparence que le Pape a saluée, le rapport selon lequel le visiteur, l’évêque argentin Alcides Casaretto, a rendu il y a plus d’un an, seulement et directement au Pape, doit être rendu public.

Enfin, la récente nomination comme Substitut de l’archevêque Edgar Peña Parra est également liée au Honduras, c’est-à-dire à Maradiaga. De 2003 à 2007, Peña Parra a travaillé comme conseiller à la nonciature de Tegucigalpa. En tant que délégué aux représentations pontificales, j’ai reçu des informations inquiétantes à son sujet.

Au Honduras, un scandale aussi important que celui du Chili est sur le point de se répéter. Le Pape défend son homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, jusqu’au bout, comme il l’avait fait au Chili avec Mgr Juan de la Cruz Barros, qu’il avait lui-même nommé évêque d’Osorno contre l’avis des évêques chiliens. Il a d’abord insulté les victimes d’abus. Puis, seulement quand il a été contraint par les médias et par une révolte des victimes et des fidèles chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout en déclarant qu’il avait été mal informé, causant une situation désastreuse pour l’Eglise chilienne, mais continuant à protéger les deux cardinaux chiliens Errazuriz et Ezzati.

Même dans l’affaire tragique de McCarrick, le comportement du Pape François n’était pas différent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme corrompu, il le couvrit jusqu’au bout; en effet, il a fait siens les conseils de McCarrick, ce qui n’était certainement pas inspiré par de bonnes intentions ni par l’amour de l’Église. Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signalement d’abus d’un mineur, toujours sur la base de l’attention des médias, qu’il a agi [à propos de McCarrick] pour sauver son image dans les médias.

Maintenant, aux États-Unis, un chœur de voix se lève surtout de la part des fidèles laïcs et a récemment été rejoint par plusieurs évêques et prêtres, demandant que tous ceux qui, par leur silence, ont dissimulé le comportement criminel de McCarrick, ou qui l’ont utilisé pour avancer dans  leur carrière ou promouvoir leurs intentions, leurs ambitions et leur pouvoir dans l’Eglise, démissionnent.

Mais cela ne suffira pas à guérir la situation extrêmement immorale du clergé: évêques et prêtres. Un temps de conversion et de pénitence doit être proclamé. La vertu de chasteté doit être retrouvée dans le clergé et dans les séminaires. La corruption dans l’utilisation abusive des ressources de l’Église et des offrandes des fidèles doit être combattue. La gravité du comportement homosexuel doit être dénoncée. Les réseaux homosexuels présents dans l’Église doivent être éradiqués, comme l’a récemment écrit Janet Smith, professeur de théologie morale au grand séminaire du Sacré-Cœur de Detroit. « Le problème des abus du clergé, a-t-elle écrit, ne peut pas être résolu simplement par la démission de certains évêques, et encore moins par des directives bureaucratiques. Le problème le plus profond réside dans les réseaux homosexuels au sein du clergé qui doivent être éradiqués. » Ces réseaux homosexuels, désormais répandus dans de nombreux diocèses, séminaires, ordres religieux, etc., se cachent sous le secret et les mensonges, avec le pouvoir des tentacules de poulpes, et ils étranglent des victimes innocentes et des vocations sacerdotales, et étranglent l’Église tout entière.

J’implore tout le monde, en particulier les évêques, de prendre la parole pour faire échec à cette conspiration du silence si répandue et de signaler aux médias et aux autorités civiles les cas de violence dont ils ont connaissance.

Ecoutons le message le plus puissant que saint Jean-Paul II nous ait laissé en héritage: N’ayez pas peur! N’ayez pas peur!

Dans son homélie de la fête de l’Epiphanie en 2008, le Pape Benoît nous a rappelé que le plan du salut du Père avait été pleinement révélé et réalisé dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, mais qu’il doit être accueilli dans l’histoire humaine, qui est toujours une histoire de fidélité de la part de Dieu et malheureusement aussi d’infidélité de la part des hommes. L’Église, dépositaire de la bénédiction de la Nouvelle Alliance, signée dans le sang de l’Agneau, est sainte mais composée de pécheurs, comme l’écrivait saint Ambroise: l’Église est « immaculata ex maculatis ». Même si elle est sainte et sans tache, dans son voyage terrestre, elle est composée d’hommes souillés par le péché.

Je veux rappeler cette vérité indéfectible de la sainteté de l’Église aux nombreuses personnes qui ont été si profondément scandalisées par le comportement abominable et sacrilège de l’ancien archevêque de Washington, Theodore McCarrick; par la conduite grave, déconcertante et peccamineuse du Pape François et par la conspiration du silence de tant de pasteurs, et qui sont tentées d’abandonner l’Église, défigurée par tant d’ignominies. A l’Angelus du dimanche 12 août 2018, le Pape François a dit ces mots: « Tout le monde est coupable du bien qu’il aurait pu faire et n’a pas fait… Si nous ne nous opposons pas au mal, nous le nourrissons tacitement. Nous devons intervenir là où le mal se répand; car le mal se répand là où il manque des chrétiens audacieux pour s’opposer au mal par le bien. » Si cela doit être considéré à juste titre comme une responsabilité morale sérieuse pour chaque croyant, combien plus pour le pasteur suprême de l’Église qui, dans le cas de McCarrick, ne s’est pas opposé au mal, mais s’est associé pour faire le mal avec quelqu’un qu’il savait être profondément corrompu. Il a suivi les conseils de quelqu’un qu’il connaissait bien pour être un pervers, multipliant ainsi de manière exponentielle par son autorité suprême le mal fait par McCarrick. Et combien d’autres pasteurs diaboliques, François continue-t-il à soutenir dans leur destruction active de l’Église!

François abdique le mandat que Christ a donné à saint Pierre pour confirmer les frères. En effet, par son action, il les a divisés, les a amenés à l’erreur et a encouragé les loups à continuer de déchirer les brebis du troupeau du Christ.

En ce moment extrêmement dramatique pour l’Église universelle, il doit reconnaître ses erreurs et, conformément au principe proclamé de tolérance zéro, le Pape François doit être le premier à donner l’exemple aux cardinaux et aux évêques qui ont dissimulé les abus de McCarrick, et démissionner avec eux.

Même dans la consternation et la tristesse face à l’énormité de ce qui se passe, ne perdons pas espoir! Nous savons bien que la grande majorité de nos pasteurs vivent leur vocation sacerdotale avec fidélité et dévouement.

C’est dans les moments de grande épreuve que la grâce du Seigneur est révélée en abondance et rend sa miséricorde sans limite accessible à tous; mais cela n’est accordé qu’à ceux qui se repentent sincèrement et proposent sincèrement de modifier leur vie. C’est un moment favorable pour que l’Église confesse ses péchés, se convertisse et fasse pénitence.

Prions tous pour l’Église et pour le Pape. Rappelons-nous combien de fois il nous a demandé de prier pour lui!

Renouvelons notre foi dans l’Église notre Mère: « Je crois en une Église sainte, catholique et apostolique! »

Le Christ n’abandonnera jamais son Eglise! Il l’a engendrée par Son Sang et la ranime continuellement par Son Esprit!

Marie, Mère de l’Église, priez pour nous!

Marie, Vierge et Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous!

Rome, le 22 août 2018, en la fête du couronnement de la Très Sainte Vierge Marie.

Mgr Carlo Maria Viganò

Sources : catholicnewsagency.com / LifeSiteNews / Riposte catholique

« Un livre important a été publié en 2006 par l’auteur américain Randy Engel : The rite of sodomy-Homosexuality and the Roman Catholic Church (Le rite de sodomie-L’homosexualité et l’Église catholique). Son objet, explique-t-elle, est de prouver qu’ «il existe aujourd’hui dans l’Église un réseau homosexuel international, actif et bien organisé, dont les débuts remontent à la fin du 19e siècle et qui constitue une très grave menace pour le sacerdoce et la vie religieuse aussi bien que pour la vie de l’Église universelle». Tout en appelant quelques réserves, cette enquête de 1 282 pages nous suggère quelques réflexions :

[…] l’ouvrage du P. Rueda, The homosexual network (Le réseau homosexuel), rédigé en 1982, se trouve être l’une des très rares études méthodiques sur le sujet, antérieures à celle de Randy Engel. Cette dernière fait notamment ressortir le lien flagrant entre homosexualité et pédérastie. Cette relation sexuelle entre hommes et jeunes garçons fut, de tous temps, la forme la plus universelle et la plus envahissante de l’homosexualité.

Un chapitre important traite l’affaire contemporaine des espions de Cambridge, considérée par l’auteur comme très révélatrice. Il montre l’importance du réseau homosexuel international en Angleterre, en Europe et aux États-Unis, réseau qui fut exploité par l’URSS pendant la guerre froide. Il y a, semble-t-il, une collusion entre l’infiltration communiste dans l’Église et la croissance d’un clergé homosexuel.

L’infiltration de l’homosexualité dans la hiérarchie de l’Église aux États-Unis fait l’objet des 3e et 4e parties, avec des révélations et des mises en cause consternantes. Elle est liée au mouvement de libération de l’homosexualité en Occident au cours du 20e siècle. L’on constate d’une part l’installation progressive du réseau dans la plupart des diocèses jusqu’à des postes d’évêques et de cardinaux cités (sinon homosexuels établis du moins homophiles avérés) ; d’autre part la couverture des abus sexuels commis par des séminaristes, des prêtres, des religieux. Autrefois, l’émergence de cette luxure correspondait aux périodes de troubles sociaux, politiques et économiques, mais quand les fauteurs étaient reconnus coupables, ils étaient condamnés et punis autant par l’État que par l’Église. Aujourd’hui, l’existence de groupes de pressions homosexuels a changé les règles dans la société et dans l’Église : le vice et ses adeptes se sont vus accorder, sinon des droits, du moins une tolérance protectrice.[…] »

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2010/04/les-infiltrations-dhomosexuels-dans-leglise.html

La mafia rose qui défigure l’Église

L’HINDOÏSME À L’ORIGINE DU RELATIVISME ET DE LA TOLÉRANCE UNIVERSELLE

For a More Just, Peaceful and Sustainable World

LE PARLEMENT DES RELIGIONS DU MONDE.

Le Parlement mondial des religions ou Parlement des religions du Monde, est la première tentative de nouer un dialogue global interconfessionnel. Il s’est réuni pour la première fois à Chicago en septembre 1893, à l’occasion de l’exposition universelle de Chicago ou World Columbian Exposition, et fut coordonné par un chrétien unitarien, Jenkin Lloyd Jones, (1843-1918). Pour la première fois se rassemblaient des représentants de religions orientales, asiatiques et occidentales.

L’idée en fut relancée en 1988 par des disciples de Swami Vivekananda (1863-1902), présent lors de l’événement original, dans le but de prochainement fêter le centenaire de cet événement. Le Parlement des Religions du Monde renaît ainsi en 1993 à Chicago. Il s’est depuis tenu une assemblée en 1999 au Cap, en 2004 à Barcelone lors du Forum universel des cultures, et à Melbourne en 2009.

La prochaine est d’ores et déjà prévue : elle aura lieu à Bruxelles en 2014, et rassemblera plus de 10.000 personnes, pendant une semaine. Un événement qui se déclinera par l’organisation de quelque 500 manifestations : ateliers, débats, spectacles, expos…Un lieu de rencontre Celui qui veut découvrir la diversité des religions et des convictions est le bienvenu au Parlement des Religions du Monde. En dépit de son appellation initiale de « Parlement des Religions du Monde », le PRM est ouvert aux convictions religieuses et philosophiques du monde entier; aux côtés des représentants des cultes et des croyants, des humanistes sont impliqués dans les préparatifs et participent à l’événement. C’est un lieu de rencontre entre gens de foi et conviction, face à face, cœur à cœur.

 Un processus

Le Parlement des Religions du Monde n’est pas une institution, mais bien un processus visant à nouer un dialogue civil et instaurer des échanges civilisés. Il n’adopte aucune résolution, ne se réunit pas sous forme d’assemblée représentative et ne vote pas de dispositions communes. Toute tentative de prosélytisme est exclue au Parlement. Il engage tous les secteurs de la société: religieux et séculaire, les acteurs de terrain et les institutions. Il s’inscrit dans la diversité: les différentes cultures, ethnies, genres, langues, âges,…

Un lieu de DIALOGUE

Le Parlement des Religions du Monde rassemble des personnes de tous les continents, d’obédiences religieuses et philosophiques différentes, quel que soit leur cheminement, dans un but commun de partage et d’enrichissement réciproque. En ce sens, le Parlement est un lieu de dialogue et de rencontre. Il rassemble des gens de fois et de convictions philosophiques du monde entier: des individus, des groupes et associations, la société civile et les institutions religieuses et spirituelles.

L’harmonie plutôt que l’unité

Plutôt que l’unité, le Parlement cherche à encourager l’harmonie entre les religions et les convictions diverses. La recherche de l’unité entre religions et convictions risque de menacer la spécificité de chaque tradition religieuse et spirituelle. L’harmonie, en revanche, respecte le caractère distinctif de chaque tradition et s’en enrichit même.

La convergence, plutôt que le consensus

Le Parlement vise la convergence, plutôt que le consensus. Un consensus entre les communautés religieuses, philosophiques et spirituelles sur des questions de foi, de pratiques et d’engagement vis-à-vis du monde est utopique, et n’est pas particulièrement souhaitable. On ne peut toutefois exclure l’identification de thèmes significatifs autour desquels des convictions, engagements, desseins et objectifs-clés de divers groupements ou communautés convergeraient, permettant à ces communautés de nouer des liens de reconnaissance et de coopération.

La «facilitation» plutôt que l’intégration

Le travail du Parlement est basé sur la «facilitation», plutôt que sur des structures organisationnelles formelles. La «facilitation» se concentre sur les liens et projets coopératifs. Chaque communauté religieuse, philosophique et spirituelle choisit librement ses propres partenaires d’échange et de dialogue, les activités dans lesquelles elle souhaite s’engager et les thèmes qu’elle désire aborder. Cette approche permet aux communautés religieuses et spirituelles d’entrer en relation les unes avec les autres selon leurs convenances et intérêts respectifs.

 Un peu d’histoire

Le Parlement des Religions du Monde (PRM) a vu le jour à Chicago en 1893. Il s’agit de la plus importante rencontre interreligieuse et interconvictionnelle au monde. Le PRM se réunit tous les cinq ans. Il rassemble pendant une semaine quelque 10 000 personnes de diverses confessions religieuses et traditions culturelles, provenant des quatre coins du monde. Les Parlements précédents se sont tenus à Melbourne (2009), Barcelone (2004), Cape Town (1999) et Chicago (1993).

Faits et chiffres

  • Quelque 10 000 délégués – enseignants, élèves, leaders, croyants et experts – issus de plus de 80 pays – assisteront pendant 7 jours à cet événement organisé à Bruxelles.
  • Le PRM représente 70 000 nuitées et représente pour l’économie belge des retombées macroéconomiques de plus de 30 millions d’euros.
  • Plus de 200 communautés religieuses étaient représentées au dernier PRM en 2009.
  • Des centaines de volontaires participent à l’organisation du Parlement.
  • Le Parlement des Religions du Monde est l’un des événements les plus importants jamais organisés à Bruxelles. Il est l’un des plus anciens, et certainement parmi les plus significatifs rassemblements interreligieux et interconvictionnels du monde.
  • Le Parlement des Religions du Monde s’étalera sur 7 jours et inclura plus de 500 programmes, ateliers et discussions, en marge d’expositions et de spectacles de musique, de danse et d’art, ainsi que des événements organisés par les communautés religieuses et institutions culturelles.
  • L’initiative est soutenue par un grand nombre de dignitaires et communautés religieuses et convictionnelles en Belgique et par le monde, et a l’appuie explicite des autorités européennes, fédérale, régionales et bruxelloises.
  • Les trois années préparatives, l’événement lui-même et le follow-up demandent des moyens considérables. Pour que la première phase du processus préparatif puisse être entamée (une campagne d’écoute à Bruxelles, en Belgique et en Europe qui durera 6 mois), la date limite pour trouver les moyens est fin février 2012. L’argent devra venir des autorités politiques, de donateurs individuels, de communautés, de fondations et du secteur privé.

 

Discours de Swâmi Vivekânanda lors de l’ouverture du Parlement mondial des religions

Discours de Swâmi Vivekânanda lors de l’ouverture du Parlement mondial des religions, Chicago 11 septembre 1893 ( il voulait jeter un pont entre l’Orient et l’Occident afin que ces civilisations s’enrichissent mutuellement)  » Mes soeurs et frères d’Amérique, c’est le coeur plein d’une joie ineffable que je me lève pour répondre à l’accueil si chaleureux et si cordial que vous m’avez réservé.Je vous remercie au nom du plus ancien ordre monastique du monde; je vous remercie au nom de la mère des religions(…)

Je suis fier d’appartenir à une religion qui a enseigné au monde à la fois la tolérance et une acceptation universelle: non seulement nous croyons à la tolérance universelle, mais nous acceptons toutes les religions comme vraies(…).

Le congré actuel, l’une des assemblées les plus augustes qui se soient jamais réunies, en est lui-même une preuve, une affirmation au monde de la merveilleuse doctrine préchée dans la Gîtâ : ( la Bhagavad-Gîtâ ou » Chant du bienheureux » , fait partie de la grande épopée du Mahâbhârata, et constitue un écrit fondamental de l’hindouisme)  » celui qui vient à moi, quel qu’il soit, et par quelque forme que ce soit, je l’accepte; tous les hommes luttent sur les sentiers qui finalement aboutissent à moi » (Bhagavad-Gîtâ IV,11).

Sur sa page Facebook le Père Thomas Rosica écrit:

 »En préparation pour le Parlement des religions du monde qui aura lieu à Toronto en novembre prochain, j’ai eu le plaisir d’interviewer hier certains des principaux organisateurs de cette importante réunion dans nos studios. Des conversations très inspirantes avec la Dre Karen Hamilton (chrétienne), Zul Kassamali (islam), Michelle Singh (interconfessionnelle); Fredelle Brief (judaïsme); Charles R. Hill (bahaïsme). Ces entretiens et d’autres seront diffusés en octobre sur notre réseau Sel et Lumière. » (traduction)

L’HINDOÏSME À L’ORIGINE DU RELATIVISME ET DE LA TOLÉRANCE UNIVERSELLE

Escrocs et déséquilibrés

Depuis quelques temps les déséquilibrés semblent fleurir dans notre environnement. Ils semblent aussi toujours crier la même chose, mais nous assurent les escrocs médiatiques et politiques, cela n’a rien à voir avec l’islam :

Attaque terroriste à Trappes : le gouvernement nous voile la face

Il est fiché S, il tue au couteau deux personnes et en blesse une autre en criant allah ouakbar, Daesch revendique cet attentat et tranquillement le Gouvernement par la bouche de Gérard Collomb veut nous faire avaler qu’il s’agit plus d’un déséquilibré que d’un homme « engagé ». Mais combien de temps va encore durer cette mascarade?

Pourquoi les musulmans sont des déséquilibrés, il est facile de répondre, Dieu ayant mis au cœur de l’homme sa loi naturelle, dont le principe universel est de ne pas faire au prochain ce que l’on ne voudrait pas qu’il nous fasse, l’on peut constater que les musulmans, sont tous des déséquilibrés, et cela de par l’islam même, de par le Coran, de par Mahomet.

L’homme a été créé par Dieu pour qu’il le connaisse et par cela qu’il l’aime. Il a fondé une seule vraie religion à son image, de vie et d’amour du prochain, en dehors de laquelle il ne peut y avoir que déséquilibre et perdition.

Escrocs et déséquilibrés

Contra Kasper

INTERCOMMUNION: LES FAUSSES RAISONS DOCTRINALES DE KASPER

Face au retentissement mondial suscité par l’intention de l’épiscopat allemand de procéder à une normative canonique locale qui inclut la possibilité, et même la convenance, de faire accéder à la communion sacramentelle les protestants unis dans le mariage avec un conjoint catholique, l’Archevêque de Philadelphie, Charles J. Chaput, a voulu préciser de manière très opportune que la question ne concerne pas une Conférence épiscopale nationale prise singulièrement mais l’Église Catholique toute entière. C’est une question qu’il faut résoudre sur la base de la réaffirmation explicite et sans équivoque du dogme eucharistique. L’Évêque a déclaré:

«Qui peut recevoir l’Eucharistie, et quand, et pourquoi, ce ne sont pas là des questions allemandes. Si, comme l’a dit Vatican II, l’Eucharistie est la source et le sommet de notre vie de chrétien et le sceau de notre unité catholique, alors les réponses à ces questions ont des implications pour toute l’Église. Elles nous regardent tous. Et dans cette lumière j’offre ces points de réflexion et de discussion en parlant simplement comme un des nombreux Évêques diocésains» (Charles J. Chaput, Un modo gentile di nascondere la verità, déclarations enregistrées par le blog “First Things”, Source : magister.blogautore.espresso.repubblica.it 25/052018).

Le premier et essentiel « point de réflexion et de discussion » c’est évidemment (Mgr Chaput ne le dit pas, mais moi je l’affirme avec une certitude morale suffisante) l’intention anti-dogmatique et au final anti-ecclésiale qui anime les propositions des Évêques allemands et l’encouragement qu’ils ont reçu de la part du Pape François lui-même lorsqu’ils ont interpellé le Vatican tant au sujet de la praxis que de la doctrine qui devrait la justifier. En ce qui concerne le Pape Bergoglio, l’intention antidogmatique qui oriente son pontificat me semble évidente ; comme lui-même l’a explicitement déclaré (cf. l’exhortation apostolique Evangelii gaudium), la stratégie de fond de ses initiatives pastorales consiste dans le fait de « mettre en route des processus » de prise de conscience pour toute l’Église en vue de sa radicale « réforme ». Il a toujours dit que l’Église Catholique doit devenir « une Église en sortie », « une Église synodale », capable d’accomplir le projet indiqué par Vatican II pour obtenir finalement l’unité des chrétiens (cf : décret Unitatis redintegratio, 21 novembre 1964). Cela doit se faire non pas comme le Concile et les Papes du post-Concile l’avaient indiqué – c’est-à-dire en réaffirmant que l’Église du Christ « subsistit » dans l’Église Catholique, par sa doctrine et ses institutions juridiques[1] – mais au contraire en éliminant de manière graduelle et systématique sa doctrine définie de façon irréformable (les dogmes) et ses institutions juridiques fondamentales, considérées comme des obstacles qui jusqu’à présent s’opposaient au chemin de l’œcuménisme, surtout envers les protestants.

Le Cardinal Kasper, qui au Vatican a dirigé le Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens et qui avec le pape François est devenu le théologien officiel du Saint Siège, a eu recours au plus subtil (quoique ingénu) subterfuge dialectique pour justifier le renoncement à garder fermement dans les rapports avec les protestants le dogme eucharistique et les normes du droit canonique plusieurs fois confirmés par l’autorité ecclésiastique compétente. Il a écrit récemment :

« Pour un vrai luthérien, qui se base sur les écrits confessionnels, la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie est obvie. Le problème ce sont les protestants libéraux et les réformés (calvinistes). C’est surtout avec eux qu’il faut éclaircir le problème dans des colloques pastoraux. Certes, on ne peut pas demander à un protestant ce qu’on demande normalement à un catholique. Il suffit de croire : « ceci est (est) le corps du Christ donné pour toi ». Sur cela aussi Luther a beaucoup insisté. Les doctrines plus développées sur la transsubstantiation ou consubstantiation, même un fidèle catholique « normal » ne les connaît pas… » ( Interview de Andrea Tornielli à Walter Kasper du 13 mai 2018, “Il Concilio e due encicliche ammettono casi di eucarestia ai protestanti”, Source: lastampa.it/vaticaninsider/ita 14/05/2018).

Il feint d’ignorer, ce très mauvais théologien et ce très mauvais pasteur, que pour Luther la « présence réelle » qu’il a parfois admise, n’est jamais conçue par lui et par ses successeurs dans le sens que l’Église Catholique confère à une telle formule dogmatique, c’est-à-dire comme le résultat de la « transsubstantiatio », en vertu de laquelle, après la Consécration, il n’y a plus sur l’autel la « res » de ce pain et de ce vin, mais la « res » du Christ lui-même, « son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité ». Bref, la « présence réelle », comme l’entend l’Église Catholique, est la présence du Christ en Personne « sous les espèces du pain et du vin », qui après la consécration sont des accidents matériels (sensibles comme tous les accidents matériels) qui ne conduisent pas, comme cela arrive d’ordinaire, à la connaissance d’une substance matérielle. Ce sont désormais des accidents que Dieu garde dans l’être (pour qu’ils servent de « signes » sacramentels) sans leur inhérence naturelle à la substance de ce morceau de pain et de ces gouttes de vin parce qu’il y a maintenant (invisible pour notre connaissance sensible, mais connaissable par la foi dans la parole du Christ lui-même) la personne du Verbe Incarné. Les fidèles doivent croire à la présence du Christ sous les espèces sacramentelles comme à un mystère révélé par le Christ lui-même (mysterium fidei) et formalisé par l’Église dans une formule dogmatique (articulus fidei) qui fait connaître le mystère en recourant à des termes métaphysiques (« substance » et « accidents ») compréhensibles par tous parce qu’ils coïncident avec les certitudes du sens commun[2]. Donc les catholiques qui ont la foi saisissent la « présence réelle » du Christ dans l’Eucharistie, non pas dans un sens faible, idéaliste et spiritualiste, comme Luther, mais dans un sens fort, réaliste et absolu. En effet, le concile de Trente a clairement défini ce dogme en s’opposant aux protestants. De la même façon, juste après Vatican II, le pape Paul VI le réaffirme par l’encyclique Mysterium fidei (3 septembre 1965) face aux hérésies luthériennes qui pénétraient la théologie catholique par le néo-modernisme. [tout en confiant le soin de concocter un novus ordo au franc-maçon Bugnigni qui fera en sorte d’écarter tout ce qui peut gêner nos « frères » séparés sous la houlette des « experts » calvinistes]

Cependant, ni les dogmes du Concile de Trente, ni son explication et actualisation de la part du Pape Paul VI ne constituent un problème pour Kasper qui a toujours soutenu que le Magistère ecclésiastique n’a « rien à dire » ni sur cette question ni sur aucune autre question doctrinale qui constitue la matière enseignée jusqu’à aujourd’hui par les théologiens allemands sous le nom traditionnel de « dogmatische Theologie ». Pour Kasper en revanche, ont « leur mot à dire » les théologiens qui interprètent l’Écriture à leur grès en faisant abstraction du Magistère et en justifiant n’importe quel arbitraire exégétique et herméneutique par la théorie de l’ « historicité du dogme », enseignée par le plus autorisé des théologiens contemporains l’allemand Karl Rahner. En effet, déjà en 1967 Walter Kasper, alors âgé de 34 ans, soutenait qu’après le Concile la théologie devait changer de méthode. Jusqu’à cette époque le théologien partait des dogmes et de leur interprétation authentique de la part du Magistère pour ensuite appliquer la doctrine de la foi à son propre temps, il fallait maintenant au contraire partir de la (présumée) culture de son propre temps. Voilà ses mots :

« Le dogme maintenant ne peut plus paraître comme une grandeur relative et historique qui a seulement une signification fonctionnelle. Le dogme est relatif, en tant qu’il est en rapport avec la Parole originaire de Dieu, qu’il sert à indiquer, et avec les problématiques d’un temps déterminé, et en tant qu’il aide à entendre avec exactitude l’Évangile dans les différentes situations » (Walter Kasper, Per un rinnovamento del metodo teologico, (titre originel : Zur Methode der Theologie), Queriniana, Brescia 1969, p. 123).

Il s’agit des hérésies luthériennes qui avec le modernisme et le néo-modernisme ont pénétré même dans la théologie catholique du XXème siècle.  Dans la 4ème édition de mon traité sur Vraie et fausse Théologie[3] j’ai souligné la façon dont toutes ces hérésies démolissent l’ensemble de toutes les vérités catholiques sur l’Église : de l’Eucharistie, en tant que sacrement de la « présence réelle » et en tant que Sainte Messe, qui est le sacrifice du Christ qui se renouvelle de manière non sanglante[4] jusqu’à la conception du légitime ministre de l’Eucharistie (le prêtre validement ordonné) et jusqu’au charisme de la « infallibilitas in docendo » conférée par le Christ à la hiérarchie sacrée (et non aux théologiens et encore moins aux chefs d’une communauté ecclésiale « autogérée » ou  « autocéphale »). C’est donc à juste titre que l’Évêque américain cité plus haut voit dans la praxis déjà illégitimement mise en acte par les évêques allemands et justifiée maintenant par Kasper au nom de fausses raisons doctrinales, une attaque contre l’unité de l’Église et la dissolution de la vérité dogmatique professée chaque dimanche par les catholiques de chaque partie du monde pendant la Sainte Messe au moment où ils disent : « Credo… in unam sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam ». Mgr Chaput écrit en effet :

« Si l’Eucharistie est vraiment le signe et l’instrument de l’unité ecclésiale, alors, si nous changeons les conditions de la communion ne redéfinissons nous pas de fait qui est l’Église et ce qu’elle est ? Qu’on le veuille ou non la proposition allemande inévitablement fera exactement cela. C’est le premier stade d’une ouverture de la communion à tous les protestants, ou à tous les baptisés, parce qu’au final le mariage n’est pas l’unique raison pour consentir la communion aux non-catholiques. La communion présuppose une foi et un credo communs y compris la foi surnaturelle dans la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie, avec les sept sacrements reconnus par la tradition pérenne de l’Église catholique. En renégociant dans les faits cette réalité, la proposition allemande adopte une notion protestante d’identité ecclésiale. Le simple baptême et une foi en Jésus-Christ semblent suffisants, non plus la croyance dans le mystère de la foi comme l’entendent la tradition catholique et ses conciles. Le conjoint protestant devra-t-il croire dans les ordres sacrés comme l’Église catholique l’entend, c’est-à-dire en les voyant comme logiquement connexes à la foi dans la consécration du pain et du vin comme corps et sang du Christ ? Ou bien les Évêques allemands sont-ils en train de suggérer que le sacrement des ordres sacrés pourrait ne pas dépendre de la succession apostolique ? Dans ce cas, nous aborderions une erreur plus profonde encore. La proposition allemande coupe le lien vital entre la communion et la confession sacramentelle. Vraisemblablement elle n’implique pas que les conjoints protestants doivent aller confesser les péchés graves comme prélude à la communion. Mais cela est en contradiction avec la pratique pérenne et l’enseignement dogmatique explicite de l’Église catholique, du Concile de Trente, de l’actuel Catéchisme de l’Église catholique, tout comme du magistère ordinaire. Cela implique, comme son effet, une protestantisation de la théologie catholique des sacrements. Si l’enseignement de l’Église peut être ignoré ou renégocié, y compris un enseignement qui a reçu une définition conciliaire (comme dans ce cas-ci, à Trente), alors tous les conciles peuvent-ils être historiquement relativisés et renégociés ? Plusieurs protestants libéraux modernes mettent en discussion ou repoussent ou simplement ignorent comme bagage historique l’enseignement sur la divinité du Christ du concile de Nicée. Aux conjoints protestants sera-t-il demandé de croire dans la divinité du Christ ? S’ils ont besoin de croire dans la présence réelle du Christ dans les sacrements, pourquoi ne devraient-ils pas partager la foi catholique dans les ordres sacrés ou dans le sacrement de la pénitence ? S’ils croient en toutes ces choses pourquoi ne sont-ils pas invités à devenir catholiques pour trouver la manière de rentrer dans une visible et pleine communion ?  […] Si les protestants sont invités à la communion catholique, les catholiques seront-ils exclus de la communion protestante ? S’il en est ainsi, pourquoi devraient-ils en être exclus ? S’ils n’en sont pas exclus, cela n’implique-t-il pas que la vision catholique sur les ordres sacrés et la consécration eucharistique valide soient en effet fausses et, si elles sont fausses, que les croyances protestantes soient vraies ?  […] L’intercommunion […] ne sera-t-elle pas vue par plusieurs comme une façon gentille de tromper ou de cacher des enseignements ardus, dans le contexte de la discussion œcuménique ? L’unité ne peut pas être construite sur un procédé qui cache systématiquement la vérité de nos différences. L’essence de la proposition allemande de l’intercommunion est que la sainte communion puisse être partagée même lorsqu’il n’y a pas une véritable unité de l’Église. Mais cela frappe le cœur même de la vérité du sacrement de l’Eucharistie, parce que de par sa nature même l’Eucharistie est le corps du Christ. Et le « corps du Christ » est autant la présence réelle et substantielle du Christ sous les apparences du pain et du vin, que l’Église elle-même, la communion des croyants unis au Christ le chef. Recevoir l’Eucharistie signifie annoncer de manière solennelle et publique, devant Dieu et dans l’Église qu’on est en communion autant avec Jésus qu’avec la communauté visible qui célèbre l’Eucharistie » (Charles J. Chaput, un modo gentile di nascondere la verità, cit.).

Tout ce discours de l’Évêque américain est louable pour sa courageuse défense de la foi catholique, mais aussi pour la précision du langage dogmatique, sans laquelle aucune défense de la foi ne peut être sans équivoque. Cela vaut surtout pour la traduction du terme « présence réelle » (qui synthétise le dogme de la présence du Christ dans l’Eucharistie « vere, realiter et substantialiter ») dans un langage populaire mais dogmatiquement précis, en parlant de « présence réelle et substantielle du Christ sous les apparences du pain et du vin ». Et c’est cela, seulement cela qu’il faut dire toujours et en toute occasion quand on parle de l’Eucharistie. En effet, l’expression « corps du Christ », sans cette explication centrée sur la « personne » (au sens métaphysique du terme), se prête à toute équivoque : équivoque dans laquelle tombe involontairement le même Chaput lorsque, en voulant suivre la rhétorique de Kasper et de tant d’autres théologiens sur la signification conviviale et communautaire de l’Eucharistie, il écrit (dans le passage cité plus haut) que

« L’Eucharistie est le corps du Christ. Et le « corps du Christ » est autant la présence réelle et substantielle du Christ sous les apparences du pain et du vin, que l’Église elle-même, la communion des croyants unis au Christ le chef. Recevoir l’Eucharistie signifie annoncer de manière solennelle et publique, devant Dieu et dans l’Église qu’on est en communion autant avec Jésus qu’avec la communauté visible qui célèbre l’Eucharistie ».

Si nous ajoutons à la confusion du fait de parler, sans autres explications, de « corps du Christ » en référence à l’Eucharistie, pour ensuite utiliser le même terme, non seulement en se référant au Corps mystique, mais aussi (comme le font beaucoup de théologiens et aussi le Pape François, qui parle toujours de « chair du Christ ») en se référant à l’humanité souffrante, au dedans et en dehors de l’Église, alors l’équivoque est vraiment délétère, et c’est précisément le dogme eucharistique qui en souffre le plus. Je continue de soutenir que la bonne théologie et la bonne catéchèse doivent s’exprimer clairement dans des termes réalistes, c’est-à-dire centrés sur la « personne » au sens métaphysique du terme. Il faut dire seulement cela et toujours cela : dans l’Eucharistie il y a Jésus en Personne et les espèces sacramentelles nous permettent de nous mettre en contact sacramentel avec ce même Jésus, maintenant glorieux au ciel et qui reviendra dans la Parousie. Je me souviens qu’il y a 70 ans, lorsque dans ma paroisse les catéchistes me préparaient à la Première Communion j’entendais dire seulement cela (et c’était suffisant : le reste est de trop) : tu recevras Jésus, la Communion est la rencontre avec Jésus... Le sens commun perçoit tout de suite et très bien la signification métaphysique essentielle du dogme, celle pour laquelle le terme « substance » (que Paul VI a justement qualifié d’incontournable pour désigner ce qu’est vraiment l’Eucharistie) indique une réalité individuelle ; lorsqu’il s’agit d’une substance rationnelle, cette substance est une personne (« rationalis naturae individua substantia » enseigna Boèce). La communion eucharistique me sembla à l’époque, et continue de me sembler maintenant, le mystère (cru parce que l’Église le dit) de la possibilité que j’avais d’une rencontre personnelle entre moi et Dieu fait Homme.

Antonio Livi

Contra Kasper

Des deux préceptes ou de la plénitude de la loi

IN DUO PRAECEPTA CARITATIS 

PROLOGUS

TRIA sunt homini necessaria ad salutem: scilicet scientia credendorum, scientia desiderandorum, et scientia operandorum. Primum docetur in symbolo, ubi traditur scientia de articulis fidei; secundum in oratione dominica; tertium autem in lege. Nunc autem de scientia operandorum intendimus: ad quam tractandam quadruplex lex invenitur.

2 a) Prima dicitur lex naturae; et haec nihil aliud est nisi lumen intellectus insitum nobis a Deo, per quod cognoscimus quid agendum et quid vitandum. Hoc lumen et hanc legem dedit Deus homini in creatione. Sed multi credunt excusari per ignorantiam, si hanc legem non observant. Sed contra eos dicit Propheta in Ps. IV, 6: « Multi dicunt: Quis ostendit nobis bona?« , quasi ignorent quid sit operandum, sed ipse ibidem 7, respondet: « Signatum est super nos lumen vultus tui, Domine« , lumen scilicet intellectus, per quod nota sunt nobis agenda. Nullus enim ignorat quod illud quod nollet sibi fieri, non faciat alteri, et cetera talia.

3 b) Sed licet Deus in creatione dederit homini hanc legem, scilicet naturae, diabolus tamen in homine superseminavit aliam legem, scilicet concupiscentiae. Quousque enim in primo homine anima fuit subdita Deo, servando divina praecepta, etiam caro fuit subdita in omnibus animae vel rationi. Sed postquam diabolus per suggestionem retraxit hominem ab observantia divinorum praeceptorum, ita etiam caro fuit inobediens rationi. Et inde accidit quod licet homo velit bonum secundum rationem, tamen ex concupiscentia ad contrarium inclinatur. Et hoc est quod Apostolus dicit Rm. VII, 23: « Video autem aliam legem in membris meis, repugnantem legi mentis meae« . Et inde est quod frequenter lex concupiscentiae legem naturae et ordinem rationis corrumpit. Et Ideo subdit. Apostolus, ibid.: « Captivantem me in lege peccati, quae est in membris meis« .

4 c) Quia ergo lex naturae per legem concupiscentiae destructa erat, oportebat quod homo reduceretur ad opera virtutis, et retraheretur a vitiis: ad quae necessaria erat lex scripturae.

5 Sed sciendum, quod homo retrahitur a malo et inducitur ad bonum ex duobus. Primo, timore: primum enim propter quod aliquis maxime incipit peccatum vitare, est consideratio poenae inferni et extremi iudicii. Et ideo dicitur Eccli. I,16: « Initium sapientiae timor Domini« ; et ibidem 27: « Timor Domini expellit peccatum« . Licet enim ille qui ex timore non peccat, non sit iustus: inde tamen incipit iustificatio. Hoc ergo modo retrahitur homo a malo et inducitur ad bonum per legem Moysi, quam quidam irritantes, morte puniebantur. He. X, 28: « Irritam quis faciens legem Moysi, sme ulla miseratione duobus vel tribus testibus moritur« .

6 d) Sed quia modus iste est insufficiens, et lex quae data erat per Moysen, hoc modo, scilicet per timorem, retrahebat a malis, insufficiens fuit: licet enim coercuerit manum, non coercebat animum; ideo est alius modus retrahendi a malo et inducendi ad bonum, modus scilicet amoris. Et hoc modo fuit data lex Christi, scilicet lex evangelica, quae est lex amoris.

7 Sed considerandum est quod inter legem timoris et legem amoris triplex differentia invenitur.

Et primo, quia lex timoris facit suos observatores servos, lex vero amoris facit liberos. Qui enim operatur solum ex timore, operatur per modum servi; qui vero ex amore, per modum liberi vel filii. Unde Apostolus II Cor. III, 17: « Ubi Spiritus Domini, ibi libertas« ; quia scilicet tales ex amore ut filii operantur.

8 Secunda differentia est quia observatores primae legis ad bona temporalia introducebantur. Is. I, 19, « Si volueritis et audieritis me, bona terrae comedetis« . Sed observatores secundae legis, in bona caelestia introducuntur. Mt. XIX, 17, « Si vis ad vitam ingredi, serva mandata« ; et ibid. III, 2: « Poenitentiam agite: appropinquavit enim regnum caelorum« .

9 Tertia differentia est, quia prima gravis: Ac. XV, 10: « Cur tentatis imponere iugum super cervicem nostram, quod neque nos neque patres nostri portare potuerunt?« ; secunda autem levis: Mt. XI, 30: « lugum enim meum suave est, et onus meum leve« ; Apostolus, Rm. VIII, 15: « Non accepistis spiritum servitutis iterum in timore, sed accepislis spiritum adoptionis filiorum« .

10 Sicut ergo iam praedictum est, quadruplex lex invenitur: et prima quidem lex naturae, quam Deus in creatione infudit; secunda lex concupiscentiae; tertia lex scripturae; quarta est lex caritatis et gratiae, quae est lex Christi. Sed manifestum est quod non omnes possunt scientiae insudare; et propterea a Christo data est lex brevis, ut ab omnibus posset sciri, et nullus propter ignorantiam possit ab eius observantia excusari. Et haec est lex divini amoris. Apostolus, Rm. IX, 28: « Verbum breviatum faciet Dominus super terram« .

11 Sed sciendum, quod haec lex debet esse regula omnium actuum humanorum. Sicut enim videmus in artificialibus quod unumquodque opus tunc bonum et rectum dicitur quando regulae coaequatur; sic etiam quodlibet humanum opus rectum est et virtuosum quando regulae divinae dilectionis concordat; quando vero discordat ab hac regula, non est bonum nec rectum aut perfectum. Ad hoc autem quod actus humani boni reddantur, oportet quod regulae divinae dilectionis concordent.

12 Sed sciendum quod haec lex, scilicet divini amoris, quatuor efficit in homine valde desiderabilia.
1) Primo causat in eo spiritualem vitam. Manifestum est enim quod naturaliter amatum est in amante. Et ideo qui Deum diligit, ipsum in se habet: I Jn. IV, 16: « Qui manet in caritate, in Deo manet, et Deus in eo« . Natura etiam amoris est quod amantem in amatum transformat: unde si vilia diligimus et caduca, viles et instabiles efficimur: Os. IX, 10: « Facti sunt abominabiles sicut ea quae dilexerunt« . Si autem Deum diligimus, divini efficimur, quia, ut dicitur I Cor. VI, 17: « qui adhaeret Domino, unus spiritus est« .

13 Sed sicut Augustinus dicit, « sicut anima est vita corporis, ita Deus est vita animae« . Et hoc manifestum est. Tunc enim dicimus corpus per animam vivere quando habet operationes proprias vitae, et quando operatur et movetur; anima vero recedente, corpus nec operatur nec movetur. Sic etiam tunc anima operatur virtuose et perfecte quando per caritatem operatur, per quam habitat Deus in ea; absque caritate vero non operatur: I Jn. III, 14, « Qui non diligit, manet in morte« . Considerandum est autem, quod si quis habet omnia dona Spiritus sancti absque caritate, non habet vitam. Sive enim sit gratia linguarum, sive sit donum fidei, vel quicquid sit aliud, sine caritate vitam non tribuunt. Si enim corpus mortuum induatur auro et lapidibus pretiosis, nihilominus mortuum manet. Hoc est ergo primum quod efficit caritas.

 14 2) Secundum quod facit caritas, est divinorum mandatorum observantia. Gregorius: « Nunquam est Dei amor otiosus: operatur enim magna si est; si vero operari renuit, amor non est ». Unde manifestum signum caritatis est promptitudo implendi divina praecepta. Videmus enim amantem propter amatum magna et difficilia operari. Jn. XIV, 23: « Si quis diligit me, sermonem meum servabit« .

15 Sed considerandum, quod qui mandatum et legem divinae dilectionis servat, totam legem implet. Est autem duplex modus divinorum mandatorum. Quaedam enim sunt affirmativa: et haec quidem implet caritas, quia plenitudo legis quae consistit in mandatis, est dilectio, qua mandata servantur. Quaedam vero sunt prohibitoria; haec etiam implet caritas, quia non agit perperam, ut dicit Apostolus I Cor. XIII, 4.

16 3) Tertium quod facit caritas, est, quia est praesidium contra adversa. Habenti enim caritatem nulla adversa nocent, sed in utilia convertuntur: Rm. VIII, 28: « Diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum« ; immo etiam adversa et difficilia suavia videntur amanti, sicut et apud nos manifeste videmus.

17 4) Quartum vero est quod ad felicitatem perducit. Solum enim caritatem habentibus aeterna beatitudo promittitur. Omnia enim absque caritate insufficientia sunt. II Tm. IV, 8:  » In reliquo reposita est mihi corona iustitiae, quam reddet mihi in illa die iustus iudex: non solum autem mihi, sed et his qui diligent adventum eius  » .

18 Et sciendum, quod solum secundum differentiam caritatis est differentia beatitudinis et non secundum aliquam aliam virtutem. Multi enim magis abstinentes fuerunt quam Apostoli; sed ipsi in beatitudine omnes alios excellunt propter excellentiam caritatis: ipsi enim fuerunt primitias spiritus habentes, sicut dicit Apostolus, Rm. VIII, 23. Unde differentia beatitudinis est ex differentia caritatis. Et sic patent quatuor quae in nobis efficit caritas. Sed praeter illa, quaedam alia efficit quae praetermittenda non sunt.

19 5) Primo enim efficit peccatorum remissionem. Et hoc manifeste videmus ex nobis. Si enim aliquis aliquem offendit, et ipsum postea intime diligat, propter dilectionem sibi offensam laxat. Sic et Deus diligentibus se peccata dimittit. I P. IV, 8: « Caritas operit multitudinem peccatorum« . Et bene dicit, « Operit« , quia scilicet a Deo non videntur ut puniat. Sed licet dicat quod operit multitudinem, tamen Salomon dicit, Pr. X, 12, quod « universa delicta operit caritas« . Et hoc maxime manifestat Magdalenae exemplum, Lc. VII, 47: « Dimissa sunt ei peccata multa« : et causa subditur: « quoniam dilexit multum« .

20 Sed forte dicet aliquis: Sufficit ergo caritas ad delenda peccata, et non est necessaria poenitentia. Sed considerandum, quod nullus vere diligit qui non vere poenitet. Manifestum est enim quod quanto magis aliquem diligimus, tanto magis dolemus si ipsum offendimus. Et hic est unus caritatis effectus.

21 6) Item causat cordis illuminationem. Sicut enim dicit Jb XXXVII, I9: « omnes involvimur tenebris« . Frequenter enim nescimus quid agendum vel desiderandum. Sed caritas docet omnia necessaria ad salutem. Ideo dicitur I Jn. II, 27: « Unctio eius docet vos de omnibus« . Et hoc ideo est, quia ubi caritas, ibi Spiritus sanctus, qui novit omnia, qui deducit nos in viam rectam, sicut dicitur in Ps. CXLII, 10. Ideo dicitur Eccli. II, 10: « Qui timetis Deum, diligite illum; et illuminabuntur corda vestra« , scilicet ad sciendum necessaria ad salutem.

22 7) Item perficit in homine perfecam laetitiam. Nullus enim vere gaudium habet, nisi existens in caritate. Quicumque enim aliquod desiderat, non gaudet nec laetatur nec quietatur donec illud adipiscatur. Et accidit in rebus temporalibus quod non habitum appetatur,et habitum despicitur et taedium generat; sed non sic est in spiriualibus; immo qui Deum diligit, habet ipsum, et ideo animus diligentis et desiderantis quietatur in eo. « Qui entm manet in caritate, in Deo manet, et Deus in eo« , ut dicitur I Jn. IV, 16.

23 8) Item efficit pacem perfectam. Accidit enim in rebus temporalibus, quod frequenter desiderantur; sed ipsis habitis adhuc animus desiderantis non quiescit; immo uno habito aliud appetit. Is. LVII, 20: « Cor autem impii quasi mare fervens, quod quiescere non potest« . Item ibidem, 21: « Non est pax impiis, dicit Dominus« . Sed non sic accidit in caritate circa Deum. Qui enim diligit Deum, pacem perfectam habet. Ps. CXVIII, 165: « Pax multa diligentibus legem tuam, et non est illis scandalum« . Et hoc ideo est, quia solus Deus sufficit ad implendum desiderium nostrum: Deus enim maior est corde nostro, sicut dicit Apostolus (I Jn. III, 20): et ideo dicit Augustinus in I Confessionum: « Fecisti nos Domine ad te, et inquietum est cor nostrum, donec requiescat in te ». Ps. Cll, 5: « Qui replet in bonis desiderium tuum

24 9) Item facit caritas hominem magnae dignitatis. Omnes enim creaturae ipsi divinae maiestati serviunt (omnia enim ab ipso sunt facta) sicut artificialia subserviunt artifici; sed caritas de servo facit liberum et amicum. Unde ait Dominus Apostolis, Jn. XV, 15: « Jam non dicam vos servos… sed amicos« .

25 Sed numquid Paulus non servus; sed et alii Apostoli, qui se servos scribunt? Sed sciendum, quod duplex est servitus. Prima est timoris; et haec est poenosa, et non meritoria. Si enim aliquis a peccato abstinet solum timore poenae, non meretur ex hoc, sed adhuc est servus. Secunda est amoris. Si enim quis operatur non timore iustitiae sed amore divino, non sicut servus operatur, sed sicut liber, quia voluntarie. Et ideo dicit: « Jam non dicam vos servos« . Et quare? Ad hoc respondet Apostolus, Rm. VIII,15: « Non accepistis spiritum servitutis iterum in timore; sed accepistis spiritum adoptionis filiorum« . Timor enim non est in caritate, sicut dicitur I Jn. IV, 18, habet enim poenam: sed caritas facit non solum liberos, sed etiam filios, ut scilicet filii Dei nominemur et simus, ut dicitur I Jn. III, I. Tunc enim extraneus efficitur alicuius filius adoptivus, quando acquiritur sibi ius in hereditate illius. Sic et caritas acquirit jus in hereditate Dei, quae est vita aeterna: quia, ut dicitur Rm. VIII, 16-17: « Ipse Spiritus testimonium reddit spiritui nostro, quod sumus filii Dei. Si autem fiiii, et heredes: heredes quidem Dei, coheredes autem Christi« . Sg. V, 5: « Ecce quomodo computati sunt inter filios Dei« .

26 Ex iam dictis patent utilitates caritatis. Postquam igitur tam utilis est, studiose laborandum est ad acquirendam eam et retinendam. Sed sciendum, quod nullus a se caritatem habere potest, immo solius Dei est donum: unde loannes dicit (I Jn. IV, 10): « Non quasi nos dilexerimus Deum, sed quoniam ipse prior dilexit nos« : quia videlicet non propterea ipse nos diligit quia nos prius dilexerimus eum sed hoc ipsum quod diligimus eum, causatur in nobis ex dilectione ipsius.

27 Considerandum etiam, quod licet omnia dona sint a Patre luminum, istud tamen donum, scilicet caritatis, omnia alia dona superexcellit. Omnia enim alia sine caritate et Spiritu sancto habentur, cum caritate vero necessario Spiritus sanctus habetur. Apostolus, Rm., V, 5: « Caritas Dei diffusa est in cordibus nostris per Spiritum sanctum, qui datus est nobis« . Sive enim sit donum linguarum, sive scientiae, sive prophetiae, absque gratia et Spiritu sancto habentur.

28 Sed licet caritas sit donum divinum, ad ipsam tamen habendam requiritur dispositio ex parte nostra. Et ideo sciendum, quod duo speciaiiter ad acquirendam caritatem necessaria sunt, et duo ad augmentum caritatis iam acquisitae. A) Ad acquirendam igitur caritatem primum est diligens verbi auditio. Et hoc rnanifestum est satis ex his quae sunt apud nos. Audientes enim bona de aliquo, in eius dilectionem accendimur. Sic et Dei verba audientes, accendimur in amorem ipsius. Ps. CXVIII, 140: « Ignitum eloquium tuum vehementer, et servus tuus dilexit illud« . Item Ps. CIV, 19: « Eloquium Domini inflammavit eum« . Et propterea illi duo discipuli divino amore aestuantes dicebant, Lc. XXIV, 32: « Nonne cor nostrum ardens erat in nobis dum loqueretur in via, et aperiret nobis Scripturas?« . Unde et Ac. X, 44, legitur, quod praedicante Petro, Spiritus sanctus in auditores divini verbi cecidit. Et hoc frequenter accidit in praedicationibus, quod qui duro corde accedunt, propter verbum praedicationis ad divinum amorem accenduntur.

29 Secundum est bonorum continua cogitatio. Ps. XXXVIII, 4: « Concaluit cor meum intra me« . Si ergo vis divinum amorem consequi, mediteris bona. Durus enim nimis esset qui divina beneficia quae consecutus est, pericula etiam quae evasit, et beatitudinem quae sibi a Deo repromittitur, cogitans, ad divinum amorem non accenderetur. Unde Augustinus: « Durus est animus hominis, qui etsi dilectionem nolit impendere, saltem non velit rependere ». Et universaliter, sicut cogitationes malae destruunt caritatem, ita bonae eam acquirunt, nutriunt et conservant. Unde iubemur Is. I, 16: « Auferte malum cogitationum vestrarum ab oculis meis« . Sg. I, 3:  » Perversae cogitationes separant a Deo « .

30 B) Sunt autem et duo quae habitam caritatem augent. Primum est cordis separatio a terrenis. Cor enim perfecte in diversa ferri non potest. Unde nullus valet Deum et mundum diligere. Et ideo quanto magis ab amore terrenorum noster animus elongatur, tanto magis firmatur in dilectione divina. Unde Augustinus dicit in lib. 83 Quaest.: « Caritatis venenum est spes adipiscendorum aut retinendorum temporalium; nutrimentum eius est imminutio cupiditatis; perfectio, nulla cupiditas: quia radix omnium malorum est cupiditas ». Quisquis igitur caritatem nutrire vult, instet minuendis cupiditatibus.

31 Est autem cupiditas amor adipiscendi aut obtinendi temporalia. Huius imminuendae initium est Deum timere, qui solus timeri sine amore non potest. Et propter hoc ordinatae fuerunt religiones, in quibus et per quas a mundanis et corruptibilibus animus trahitur, et erigitur ad divina: quod signatur II M. I, 22, ubi dicitur: « Refulsit sol, qui prius erat in nubilo« . Sol, idest intellectus humanus, est in nubilo, quando deditus est terrenis; sed refulget, quando a terrenorum amore elongatur et retrahitur. Tunc enim splendet, et tunc divinus amor in eo crescit.

32 Secundum est firma patientia in adversis. Manifestum est enim quod quando gravia pro eo quem diligimus sustinemus, amor ipse non destruitur, immo crescit. Ct. VIII, 7: « Aquae multae (idest tribulationes multae) non potuerunt extinguere caritatem« . Et ideo sancti viri qui adversitates pro Deo sustinent, magis in eius dilectione firmantur; sicut artifex illud artificium magis diligit in quo plus laboravit. Et inde est quod fideles quanto plures afflictiones pro Deo sustinent, tanto magis elevantur in amore ipsius. Gn. VII, 17: « Multiplicatae sunt aquae (idest tribulationes) et elevaverunt arcam in sublime« , idest Ecclesiam, vel animam viri iusti.

DE DILECTIONE DEI

33 Interrogatus Christus ante passionem, a legisperitis, quod esset maximum et primum mandatum, dixit, Mt. XXII, 37: « Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo, et in tota anima tua, et in tota mente tua; hoc est maximum et primum mandatum« . Et vere istud est maius et nobilius et utilius inter omnia mandata, sicut satis manifestum est: in hoc enim omnia mandata implentur.

34 Sed ad hoc quod istud praeceptum dilectionis possit perfecte impleri, quatuor requiruntur. Primum est divinorum beneficiorum rememoratio: quia omnia quae habemus, sive anima, sive corpus, sive exteriora, habemus a Deo: et ideo oportet quod sibi de omnibus serviamus, et eum diligamus corde perfecto. Nimis enim ingratus est qui cogitans alicuius beneficia, eum non diligit. Haec recogitans David dicebat, I Paralip. XXIX, 14: « Tua sunt omnia: quae de manu tua accepimus, dedimus tibi« . Et ideo in eius laudem dicitur Eccli. XLVII, 10: « De omni corde suo laudavit Dominum, et dilexit Deum qui fecit illum« .

35 Secundum est divinae excellentiae consideratio. Deus enim maior est corde nostro, I Jn III: unde si toto corde et viribus ei serviamus, adhuc non sufficimus. Eccli. XLIII, 32-33: « Glorificantes Dominum quantumcumque potueritis, supervalebit adhuc. Benedicentes Dominum exaltate illum quantum potestis: maior est enim omni laude« .

36 Tertium est mundanorum et terrenorum abdicatio. Magnam enim iniuriam Deo facit qui aliquid ei
adaequat. Is. XL, 18: « Cui similem fecistis Deum? ». Tunc autem alia Deo adaequamus, quando res temporales et corruptibiles simul cum Deo diligimus. Sed hoc est omnino impossibile. Propterea dicitur Is. XXVIII, 20: « Coangustatum est stratum, ita ut alter decidat; et paliium breve utrumque operire non potest« . Ubi cor hominis assimilatur strato arcto et pallio brevi. Cor enim humanum arctum est in respectu ad Deum: unde quando alia ab eo in corde tuo recipis, ipsum expellis: ipse enim non patitur consortem in anima, sicut nec vir in uxore. Et ideo dicit ipse Ex. XX, 5: « Ego sum Deus tuus zelotes« . Nihil enim vult quod diligamus quantum eum aut praeter eum.

37 Quartum est omnimoda peccatorum vitatio. Nullus enim potest diligere Deum in peccato existens. Mt. VI, 24: « Non potestis Deo servire et mammonae« . Unde si in peccato existis, Deum non diligis. Sed ille diligebat qui dicebat, Is. XXXVIII, 3: « Memento quomodo ambulaverim coram te in veritate et in corde perfecto« . Praeterea dicebat Elias, III R. XVIII,21: « Quousque claudicatis in duas partes? ». Sicut claudicans nunc huc nunc illuc inclinatur; sic et peccator nunc peccat, nunc Deum quaerere nititur. Et ideo Dominus dicit, Jl II, 12: « Convertimini ad me in toto corde vestro« .

38 Sed contra istud praeceptum duo genera hominum peccant. llli scilicet homines, qui vitando unum peccatum, utputa luxuriam, aliud committunt, ut usuram. Sed nihilominus damnantur: quia qui « offendit in uno, factus est omnium reus« , ut dicitur Jc, II, 10. Item sunt aliqui qui confitentur quaedam, quedam non, vel quantum ad diversos confessionem dividunt. Sed isti non merentur, immo peccant in hos, quia Deum decipere intendunt, et quia divisionem in sacramento committunt. Quantum ad primum dicit quidam: « Impium est a Deo dimidiam sperare veniam« . Quantum ad secundum, Ps. LXI, 9: « Effundite coram illo corda vestra« : quia videlicet omnia sunt in confessione revelanda.

39 Jam ostensum est quod homo se Deo dare tenetur. Nunc considerandum est quid homo de se Deo dare debeat. Debet enim homo Deo dare quatuor: scilicet cor, animam, mentem et fortitudinem. Et ideo dicitur Matth. XXII, 37: « Diliges Domimum Deum tuum ex toto corde tuo, et ex tota anima tua, et ex tota mente tua et ex tota virtute« , idest foriitudme tua.

40 Sciendum est autem, quod per cor intelligitur hic intentio. Est autem intentio tantae virtutis quod omnia opera ad se trahit: unde quaecumque bona mala intentione facta, in mala convertuntur. Lc. XI, 34: « Si oculus fuus (idest intentio) nequam fuerit, totum corpus tene-brosum erit« ; idest, congeries bonorum operum tuorum tenebrosa erit. Et propterea in omni opere nostro intentio ponenda est in Deo. Apostolus, I Cor. X, 3 I: « Sive ergo manducatis, sive bibitis, vel aliud quid facitis, omnia in gloriam Dei facite« .

41 Sed bona intentio non sufficit; immo oportet quod adsit bona voluntas, quae per animam significatur. Frequenter enim aliquis bona intentione operatur, sed inutiliter, cum bona voluntas desit; ut si quis furetur ut pascat pauperem, est quidem recta intentio, sed deest rectitudo debitae voluntatis. Unde nullum malum bona intentione factum excusatur. Rm. III, 8: « Qui dicunt, Faciamus mala ut veniant bona: quorum damnatio iusta est« . Tunc autem adest bona voluntas intentioni, quando ipsa voluntas voluntati divinae concordat; quod quotidie postulamus dicentes: « Fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra« ; et Ps. XXXIX, 9: « Ut facerem voluntatem tuam, Deus meus, volui« . Et propter hoc dicit, « In tota anima tua« . Anima enim in Scriptura frequenter pro voluntate accipitur, ut He. X, 38: « Quod si subtraxerit se, non placebit animae meae« , idest voluntati meae.

42 Sed aliquando est bona intentio et bona voluntas, sed in intellectu quandoque aliquod peccatum habetur; et ideo totus intellectus dandus est Deo. Apostolus, II Cor. X, 5: « In captivitatem redigentes omnem intellectum in obsequium Christi« . Multi enim in opere non peccant, sed tamen volunt ipsa peccata cogitare frequenter; contra quos dicitur Is. I, 16: « Auferte malum cogltationum vestrarum« . Sunt etiam multi qui, in sua sapientia confidentes, nolunt fidei assentire, et tales non dant mentem Deo. Contra hos dicitur Pr. III, 5: « Ne innitaris prudentiae tuae« .

43 Sed istud non sufficit; immo totam virtutem et fortitudinem Deo dare oportet. Ps. LVIII, 10: « Fortitudinem meam ad te custodiam« . Aliqui enim sunt qui fortitudinem suam tribuunt ad peccandum, et in hoc suam potentiam manifestant; contra quos dicitur Is. V, 22: « Vae qui potentes estis ad bibendum vinum, et viri fortes ad miscendam ebrietatem« . Aliqui ostendunt potentiam suam vel virtutem in nocendo proximis; deberent eam ostendere in subveniendo ipsis. Pr. XXIV, 11: « Erue eos qui ducuntur ad mortem; et qui trahuntur ad interitum, liberare ne cesses« . Igitur ad diligendum Deum danda sunt ista Deo: scilicet intentio, voluntas, mens, fortitudo.

DE DILECTIONE PROXIMI

44 Interrogatus Christus quod esset maximum mandatum, uni interrogationi duas responsiones dedit. Et prima fuit: « Diliges Dominum Deum tuum« ; de quo dictum est. Seconda vero fuit: « Et proximum tuum sicut teipsum« . Ubi considerandum est, quod qui hoc servat, totam legem implet. Apostolus. Rm. XIII ,10: « Plenitudo ergo legis est dilectio« .

45 Sed sciendum, quod ad dilectionem proximi quatuor nos inducunt.

Primo divinus amor: quia sicut dicitur I Jn. IV, 20: « Si quis dixerit quoniam diligo Deum, et fratrem suum oderit, mendax est« . Qui enim dicit se diligere aliquem, et filium eius vel eius membra odio habet, mentitur. Omnes autem fideles filii et membra Christi sumus. Apostolus, I Cor. XII, 27: « Vos estis corpus Christi, et membra de membro« . Et ideo qui odit proximum, non diligit Deum.

46 Secundum est divinum praeceptum. Christus enim in recessu suo inter omnia alia praecepta, hoc praeceptum discipulis praecipue commendavit dicens, Jn, XV,12: « Hoc est praeceptum meum, ut diligatis invicem sicut dilexi vos« . Nullus enim praecepta divina servat qui proximum odit. Unde istud est signum observantiae divinae legis, dilectio proximi. Unde Dominus, Jn. XIII, 35: « In hoc cognoscent omnes quia discipuli mei estis, si dilectionem habueritis ad invicem« . Non dicit in suscitatione mortuorum, non in aliquo evidenti signo; sed hoc est signum, « si dilectionem habueritis ad invicem« . Et hoc beatus loannes recte considerabat: unde dicebat I Jn. III, 14: « Nos scimus quoniam translati sumus de morte ad vitam« . Et quare? « Quoniam diligimus fratres. Qui non diligit, manet in morte« .

47 Tertium est naturae communicatio. Sicut enim dicitur Eccli. XIII, 19, « omne animal diligit simile sibi« . Unde cum omnes homines sint similes in natura, invicem se diligere debent. Et ideo odire proximum non solum est contra divinam legem, sed etiam contra legem naturae.

48 Quartum utilitatis consecutio. Omnia enim alterius aliis sunt utilia per caritatem. Haec enim est quae unit Ecclesiam, et omnia communia facit. Ps. CXVIII, 63: « Particeps ego sum omnium timentium te, et custodientium mandata tua« .

49 « Diliges proximum tuum sicut teipsum« . Istud est secundum praeceptum legis, et est de dilectione proximi. Quantum autem proximum diligere debeamus, iam dictum est; et dicendum restat de modo dilectionis: qui quidem innuitur cum dicitur, « Sicut teipsum« . Circa quod verbum quinque considerare possumus, quae in dilectione proximi servare debemus. I) Primum est quia debemus eum diligere vere sicut nos: quod facimus, si propter seipsum diligimus, non propter nos.

50 Ideo notandum, quod triplex est amor; quorum duo non sunt veri, tertius autem verus. Primus est qui est propter utile. Eccli. VI, 10: « ‘Est amicus socius mensae, et non permanebit in die necessitatis« . Sed certe iste non est verus amor. Deficit enim deficiente utilitate. Et tunc nolumus bonum proximo, sed potius bonum utilitaris volumus nobis. Est et alius amor qui est propter delectabile. Et hic etiam non est verus, quia deficiente delectabili deficit. Et ideo nolumus bonum propter hoc principaliter proximo, sed potius bonum suum nobis volumus. Tertius est amor qui est propter virtutem. Et iste solus est verus. Tunc enim non diligimus proximum propter bonum nostrum, sed propter suum.

51 2) Secundum est quod debemus diligere ordinate: ut scilicet non diligamus eum supra Deum vel quantum Deum, sed iuxta sicut teipsum debes diligere. Ct. II, 4: « Ordinavit in me caritatem« . Hunc ordinem docuit Dominus Mt. X, 37, dicens: « Qui amat patrem aut matrem plus quam me, non est me dignus; et qui amat filium aut filiam super me, non est me dignus« .

52 3) Tertium est quod debemus eum diligere efficaciter. Non enim te solum diligis, sed etiam procuras studiose tibi bona, et vitas mala. Sic quoque debes facere proximo. I Jn. III, 18: Non diligamus verbo neque lingua, sed opere et veritate« . Sed certe illi pessimi sunt qui ore diligunt et corde nocent; de quibus Ps. XXVII, 3: « Loquuntur pacem cum proximo suo, mala autem in cordibus eorum« . Apostolus, Rm XII, 9: « Dilectio sine simulatione« .

53 4) Quartum, quod debemus eum diligere perseveranter, sicut et te perseveranter diligis. Pr. XVII,17: « Omni tempore diligit qui amicus est, et frater in angustiis comprobatur« : scilicet tam tempore adversitatis quam prosperitatis; immo tunc, scilicet tempore adversitatis, maxime probatur amicus, ut dicitur ibidem.

54 Sed sciendum, quod duo sunt quae iuvant ad amicitiam conservandam. Primum est patientia: « vir enim iracundus suscitat rixas« , ut dicitur Pr. XXVI, 2 I. Secundum est humilitas, quae causat primum, scilicet patientiam: Pr. XIII, 10: « Inter superbos semper furgia sunt« . Qui enim considerat magna de se, et despicit alium, non potest defectus illius pati.

55 5) Quintum est quod eum debemus diligere iuste et sancte, ut scilicet eum non diligamus ad peccandum, quia nec te sic debes diligere, cum Deum ex hoc amittas. Unde Jn. XV, 9: « Manete in dilectione mea« : de qua dilectione dicitur Eccli. XXIV, 24: « Ego mater pulchrae diiectionis« .

56 « Diliges proximum tuum sicut teipsum« . Hoc praeceptum ludaei et Pharisaei male intelligebant, credentes quod Deus praeciperet diligendos amicos, et odiendos inimicos; et ideo per proximos intelligebant tantum amicos. Hunc autem intellectum intendit Christus reprobare, dicens Mt. V, 44: « Diligite inimicos vestros, benefacite his qui oderunt vos« .

57 Sciendum autem, quod quicumque odit fratrem suum, non est in statu salutis. I Jn II, 9: « Qui odit fratrem suum, in tenebris est« . Est autem attendendum quod etiam in hoc invenitur quaedam contrarietas. Nam sancti aliquos oderunt: Ps. CXXXVIII, 22: « Perfecto odio oderam illos« ; et in Evangelio Lc XIV, 26: « Si quis non odit patrem suum et matrem et uxorem ef fiiios et fratres et sorores, adhuc autem et animam suam, non potest meus esse discipulus« .

58 Et ideo sciendum, quod in omnibus factis nostris factum Christi debet esse nobis exemplum. Deus enim diligit et odit. Quia in quolibet homine duo sunt consideranda: scilicet : natura et vitium. Natura quidem in hominibus diligi debet, vitium vero odiri. Unde si quis vellet hominem esse in inferno, odiret naturam; si quis vero vellet ipsum esse bonum, odiret peccatum, quod semper odiendum est. Ps. V, 7: « Odisti omnes qui operantur iniquitatem« . Sg. XI, 25: « Diligis (Domine) omnia quae sunt, et nihil odisti eorum quae fecisti« . Ecce ergo quod Deus diligit et odit: diligit naturam et odit vitium.

59 Sciendum etiam, quod homo aliquando sine peccato potesf malum facere: quando scilicet sic facit malum ut velit bonum: quia et Deus sic facit. Sicut cum homo infirmatur, convertitur ad bonum, qui in sanitate erat malus. Item in adversitate aliquis convertitur et est bonus, qui in prosperitate erat malus, juxta illud Is. XXVIII, 19: « Vexatio intellectum dabit auditui« . Item si desideras malum tyranni destruentis Ecclesiam, inquantum desideras bonum Ecclesiae per destructionem tyranni: unde II M. I, 17: « Per omnia benedictus Deus, qui tradidit impios« . Et hoc omnes debent vele non solum voluntate, sed etiam opere. Non enim est peccatum suspendere iuste malos: ministri enim Dei sunt tales, secundum Apostolum, Rm XIII, et servant isti dilectionem, quia poena fit aliquando propter castigationem, aliquando propter bonum melius et divinius. Est enim maius bonum unius civitatis quam vita unius hominis.

60 Sed sciendum, quod non sufficit non velle malum, sed oportet velle bonum; scilicet emendationem suam, et vitam aeternam. Duobus enim modis quis vult bonum alterius. Uno modo generaliter, inquantum est creatura Dei, et participabilis vitae aeternae; alio modo specialiter, inquantum est amicus vel socius. A generali autem dilectione nullus excluditur: debet enim quilibet pro quolibet orare, et cuilibet in necessitate ultima subvenire. Sed non teneris cum quolibet habere familiaritatem, nisi peteret veniam: quia tunc esset amicus; et si refutares, haberes odio amicum. Unde Mt. VI, 14, dicitur: « Si dimiseritis hominibus peccata eorum, dimittet et Pater vester caelestis delicta vestra; si autem non dimiseritis hominibus, nec Pater vester dimittet vobis peccata vestra« . Et in Oratione dominica quae ponitur Mt. VI, 9, dicitur: « Dimitte nobis debita nostra, sicut et nos dimittimus debitoribus nostris« .

61 « Diliges proximum tuum sicut te ipsum« . Dictum est, quod tu peccas, si non parcis veniam postulanti; et quod perfectionis est, si tu eum ad te revocas, licet non tenearis. Sed ad hoc ut eum trahas ad te, multae rationes inducunt. Prima est propriae dignitatis conservatio. Diversae enim dignitates diversa signa habent. Nullus autem propriae dignitatis signa dimittere debet. Inter omnes autem dignitates major est quod quis sit filius Dei. Huius autem dignitatis signum est, si diligis inimicum: Mt. V, 44-45: « Diligite inimicos vestros, ut sitis filii Patris vestri qui in caelis est« . Si enim diligis amicum, non est hoc signum filiationis divinae: nam publicani et ethnici hoc faciunt, ut dicitur Mt. V, 46.

62 Secunda est victoriae acquisitio: omnes enim hoc naturaliter desiderant. Oportet ergo quod vel trahas eum qui te offendit ad dilectionem bonitate tua, et tunc vincis; vel quod alius trahat te ad odium, et tunc perdis. Rm. XII, 21: « Noli vinci a malo, sed vince in bono malum« .

63 Tertia est multiplicis utilitatis consecutio. Acquiris enim ex hoc amicos. Rm. XII, 20: « Si esurierit inimicus tuus, ciba illum; si sitit, potum da illi: hoc enim faciens, carbones ignis congeres super caput eius« . Augustinus: « Nulla maior provocatio ad amorem, quam praevenire amando. Nullus enim est ita durus, qui etsi dilectionem nolit impendere, nolit tamen rependere »: quia, ut dicitur Eccli. VI, 15, « amico fideli nulla comparatio« . Pr. XVI, 7: « Cum placuerint Domino viae hominis, inimicos quoque eius convertet ad pacem« .

64 Quarta est, quia ex hoc preces tuae facilius exaudiuntur. Unde super illud Jr XV, « Si steterint Moyses et Samuel coram me », dicit Gregorius, quod fecit potius de istis mentionem, quia rogaverunt pro inimicis. Similiter Christus ait, Lc. XXIII, 34: « Pater, dimitte illis« . Item beatus Stephanus orando pro inimicis magnam utilitatem fecit Ecclesiae, quia Paulum convertit.

65 Quinta est peccatis evasio, quam maxime desiderare debemus. Aliquando enim peccamus, nec Deum quaerimus: et Deus trahit nos ad se vel infirmitate, vel aliquo huiusmodi. Os. II, 6: « Sepiam viam tuam spinis« . Sic fuit tractus beatus Paulus. Ps. CXVIII, 176: « Erravi sicut ovis quae periit. Quaere servum tuum, Domine« . Ct. 1, 4: « Trahe me post te« . Hoc autem consequimur, si inimicum ad nos trahimus, primo remittentes: quia, ut dicitur Lc. VI, 38, « Eadem quippe mensura qua mensi fueritis, remetietur vobis« ; et Mt. V, 7: Beati misericordes, quoniam ipsi misericordiam consequentur« . Nulla est enim maior misericordia quam offendenti dimittere.

Des deux préceptes ou de la plénitude de la loi